jeudi 21 août 2014

Ce soir, je tue ma blonde - Le retour

J’ai eu mon heure de gloire. Elle est passée, je suis revenue de mon « trip ». Je suppose que c’est comme prendre de l’héroïne ou du crack. L’euphorie est… euphorisante, mais temporaire. Après, c’est la dépression, la chute. Mais ça va, je m’en remets.

Toujours est-il que mon dernier billet, ayant pour titre : Ce soir, je tue ma blonde a fait réagir. Les choses se sont passées sensiblement comme je l’avais prévu, à peu de choses près  parce qu’un animateur de radio (Simon Roy-Martel de NRJ) l’a partagé, ce qui a eu pour effet de me rendre anormalement populaire, l’espace de quelques jours.

Oui, le titre était brutal, et la photo aussi. Tellement que je soupçonne quelques personnes ayant laissé des commentaires de s’être limité à ça, lire le titre et l’associer à la photo. Pourtant, toute personne sensée, qui sait lire et comprendre le français, pourra dire que ce n’était point une campagne de salissage contre JP Blanchette, mais bien la mise en lumière d’un réel problème de société, soit l’alcool au volant. D’ailleurs, je ne pense pas que le méchant de mon texte soit réellement JP. L’ami du deuxième paragraphe m’a d’ailleurs félicitée de mon texte, qu’il a su apprécier. N’est-ce pas.

Mes commentaires sont allés comme suit : 1. Des gens qui étaient d’accord avec moi, que l’alcool au volant est un fléau banalisé, 2. D’autres qui ont (encore) voulu montrer leur culture générale en disant que le conflit en Syrie est donc pire (oui, mais hors sujet) et 3. Ceux qui étaient visiblement avec JP ce soir-là avant que le malheureux accident se produise (ou ceux qui ont une consommation d’alcool abusive et qui refusent de l’admettre).

Dans ces trois catégories, j’ai appris des choses intéressantes. Pour le premier groupe, certaines personnes admettent avoir déjà péché, mais se sont confessées et converties au bon sens. Pour le deuxième groupe, le conflit en Syrie est une belle tentative pour esquiver les sujets proches de nous, et nous faire passer pour des superficiels, mais ce n’est pas parce que des gens crèvent de faim que je vais cesser de nourrir mes chats. Finalement, pour le troisième groupe, j’ai appris, imaginez-vous donc, qu'au double de la limite, à quatre bières en deux heures, on n’est pas chaud. Non. Et que le fait que le couple aille bien, que les gens s’aiment, annule l’idiotie de conduire avec les facultés affaiblies. Surtout, que la perte de jugement n’y est pour rien.

On m’a d’ailleurs dit dans un français INDESCRIPTIBLE, et je cite : « Heurkkk mes qu'elle texte a chier ... honnetement ta pas honte de dire qu'ils etaient des amis(e) pour ecrire c mots stupide ... tant qua ca garde t mains dans t poches pis ecrit donc rien ... c un accident point final ... Gros jugement gratis !!! vous savez meme pas c quoi 2 fois la limite permise ... ca equivaut a 4 biere en 2 hrs ... il etait loin d'etre ben saoul et elle etais partante pour embarquer, Il allait se balader en amoureux voir les étoiles ... pour avoir fait se chemin hors piste a plusieurs reprise ajeun ca aurait pu arriver a n'importe qui, qui as emprunter cette route dans les 5 derniere années ... lol ca aurais pu etre moi etre n'importe qui ! Le jeep reste une activité dangereuse un sport extrême !!! C un accident que les médias on rehausser a l’extrême ... Une chose est certaine Jp aimait ca Kathleen !!! »

Je prendrai quelques minutes pour rectifier certains faits. Premièrement, ils n’étaient pas mes « amis », mais JP était un collègue que j’appréciais. C’est d’ailleurs ce commentaire qui me fait croire que certaines personnes se sont limitées au titre et à la photo. Je pourrais lui répondre, dans ses mots : « Heille, le grand, les petites lettres toutes collées en dessous du titre et de la photo, il faut les lire aussi! ». Bon, je n’ai pas été capable d’utiliser ses mots. Mais reste que c’est à se demander s’il a lu autre chose que le titre. Deuxièmement, l’alcool affecte à la fois le jugement et les réflexes, donc dire que ça peut arriver à N’IMPORTE QUI, locution utilisée ABUSIVEMENT dans cette histoire, c’est de la foutaise. Et que dire du fait que ce sentier n’en était pas un. Oui, je suis nouille comme ça, je respecte les lois. Que voulez-vous, ça en prend quelques uns, des gens naïfs et suiveux, pour faire paraître les cons encore plus cons. Finalement, mais quel rapport avec le fait qu’il aimait sa blonde? Youhou?!?!

