lundi 31 janvier 2011

101 questions (j'ai volé l'idée)

Tant qu'à ne rien écrire, voilà donc 101 questions, insignifiantes pour la plupart (les réponses plus que les questions) tel que vu chez Sednah, qui l'a pris ailleurs. C'est long, sentez-vous bien à l'aise de ne pas me lire, je ne vous en voudrai pas, promis.


1. Dernier film vu

Toy Story 2… pour la énième fois

2. Dernière pensée hier soir :

Pourquoi mon chat se couche toujours dans mes jambes?

3. Première pensée ce matin :

« 5 h 15, c’est pas une heure pour se réveiller en chantant, le lundi matin (mon fils), il faudra que je pense de dire à ma belle-mère qu’il aura peut-être besoin d’une sieste en avant-midi… »

4. Pire façon de vous réveiller :
Sur le doux son d’un chat qui vomit.

5. Facebook, twitter ou MSN ?
Facebook

6. Personnage de dessins animés auquel vous vous identifiez :
Aucun

7. Mets préféré sur le barbecue :
Maïs en épi

8. Dernier repas que vous avez pris :
Salade César au poulet chez Pacini.


9. Dernier achat compulsif :
Un chapeau. Je l’ai d’ailleurs oublié ce matin et il faisait -638°C plus le vent ce matin.

10. Passion autre que votre métier :
L’écriture.

11. Dernier fou rire :
Hier, devant la télé, mais j’ai oublié pourquoi.

12. Vin ou bière :
Bière. Labatt 50 glaciale, ou Hoegaarden.

13. Meilleure recette de famille :
Euh… Ma mère faisait du bon pouding chômeur, quand elle en faisait. Moi, je n’en fais pas, mais je m’en souviens.

14. Humoriste préféré :
Ceux dont les blagues sont soit très drôles, ou complètement absurdes. Ça dépend des jours (Denis Drolet, LJ Houde, Marc Labrèche??)

15. Question que vous aimeriez que l'on vous pose :
Veux-tu une bonne bière froide? Surtout le vendredi en préparant le souper. J’ai l’air portée sur la bouteille? Pourtant, non.

16. Insecte qui vous effraie le plus :
Perce-oreille. C’est laid, con, inutile, et ça pue (c’est mon chum qui me l’a dit)

17. Danse préférée :
Je ne danse pas. Des fois, je me dandine un peu sur un rythme réel ou imaginaire, sans plus. C’est plus drôle quand mon fils m’imite.

18. Activité dangereuse que vous aimeriez faire :
Je suis tellement moumoune. Peut-être le parachute. Mais juste peut-être.

19. Personnalité que vous aimeriez rencontrer :
Marc Labrèche

20. Jeu de société préféré :
Scrabble, mais mon chum me torche toujours.

21. Dépense la plus folle :
Je réfléchis très longtemps dès que ça dépasse 60$. Donc, pas de folle dépense.

22. Dernier spectacle vu :
Je ne m’en souviens plus. Peut-être « Le show du gros cave » de JF Mercier.

23. Bruit qui vous fait grincer des dents :
Le son de la guitare pour enfant que mon fils a eue à Noël, mais juste quand c’est mon chum qui en joue. Il est le seul à en jouer, de toute manière.

24. Par quoi commencez-vous le ménage :
Chiâler un peu. Puis, je range les jouets. Ensuite, je commence le torchage à proprement parler.

25. Point faible :
Ça dépend des jours. Souvent, c’est de la bouffe.

26. Votre enfance en trois mots :
C’est du passé. (Est-ce qu’on considère que c’est 3 ou 4 mots ça?)

27. Votre adolescence en trois mots :
Du passé aussi.

28. Plus belle ville du Québec :
Je ne sais pas, je ne les ai pas toutes visitées.

29. Objet inutile que vous apportez toujours en voyage :
Je ne voyage pas.

30. Point fort :
J’optimise beaucoup mon temps.

31. Plus beau souvenir scolaire :
Mon acceptation à l’école internationale, pour y faire mon secondaire.

32. Voiture de vos rêves :
Peu importe, tant qu’elle soit manuelle et confortable.

33. Voiture actuelle :
Honda Civic et CR-V.

34. Plus grande peur :
J’essaie d’éviter d’alimenter mes peurs, justement.

35. Un fait sur vous qu'on ignore :
Je dois l’ignorer aussi.

36. Émission d'enfance :
Bibi et Geneviève. J’ai honte.

37. Friandise préférée :
Ça dépend des périodes. Ces temps-ci, je trippe caramel.

38. Prochaine sortie :
Outre l’épicerie et le travail, je sors rarement. Sinon, on va voir un match au Centre Bell dans 10 jours. Yeah!

39. Ce qui vous remonte le moral :
Mon garçon qui dit « Maman! » en me sautant dans les bras et en me bavant sur la joue en guise de bisou.

40. Soin préféré dans un spa :
Jamais essayé, mais ce serait sans doute un massage du corps en entier.

41. Loi que vous aimeriez abolir :
Celle qui protège les criminels sexuels des autres prisonniers dans les prisons.

42. Ce que vous rapportez de voyage :
Je ne voyage pas. Il me semble que c’est la deuxième fois qu’on pose cette question.

43. Ce qui vous enrage au volant :
Me faire rentrer dedans par quelqu’un qui juge opportun de tourner à droite à partir de la voie du centre alors que je suis justement en train de tourner à droite, mais dans la bonne voie.

44. Style déco :
Pas trop chargé. Et le petit fleuri serré, pas trop. Pas du tout, au pire.

45. Ce que vous aimez le plus dans votre travail :
Mes collègues, mon horaire et la proximité de ma maison, soit 2 km.

46. Courrier postal, courriel ou réseaux sociaux :
Courriel mais j’aime poster pour vrai, des fois et recevoir des lettres qui ne sont pas des comptes et des feuillets de parti politique.

47. À quand remonte votre dernier budget :
Deux ans, et je ne me souviens pas l’avoir respecté.

