jeudi 28 avril 2011

Quand je serai grande je serai guérie

Le titre n’a pas tellement de rapport, mais je me suis dit que ce serait accrocheur et, qui dit accrocheur dit lectures et, qui dit lectures dit statistiques moins déprimantes. Ça vaut ce que ça vaut, mais ça me suffit.

Aujourd’hui, ça fait onze ans que je fréquente mon amoureux, devenu mon mari il y a maintenant deux ans et dix jours. Il avait réussi à me charmer devant une usine et par le « bec » le plus sec et stérile de l’histoire. Il s’est grandement amélioré depuis.

Tant qu’à souligner des « anniversaires », soulignons que j’ai changé d’emploi depuis maintenant deux mois et sept jours, pour le mieux, vous ne savez même pas à quel point, même si je dois faire face à tout un troupeau de clowns à tous les jours…

J’ai quitté la maison de mes parents depuis cinq ans, deux mois et huit jours, soit un jour avant la naissance de ma femelle chat (j’ai horreur du mot « chatte », je me demande bien pourquoi). D’ailleurs, parlant de cette dernière, mon petit Bisou, Papus de son prénom (selon ses dires), a commencé à la réprimander à notre façon lorsqu’elle commet des illégalités : « Ma loutte, ARRÊTE! ». C’est vraiment mignon.

Mon fils aura deux ans dans un mois et une semaine, une journée avant que je saute à vingt-neuf. Maintenant, il parle. Sa phase contestataire a évolué. Du « non » tout nu, il est passé au « Non, j’aime pas ça. » Je l’aimais, moi, le « non » tout nu.

Dans exactement deux mois, nous fêterons nos trois ans dans notre maison.

J’ai fini mes études il y a six ans, et je reviens aujourd’hui d’une formation technique, qui a su me rappeler mon trouble sévère d’attention, doublé d’hyperactivité, et que, un retour aux études n’est pas vraiment une bonne idée, dans mon cas. Même si j’ai vieilli, je dors encore, je me perds encore dans mes pensées et, je ne suis pas.

Mon blogue a fêté son premier anniversaire au début du mois. Par contre, il a réellement commencé à exister en juin, le premier pour être précise. Mes textes étaient alors lourds et déprimants. Avis aux lecteurs, n’y allez pas, au risque de tuer votre joie de vivre.

Finalement, mon titre avait un certain rapport. Je repensais à ma journée à Québec en termes d’ingestion calorique. Ce fut une journée assez rude pour mon foie. Dans l’ordre, un déjeuner de yogourt et céréales chez Normandin (ma seule bonne décision), un beigne au chocolat à 8 h 30, du Harvey’s extra oignons français, gras, sel et boisson gazeuse en fontaine avec de la glace (mi-root beer et mi-coke, hmmm mon péché mignon), suivi d’un autre beigne (roue de tracteur) en revenant au cours (pourquoi est-ce que j’avais du mal à suivre???). Une fois chez moi, deux rôties avec garnitures variées, un « quick » et… une bière comme dessert. Pas fort. Pourquoi tant de détails? Si vous m’aviez dit, il y a quinze ans, alors que j’avalais au plus deux cents calories par jour, dans le but de disparaître sans doute, qu’un jour je serais capable d’avaler tout ça sans me tuer à l’entraînement ensuite, ou sans me faire vomir, je ne vous aurais jamais cru. Vieillir me fait peur, mais au fond, je suis vraiment à mon meilleur. Maintenant je suis grande et, j’en suis certaine aujourd'hui, je suis guérie.

mercredi 27 avril 2011

Histoires de fesses

J’ai été traumatisée très jeune par mon père, toujours partant pour donner beaucoup trop d’informations sur sa vie intime, parce qu’il me disait, après que j’aie passé des nuits infernales à ne pas dormir, trop de bruit, qu’il avait « joué aux fesses » avec ma mère. Quel enfant veut savoir ça? J’ai cru pendant longtemps (pas si longtemps quand même) que le sexe était une simple histoire de « pognassage » de fesses. J’étais perplexe sur mon futur parce que mes fesses ne semblaient pas nécessairement enclines à me procurer de telles sensations. J’ai évolué depuis.