Bon, je suis restée bien respectueuse sur les commentaires dans la page de mon billet, je ne me suis pas emportée, pour ne pas influencer les commentaires à venir. Quel gâchis qu’il soit devenu possible maintenant d’écrire son opinion partout, de façon anonyme, sans limites. Je pense sérieusement à ajouter la fonction « approuver les commentaires », pour éviter les insultes et le jargon illisible. Avoir une orthographe déficiente est une chose, mais que les propos soient aussi décousus que l’orthographe, c’en est une autre. Par contre, comme je ne suis pas populaire en temps normal, je vais passer, pour éviter de décourager les éventuels échanges qui pourraient survenir.

Merci de m’avoir lue, et bienvenue aux nouveaux lecteurs, s'il en est. Sachez d’ailleurs que mes textes ne sont généralement pas aussi durs. Je vous invite à consulter mon récapitulatif, qui fait état de mes meilleurs écrits.

N.B. Je viens d'ajouter un "Share" pour Facebook et Twitter! N'hésitez pas à partager quand vous aimez!

dimanche 17 août 2014

Ce soir, je tue ma blonde

Tranche de vie. C’était dans les années 90, quelque part dans la première partie. J’étais enfant, mon père était adulte. Je me souviens clairement avoir fait la route dans les deux sens : du chalet à la brasserie et de la brasserie au chalet. Deux fois vingt kilomètres, environ. À l’aller, mon père avait soif, il était à jeun. Au retour, il débarquait de la route de temps à autre, et il empestait les 6 grosses bières qu’il avait bues au comptoir, à se faire appeler « minou » par la barmaid cheap. Oui. Il était saoul. Oui, il m’avait emmenée à la brasserie. À cette époque, ce n’était pas moins scandaleux, mais accepté par le petit peuple (Voir Elvis n’est pas mort).

Parenthèse. Un ami qui s’est enlisé dans le fossé après une soirée arrosée, chaud avancé, et que la police a fini par arrêter, qui se dit chanceux de n’avoir blessé personne, et d’avoir si peu de conséquences. Une tite machine à souffler pendant quelques petits mois. Normal n’est-ce pas, c’était la première fois! Qu’il se faisait prendre… Nuance.

Hier, en tentant de comprendre le sujet des multiples liens internet que m’envoyait mon ami par Facebook, j’ai fini par voir la photo ci-jointe. (Pour vous) Un quelconque type, menotté, qui se fait gentiment conduire par les forces de l’ordre vers une coquette salle avec barreaux et sans doute une toilette, l’air un peu sonné. Dans d’autres circonstances, il aurait sans doute joué au petit baveux, traitant les policiers de chiens, ou de [insérer jurons] de n’importe quoi… Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, il « feel cheap ». Hier, il a pris son Jeep après quelques bières. Hier, il a pris son Jeep, avec sa blonde dedans, après quelques bières, et il est allé faire du hors-piste. Hier, il a tué sa blonde. C’est pour ça qu’il ne fait pas son baveux.



Oui, j’ai saisi en voyant sa photo, parce que c’est une personne que j’appréciais. Un collègue. Un collègue cool avec qui j’avais eu bien du plaisir à travailler. Un « bad boy », mais sympathique. Étrangement*, il a baissé dans mon estime. Je regrette, mais en réponse à ceux qui diront que ça peut arriver à n’importe qui, je dis « non, ce ne sont pas des choses qui arrivent ».

On m’a déjà dit « Moi, je prends mon char quand j’ai bu, parce que je sais chauffer. C’est ceux-là qui ne savent pas chauffer qui tuent du monde. » On m’a aussi dit « J’aurais arrêté de conduire saoul si j’avais tué quelqu’un (non, il ne m’a pas tuée, en retournant au chalet). Je ne sais pas si JP pensait comme ça. De tous les alcooliques, je dirais que mes favoris sont ceux qui ont du “génie” quand ils ont bu. Le problème c’est qu’ils sont comme les licornes. Pas tant qu’ils ont une corne dans le front, mais ils n’existent que dans le cœur des petites filles (ou des femmes naïves). Comme Elle. Je ne la connaissais pas tellement, mais elle était quand même gentille, et sa petite fille de cinq ans ne méritait pas de perdre sa mère, d’être marquée à vie.

Ce qui frappe, c’est que le type sur la photo, c’est JP, mais ça aurait très bien pu être mon père. Ou à peu près tous mes oncles, et plusieurs de mes cousins. L’alcool est comme les “maladies vénériennes”. Plutôt que s’améliorer, ça régresse. Le vin est “in”, la bière est partout. Vous n’aimez pas la bière? On va vous mélanger ça avec de la limonade, et vous inventer pleins de petits cocktails frais qui ne goûtent pas l’alcool. Les ados, les adultes, les ados attardés, les hipsters, les gens qui aiment bien manger (comprendre : boire du vin avec leur fondue chinoise) ont hâte à la fin de semaine pour aller se péter la face, semaine après semaine. Ça boit, ça saute sur le “ski-doo”, ça boit dans le bateau, ça boit à la plage, et ça retourne bien sûr à la maison ensuite. Je savais que ça existait encore, je ne suis pas si naïve. Je ne pensais pas que c’était aussi commun, et ô combien banalisé! Ma parole. Si peu de gens se soucient de ça!