48. Que mettez-vous dans l'eau du bain :
Je ne prends pas de bain.

49. Dernier souper en amoureux :
Il y a un mois, peut-être deux. Du bon vin, une bonne pizza maison.

50. Dernier voyage :
Est-ce que Québec aller-retour dans une journée est un voyage? Si oui, deux mois. Le sujet « Voyage » revient souvent…

51. Dans votre pharmacie il y a :
Vraiment trop de choses. Comme dans une vraie pharmacie.

52. Expression que vous dites souvent :
« Maudit verrat! » ou encore « Siffleux! »

53. Objet que vous conservez depuis l'enfance :
Un toutou, qui a déjà été beau, qui s’appelle maintenant Cancer, vu son aspect.

54. Vous ne sortez jamais sans :
Mes clés, puisqu’il le faut.

55. Dans votre frigo, il y a toujours :
Tellement de choses. La porte du frigo est toujours pleine. Les choses les plus inusitées? De la pâte de cari (rouge, verte et jaune) et un tube de pâte d’anchois.

56. Chose la plus gênante que vous avez faite en public :
Une mauvaise blague que j’ai dû répéter et expliquer tellement elle était mauvaise.

57. Tâche domestique préférée :
Plier du linge. Des serviettes de préférence.

58. Plus grand succès télévisuel selon vous :
Dexter.

59. Ce que vous achetez sur internet :
Un peu de tout, des tissus, des bijoux, des vêtements.

60. Mentor dans votre métier :


61. Titre du livre que vous aimeriez écrire :
Les chroniques d’une fille qui pense.

62. Titre d'un chapitre qu'on pourrait voir dans votre biographie :
J’écris à l’envers. Je pense à l’envers aussi.

63. Personne qui vous impressionne le plus :
Mon chum.

64. Ce que vous n'avez jamais osé faire :
Ce qui me passionne vraiment.

65. Congé ou travail la fin de semaine :
Congé. J’aime l’idée d’avoir une vie, c’est fou non?

66. Souvenir d'enfance :
Rentrer du bois avec mon grand-père en prenant bien soin de détruire le contour de la fenêtre.

67. Plus grande passion :
L’écriture.

68. Si vous changiez de prénom :
J’aime mon nom. Ce ne serait pas Julie, Valérie ni Mélanie, car on m’appelle souvent comme ça. C’est comme si je les avais déjà portés.

69. Premier emploi :
M’occuper d’une personne âgée de nuit, la fin de semaine. Pas pour moi, du tout.

70. Plus gros mensonge :
Toujours en cours.

71. Parfum :
Escada Marine Groove.

72. Défaut mignon :
Je materne systématiquement les gens que j’aime.

73. Ce qu'on trouve dans votre panier à pique-nique :
Je ne sais pas.

74. Dernière fois que vous avez pris l'autobus ou le métro :
Autobus comme dans transport en commun? J’avais 15 ans. Ça en fait donc 13.

75. Superstition :
Je n’ose jamais émettre des commentaires tels que : « Ça fait longtemps que le prix de l’essence n’a pas augmenté » ou encore « Ça fait longtemps que je n’ai pas eu de rhume ». On dirait que j’ai peur que ça arrive.

76. Parfum d'ambiance préféré :
J’évite, je me tanne vite parce que j’ai le « nez fin ».


77. Chanson fétiche de votre couple :
On ne chante pas en couple. En fait, on chante des niaiseries, notre quotidien, n’importe quoi, alors rien de fétiche.

78. Plus beau cadeau que vous avez offert :
J’ai offert un coffre à bijoux à la grand-mère de mon chum qui a pleuré en le recevant. Il m’est revenu depuis, en héritage.

79. Couleur de vos draps :
Verts.

80. Vêtements qui vous attirent chez un homme :
Complet sans cravate, ou avec, ou sans. Des vêtements qui vont bien à celui qui les porte, ça aide. Surtout, pas de beige. Mais il faut que l’homme soit beau d’avance.

81. Aliment réconfortant :
Macaroni au fromage cheddar fort avec croûtons, bacon, champignons et sauce Red Hot (I put that sh** on everything).

82. Vêtement réconfortant :
Des bas doux pas serrés et des pantalons mous.

83. Humeur habituelle le matin :
« A woman on a mission ». Humeur correcte avec manque de patience si quelque chose retarde.

84. Ce que vous faites pour vous détendre :
Écrire.

85. Look détente à la maison :
Mon vieux jeans en phase terminale, avec des bas doux et un chandail à manche longues. L’été, des manches courtes et pas de bas, surtout pas de bas.

86. Action à accomplir durant l'année :
Me calmer.

87. Dernier rendez-vous chez le coiffeur :
Ma visite biannuelle est pour l’été, peut-être. Sinon, ce sera dans le temps des fêtes et ce sera pour une visite annuelle.

88. Plus belle chanson d'amour :
L’essentiel de Ginette Reno. Souvenir de mariage, en plus.

89. Dernière fois que vous avez pris une photo :
Mon fils qui faisait des niaiseries (encore), avant-hier.

90. Chiffre chanceux :
Je ne sais pas si c’est chanceux, mais c’est mon chiffre préféré : 3.

91. Phrase poétique que vous aimez :
Je cherche. « Je t’aime » ou encore la version petit garçon : « Té t’aigne ». Poétique, non?

92. Ce qui vous intimide :
Rencontrer un homme très beau dans le cadre du travail alors que je m’attendais à une plaie humaine (selon sa voix au téléphone).

93. Surnom que vous avez déjà eu :
Muffin au son. J’en ai pleuré. Pourquoi? Je n’aimais pas.

94. Geste que vous regrettez :
De ne pas m’être respectée dans mes propres choix.

95. Cause qui vous tient à coeur :
La sclérose en plaque et les enfants.

96. Objet inutile ou quétaine auxquel vous tenez :
Ça va par phase mais j’essaie d’éviter de m’attacher à des objets.

97. Dernière fois que vous avez téléphoné à vos parents :
Ma mère, avant-hier, ça n’a pas répondu, mais elle était en route vers chez moi. Est-ce que ça compte?

98. Chanson que vous fredonnez sous la douche :
Ça dépend. Souvent des chansons d’émission pour enfant, Lazytown entre autres. « You are a pirate ».

99. Mets que vous avez honte d'aimer :
Le Kraft Dinner.

100. Deux produits de votre prochaine liste d'épicerie :
Chocolat et yogourt nature 3.25% de Damafro, entre autres.

101. Porte-bonheur :
Aucun.

C'était le temps que ça finisse.

jeudi 27 janvier 2011

On mange du latex

Après des recherches poussées et grassement subventionnées, j’ai enfin réussi à recréer l’odeur exacte de la peinture au latex pour intérieur de Bétonel.