Aujourd’hui, pour rester dans les histoires de fesses, suite à une situation m’impliquant, ainsi que quelqu’un d’autre, j’en suis venue à me poser des questions sur la courtoisie, la galanterie, dans le monde moderne. Il y a eu un genre de « confusion » à l’entrée d’un couloir, et je me suis légèrement retirée, dans le but de laisser passer l’autre personnage de mon histoire. Lui, galant homme, a fait de même, dans le but de me laisser passer la première, ce que j’ai fait, nous n’allions quand même pas y passer toute la journée.

Moi, je voulais passer derrière parce que je n’avais pas envie de me faire regarder les fesses. Pas qu’il semplait particulièrement enclin à, je n’en ai aucune idée en fait, mais j’y ai pensé et malgré mon habillement qui pouvait laisser croire le contraire, je n’avais pas envie qu’on me regarde. Ensuite, puisque je suis bizarre, on me l’a répété quelques fois aujourd’hui, j’ai dérapé dans mes pensées. Je me suis remémoré toutes ces fois où, pendant que je montais à la cafétéria, suivie de près par quelqu’un, je me disais que les escaliers sont vraiment propices à se faire mater le derrière.

Non, je ne fais pas une fixation sur mon arrière-train. Nous cohabitons très bien lui et moi. Il est un peu trop petit à mon goût, mais, selon mes choix vestimentaires, je me donnerais même jusqu’à 7/10. Au secondaire, 70 %, c’est poche, mais à l’université, c’est très bien. Disons que je n’aime pas me faire regarder les fesses par n’importe qui, du moins, en avoir conscience. Je préfère regarder les fesses des autres. Mais pas de n’importe qui. C’est le genre d’information que je devrais arrêter de fournir sur ce blogue, depuis que j’ai brisé le secret de mon blogue avec mes collègues, mais c’est comme arrêter de manger du dessert, pas facile. Tant pis. Ben oui les gars, je vous probablement déjà regardé le derrière, c’est la vie, il est à la hauteur de ma tête quand vous passez devant mon bureau.

J’aime bien me faire une base de données mentale sur qui met des pantalons trop grands (qui camouflent), ou ceux qui montent leur pantalon bien trop haut, avec des belles grosses marques d’élastique sur les fesses… pas chic, ou qui n’ont tout simplement pas de fesses. J’ai l’air de perdre mon temps comme ça, mais c’est l’affaire de quelques secondes à la fois, et je fais ça très discrètement.

Le septième match de la série Montréal-Boston va en prolongation. Il est 10 h, il y a un orage qui gronde et demain, je pars à Québec à 5 h 30, pour la deuxième partie de ma formation. Je voudrais rester debout, mais aussi aller me coucher. C’est moi le boss.

Bonne soirée!

mardi 26 avril 2011

Ma fille s’énerve lorsque que je parle de lesbienne

Non, je n’ai pas de fille. Par contre, il m’arrive de parler de lesbiennes, mais en général, je parle des lesbiennes en général, donc je mets un « s », ou encore je parle d’une lesbienne en particulier, et dès lors, j’utilise de gentils synonymes.

Mon idée de ce soir n’est point originale, je sais, mais je m’assume. Je suis allée consulter mes statistiques, chose que je fais très rarement, puisque les chiffres me dépriment un peu. Tant qu’à y être, et à être un peu déconfite, j’ai décidé d’aller voir la section excitante, c’est-à-dire de découvrir par quels mots clés les gens sont tombés sur mon blogue, par Google.

En premier lieu, j’ai fait une découverte étonnante. Je vous ai déjà mentionné mon collègue Benoît (nom fictif) qui m’a trouvée par curiosité? Eh bien, c’est grâce à la combinaison « blog+chicoutimi+lesbienne site blogspot.com » qu’il y est parvenu. Tu es futé, mon ami. Et moi, j’en ai trop dit. En passant, puisqu’on y est, je suis très surprise de savoir que tu es retourné me lire. J’ai bien failli me vendre (encore) aujourd'hui, mais tu m’as sauvée, merci.

