samedi 31 juillet 2010

Histoires de zoo





C’est le temps des vacances, vous envie de quelque chose de nouveau, différent ? Vous êtes ambivalent. Vous êtes tentés par le charme européen des Français mais aimeriez dépenser vos dollars, précieusement gagnés, dans votre pays ? La solution est à votre porte : Le Zoo Sauvage de Saint-Félicien. Vous pourrez ainsi apprécier le vaste territoire de la belle et grande région du Saguenay-Lac-Saint-Jean à relativement peu de frais et, par la même occasion, vous imprégner de la culture française européenne.

En effet, le Zoo Sauvage est l’hôte, année après année, d’un rassemblement pour le moins surprenant, de Français et de Françaises, accompagnés, la plupart du temps, de mini-Français et mini-Françaises. En leur compagnie, si vous êtes un tant soit peu néophyte sur la faune québécoise, vous pourrez vous faire berner, habitat après habitat, sur l’identité des espèces qui s’y trouvent. Ainsi, toute la journée, vous verrez des castors, de toutes tailles et toutes couleurs confondues. Du chien de prairie au porc-épic, en passant par la marmotte commune, le raton-laveur (oui, vraiment), la martre, le carcajou, la loutre, le lièvre, le rat musqué et même la moufette rayée, les français ne prennent pas de chance, tous sont des castors. Après tout, c’est l’emblème de notre beau grand pays, n’est-ce pas ?

Il y avait bien trois, peut-être quatre années qui s’étaient écoulées depuis notre dernière visite au zoo. Cet endroit est bien différent des autres zoos, l’objectif est de n’avoir que des espèces qui sont faites pour vivre dans notre climat, des espèces dites « boréales ». Beaucoup des animaux en place ne se trouvent pas du tout au Canada, mais toutes sont capables d’y survivre, et même de s’y reproduire.

Les raisons de faire plus d’une heure et demie de voiture pour aller regarder de la nature avec quelques animaux qui broutent par-ci, par-là étaient nombreuses. Premièrement, notre fils, maintenant âgé de un an et deux mois, a un répertoire de cris animaux plutôt impressionnant (je suis impressionnée, pour les autres, je ne saurais vous dire). Le pauvre, le seul animal « exotique » qu’il ait vu est l’âne. Une visite au zoo était donc une occasion rêvée de nous prouver qu’il était capable de reconnaître, dans les différents habitats, les vrais animaux par rapport à ceux dans ses livres. Mission accomplie. Bon, étrangement, une quantité surprenante d’animaux ont le même cri que la vache (Buuuuuuuuuuuuuuuu), comme les buffles, les bisons, les chameaux, les mouflons et les vaches elles-mêmes, mais il faut dire que c’était sa première fois.

De mon côté, je suis une femme à chat. On m’a d’ailleurs qualifiée à maintes reprises de folle aux chats (que voulez-vous, je les aime), alors je ne tenais plus en place à l’idée de rencontrer, enfin, les fameux tigres de l’Amour (qui furent, dans une autre vie, des tigres de Sibérie). Étrangement, on les appelle comme ça parce que, depuis que l’espèce est en danger, ils ont migré et se retrouvent maintenant dans les alentours du bassin de l’Amour-Oussouri. Ces animaux sont, ma foi, de pures merveilles. Le félin dans toute sa splendeur. Ils ne sont que trois, mais nous les avons très bien vus, malgré leur habitat vaste et planté d’arbres. Pour eux seuls, ils bénéficient d’une petite rivière, d’arbres et de nombreuses roches où se faire chauffer au soleil. C’est magnifique !

Je pourrais vous parler de plusieurs autres espèces, mais ce n’est pas le but de ce billet. Quel est-il d’ailleurs ? Le fait est que, ce zoo est un trésor que notre belle région a la chance de receler et que, malheureusement, les gens sont déçus d’y trouver des animaux épanouis, heureux, mais au loin, plutôt que des animaux bizarres en cage, dénaturés et dépressifs. Comme j’ai perdu le fil et que mes idées ne se tiennent plus tellement, je vais vous laisser là-dessus, en prenant bien soin de vous donner le lien vers le site internet de ce trésor national.

Savez-vous quoi, je viens de réaliser que nous ne sommes pas allés voir les castors...

www.borealie.org

dimanche 25 juillet 2010

Billet quétaine d’une maman en amour


Un jour, je ne voulais pas d’enfant. Jamais. Puis, le lendemain, j’en ai voulu un, tout de suite. Quelques mois plus tard, j’étais enceinte et je rêvais d’un petit garçon. En fait, je savais tout simplement que j’aurais un garçon, je le sentais. Les gens me disaient de ne pas accrocher là-dessus, que je serais déçue. À l’échographie, c’était un garçon. Dès qu’elle a posé le moniteur sur mon ventre, c’est la première chose que l’on a vue.