Voici la recette :

  • Chou pré haché (pré déséché avec carottes et chou rouge) en sac de marque Dole (1.99$)
  • Vinaigre de cidre de marque Orphée (6.99$ la bouteille donc environ 21¢ pour 15 ml)
  • Sirop d’érable (8$ la canne donc environ 24¢ pour 15 ml)
  • Miracle Whip (4$ pour 500 g donc environ 24¢ pour 30 g)
  • Sel et poivre (négligeable)

On mélange les quatre derniers items dans le fond d’un bol de votre choix (plastique de préférence, pour vraiment reproduire l’odeur) et ensuite, on ajoute le chou et on mélange encore. Le résultat est quasi-instantané et d’un réalisme qui rend perplexe.

Si vous êtes capable d’oser goûter, d’enlever de votre esprit l’image du gallon de peinture, la salade est excellente aussi! Réajuster les ingrédients de la sauce au goût!

mardi 25 janvier 2011

La peur

Non, il ne s’agit pas d’un (autre) texte de chialage et de pleurnichage, comme j’en ai tant fait ces dernières semaines. Le titre fait peur, mais à tort… Ahahahah.

En général, je suis peu encline au courage. En fait, je pratique l’anticourage, malgré moi. Nombreuses sont les situations qui ont un potentiel de m’effrayer, de peu à énormément. Je suis de type hypersensorielle, chose que je déteste, et je ressens beaucoup.

Mais c’est quoi cette merde, ressentir beaucoup? Oui, c’est vrai, j’ai l’angoisse facile. Je suis une espèce de créature mi-folle mi-surnaturelle. Et surtout, je n’exagère jamais mes propos, pas mon genre. Un exemple, pour tenter de donner un sens à tous ces mots? Je fais des crises d’angoisse quand j’entre dans certaines maisons, quand je rencontre certaines personnes, qui me sont où non connus (les endroits ET les personnes). Des fois, je réponds aux questions d’un collègue (et ami) avant qu’il ne les pose. Nous ne travaillons ensemble que depuis six mois, c’est trop peu pour se connaître à ce point. Et je « devine » des choses qu’il m’est impossible de savoir. Ceci fait de moi une personne plutôt peureuse. C’était l’introduction, passons maintenant à notre programmation principale (je répète souvent les mêmes blagues, c’est moche).

Aujourd’hui, j’avais une formation pour le travail, un « Accueil » comme on le dit ici, pour avoir accès à une usine de produits chimiques, l’usine de Fluorure. C’est la seule au Canada et blablabla… Toujours est-il que c’était la deuxième fois que je faisais la même formation, qui expire au bout de trois ans, et j’avais un vague souvenir émotionnel de peur, seulement en entendant le mot « Fluorure », mais je n’arrivais pas à localiser précisément le bobo. C’est revenu assez vite.

Dans cette usine, on produit du fluorure d’aluminium, qui est un additif permettant de diminuer la température requise à la réaction chimique pour faire l’aluminium. Pour produire le fluorure d’aluminium, il y a le fluorure d’hydrogène (HF), sous forme liquide ou gazeuse, qui peut fuir de son enceinte fermée si quelque chose casse. Le HF, c’est un emmerdeur. Il est à la fois matière première et déchet, et il a un fort potentiel de me faire peur.

Pourquoi? Parce qu’il offre tout un éventail de possibilités de destruction de la race humaine. Il peut, à concentration élevée, brûler la peau instantanément. À faible concentration, il brûlera autant, mais plus tard, dans 8 à 24 h. Lorsqu’inhalé (ils appellent ça une « poffe »), il peut provoquer une crise d’asthme instantanée. Dans tous les cas, selon la quantité, il peut entraîner la mort. Pourquoi? Parce que pendant que le H (hydrogène) brûle la muqueuse, le F (fluor) lui, se dépêche de se rendre au sang pour lui voler tout son calcium (nécessaire pour contracter les muscles, dont le cœur) et produire du gypse (craie). Yé. Si vous mettez votre petit masque d’urgence, avec le pince-nez, et que vous sortez à toutes jambes, vous devriez être corrects… euh…

N’eût été du formateur plate à souhait qui était bien trop propre et efféminé pour être un gars d’usine (mais qui l’était), avec ses poses coquettes, et du vidéo d’une conférence d’un médecin tourné en 1997, à l’époque où les lunettes à monture énormes, les moustaches, les épaulettes et les cheveux crêpés étaient dans le vent, j’aurais moi-même fait un arrêt cardiaque sympathique lorsqu’on nous a montré la photo d’un gars, mort, la face transformée en gypse parce qu’il en avait reçu dans la face. À cet instant précis, ma faim s’est envolée et une petite nausée bien inoffensive s’est installée. Même s’ils ont répété et répété que c’était de faibles probabilités, que c’était bien rare : TROP TARD!!! J’AI PEUR!

Je me suis souvenue à cet instant de ce que je m’étais dit en sortant la première fois : « Je ne veux pas y aller, dans cette usine-là ». Trop souvent, c’est le moyen qu’on prend pour éduquer les gens : on les traumatise. Et moi? Je suis traumatisée.

lundi 24 janvier 2011

Mon talent pour l’art abstrait

Alors que la journée avait été longue et froide, très froide, c’est l’esprit bouillant que je suis rentrée chez moi, après tout un après-midi à me faire aérer les oreilles sous la trappe de ventilation de mon bureau. Air chaud? Non, mes amis, air conditionné, AKA air « frette ».

Oui, alors que le vent battait si bien la mesure de l’autre côté de ma fenêtre mal isolée (laissant deviner un petit courant d’air bien frais), qu’il prouvait à la terre entière que même à -28 °C, il pouvait quand même passer faire un tour, question de friser les -40 °C, la ventilation du bâtiment, elle, avait des gaz. En effet, à ce temps, les ongles et les lèvres bleus, alors que je devais m’asseoir sur mes mains en alternance pour permettre une circulation sanguine, et taper de celle qui reste sur mon clavier, le vent dans mon cou était pire qu’une flatulence digne de ce nom.