Ici, les gens sont tout émoustillés, il y a un service de raccompagnement qui s’implante. Nez rouge, mais à l’année. Je regrette mes amis, mais JP, il n’aurait pas appelé le raccompagnement, si ça avait été en place. Mon père non plus. Et certainement pas Claude Dubois. Non seulement ils savaient “chauffer”, mais ils n’étaient pas “chauds”, parce qu’être chaud, c’est pour ceux qui ne “portent pas ben la boisson”.

Mon chum n’en revient pas vraiment de me voir aussi chamboulée. Si ces deux personnes n’avaient pas été mes collègues, je n’aurais pas été bouleversée à ce point, c’est certain. Mais ça ne fait que mettre de l’emphase sur le mal de vivre de notre société. N’allez pas me dire que vous ne savez pas qu’il ne faut pas boire ET conduire! Voyons! BANDE DE CAVES! Ce n’est pas parce que vous vous sentez bien que vous êtes corrects! Ça devrait être tolérance zéro pour tout le monde. Les épais de qui ne savent pas compter n’auraient pas à faire de l’arithmétique avancée en comparant leur consommation avec leur poids pour savoir s’ils peuvent ou non prendre leur véhicule. Non, une à l’heure ça ne fait pas. Non, un café, ça ne dégrise pas. Un redbull non plus. Avec de la gomme, ça ne fait que sentir la bière à la menthe. Attendre que ça dégrise, ça risque de vous faire dormir au volant. Il n’y a pas de solution miracle. Ou ben vous ne conduisez pas du tout, ou ben vous ne buvez pas. Que vous vous plantiez, on s’en torche, mais que vous mettiez la vie de vos enfants, des enfants des autres, ou des pauvres gens qui n’ont pas à se trouver sur votre chemin en danger, c’est vraiment cave. Et pourquoi? Pour ne pas vous séparer de votre véhicule.

Pour en revenir au titre, ce ne sont sans doute pas les mots qui ont traversé l’esprit de mon “ami” JP avant de passer à l’acte, mais le fait demeure que ce soir-là, il l’a fait, il a tué sa blonde. Nous verrons demain ce qu’il en adviendra.

Pour en savoir plus sur l'histoire :

Radio-Canada

La Presse

TVA




lundi 11 août 2014

Elvis n’est pas mort

Oh que non. « J’te dis qu’yappelle ça Santa Banana mais…ya pas grand bananes après hé palmier eh! » Citation soigneusement choisie, vocabulaire adéquat. La phrase parfaite pour décrire le domaine La Florida à Saint-Ambroise.

« Vous faites quoi, Monsieur, pendant votre retraite? »
« Moé? Quand ma femme a toute ben torché la maison pis que le gazon est frais faite, on met du gaz dans notre gros campeur à 200 000 piasses, pis on s’en va relaxer dans le parking de garnotte du Géant Motorisé, avec notre ti chien blanc, Poutchy, pis on écoute de la musique rétro québécoise, en jasant de météo avec les voisins parkés à 4 pieds de nous autres. Quand on a faim, on prend notre voiturette de golf, pis on va manger des toasts au Tim Hortoanne. Su Tim. Ça, c’est la vraie vie. »

La grosse vie sale, dirais-je plutôt. Je suis sans mot. J’ai peine à décrire les sentiments qui m’ont assaillie quand je suis passée, dimanche dernier, accompagnée de ma petite famille. Ce qui était autrefois une entrée de village paisible s’est transformé, au fil des ans, en une caricature bas de gamme (réaliste donc) du classique Elvis Gratton, premier du nom.

Les madames « chromées », les monsieurs enceintes, les petits chiens obèses. Du monde à gauche, à droite, en avant, en arrière. Si j’habitais encore là, et que j’avais à circuler matin et soir dans ce secteur, je foutrais le camp. Cette vision d’horreur des baby-boomers qui ne savent pas quoi faire de leur argent, mais qui profitent des stationnements pour motorisés gratuits, avec leur petite fille obèse en train de boire un 7up, ça fait peur. Non, ça ne fait pas peur. Ça déprime. Ça fout le moral à terre. Mon moral du moins.

C’était hier, mon moral a eu le temps de s’en remettre. Je ne suis pas une campeuse. Du tout. Avant, les gens aimaient camper. Une tente, une tente-roulotte, une roulotte ordinaire. Est-ce que ce camping a disparu? Est-ce que c’est la nouvelle norme? Si j’avais tout plein d’argent à garrocher par les fenêtres et que je décidais d’opter pour un « motorisé », ce serait pour passer les « lignes » et aller voir les « Amaricains », comme disait Elvis. Mais ça c’est moi, et de toute façon, j’ai dit à mon chum de mettre des petites pilules dans mon jus d’orange le jour où je voudrai avoir un campeur.