Il était gros, et avait de grands pieds. Il bougeait tout le temps, fort, me faisait mal. Comme un garçon. À la naissance, il était comme ça, mais encore plus.

Il a eu, comme tous les bébés, la phase « tube digestif », inerte, grand téteur, dormeur. Puis, un jour, il a souri, puis il s’est tourné seul. Après, il a rampé de reculons, puis il a marché à quatre pattes (d’avant), puis il a eu envie de se lever debout. Ce fut le début des babounes pétées. Puis il a marché. Entretemps, il n’a jamais cessé d’être un petit garçon. Dur, vif, téméraire, bruyant, gros, fort. Quand il a été assez grand, selon lui (presque un an), il a même décidé d’arrêter de se faire allaiter. Une affaire de filles, j’imagine.

On ne m’a jamais demandé le sexe de mon bébé, ça n’a jamais été ambigu (pourtant, j’ai passé pour un garçon pendant longtemps, jusqu’à 16 ans). Il pesait, à trois mois, le poids de sa meilleure amie (titre qu’on lui a attribuée) à un an. Il est tellement grand qu’on me regarde souvent avec pitié, parce que mon enfant marche « mal » et qu’il ne parle pas. Pourtant, il marche très bien pour un enfant de son âge, et n’est pas du tout en retard pour son langage. Il pointe tout ce qui l’intéresse et dit les mots qu’il aime : Maman, Papa, et des choses qu’on interprète selon l’instant : Bam bam (banane), la (lait), ssa (chat), bon.

Avant, je trouvais terrible que les gens parlent autant de leurs enfants. Ça m’emmerdait au plus haut point. Maintenant j’aurais envie de vous parler de toutes les choses « incroyables » qu’il fait. Mais je sais que ça risque de vous ennuyer, vous aussi. Mais c’est mon blogue alors…

Il aime les camions, les voitures, tous les véhicules qui bougent ou qui ont des roues, ou les deux. Le voisin d’en face fait des rénovations et il ne se pouvait plus de faire « brrrrrmmm brrrrmm » en regardant le camion livrer son béton. Même chose quand il regarde son livre « La grue de Lulu ». Ou « Félix découvre les véhicules ». Ce dernier est un livre français qui essaie d’éduquer mon fils sur des véhicules tel qu’un chalutier (bateau), un camion tombereau (comme les Tonka), un gyroptère (comme un hélicoptère mais pas un hélicoptère), un quadricycle (est-ce parent avec un 4 roues ?).

Je sais que mon fils a tout juste un an, 1 mois et 20 jours (je n’aime pas l’idée de compter en mois jusqu’à deux ans) mais je suis fière de voir qu’il agit comme le stéréotype du garçon. Il joue avec ses camions, fait des blocs, court partout, lance ses jouets dans l’escalier, prend quinze secondes pour regarder un livre, donne un peu d’affection bulldozer aux chats puis, quand il est fatigué, va doucement chercher son Chiou (sa doudou, un hybride entre le chien et l’ours) et lui sent les oreilles intensément, comme pour nous rappeler qu’il est encore tout petit. Dès qu’il est dans son lit, il prend sa suce et se réconforte, pour ensuite s’endormir, comme un tout petit garçon.

Tout récemment, il a fait des progrès monstre. Il va chercher les choses qu’on lui demande, fait du « mal », chante, danse, répète les sons, rit quand on rit, reconnait la maison de ses grands-parents, sait où sont son nez, ses oreilles, sa tête (nous n’avons juste pas essayé les autres parties). Quand il a faim, il va se grimper sur sa chaise haute et il attend, plutôt que de chigner, comme il le faisait « avant ».

Notre petit homme grandit vite, et devient [trop] vite un petit être humain. Je ne veux même pas penser à demain parce qu’aujourd’hui est trop précieux. C’est grâce à lui que j’ai appris à vivre aujourd’hui, et à ne même pas avoir hâte que les choses arrivent. Je les prends quand elles passent. Je comprends maintenant pourquoi les gens changent tant lorsqu’ils sont parents.

vendredi 23 juillet 2010

On ne vit pas dans le passé

Hier, j’étais en panne d’inspiration. Je voulais écrire, mais rien n’y faisait. Je me suis donc dit qu’une ballade en forêt, seule, dans le sentier où on a récemment vu l’ours, ferait travailler mes neurones. J’étais à l’affut. Je cherchais des personnages qui titilleraient mon imagination. Un individu étrange, une perdrix enragée, un chien trop entreprenant, une femme en talons hauts, l’ours… Rien de tout cela. Tout ce que j’ai trouvé, c’est le bout de mon souffle. En moins de vingt minutes, je n’avais plus rien à donner, et j’étais malencontreusement revenue à mon point de départ.