En consultant les quarante-deux expressions qui ont mené des gens, souvent par erreur, sur mon blogue, j’ai trouvé des bijoux. Voici donc les meilleures, commentées :

« Cherche grosse conne » j’avoue, j’ai écrit un texte s’intitulant « Gros cave cherche grosse conne (j’aurais dû ajouter “pour copulation occasionnelle”, ça aurait généré d’autres trésors) ». Ce que je ne comprends pas c’est, qu’est-ce que la personne cherchait, au juste, outre la grosse conne?

« Je déteste le violoncelle de ma femme ». Euh… À un point tel qu’il faut en faire une recherche Google?

« vrai ou faux sauce spagatti cannée est cancereux » La question en tant que telle n’est pas si folle. Bon, à peu près tout ce qui se mange donne le cancer, mais est-ce que les gens qui disent « spagatti » pensent réellement que c’est comme ça que ça s’écrit? J’en débaptise des mots, à l’oral, mais je dirais qu’à l’écrit, je fais des efforts.

« oeils qui virent à l’envers » c’est certain qu’en écrivant un texte intitulé « Orgasme spontané » (un pétard mouillé en plus), j’en ai ramassé des expressions avec orgasme. Par contre, il me semble qu’on apprend autour de la première année que « œil », au pluriel, ça fait « yeux ». Sauf pour « œil de levage », mais ça, c’est un terme technique, c’est différent.

« jeu de mots avec patate ». Un jeu de mots, c’est supposé est spontané, un minimum. Je viens de perdre un brin de pureté. Sérieusement, la prochaine fois que j’entends un jeu de mots incroyable qui a l’air frais pensé, je vais douter. Si jamais quelqu’un a le malheur de faire un jeu de mots avec patate, je vais le dévisager. Je ne sais même pas dans quel texte j’ai parlé de patate… Peut-être que je devrais chercher avec « jeu de mots avec patate »…

Et finalement, « Ma fille s’énerve lorsque je parle de lesbienne ». C’est tellement absurde que je ne sais même pas quoi dire. Premièrement, c’est une longue phrase, et j’ai du mal à faire le lien avec ma cousine lesbienne, qui l’est peut-être, ou non, ça dépend des sources, et en plus, la personne qui cherche ça, elle s’attend vraiment à trouver une réponse sur Internet? Sommes-nous devenus pathétiques?

Oui. Nous sommes pathétiques. Prenez-moi, par exemple, ici maintenant. Je devais travailler ce soir et, à la place, j’ai repassé des chemises et écrit ce texte. J’espère au moins que je vous aurai divertis.

Avant de vous quitter, je tiens à remercier Nancy pour son commentaire sur ma nouvelle publiée précédemment sur ce blogue. Merci de l’avoir lue en entier, c’est un texte très long (exigence du concours) et ça peut faire peur. Non, elle n’a été publiée nulle part ailleurs que sur mon blogue. J’aimerais bien écrire un roman dans un futur quelconque, sauf que pour le moment, je suis loin d’avoir assez d’inspiration pour ça. En fait, je n’ai pas vraiment d’imagination, seulement une bulle de temps en temps, donc j’écris des dizaines et des dizaines d’histoires sans punch. Peut-être un jour…

Bonne soirée!

samedi 23 avril 2011

Le premier du mois

Je viens tout juste de finir la nouvelle que je vais soumettre au concours littéraire de Radio-Canada en 2011 et, du même coup, j'ai réalisé que j'avais oublié de publier l'autre, celle de 2010. Ça m'intimide un peu mais, je me lance.

Le premier du mois

Aujourd’hui, c’était le premier jour du mois. Fidèle à elle-même, Béatrice s’était attelée à la tâche dès le réveil. De toutes les tâches qu’elle devait accomplir dans un mois, celle-ci était la plus importante. D’ailleurs, elle se refusait toute distraction avant de l’avoir complètement terminée. Si jamais une envie pressante d’aller au petit coin se présentait, elle se le permettrait, mais rien de plus! Elle l’évitait d’ailleurs à tout prix puisqu’elle n’avalait aucun liquide avant que la dernière paire ne soit étendue.