Heureusement, le temps a fini par passer, 16 h a fini par arriver et, après avoir convaincu la pédale d’embrayage de mon véhicule de bien vouloir remonter après chaque pression, j’ai gaiement mis les pieds dans ma chaleureuse demeure, à 16 h 5. Ma petite « loutte » (chat) m’attendait tout près de la porte. Étrangement, le coup de vent a eu le même effet qu’une clémentine trop proche de ses narines : elle a fiché le camp.

Comme la vie est une folie, je me suis mise en marche pour la course du souper. Mon esprit toujours en ébullition, je ne pouvais pas vraiment évacuer toute cette vapeur artistique tout en étant utile dans la cuisine (mention honorable à mes jeux de mots thermodynamiques). J’ai donc usé de ma fibre créatrice pour ficeler le souper, et c’est le cas de le dire. Au menu, poitrines de poulet farcies à quelque chose.

Je n’ai personnellement jamais rien compris à l’attrait qu’ont plusieurs gens pour l’art abstrait. Il peut m’arriver, parfois, si l’agencement de couleurs me plaît, de bien aimer. Par contre, ce soir, je vous dirais qu’en voyant le résultat de mes poitrines « farcies » avant la cuisson… c’était très abstrait. À ce moment, je me suis demandé, et je cite : « Est-ce par dépit que les artistes font de l’art abstrait? Quand ils ont tout tenté pour rectifier le tir et que ça n’a pas marché? Qu’ils se disent “Le pire qu’il peut arriver, c’est que personne n’aime”. L’art abstrait n’est-il qu’une forme d’abandon? »

Au moins, mes poitrines de poulet, quoique légèrement trop cuites, étaient excellentes. Et elles étaient bien plus belles une fois cuites.

Il y a des jours comme ça

Il y a des jours comme ça où les choses semblent avoir perdu leur sens. Des journées où notre confiance, qu’on sait déjà fragile, semble comme la branche bien verte de la plante qu’on vient d’amputer, par souci d’espace, et qu’on a vulgairement lancée dehors : Il suffit d’un coup de vent pour qu’elle en éclat.

Étrangement, la veille, tout allait, tout était rose, tout était beau. Sans doute, demain ou après demain, tout redeviendra encore rose et beau. Mais maintenant, aujourd’hui, le rose a perdu son lustre, il est devenu grisâtre, terne, et si on le mangeait, il serait sans doute granuleux et fade, plutôt que sucré et piquant.

Ces jours-là, on se demande pourquoi on est là, pourquoi les gens qui nous aiment, nous aiment. On a peur de déranger les gens par notre simple existence, alors pas question d’aller vers les autres. On se demande si notre vie suit vraiment le cours qu’elle aurait dû suivre où si, par un malheureux malentendu, par un choix douteux, nous en avons détruit tout le potentiel, nous nous sommes écartés du droit chemin.

Croire que notre destin est tracé, que les jeux sont faits, que les dés sont lancés, serait certes rassurant, mais impliquerait aussi que tous nos efforts sont en vain, que peu importe nos actes, le résultat sera le même, qu’on travaille pour rien, qu’on pense pour rien. La défaite des lâches.

D’un autre côté, croire que nous sommes le maître d’œuvre, que tout est entre nos mains, nous pousse à remettre toutes nos mauvaises décisions en doute, à se culpabiliser, à subir la pression de l’éventuelle mauvaise décision. Cela vient à l’encontre de « C’était dû pour arriver ». Il n’y aurait donc pas de « droit chemin ». Y a-t-il simplement un chemin ?

Finalement, trop de mots, plus de questions, point de résultat. Vivement demain. Mais d’ici là, vivement maintenant.

samedi 22 janvier 2011

« Viens mon homme, Papa va t’apprendre à rouler... »

C’est fou comme parfois, prises en dehors de leur contexte, certaines phrases peuvent créer un malaise. Celle-là, entre autres. Surtout si on pense que le « mon homme » en question oscille entre un an et demi et deux ans. Pourtant, il n’était question que d’apprendre au petit Bisou comment rouler la feuille de silicone à pâtisserie avant de la ranger.

Aussi, il y a le classique, venant d’un homme : « Veux-tu me la tenir »? Qu’il s’agisse de sa bière ou d’un quelconque objet dont le genre du mot qui le décrit est féminin, il y a généralement un genre de rire mi-timide, mi-grivois qui suit, à moins d’être en présence d’une « matante » qui ne désignerait jamais le membre viril de l’homme par un terme féminin, donc qui ne fait pas le rapprochement.

C’est à cause de ce type de comportement, et d’allusions, combiné au fait que je travaille dans un milieu industriel d’hommes depuis toujours, que je suis incapable de manger une banane au travail sans me cacher dans mon bureau. Dans la même veine, certaines phrases ou répliques sont également à déconseiller, voire à proscrire dans le milieu industriel comme : « J’ai faim, je mangerais un ours (testé) ». Des réponses telles que « Mange-moi à la place » risquent de sortir de leur tanière. Même chose pour toutes les répliques qui contiennent toute variation du mot « avaler » ou « manger ».

Malgré mon intelligence que je considère comme relativement développée, par moment, j’ai des faiblesses. Il y eut une époque où pour moi, le verbe « venir » se définissait comme suit : « Aller dans un lieu précis ». Maintenant, par expérience, je ne suis plus capable de l’employer sans compléter la phrase. Finis les « Tu viens tu? » teintés d’impatience ou encore tout à fait naïfs. Maintenant, c’est plutôt « Tu t’en viens-tu? » ou encore « Tu y vas-tu à telle place ». Avez-vous remarqué, mon français parlé est très familier? Tout comme le verbe venir.

Comportement primaire, futile, vous dites-vous? Si votre réponse est oui, vous êtes sans doute dans un monde où l’industrie lourde, la mécanique et les régions ne sont que légende. Eh oui, en 2011, c’est comme ça. Et vous savez quoi? Je m’y mêle étrangement bien. C’est mon côté masculin, dans une foule, mon quotient baisse. Faute de me dénuder devant une gang de mâles, de montrer mon pas de craque, eh bien je dis des niaiseries et je parle gras… J’ai honte.

jeudi 20 janvier 2011

La minute éducative 4 : Faire l’épicerie

Quoique certaines personnes militent activement contre l’épicerie en temps qu’action (et non magasin), c’est-à-dire en temps qu’activité récurrente, soit hebdomadaire ou bimensuelle, on ne peut nier qu’une grosse partie de la population s’adonne à cette activité de façon régulière.