Outre une bande de poulettes en babouches, qui m’ont fait me demander comment on pouvait prendre une marche si mal chaussée, rien. J’ai donc décidé, à cet instant précis, de prendre une pause, de me laisser quelques jours, le temps de laisser l’inspiration venir à moi. La lumière vint à moi au moment où je m’y attendais le moins. Bouteille de 40 oz de Vodka Troika à la main, je sortais de la SAQ, me demandant si ma vanille serait aussi bonne qu’avec de la Smirnoff quand je l’ai aperçue.

Je ne pensais pas la reconnaître, si je la revoyais un jour. Dans mes souvenirs, elle n’avait pas de visage. C’était trop loin. Treize ans, c’est long. Cependant, dès que je l’ai vu, j’ai su. Si elle m’avait regardé, elle aurait eu droit, tout à fait gratuitement, à mon regard le plus meurtrier. Celui que je réserve à ceux qui ont tué mon adolescence, qui m’ont fait détester les villages, ne vouloir que la ville. J’aurais voulu qu’elle me reconnaisse, qu’à travers ce regard haineux mais triste, elle regrette.


J’aurais tant voulu qu’elle sache combien elle m’avait fait mal, ces fois où elle m’avait insultée et frappée en public. Qu’elle réalise qu’à cause d’elle, j’avais arrêté de manger pendant des mois, perdu mes cheveux, cessé de dormir. J’aurais voulu qu’elle réalise que ses gestes à elle, et à tous les autres de son espèce, qui lui paraissaient si quelconques à l’époque, étaient restés gravés dans ma mémoire, qu’ils m’avaient marquée à vie.

Aujourd’hui, même si je ne suis plus la même, même si je suis une personne à part entière, que j’ai une vie respectable, que je suis heureuse, j’ai revécu toute cette douleur, l’espace de quelques minutes. Je l’ai détestée comme au premier jour, ne comprenant pas pourquoi elle avait un conjoint, étonnamment trop beau pour elle, et une magnifique petite fille, sensiblement du même âge que mon fils. Pourquoi avait-elle droit à ce bonheur, après avoir été aussi méchante avec moi ?

Ce n’est qu’une fois dans ma voiture que j’ai réalisé que j’avais moi aussi fait des choses terribles, et que j’étais quand même heureuse. Je n’ai battu personne ni insulté personne, mais j’ai quand même fait du mal. J’étais consciente du mal que j’avais fait et on m’a pardonnée, et j’ai alors pu me pardonner. Puis, avec les années, l’expérience, les hasards de la vie, j’ai changé.
Se pouvait-il qu’elle aussi, ait changé ? Qu’elle soit devenue, comme moi, une bonne personne ?

Cette rencontre unilatérale m’a littéralement gâché ma journée. J’ai eu mal. J‘ai toujours conservé une haine cachée pour ces personnes qui m’ont blessée, tabassée, insultée. C’est cette haine qui m’a fait si mal aujourd’hui, qui m’a fait revivre des moments douloureux que je croyais oubliés. Aujourd’hui, j’ai compris. Le pardon ne sert pas à nous rapprocher des gens qui nous ont fait mal. Le pardon est une démarche personnelle qui nous permet de trouver la paix, de passer à autre chose.

C’est fait, je les ai pardonnées, toutes ces personnes qui m’ont fait mal. Maintenant, dès que l’une d’entre se trouvera sur mon passage, je pourrai continuer à vivre.

mercredi 21 juillet 2010

La course du bonheur


Hier, sentant un besoin pressant de me dégourdir les jambes et sentant jaillir en moi un courage qui m’était alors inconnu, je décidai d’aller courir en forêt, même si j’étais seule. Comme je serais prise avec mes clés de toute façon (prendre sa voiture pour aller courir, n’est-ce pas ironique ?), je les accrocherais autour de ma taille et, en plus de me procurer une sensation d’inconfort certaine, elles produiraient un bruit agaçant, qui aurait tôt fait de prévenir l’ours de ma présence, tout en mettant mes nerfs à l’épreuve (ou à vif ?), en supposant que l’ours y était toujours.

C’est donc mi-confiante que je sortis de ma voiture et me dirigeai vers la carte des lieux, pour y faire mes échauffements. J’aurais sans aucun doute l’air moins perdu si je balançais vigoureusement les jambes, l’une après l’autre, en me renseignant de la direction à prendre plutôt qu’en regardant le vide, laissant du même coup dans le doute quant à mon état mental tous ceux qui me verraient à l’action.