Sans savoir pourquoi, Béatrice avait une fascination obsessive pour les lacets. Elle en possédait trente-deux paires. Elle avait fonctionné avec trente et une paires pendant quelques années, avant de conclure qu’une trente-deuxième était indispensable. Puisque les lacets devaient rester suspendus pendant au moins huit heures après qu’ils soient lavés pour s’assurer qu’ils soient exempts de toute humidité, elle s’était obligée, pendant toutes ces années, à rester confinée chez elle, pieds nus, pendant la durée du séchage. Son patron s’était vite interposé, après quelques absences difficilement explicables. Il ne tolèrerait certainement pas une absence d’une journée complète de travail, plusieurs fois par année, sans motif valable pour le commun des mortels.

Chaque jour, au réveil, Béatrice s’assoyait par terre, prenait ses souliers de cuir noir, enlevait délicatement les lacets, allait les suspendre sur la porte de la penderie, sur le clou correspondant à la date de la veille, nettoyait soigneusement les souliers puis enfilait les lacets du jour. Le processus était machinal et redondant, chaque matin qu’il lui fut donné de se lever. À ce jour, Béatrice n’avait jamais failli à sa tâche et tous ses lacets étaient dans un état de conservation à faire pâlir d’envie les amants de lacets de ce monde. Dans un monde idéal, elle n’aurait eu qu’une seule paire de souliers depuis ses débuts, mais elle avait dû se résigner à les changer tous les dix ans, usure oblige. La troisième paire de sa vie d’adulte était encore presque neuve, le cuir avait à peine perdu son lustre au niveau du gros orteil.

Le mode de roulement des lacets était fort simple. Les paires numéro 2 à 30 étaient utilisées à leur date spécifique. La paire numéro 2 par exemple, une paire de lacets très ordinaire, noirs et plats, ornait fièrement ses souliers le deuxième jour du mois. C’en était ainsi jusqu’au trentième jour de chaque mois. Alors que la paire 31 chômait cinq fois par année, les paires numéro 1 et 1-A alternaient les premiers du mois. Février aidant, les paires numéro 29 et 30 pouvaient se reposer un peu plus souvent.

Sa collection de lacets n’était pas composée exclusivement de lacets noirs, mais en revanche, ils étaient tous plats. N’ayant jamais osé les couleurs criardes, sa plus grande fantaisie était une paire de lacets bruns, la 1-A. Les trente et une autres se déclinaient dans une palette allant du gris charbon au noir bleuté, en passant par le noir jais. Béatrice se croyait apte à les identifier, en cas de problème, mais ne prenait pas le risque de les mélanger, par souci d’efficacité.

Même si la trente-deuxième paire, la 1-A comme elle aimait l’appeler, faisait partie du lot depuis maintenant vingt-deux ans, elle ne s’y était jamais vraiment habituée. Sa simple vue la rendait mal à l’aise. Elle qui aimait la régularité, la constance, la logique, trouvait incongru la garde partagée pour les lacets du premier du mois. Malgré ce problème, elle n’arrivait pas à élaborer une autre méthode. Elle y pensait souvent, avait parfois des éclairs de génie, qui se soldaient cependant toujours par une déception.

Ce jour-là, un samedi, Béatrice ne travaillait pas puisque le bureau de poste n’était ouvert que du lundi au vendredi, de 10 h à 16 h. Elle y était employée depuis maintenant vingt-trois ans. Ses collègues de travail ne l’appréciaient pas particulièrement, et c’était réciproque, mais elle était compétente, rapide et possédait une mémoire phénoménale. Béatrice n’était pas dupe, elle savait que les autres parlaient d’elle. Cette situation l’indifférait. N’ayant jamais eu d’amis, et encore moins le besoin d’en avoir, elle se complaisait de cette situation, et détestait la simple idée d’avoir une vie sociale en dehors du travail.

Comme toutes les fins de semaine, elle s’était permis de dormir jusqu’à 8 h. Elle s’était réveillée tout juste avant que le réveil ne sonne et avait même pu voir les chiffres de son vieux réveil matin tourner de 7 h 59 à 8 h. Ce réveil rétro, elle l’avait dégoté dans une vente-débarras, il y a de cela plusieurs années. Elle avait eu le coup de foudre pour le plastique brun et la simplicité de l’appareil. Après l’avoir astiqué et branché, elle s’était aperçue qu’il faisait un son étrange. Un genre de grondement. Finalement, au fil du temps, ce malheureux grondement était devenu son allié, et elle n’avait pu se résoudre à s’en défaire.