Si, à une époque, j’ai aimé la chose d’un amour pur et profond, notre relation a changé depuis. De « chasse aux trésors pour éveiller les sens », le viraillage dans les allées s’est métamorphosé en rage à la poignée (du panier) et à la frustration contre la non-pertinence de ne pas avoir casé la pâte de tomate juste à côté des tomates. Voici donc quelques trucs pour arriver à faire l’épicerie tout en conservant un minimum de joie de vivre.

En premier lieu, vous devez décider d’un plan d’action général, et ce avant même de planifier l’excursion. Vous devez choisir parmi les options suivantes :

1. J’achète ce qui me tente

2. Je fais ce que je peux de mieux avec le moins cher possible

Dans le premier cas, vous pouvez dire au jeune homme pas assez habillé avec les gros cheveux et le chapeau de vous faire grâce du Publisac, vous n’en avez rien à battre. Ainsi, vous n’avez qu’à faire un tour rapide des armoires et du frigo, et tant qu’à y être, profitez-en donc pour vous débarrasser de la crème vieille de trois mois, du céleri mou et de la lime qui a déjà été verte. Ah, vous avez oublié un vieux raisin qui, sans vous en avertir, s’était échappé du sac, un jour. Ensuite, prenez un crayon et un bout de papier pour noter ce qui manque. Si vous êtes de type planifié, vous pouvez même élaborer un menu pour la semaine et baser votre liste là-dessus.

Dans le deuxième cas, installez-vous confortablement avec les circulaires des supermarchés que vous aimez, car il est important de se respecter là-dedans, et notez les spéciaux qui vous intéressent. Faites-en un menu et compléter la liste.

Maintenant, que vous soyez riche et capricieux ou raisonnable et économe, vous devez vous y rendre (épargnez-moi l’épicerie par internet, ici, on parle des gens qui se déplacent). Une fois arrivés sur place, sortez vos sacs réutilisables, pour éviter la mort par brûlement de la rétine que pourrait vous infliger la caissière si vous répondez « Non » à « Avez-vous vos sacs? » et pénétrez. Selon votre choix de magasin, vous serez peut-être accueillis par un « Bonjour, bienvenue chez XXXX » électronique. Bienvenue.

Si votre liste est bien faite, en supposant qu’elle n’est pas restée sur la table de la cuisine ou dans la voiture, elle devrait suivre l’ordre des rangées. Il ne vous reste qu’à circuler, liste en main, et à mettre les objets dans le panier (il fallait en prendre un). Si, comme moi, vous ne daignez pas sortir la liste de vos poches (quand elle n’est pas sur la table de la cuisine), vous risquez de revenir en arrière plus souvent qu’à votre tour. Même chose si c’est écrit de façon aléatoire.

Ah, j’ai omis la préparation mentale. La préparation mentale est aussi importante que les sacs, c’est une question de survie. Vous devrez, tout au long de votre parcours, gérer les obstacles et contretemps avec un calme quasi absolu. Répétez après moi : « Je ne donnerai pas un coup de panier dans le dos de la femme qui réfléchit au succès de son mariage en plein milieu de la rangée ». « Je n’étranglerai pas le père dépassé qui laisse hurler son enfant parce qu’il est trop occupé à déchiffrer la liste que sa femme lui a donnée. Sa blonde, pardon, le mariage est démodé. ». Selon votre expérience personnelle, il peut être intéressant de compiler vos propres slogans.

Une fois que tout est complété, que vous êtes revenus une demi-douzaine de fois dans les fruits et légumes parce que vous vous êtes dit « Je vais m’en souvenir en les voyant », mais que vous n’avez pas vu, vous pouvez passer à la caisse. Selon votre choix de supermarché, on vous emballera vos achats, ou non. On vous demandera si vous avez vos sacs, la carte promotionnelle et peut-être même si ça vous tente de faire un don pour Dieu sait quoi. Dans les trois cas, un « Non » peut entrainer le sentiment de n’être qu’une merde. Ne vous en faites pas, quand vous arriverez à la maison et que vous constaterez que vous avez oublié quelque chose, votre culpabilité s’envolera.

mercredi 19 janvier 2011

Silence

Dans son sens propre, dans son sens pur, le silence est froid, vide.

Le silence peut aussi être peuplé de mots, des mots vides de sens.

Le silence est une scène où les paroles, piètres comédiennes, se donnent en spectacle, devant un auditoire qui les acclame pour leur simple existence.

Ces mots, si beaux, si bien agencés soient-ils, ne servent qu’à tenter de prouver au silence qu’il n’en est pas un, à berner ceux qui ne savent pas chercher, à convaincre ceux qui ne veulent pas comprendre.

Alors que souvent, mille mots mal choisis, si brillants soient-ils, ne parviennent pas à briser le silence, il peut suffire d’une étreinte solide, les yeux enfouis dans un cou qui sent bon le réconfort, qui goûte bon la sincérité, qui réchauffe par sa douceur, sans un mot, pour que le silence cesse d’exister.

lundi 17 janvier 2011

Party Fails

Internet est une source intarissable de preuves de la connerie humaine. Chez moi, nous sommes fan du réseau « Cheezburger Network » qui contient des petites merveilles de divertissement instantané tel que Lol Cats, Very Demotivational Poster et le très populaire Fail Blog.

De nouvelles sections apparaissent sans qu’on ne les attende vraiment et l’une d’entre elle, que nous avons découverte ce soir, Party Fails, est particulièrement juteuse. En effet, on y voit des photos de Party, des partys complètement « wild », où les gens sont tellement pleins qu’ils s’endorment partout, avec un « rond de pisse » sur les pantalons, ou la face dans l’urinoir, en train de propulser du vomi et bien des photos embarrassantes d’homme trop vieux qui enlace une jeune poulette par derrière, « doggy style ». La grande classe.