Une fois ma direction choisie, le sentier Papawétish, ou quelque chose du genre (choix que je regretterais étant donné son manque de piquant), je me suis lancée dans cette « épreuve », constatant avec désarroi qu’un vélo venait de s’y engager. Je n’ai rien contre les vélos. Je tiens à le préciser, puisque je soupçonne les fervents amateurs de ce sport de surveiller tous ceux qui pourraient s’élever contre leur passion dans le but de les éliminer (je ne sais pas si c’est pareil partout au Québec mais les cyclistes sont très chatouilleux sur leur droit, par ici, presque comme le Patriot Act aux États-Unis). Toujours est-il que le vélo en tant que tel ne me dérangeait pas, c’était plutôt l’homme qui le chevauchait qui me causait un inconfort.

Pour m’aider à mieux m’imprégner de ma paranoïa, il eut un problème avec sa chaîne à peine dix pieds après le début du sentier (pardonnez-moi pour l’utilisation du système impérial, je suis plutôt maladroite avec le métrique, déformation professionnelle). Plutôt que de s’acharner sur la réparation de son vélo, il s’est plutôt attardé à me regarder passer, toujours avec un air bizarre. Par orgueil, j’ai quand même emprunté ce chemin, provoquant dans ma tête une série de scénarios rocambolesques.

Environ cinq minutes après le départ, je l’ai finalement entendu arriver derrière moi. Le parc était bondé, mais pas ce sentier, et je ne pouvais m’empêcher de m’imaginer des scènes d’horreur, où cet homme dans la soixantaine, heureux propriétaire d’un air louche, m’attaquait et tentait de me violer. Rien de tout cela n’arriva, évidemment, mais il fit durer le suspense beaucoup trop longtemps, prenant tout son temps avant de me dépasser. J’aurais compris sa lenteur si j’avais porté des pantalons moulants et si j’avais eu des seins d’une dimension apparente, eux aussi moulés dans un emballage lustré, mais il n’en était rien. Je portais un short type basketball appartenant à mon chum (qui pèse cinquante livres de plus que moi) et une horrible camisole de coton qui ne m’avantageait en rien. J’ai continué à alimenter ma folie jusqu’à ce que je dépasse des marcheurs, qui me firent me dire que j’étais maintenant en sécurité. Le reste de la course s’est déroulé rondement.

Mon choix de piste, décevant, n’avait pris que quinze minutes. J’ai donc pris la chance de faire un « croche » dans la forêt, pour voir si j’aimais réellement cela. Oui. Toute ma joie de vivre est revenue dès que j’ai posé le pied sur la première racine. J’ai dû revenir dix minutes plus tard, le soleil baissait dangereusement, et j’étais seule dans le bois, quand même.

Une fois arrivée à ma voiture, un homme et son fils apparemment retardé (il le tenait fermement par le bras et il souriait bêtement) décida que le moment était tout à fait bien choisi pour me faire la conversation. Je l’avais dépassé pendant ma course dans le sentier aménagé et il s’inquiétait de l’état de mes chevilles suite à cette course sur le gravier. Mais pourquoi avaient-ils mis du gravier ? Il me promit d’aller se plaindre à qui de droit, comme si je l’y avais encouragé, et je réussis de peine et de misère à m’en débarrasser, embarrassée.

Suite à cette aventure, j’ai conclu que j’y retournerais assurément très bientôt, mais certainement pas seule. Pas parce que j’avais peur de me perdre ni par peur de l’ours, mais plutôt par crainte de tous les gens bizarres, « pas cernables » comme dirait mon chum, qui finissent par nous faire plus peur que la menace qu’ils représentent en réalité.

mardi 20 juillet 2010

Pu capable...

Pour ceux qui ne sauraient détecter les choses de la vie, comprendre les indices, je suis une femme. Ce faisant, il m’arrive d’avoir des manques ou des surplus d’hormones, qui me rendent plus réceptive à toutes les sources d’impatience de ce monde. En fait, pour être très honnête, je ne suis pas particulièrement hormonale. Il serait plus juste d’affirmer que j’ai une opinion. En général. Sur tout. Sur rien. J’aime commenter les choses. J’aime user de tous les moyens possibles pour élaborer des phrases, utiliser les mots que je connais. Je suis comme ça. Si j’étais à la recherche de l’âme sœur, ce qui n’est absolument pas le cas, ce serait mon paragraphe d’introduction sur un site de rencontre.

Ces derniers temps, j’ai entretenu toute une gamme d’émotions. Des événements tel que : perte d’emploi, grossesse, mariage, accouchement, allaitement, congé, recherche de garderie, entrevues, retour au travail, m’ont permis d’accumuler toutes sortes de frustrations. Aujourd’hui, maintenant, « at this very moment », j’ai envie de vous en partager quelques unes.

