lundi 24 février 2020

L'écoanxiété, dans toute sa splendeur

Jusqu’à maintenant, 2020 a été une année haute en perturbations pour le petit être que je suis. Seulement 55 jours… déjà 55 jours, et bons nombres d’entre eux passés dans un état d’anxiété sévère. Pourtant, mon milieu de travail était une source d’anxiété majeure? Vrai. Le travail précédent également? Vrai. Mais alors, que se passe-t-il?

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été attirée par la protection de l’environnement. Mais “relax”. Pas militante pour deux cennes. Juste “je fais mon petit recyclage, je composte tant que c’est facile pour moi, c’est-à-dire pas l’hiver, et je consomme bien plus que ce que j’ai besoin (vêtements, nourriture, gogosses, cosmétiques…)”. C’était “facile” et malgré tous ces écarts (et vingt-cinq…) de conduite par rapport à mes propres valeurs, je détonnait de la masse et me faisais traiter de “grano” et “d’écolo” dans mon milieu, celui de l’industrie, de l’ingénierie. Pour vrai, je ne me présenterais pas dans une vraie manifestation de granos et d’écolos, je me sentirais comme une grosse pollueuse!



Puis, mes pensées maussades concernant la surpopulation, la pollution, les déchets, ont pris de plus en plus de place. Combiné avec un diagnostic d’autisme (de haut niveau) et des épisodes anxieux sévères, j’ai fait des choix de vie pour améliorer mon sort. Avec du recul, mes deux voyages en Chine m’ont vraiment marquée. J’ai donc quitté l’ingénierie pour une autre place… restons-en là sur le sujet. Mais je ne me sentais pas vraiment mieux avec la planète avec ce changement (si ce n’est pas pire). C’est donc sur un congé maladie que mon plus récent voyage au pays de l’emploi s’est terminé. 

Je suis à la maison depuis la fin octobre, c’est donc la semaine 18. La bonne nouvelle, c’est que l’anxiété qui venait du non-sens de mon travail (à mes yeux) s’est estompée. Mais l’anxiété, c’est comme n’importe quoi. Rien ne se perd, (mais on dirait qu’il s’en crée), tout se transforme. Je me suis donc mise à badtripper, et le mot n’est pas exagéré, sur certains sujets qui avaient toujours été là, mais étouffés. 

Le premier est bien entendu le plastique dans l’eau. Je suis en retard, cette mode est passée avec la photo de la tortue avec la paille dans le nez (que je n’ai pas vue d’ailleurs). Mais moi, j’ai élaboré le problème dans ma tête. C’est sûrement le plastique caché qui m’a le plus perturbée, et le plastique “obligé”. 

Caché, c’est celui dans les tissus, vêtements, contenants à usage unique, celui qu’on oublie, qu’on ne voit pas, plus, qui passe droit dans le cycle de recyclage, et qui tend à se retrouver dans l’eau, dans le plancton, dans les poissons, dans les baleines... Le plastique obligé, lui, c’est celui qui n’est pas full nécessaire, mais qu’on nous impose : le concombre anglais, l’élastique sur le céleri, la fenêtre sur la boîte de nouilles (et le sac DANS LA BOÎTE!!!) ou sur l’enveloppe de carte de crédit et la boîte de mouchoirs, le papier collant “inutile”, les emballages doubles, et il y en a tellement que ce serait difficile et plate à mort de faire le tour maintenant.

Le deuxième gros sujet qui m’a affectée, c’est le sort des animaux. Je suis conséquente car les deux sont plus que intimement liés. Je délaisse doucement la viande. Je m’attaque en premier lieu aux aliments qui provoquent la mort des animaux. Pas de véganisme totalitaire pour le moment. Mais je me connais. Quand j’embarque, je colle.

La pauvreté? Non. Je passe mon tour. Il y a suffisamment de moyens en place, pour peu de résultats. Mais là, avec de si beaux bad trips, on conclut quoi? Honnêtement, ça varie d’une minute à l’autre. Je suis sur le point de me faire une liste de priorités pour m’éviter les crises de panique à l’épicerie. Je veux acheter bio, parce que c’est logique de le faire autant que possible. Il faut limiter les ingestions de produits chimiques, raison pour laquelle j’ai abandonné les cosmétiques commerciaux. Je veux aussi limiter les déchets. Voici quelques mises en situation.