À savourer dans vos temps libres.

samedi 15 janvier 2011

Parlons seins, c'est toujours gagnant


Parlons seins, c’est toujours gagnant

Vous le savez déjà, je suis un peu grano sur les bords. Pas beaucoup aux yeux des vrais granos, mais énormément aux yeux de bien des gens. Une des choses qui me « trahit »? Mon point de vue face à l’allaitement. Moi, personnellement, ça ne me scandalise pas, une femme qui allaite. Au contraire, j’ai tendance à ne pas comprendre ceux qui ne le font pas. Mais je ne juge pas, chacun ses choix. Mieux vaut s’abstenir que de vouloir mourir à force de détester la chose.

Récemment, j’ai eu vent d’un genre de (pas de) scandale sur une femme qui a allaité dans un magasin de jouets et qui s’est fait avertir et bla bla bla. Il y a des clans. Ben oui, les gens prennent position sur ce genre de fait divers. Je ne suis pas pire que les autres, alors je suis capable aussi.

D’un côté, les granos et pro-allaitement hurlent à l’injustice! À mort les puritains! Qu’on lapide tous ces pudiques! De l’autre côté, on se défend en disant que la femme avait le sein qui pétait au vent, qu’elle l’exhibait au gré de sa montée laiteuse.

Sans blagues, je ne suis pas du tout l’actualité, je ne sais donc strictement rien de l’histoire, mais je me ferai un plaisir de me faire un scénario et de le commenter. Posons des hypothèses, dans qu’à se faire du fun!

Mettons que la pauvre fille allaitait son bébé de deux mois qui criait sa faim au monde entier, et qu’elle l’a fait en désespoir de cause, laissant peut-être deviner un sein derrière tout ça, mais sans le faire exprès. Dans ce cas, le débat n’en est pas un. Endurez-vous gang de mal baisés!

Si par contre, la femme s’est effectivement laissé balloté le sein, le nibard, la boule, le toton, au pire, et qu’elle se l’est fait éventé un tout petit peu avant (ou pendant) qu’elle procédait au transfert de l’air, donnant une chance à tous les refoulés, scrupuleux (ses), chialeux, « ouèreux » (voyeurs) qui ne pouvaient s’empêcher de regarder là, justement, de voir un peu de chair, qui sait, peut-être même un mamelon, MAMELON, dans ce cas, c’est différent. On sait tous que les seins ne sont réservés qu’à un usage exclusivement sexuel et qu’il est vicieux, déplacé, déviant, de les mettre dans la bouche d’un enfant (dit comme ça, j’avoue que c’est weird). C’est bien pire que de se laisser émoustiller (ou même déranger) par un gros sein plein de lait, veiné bleu et déformé par l’usage. Au pire, si ça vous picote dans le bas-ventre, rincez-vous l’œil puis passez à autre chose!

Si, au comble de la stupidité, ça avait été une femme qui allaite un enfant de plus de deux ans, en public, sans gêne, là, il aurait certainement été question de provocation. Quel toupet! Mais celle-là, je vous jure qu’elle s’en tape de votre point de vue!

Sérieusement, à tous ceux qui ont une opinion là-dessus, qui se scandalisent de si peu, pitié, contenez-vous! Vous contribuez à promouvoir l’image puritaine de notre pays! Oui, ce même pays peuplé de gens qui vont sur internet pour regarder des gens de chier dans la figure, ou se faire enculer par des chiens et, qui isole les violeurs et les pédophiles dans les prisons pour les protéger. Je suis crue, n’est-ce pas? Tant mieux si vous le trouvez, c’est que le message passe.

Moi, ce qui m’écoeure, ce sont les filles avec des surplus de poids qui s’obstinent à suivre la mode, à s’ensaucisser dans des pantalons trop petits, qui ne leur vont pas, laissant virevolter un ventre mou et dévoilant une disgracieuse craque de fesses et des hommes, souvent des monsieurs, sales, odorants, et qui regardent les jeunes filles avec un air maniaque. Ça, c’est dégueulasse. Ou encore les petites pitounes de 14 ans qui se penchent devant leurs enseignant, à l’école, dévoilant leur chair fraîche et s’insultant de les voir regarder. S’insulter de voir un sein en public, c’est tellement 1950! En Europe, il y en a dans les pubs télévisés en plein jour, et ce n’est pas de l’allaitement! L’allaitement en public, « come on »!

mercredi 12 janvier 2011

L’humain autonettoyant

Il est apparu comme ça, sans que personne ne l’aie vu venir. La première chose qu’on a su c’est qu’à partir d’un moment, l’évolution avait fait son œuvre, l’humain autonettoyant (HAN) était né.

Malgré toutes les études, recherches, analyses, il était impossible pour quelque génie de la science que ce soit de déterminer pourquoi la peau des nouveaux être humain, les HAN, était imperméable aux saletés, odeurs, taches. Étrangement, un jour, un petit garçon était né, quelque part en Moldavie, et il était propre. Rien de si surprenant. Jusqu’à ce qu’il garnisse sa couche et que, ses fesses soient intactes. Au fils des heures, jours, semaines, peu importe le fluide corporel, ou autre substance qui enduisait le bébé, rien n’y collait. De plus, il sentait toujours bon. Pas le parfum ni le savon, juste bon.

La nouvelle avait bien sûr fait le tour du monde, section faits divers. Puis, les cas s’étaient multipliés. Au bout d’une année, les HAN étaient si répandus que plus personne n’en faisait de cas, si ce n’est pour les jalouser. Alors que les parents de bébés standards se demandaient ce qu’ils avaient bien pu faire à Dieu pour ne pas mériter un HAN, le maudissant secrètement, les autres, les chanceux, les bénis, s’adaptaient facilement à leur nouveau mode de vie.

Vous vous imaginez l’impact de cette nouvelle génération? Fini le malaise causé par un interlocuteur à l’haleine fétide et aux dents jaunes brunâtres. Finies les nausées dues au collègue qui sent fort la sueur (piquante) à 8 h le matin. Finis les gens qui dégagent un arôme douceâtre de creton-swing dans les endroits publics, qui font détester l’expérience de socialisation. Fini les croutes de lait séché autour de la bouche du bébé. Fini les résidus alimentaires dans les dents. Finies les gênantes crottes de nez humides qui collent sur la joue.