Je ne suis pas une couche-tard. J’aime être dans mon lit vers les 10 h 30, peu importe le jour de la semaine. Mon fils se lève à 6 h, donc j’aime bien avoir plus que les fonctions vitales pour entreprendre mes journées. C’est l’été, il fait chaud, je n’ai pas de climatiseur, nous dormons donc les fenêtres bien grandes ouvertes, ayant toujours espoir de créer un courant d’air. Fouillez-moi pourquoi, ces derniers temps, un groupe de jeunes champions en Scooters passent à toute vitesse sur leur engin de malheur, qui fait exactement le même son qu’un taille-bordure, après 11 h. Leur présence ne suffisant pas à donner envie de tuer, ils en profitent pour klaxonner à la longueur de notre rue. Quand ils passent de jour, ils font ça silencieusement. Pu capable.

Je travaille dans le parc industriel de la ville où j’habite. Mon bureau est situé tout au fond de la rue. Dernier bâtiment à droite. Le premier commerce à gauche pour sa part, au coin du boulevard et de la rue en question, est un Tim Hortons. Tous les matins, les gens se massent (se regroupent, disons) pour aller se chercher un café et Dieu sait quelle autre cochonnerie, et comme c’est populaire, il y a une file d’attente. Nous sommes en région, les automobilistes sont égoïstes alors ils occupent la largeur de la rue, comme si le Tim Hortons était le seul établissement de cette rue et que toutes les autres infrastructures de cette rue servaient à rendre crédible leur « Tim » bien aimé. Je perds donc des précieuses minutes, et beaucoup de patience, à attendre que la fille en charge du service au volant fasse son travail. Ouache.

Le Québec est vieillissant, c’est bien connu. Les gens sont donc de plus en plus vieux et « autonomes » plus longtemps. Ils exigent donc le maintien de leur permis de conduire. C’EST UNE MAUVAISE IDÉE. En plus, les vieux trouvent que les voitures compactes ne sont pas confortables alors ils s’acharnent sur les bateaux roulants, dont la suspension fait étrangement penser à un lit d’eau (qui a encore un lit d’eau?). C’EST AUSSI UNE MAUVAISE IDÉE, VOUS N’ÊTES PAS CAPABLES DE VOUS STATIONNER.

Les chiens sont à la mode. Tout comme les tentes-roulottes et les caravanes (mini van?). Je ne suis pas type chien. Je ne les déteste pas [tous] et il m’arrive même de m’en faire des amis. Là où j’ai un problème, c’est quand le chien fait ce qu’il veut. Quand je prends une marche, ce n’est pas pour avoir un nez de chien qui me sent le fond de culotte ou qui lèche le visage de mon fils, c’est pour le plaisir de prendre une marche. Je m’en fiche qu’il soit tout doux et qu’il soit « bon » des enfants. Si je voulais un chien, j’en aurais un. Et je ne mentionne même pas ceux dont le chien n’est pas en laisse. Ni les chiens qui aboient toute la nuit. Ni les maîtres qui laissent leurs crottes choir partout. Tout le monde a des droits mais les devoirs, on s’en torche! Je me suis emportée, pardonnez-moi.

Je suis encore jeune. Même pas encore trente ans. Par contre, quand je me présente à l’épicerie ou dans un dépanneur et que je me fais tutoyer à grand coup de « tu veux tu quek chose d’aut? », ça me « crosse » les nerfs. Je n’ai pas de complexe de supériorité, j’aime traiter les gens d’égal à égal. Je les vouvoie tous. Alors un ti-cul de seize ans qui me parle comme s’il était mon petit frère, ça me gosse. Je n’ai pas de petit frère. Je n’ai même pas de frère.

Finalement, la semaine dernière, en une seule soirée, j’ai eu deux appels de sollicitation, un de Bell et l’autre d’une entreprise de système d’alarme. N’ayant pas la langue dans ma poche, j’ai clairement mais poliment exprimé mon manque d’intérêt. Croyez-le ou non, dans les deux cas, il fallu que je leur dise, et je cite : « Je n’ai pas envie de vous parler madame, je raccroche, j’ai une vie. » pour avoir la paix. Elles insistaient. Je sais que c’est leur travail mais c’en était tout simplement trop pour moi.

Qui sait, peut-être y aura-t-il une suite?

jeudi 15 juillet 2010

Mes cinq sens - l'odorat


Sans hésitation, l’odorat est mon sens préféré. C’est sans contredit le plus développé, le plus efficace. Pour moi, sentir est aussi essentiel que respirer. J’ai horreur de ne rien sentir. J’ai une forte propension à sentir les choses que je tiens dans mes mains, à moins que je sache que leur odeur me donnera la nausée. Je ne suis quand même pas masochiste.