Il lui fallait habituellement deux heures et demie pour laver les trente et une paires de lacets sales, la trente-deuxième ornant fièrement ses chaussures le jour du lavage. Ce matin-là, elle en était à la vingt et unième paire lorsque, sans s’être annoncée, sa mère entra chez elle. Béatrice sentit la panique s’emparer d’elle. C’était la première fois qu’elle était interrompue de la sorte. Il arrivait fréquemment que le téléphone sonne ou que l’on frappe à la porte, et elle ignorait ces tentatives d’intrusion à tous coups, mais elle n’aurait jamais pensé que sa mère puisse oser la déranger en CETTE journée. Elle qui SAVAIT que Béatrice n’était pas disponible. Ce matin, après avoir frappé sans succès, Mère avait osé utiliser sa clé. Pourtant, par le passé, Béatrice s’était montrée très insistante sur le fait qu’elle, ni personne d’autre d’ailleurs, ne devait entrer chez elle le premier du mois avant midi. Comment avait-elle pu?

La fureur s’empara d’elle, mais elle était bien trop occupée pour se laisser aller. Béatrice poursuivit sa tâche, tout en sentant les larmes lui piquer les yeux. Sa mère l’aimait, elle le savait, mais elle était trop dure avec elle. Elle lui disait fréquemment des choses méchantes. La semaine dernière, encore, elle lui avait que son obsession pour les lacets tenait de la folie, et qu’elle n’était certainement pas la seule à le penser. Les gens parlaient, autour d’elle.

« Je ne suis pas folle! s’était défendu Béatrice, furieuse. Tous ces gens qui me croient folle ne sont en fait que des jaloux, ils n’ont pas la moitié de ma patience et de ma rigueur. Les gens heureux dérangent les autres, c’est bien connu! »

Mais était-elle heureuse, de toute façon? Elle n’en avait aucune idée. Elle savait cependant qu’elle n’était pas mal, et cela lui suffisait. Sa vie lui convenait à merveille. Elle était routinière, soit, mais qu’y avait-il de mal à cela? Elle était fidèle à elle-même. Elle avait tant à faire dans une journée qu’elle n’aurait pu avoir d’amis, de toute façon. Quand aurait-elle pu nettoyer, ranger, trier ses choses? Les gens ordonnés ont besoin de temps pour mettre de l’ordre. Celui qui est ordonné dans ses affaires l’est aussi dans sa tête, se répétait-elle sans cesse, comme pour se convaincre. Béatrice ne se souvenait plus d’où elle tenait cette citation, mais elle l’avait déjà entendue, et en avait fait son adage. Ses idées étaient aussi claires que ses tiroirs. Si elle avait pu les classer par couleurs, comme elle le faisait avec ses bas, ses petites culottes et ses foulards, elle l’aurait certainement fait!

Ses journées étant planifiées au quart de tour, il n’était certainement pas question qu’elle interrompe son activité pour faire la conversation à sa mère. Elle attendrait, ou s’en irait, à sa guise. Béatrice aurait bien préféré qu’elle s’en aille, mais quelque chose lui disait qu’il n’en serait rien, qu’elle ne bougerait pas tant qu’elle n’aurait pas exposé clairement la raison de sa présence. Sa mère la fixait, le regard dur et la bouche crispée. Il ne fallait pas chercher le pourquoi de toutes ces rides en éventail autour de la bouche aux lèvres minces et sèches. Sa mère était laide. Elle priait tous les soirs pour ne pas lui ressembler en vieillissant.