Point de vue qualité de vie, que d’avantages! Pas envie d’aller se laver? Quelle coïncidence, nul besoin! L’angoisse créée par la peur de mourir de froid à la sortie de la douche? Un mythe. La perte de temps du séchage des cheveux et la frustration due à un manque de volume? Pffff. Brossage de dents : Il faut les brosser?

Finalement, se laver ne présente aucun avantage, si ce n’est d’en sortir propre et d’avoir toutes sortes d’idées saugrenues pour nourrir son lectorat.

mardi 11 janvier 2011

L’imposture

Cette fille ne cessait de me suivre partout depuis des semaines, si ce n’est des mois. Parfois, il me semblait avoir la paix, mais dès le constat de ladite tranquillité, il ne suffisait que de quelques heures, au mieux quelques jours, pour qu’elle réapparaisse, semi subtilement.

Sans être particulièrement antipathique, ni sympathique, disons-nous-le, elle avait cette aura déstabilisante qui empestait l’hypocrisie à des kilomètres à la ronde, ou des milles, selon la perception.

Malgré les efforts que je déployais pour tenter de savoir où tout cela avait commencé, à me souvenir de la première fois où elle m’avait rendue mal à l’aise, me subtilisant mon énergie, ma confiance, rien n’y faisait. Il y avait longtemps que je la voyais, mais je n’y avais jamais réellement porté attention, jusqu’à un jour, dans un passé qui ne me semble pas si lointain. Ces derniers temps, elle était de plus en plus présente, et parfois bien trop près. Elle me collait aux basques, comme l’aurait dit un Français.

J’ai cru au hasard, je vous l’avoue honteusement, pendant bien longtemps. Peut-être cela me rassurait-il? Je la croisais fréquemment au travail, plusieurs fois par jour, mais ne m’en formalisais point, jusqu’à ce jour, où je l’ai rencontrée ailleurs. Un malaise, un questionnement, un rappel à la raison puis, on retourne à notre vie, on continue notre magasinage. Le hasard, s’il existe bien sûr, peut parfois aller jusque-là, sortir la personne de son « cadre ». Les gens ont une vie, eux aussi.

Elle ne me suivait jamais de très près, se contentant de brèves apparitions puis, disparaissait. Au point où je me demandais si elle avait réellement été là ou si je l’avais simplement imaginée. La fatigue peut provoquer ce genre de confusion, n’est-ce pas? Le doute se faisant trop lourd, il était grand temps de rentrer. Un dernier arrêt puis, retour à la maison.

Cherchant l’huile de noix nerveusement sur les tablettes, tentant en vain d’afficher un air détaché, j’étais morte de trouille. Je ne la voyais pas, mais je sentais sa présence. Peut-on réellement sentir la présence de quelqu’un dans un supermarché, dans une foule d’inconnus? Je me suis pressée, suis passée à la caisse et, juste avant de sortir, alors que j’avais l’impression de m’en tirer gagnante, l’ai aperçue qui marchait dans le stationnement, d’un pas pressé.

Paniquée, j’ai couru à ma voiture et ai pris le chemin contraire à celui qui mène chez moi. Avait-elle réellement été là? Sur le coup, j’en étais convaincue, mais, avec du recul, le doute que mon imagination me joue des tours était grandissant. Je ne suis rien, ni personne, qu’un être vivant qui court pour sa vie. Pourquoi une femme à l’aura démoniaque me suivrait-elle dans mes moindres déplacements?

La question me semblant pertinente, j’ai repris mes esprits et suis retournée chez moi. Mon allée était libre. Étrangement, j’en étais soulagée. Jetant toujours un œil inquiet dans le rétroviseur, au cas où, et la tête comme une girouette, j’ai stationné mon véhicule dans mon allée et ai couru dans la maison, telle une enfant qui se jette sur son lit à partir de la porte de sa chambre, de peur de se faire prendre les pieds par le monstre qui vit sous le lit.

Une fois à l’intérieur, j’ai verrouillé et me suis appuyée sur la porte, les yeux fermés, pour reprendre mes esprits et mon souffle. Mon cœur battait à tout rompre, et l’angoisse me serrait le ventre comme jamais. Elle était dans la maison, je le sentais. Je n’osais pas ouvrir les yeux, j’étouffais, j’avais peur, j’avais mal. J’étais crispée au point de me demander si mes yeux pourraient un jour revoir la lumière.

Soudainement, elle m’a prise à la gorge et une douleur lancinante m’a transpercé le plexus. On me poignardait, me tuait dans ma propre maison, et ce, sans me laisser aucune chance. Puis, je suis devenue molle et j’avais mal. Petit à petit, l’air est à nouveau entré dans mes poumons. J’étais vivante et la douleur semblait s’estomper légèrement.

J’ai ouvert les yeux et elle était là, devant moi. Elle me regardait d’un air absent, paniqué, sa respiration lui faisant osciller les épaules au même rythme que moi. Je me suis touché la tête pour voir si tous mes morceaux étaient là, elle a fait de même. J’ai entrouvert la bouche pour parler, elle l’a fait aussi. À peine soulagée, j’ai enlevé mes bottes et me suis éloignée du miroir.

dimanche 9 janvier 2011

Ces expressions qui me font « tilter » un oeil...

Singer. « Je pense que je vais te singer ». Imite-moi si tu veux, mais je ne suis pas vraiment type singe.

Être « pour » faire quelque chose. C’est drôle, il y a des expressions qui ne survivent pas au passage de génération. Celle-là sera du lot. Pourquoi pas plutôt « s’apprêter à »? Trop bien dit peut-être?

Être « après » faire quelque chose. On s’entend que cette expression-là couche avec la précédente depuis au moins un siècle? « En train de », non?

J’cré ben. Ça sonne un peu « Cormoran » (la série télé), vous ne trouvez pas?

J’ai gratté mon « relais » après que la charrue soit passée. Traduction : J’ai pelleté la butte que m’a gracieusement laissée la déneigeuse en nettoyant la rue. Moi, j’ai tendance à dire « ourlet » plutôt que « relais », parce qu’au moins, un ourlet, c’est une bosse, mais encore là, je pense que je suis dans le champ aussi.

Je m’ai-t-acheté un chandail. PARDON?

Ça va-t-être bon! Ah oui! Est-ce que c’est va « vat » ou être « têtre »?

On en a dresse. Après analyse, c’est « on en a de reste » et ça veut dire qu’il y en a « ben manque », ou encore bien assez. Pas fou.