Le problème avec l’odorat c’est que c’est un sens qui s’atténue. On s’habitue aux odeurs et on finit même par ne plus les sentir. Dans mon ancien travail, il m’arrivait fréquemment d’aller dans une usine en particulier. Les nombreux produits chimiques conféraient à cet endroit une odeur très… particulière. Je me souviens ma première visite. J’avais dû sortir respirer par une porte de secours parce que j’étais incapable de tolérer l’odeur. Je n’osais pas respirer par le nez parce que ça sentait trop ni par la bouche parce que ça goûtait exactement ce que ça sentait.

Deux ans plus tard, j’en étais venue à apprécier l’odeur et j’arrivais même à déceler les parfums des gens dans cette odeur putride. Après quelques minutes, l’odeur « disparaissait ». J’ai bien hâte de voir si mon cerveau se souvient. Je n’ai pas encore eu la « chance » d’y retourner.

Il y a des odeurs que j’aime tellement que je m’empêche d’en abuser, pour éviter de m’y habituer. Le cou de mon fils. L’haleine de mon chum. La coriandre fraîche. La forêt dans la pluie. La fourrure de mes chats. Mon odeur aujourd’hui. Je sens bon.

Il y a aussi tellement d’odeurs que je déteste. Le « creton-swing ». C’est comme un mélange de sueur concentrée et de creton. Quand j’étais enceinte, cette odeur me faisait perdre tous mes repères. Je n’ai jamais vomi dans cette période mais toutes mes nausées ont été causées par des odeurs, dont le creton-swing. La cigarette, le café, le parfum mal dosé, les gogosses à brancher ou autres distributeurs de mauvaises odeurs, la mauvaise haleine et le sent-bon de toilette de roulotte de chantier étaient les autres odeurs tueuses.

Maintenant que je ne suis plus enceinte, l’odeur du café me laisse indifférente et parfois même, me ravit, surtout s’il est 19 h 30 et qu’elle provient de ma machine a Espresso. Mais c’est sans doute plus le moment que l’odeur.

Au risque de paraitre bizarre, certaines sensations ont même leur odeur caractéristique. Le mal de cœur sent le dedans de toilette (c’est une association que j’ai faite au fil des soirées trop arrosées, dans mon ancienne vie) et la douleur intense aussi a une odeur. Quand je m’écrase un doigt, que je me frappe la tête ou n’importe quelle autre partie du corps, ça sent l’électricité. L’odeur est la même que lorsque je détache des draps d’une couverture et qu’il y a une fête d’électricité statique.

Finalement, puisqu’il n’y a pas d’odeur spécifique présentement, je sens mon bras de temps à autre. Une grande satisfaction qui ne coûte pas cher…

mercredi 14 juillet 2010

Le lac


Léo ne se doutait pas, en quittant son habitat estival nordique l’an dernier que sa mère n’y serait plus l’année suivante. Elle s’évertuait bien à faire son éducation et à lui transmettre ses recommandations mais, naïf, il croyait qu’elle était éternelle et qu’elle accepterait de répéter plus tard, alors qu’il aurait vieilli et qu’il serait plus sage. Il avait bien un vague souvenir au sujet d’un certain lac. N’y va pas ! Ne te laisse pas attirer par le calme et la beauté ! Il ne se souvenait absolument pas de quel lac il était question, ni pourquoi cet interdit. Des bribes de conversation lui revenaient quelques fois, mais c’était trop loin !

Léo était un canard bien étrange. En apparence, il était comme tous les autres. Sa tête, d’un vert chatoyant, faisaient même l’envie des autres mâles qui revenaient avec lui du sud des États-Unis. C’était un bel oiseau, mais il était distrait. Il fallait constamment le ramener à l’ordre, sinon il se perdait et se retrouvait dans des situations embarrassantes. Il suffisait qu’il cligne des yeux pour oublier d’où il était venu. Heureusement, il savait rester proche des autres colverts.

Le voyage tirait à sa fin et il devait se poser là où il était né. Il ne se souvenait pas. Maman, le connaissant bien, lui avait décrit l’endroit recherché avant de disparaître. Il refusait encore de croire qu’elle était morte mais les chasseurs s’étaient montrés nombreux le jour de sa disparition. Avait-elle parlé d’un lac rougeâtre ? Il venait tout juste d’en survoler un. Il suivrait les autres encore un peu et reviendrait peut-être plus tard s’il ne trouvait rien plus loin. Ce lac lui semblait familier.