Je suis chez Maxi. J’ai besoin de carottes (c’est l’hiver et je n’ai pas accès aux fermes et marchands locaux). Les carottes bio ont bon goût. Les carottes bio sont vendues dans un sac de plastique avec un petit guide collant vert pour les attacher. Il y a des carottes en bottes, qui ne sont pas bio, qui ont seulement une attache en plastique, mais la dernière fois, elles goûtent l’écorce. Il y a aussi le giga sac de carottes régionales qui ne sont pas toujours bonnes mais qui sont économiques et qui ont un ratio de plastique par carotte plus faible que les carottes bio. Je fais quoi? À ce moment, je dois me souvenir clairement de ma valeur principale. Est-ce que c’est acheter local? Non. Est-ce que c’est le meilleur prix? Non. Est-ce que c’est acheter bio? Mmm. Ou sans déchet? Mmm. Voyez-vous, il faudra ABSOLUMENT que je réponde d’ici demain, car je dois faire mon bouillon de légumes maison (le commercial vient dans un contenant de plastique, et contient du sucre… pourquoi?).

IGA Arvida (à vérifier pour les autres) offre maintenant environ 10 petits légumes à l’unité dont des champignons blancs, des haricots, des courgettes et des carottes nantaises qui n’étaient absolument pas appétissantes (lors de ma dernière visite) parce que brunes et d’apparence molle. Je considère cela comme un pas dans la bonne direction venant du marchand.

Pour l’achat de vêtements maintenant. Je n’ai pas acheté de neuf depuis très longtemps. C’est une grande source d’anxiété. De toute évidence, je ne rentrerai aucun nouveau vêtement d’usage courant (lavage régulier) contenant du plastique. C’est donc dire adieu au lycra, elastane, polyester, et tous les autres tissus composites et souvent… confortables. Pourquoi? Ils libèrent des microparticules de plastique lors du lavage. Mon nouveau filtre en capte environ 65 %. C’est pour cette raison que je dois changer la donne. Dans les friperies, choisir 100 % coton, laine, lin. Pas besoin d’être bio ou éthiques, car la récupération est déjà un geste vert.

Pour du neuf, coton, bambou, lin, et bio, surtout pour les encres et teintures, qui s’en vont dans l’eau. C’est une priorité pour moi. Est-ce que ça doit être éthique? Non. Parce que la plupart des tissus éthiques et écoresponsables contiennent du plastique recyclé, qui finit dans les baleines. Donc, je préfère que les vêtements aient été fabriqués dans des conditions amorales sans plastiques, que morales avec plastiques. C’EST MON CHOIX. Voilà l’importance de se pencher soi-même sur NOS CONVICTIONS. Si c’est éthique ET sans plastique, c’est encore mieux. 

Mais savez-vous quoi? Il faut être riches comme Crésus pour être bio, éthique, écoresponsables, surtout en région. Acheter en vrac coûte BEAUCOUP plus cher (noix vs Costco). Acheter bio aussi. J’ai acheté des draps éthiques en coton bio. 200 $. Mon chum les a tachés la deuxième nuit avec un bobo. Mon filtre à particules a coûté 150 $. Acheter un T-shirt en coton bio et éthique, c’est 50 $, et les motifs avec de l’encre bonne pour la planète ne sont pas dessus à ce prix. Cependant, ne pas acheter quand c’est inutile est encore la meilleure solution. J’ai abandonné l’idée d’avoir un beau look. Parce que je m’en fiche un peu. 

La bonne nouvelle, et fermons la boucle sur le sujet de l'éco anxiété, c’est que juste le fait d’avoir aligné tous ces mots sur une page m’a fait énormément de bien. Et je prévois militer un peu dans l’avenir. M’imposer. Si ça pouvait inspirer juste UNE personne, j’aurais déjà gagné un point. Je voulais parler des animaux mais c’est déjà beaucoup trop de texte. N’hésitez pas à me laisser vos impressions. Merci d’avoir lu... jusqu’au bout!

Articles intéressants sur l’écoanxiété : 
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1154921/stress-changements-climatiques-rechauffement-planete