On va manger du bon spaghetti italien. Pouah!!! Du bœuf haché avec de la tomate et des légumes. Très très italiens.

Youppi! Du spagatti italien! Moi j’aime les pâtes alimentaires! Moi, l’expression « pâte alimentaire » m’enlève l’envie d’en manger. On dirait qu’il y a un mot de trop.

ma chesseuse. Sécheuse. Une personne, on peut se dire que la pauvre, elle fait de la dyslexie. Toute une génération, je pense que quelqu’un leur a fait une blague, et qu’il est mort avant de l’expliquer.

Jouer aux fesses. Quand j’étais jeune, et même ado avancée, le sexe me dégoûtait, et je suis convaincue que c’est à cause de cela.

Faire le sexe. Pas vraiment plus « ennimant ».

Ennimant. Je vais poser des hypothèses, parce que le mot n’existe (évidemment) pas, et que j’interprète à chaque fois que je l’entends (souvent quand même, vous seriez surpris). Attirant? Enthousiasmant? Tentant? Motivant?

Bon, c’est suffisant pour ce soir. Au plaisir!

samedi 8 janvier 2011

La conquête du monde

Quand j’étais jeune et moche, et que j’avais la naïveté des jeunes de mon âge, ma vision de la vie était bien différente de celle d’aujourd’hui. Comme bien d’autres, tous ou aucun, je ne saurais le dire avec précision, ma notion du temps était… intemporelle. Je m’imaginais qu’à 21 ans, je serais mariée et que ma famille serait déjà complète, et tout en étant moche (trouvez l’erreur).

À cet âge encore (le début vingtaine), on croit hors de tout doute qu’on mérite mieux (et donc plus beau) que nous. Il est donc mathématiquement impossible (aucun lien avec les mathématiques) d’être casé si on est moche, puisque les gens plus beaux que nous cherchent aussi plus beau qu’eux, et ainsi de suite. Dieu merci, la beauté est dans l’œil de celui qui la regarde (non! Que c’est cliché!).

En plus d’être très optimiste quant à ma future et encore si lointaine situation familiale, j’avais une vision très… particulière du monde. Je vous ai un peu menti en introduction, je n’avais pas la naïveté des jeunes de mon âge, j’étais différente. Je voyais le monde avec des yeux d’adulte (selon mon point de vue), mais avec les connaissances d’une enfant.

Ainsi, j’étais relativement facilement impressionnable. Par qui? Par quoi? Des choses qui ne m’impressionnent plus vraiment, voir plus du tout, allant même jusqu’au découragement, parfois.

Donc, pour en revenir à notre sujet principal, dont vous ne savez rien, pour l’instant, quand j’étais jeune, moche et idiote (tiens, un nouveau qualificatif), j’avais la conviction ferme que les pourvoyeurs de biens et services étaient les mieux placés pour conquérir le monde. Je m’explique : il suffisait qu’une personne ait l’air vraiment convaincue de ses dires pour qu’elle ait raison et, par le fait même, soit candidate à la conquête du monde. Mais qu’était-ce que la conquête du monde pour moi? Rien de bien palpitant, sinon la certitude que personne ne pouvait nous faire ch… suer.

Un exemple concret? La fille qui travaillait au dépanneur d’à côté de chez moi. C’était la fille du proprio. Elle travaillait les soirs et les fin de semaine. Elle. Elle était mon idole. Sophie.

C’était elle qui faisait la crème molle. C’était même elle qui décidait si elle la faisait au chocolat ou à la vanille le vendredi (mono-saveur). Elle. Wow. Elle m’en a même déjà donné une un soir, après la fermeture, parce qu’il en restait dans la machine et que je collais là toute la soirée, étant si fière d’avoir au moins une amie, et adulte en plus. Elle. Elle pouvait conquérir le monde chaque jour, chaque minute.

Elle pouvait (où pouvoir est très mal utilisé) vendre des cigarettes à l’unité, vendre des bonbons « à la cenne » sans mettre de gants ni se laver les mains, entre deux taponnages de monnaie, manger directement dans les contenants de bonbons, et ce, tout en retournant à sa vie entre les clients, parce que le dépanneur était à même la maison (sauf quand je collais là, le soir). GÉNIAL!

Pourtant, je ne me souviens pas avoir rêvé d’être à sa place. Je me contentais de l’admirer et de vouloir être vétérinaire, un jour, sans doute après mon mariage et la naissance de tous mes potentiels enfants, vers 22 ans... Vétérinaire, c’était moche et sans intérêt (en comparaison avec Sophie), mais c’était ce qui m’allumait à cette époque.

En fait, je me rends compte aujourd’hui que ce n’était pas tant le fait qu’elle soit responsable du magasin que le fait qu’elle était adulte et apte à prendre des décisions, qui la rendait si impressionnante à mes yeux. C’était elle qui disait « NON! » aux petits culs qui voulaient des cigarettes en étant trop jeunes. Elle ne se faisait pas insulter par les jeunes (ceux qui me tabassaient moi) parce qu’elle était adulte. En plus elle avait plein d’amis gais, et moi, ça m’impressionnait. Il y a plus de quinze ans, c’était ambitieux!

Aujourd’hui, du haut de ma fin vingtaine, je vois la chose sous un tout autre angle, nul besoin de mentionner que je n’envie pas les caissiers de dépanneur, surtout pas s’ils sont réduits aux soirs et fins de semaine, et encore plus s’ils ne font pas d’études en même temps. J’ai évolué, et ma connaissance du monde avec.

Dans un univers parallèle, si nous avions eu sensiblement le même âge, aucune amitié n’aurait été possible entre elle et moi. Divergence totale et absolue du mode de vie. Mais elle est tombée juste à point dans ma vie, et a contribué grandement à l’être humain que je suis devenue. Ce faisant, je l’admire toujours, même si elle ne conquiert plus le monde depuis longtemps déjà.

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Ce texte est le résultat d'un défi entre moi et Lui. Thème :Quand je fais (ou pense à) X, j'ai l'impression de conquérir le monde. Le thème pouvait être conjugué. Style : comme un souvenir d'enfance. Longueur : 1000 mots ou moins. Pour constater la différence d'interprétation des sujets visitez Tempête de cerveau.