Quelques jours plus tard, alors qu’il avait dû admettre qu’il s’était encore trompé, il rebroussa chemin. Le lac rouge avait disparu. Un lac verdâtre aux reflets turquoise attirait cependant son attention. Est-ce que Maman avait parlé d’un lac qui changeait de couleur ? Il en était convaincu mais trouva l’idée un peu farfelue. Plus il en approchait, plus il tombait sous le charme de cet endroit. Étourdi qu’il était, Léo ne prit pas la peine de remarquer toutes les clôtures qui cerclaient cet endroit. Il ne vit pas non plus les étranges cabanes distribuées sur les rives et l’amas de terre rouge qui s’échappait des énormes tuyaux près des cabanes. Tout ce qu’il vit, c’était la beauté de l’eau. Il ne lui sembla même pas étrange qu’aucun autre colvert n’aie rejoint ce plan d’eau.

Il continua sa descente et se posa doucement sur l’eau scintillante et d’un calme parfait. Au moment où il bascula pour enfoncer sa tête dans l’eau turquoise, il se souvint. Le brûlement dans ses yeux fit résonner dans sa tête les paroles insistantes de sa mère. Il ne devait jamais se poser sur ce lac, l’humain l’avait empoisonné. Elle ne savait pas, puisqu’elle n’était qu’une pauvre maman canard, que ce lac était un bassin de produits chimiques. Ce qu’elle savait par contre, c’est qu’il ne fallait pas y toucher, pas même du bout d’une plume, au risque de mourir brûlé !

dimanche 11 juillet 2010

Toute bonne chose a une fin

Elle regardait par la fenêtre, un peu perdue dans ses pensées quand soudain, elle aperçut son voisin d’en face, un homme qui aurait facilement pu être son père, s’avancer vers chez elle. Perplexe, elle se dirigea rapidement vers la porte d’entrée afin d’éviter que ce dernier ne réveille son fils, qui venait enfin de s’endormir. Constatant qu’il envisageait réellement l’accès à la porte d’entrée, elle sortit sur le pas de la porte, l’air surpris.

Ce qu’elle vit la désarma. Il était différent. Si elle ne l’avait pas regardé traverser la rue avec son chien et venir à sa porte, elle ne l’aurait pas reconnu. Celui qu’elle avait toujours perçu comme un homme vif et bon vivant était juste devant elle, l’air perdu. Quand il se mit à parler, elle se demanda même s’il délirait :
« Je m’en vais à mon chalet ce soir. Si vous voulez, vous pouvez utiliser ma piscine. Je serai là-bas jusqu’à dimanche et ma conjointe est à la maison Notre-Dame. »

Un peu ébahie, puisqu’ils ne s’étaient jamais vraiment parlés, et ne sachant que répondre, elle tenta quelque chose :
« S’il y a quelque chose que l’on peut faire pour vous, comme mettre la poubelle au chemin, cela nous fera plaisir. »

Cette réplique sonna faux. En effet, nous étions vendredi et les poubelles sont ramassées le mercredi. Le malaise fait parfois dire des choses surprenantes. Un silence lourd prit naissance. Afin de mettre fin à l’agonie, elle se dit que le moment était bien choisi pour satisfaire sa curiosité :
« Qu’est-ce donc que la maison Notre-Dame ? »

Son regard, jusque là vide, changea. On aurait dit de l’étonnement. C’en était, en effet :
« Tu es sérieuse, tu ne sais pas ce qu’est la maison Notre-Dame ? demanda-t-il.
- Oui, je suis sérieuse, répondit-elle, à la fois gênée et intriguée.

Elle s’attendit alors à recevoir un boulet de canon, puisque les larmes qui se bousculaient dans la gorge de son interlocuteur l’empêchaient de répondre. Il avala quelques fois puis enchaîna, presqu’en chuchotant :
« C’est une maison où les gens malades vont mourir ».

Tout compte fait, il n’aurait pas eu à répondre. Son expression corporelle l’avait fait bien avant ses paroles. Maintenant, elle avait mal pour lui. Il lui parla encore un peu. Il semblait s’en remettre un peu. Il insista pour la piscine puis s’en retourna de son côté de la rue.

Lorsqu’elle referma la porte, elle se mit à pleurer avant même que le loquet ne soit tourné. Elle était bien trop sensible, et elle le savait. À ce moment précis, sa vie changea. Elle ne le savait pas encore mais cet homme prendrait possession de ses pensées pour au moins toute la fin de semaine à venir.

Elle remit alors en question toute sa vie. Elle était triste. Il était si terrible que quelqu’un ait à faire son deuil de l’amour de sa vie avant même que sa mort ne soit arrivée. Elle espéra pour lui qu’il soit suffisamment proche de sa famille pour qu’il n’ait pas à traverser seul cette épreuve. Elle aurait bien voulu aller le réconforter, lui apporter des biscuits, de la soupe, un pain aux bananes, mais elle n’oserait jamais le faire. Et s’il surveillait son cholestérol ? S’il était diabétique ? Allergique aux noix ? Bien que ce fut peu probable pour un homme de cet âge. Et elle ne voulait surtout pas qu’il associe les biscuits au chocolat à la douleur pour le reste de ses jours. Elle finirait sans doute par ne lui offrir que des regards compatissants de part et d’autre de la rue.

Pour ce qui était de la piscine, elle savait qu’il l’offrait pour se sentir utile, mais le fait est qu’elle avait horreur de se baigner, surtout dans de l’eau artificielle. Et même si lui souffrait, elle avait une vie à vivre, des choses à faire.

Elle termina sa fin de semaine, assise sur le divan, cherchant une façon de mettre ses émotions par écrit. Elle n’avait réussi à transposer en mots qu’une infime partie de ses sentiments. Cet homme était passé dans sa vie pour une raison. Laquelle ? Pour lui faire réaliser qu’elle devait profiter de la vie au maximum ? Que les gens meurent sans qu’on puisse s’en attendre ? Que ça n’arrive pas qu’aux autres ? Que l’horrifiante statistique qui veut qu’une personne sur trois soit atteinte d’un cancer au cours de sa vie est vraie ? Qu’elle devait tenter de tisser des liens avec son père avant qu’il ne soit trop tard ? Que la vie c’est l’amour et non le travail ?

Elle espéra, juste avant de mettre un terme à ce triste billet, qu’elle arrêterait de penser à lui, à sa peine, à son cauchemar, au fait que son monde s’écroulait, mais que la vie continuait, de façon égoïste et condescendante. Les gens continueraient de rouler à toute vitesse devant chez lui en pleine nuit sans se soucier de son malheur. Que d’autres riraient et crieraient de joie, en faisant brûler des feux d’artifice, ignorant qu’ils le narguaient de leur bonheur insouciant. Après tout, la mort fait partie de la vie, n’est-ce pas ?

jeudi 8 juillet 2010

Et si c’était ça, un déclic?

Toutes ces années à désirer le résultat en détestant l’effort. Toutes ces années à jouer le jeu, jusqu’à y croire moi-même. Des périodes de découragement, interrompues par des accès soudains de motivation, suivie de déprimes. Ma relation avec l’activité physique a un passé cahoteux. Je déteste mon corps. Je le déteste parce qu’un jour, pensant bien faire, j’ai pris la décision d’y faire attention. Bien le nourrir, le faire bouger. Que voulais-je vraiment, la santé ou l’apparence? L’histoire ne le dit pas.

Ce que l’histoire nous apprend par contre, c’est qu’une fois tombé dans ce panneau, nous en devenons esclaves. Je déteste mon corps parce que, depuis ce jour, dès que j’ai envie de retomber dans la paresse, il se révolte. Je ne peux me permettre la lâcheté, le laisser-aller. Tous les moyens sont bons pour me faire payer mes fautes. Tortures physiques, resserrement des élastiques de mes vêtements, déprimes.

Je suis donc esclave de mon corps, sans aucune issue. Après l’arrivée de mon fils, je me suis permis bien des folies, mais j’y ai mis un point. Sans apprendre de mes erreurs, j’ai repris où j’avais laissé, à un degré moindre. J’aurais pu (aurais-je dû?) utiliser cette excuse pour m’en sortir, et décider de faire comme la majorité des gens et mettre tous mes maux sur le compte de ma grossesse et de mon accouchement. Qui ce serait étonné de mon état de toute façon. Hélas, têtue que je suis, je suis retombée dans le même piège.

Qui dit même piège dit mêmes conditions : volonté, constance, courage. Ces conditions, des clous dans le pied, des fauteurs de trouble, ne tiennent qu’à un mince fil, sur lequel il est écrit : Orgueil.
Dernièrement, dans ma recherche désespérée d’une solution à ce problème, j’ai trouvé sur mon passage une corde solide de remplacement pour le pauvre fil en fin de vie. Cette corde arbore fièrement un mot en grosses lettres : Plaisir.

J’ai trouvé, enfin, après plus de dix ans de recherche, une activité physique qui semble satisfaire plus que ma conscience. Pour une fois, j’ai pensé à autre chose qu’à la fin, à autre chose qu’à la dépense calorique, à autre chose qu’à la douleur qu’il faut pour être belle. Ce soir, pendant que je courais en forêt, surveillant les racines, les roches et les ours potentiels, j’ai complètement oublié que je détestais le sport et le plein air. À cet instant précis, je me suis sentie bien. J’ai eu envie de continuer. Il faisait 32 degrés Celsius et je n’en avais pas encore assez. Je pense que ce soir, enfin, j’ai eu un déclic. Et si c’était enfin la solution?