Ne lui adressant même pas un regard furtif en passant près de la porte, Béatrice retourna à l’évier, draina l’eau usée de la paire 21 et en fit couler de la propre, brûlante, pour la 22. Elle frotta, les mains dans l’eau chaude savonneuse, pendant les deux minutes minimales requises puis, admettant qu’elle ne s’habituerait jamais à se tremper les mains dans une eau si chaude, draina l’eau sale, en fit couler de la propre, submergea les deux lacets dans l’eau tiède, les agita, puis les passa une dernière fois sous l’eau froide. La sensation de cette eau froide sur ses mains irritées était si bonne que c’est un peu l’image qu’elle se faisait, dans son ignorance naïve, du plaisir sexuel. Elle n’avait en effet jamais eu de contact physique avec qui que ce soit, autre que les contacts stériles, mais nécessaires avec sa mère. Cette dernière d’ailleurs, toujours immobile, la regardait d’un air incrédule. Ou était-ce de la haine? Béatrice n’avait jamais su déchiffrer sa mère. Au moins, elle ne la dérangeait pas. C’était la première fois que quelqu’un la voyait à l’œuvre. Elle ne savait pas si elle devait être fière ou embarrassée. Dans le doute, elle resta neutre, mais s’autorisa à lancer un coup d’œil subtil à sa spectatrice une fois de temps en temps, pour lui rappeler qu’elle n’était pas bienvenue.

Le pas incertain, vu l’envahisseur, elle se dirigea vers le support de séchage, au fond de l’appartement. Elle étendit la paire qu’elle avait en main et lissa machinalement les vingt et une autres pour éviter qu’elles ne frisent. Quand elle se releva pour aller à la paire suivante, elle sursauta. Sa mère était tout près d’elle. Comment s’était-elle approchée à ce point sans que Béatrice l’entende? Sans un mot, elle la contourna nerveusement et retourna à l’évier. En chemin, elle entendit un bruit sourd, suivi d’un murmure à peine audible. Elle avait envie d’aller voir, mais elle devait aller laver cette paire maintenant. Ce qu’elle fit.

Lorsqu’elle revint au séchoir à lacets, elle ne put retenir un cri d’horreur. Sa mère était étendue sur le sol, la lourde chaise de bois qui lui servait habituellement à atteindre le haut de la bibliothèque reposait sur ses jambes, qui se courbaient quant à elles dans un angle peu naturel. Elle était immobile et sous son corps immense, les lacets éparpillés. Béatrice était à court de souffle. L’urgence de la situation la poussa à agir, vite. Elle inspira profondément et bougea le corps inerte de sa mère. De peine et de misère, elle réussit à la tourner sur le côté. Ce que Béatrice vit eut l’effet d’un coup de fouet en plein visage. La plupart de ses lacets gisaient dans une marre de sang, mélangés les uns aux autres.

Elle plaça les deux lacets propres qu’elle portait sur l’épaule en sécurité et ramassa tous ceux tachés de sang. Elle courut les faire tremper dans l’eau froide. Elle craignait ne jamais être capable de les distinguer à nouveau à un point tel que ses joues devinrent une rivière de larmes. À cet instant précis, elle regretta de ne pas avoir osé la couleur ou mieux, renvoyé sa mère dès son arrivée. Pendant que le tout trempait, elle regroupa les survivants, qu’elle déposa à plat sur le bureau près du séchoir. Elle tenta tant bien que mal de les mettre en ordre, mais hormis la paire 1-A, la brune, elle avait peine à les reconnaître. Ce devait être la frustration, la panique. Dès qu’elle se serait calmée, elle y verrait plus clair. Elle en était convaincue. Elle devait être convaincue.

Trois jours plus tard, Béatrice n’avait toujours pas réussi à remettre sa collection en ordre. La chaleur qui régnait dans l’appartement était intenable. Elle avait dû fermer la fenêtre, deux jours auparavant, parce que le festival qui se tenait deux rues plus loin l’empêchait de se concentrer. Juillet était chaud et humide, et elle n’avait pas de climatiseur, ni même de ventilateur.

Des gens étaient venus frapper à sa porte, elle les avait entendus, mais elle n’avait pas bougé d’un poil. En fait, elle n’avait pas bougé de sa chaise depuis plus de quarante-huit heures. Au début, l’odeur d’urine qu’elle dégageait l’avait incommodée, tout comme la sensation, mais elle s’y était habituée, de même que l’odeur douceâtre qui émanait de sa mère. Elle avait reconstitué sept paires et ne se lèverait qu’une fois sa tâche terminée.

Malgré tous ses efforts, elle n’arrivait plus à se concentrer. Était-ce à cause des gens qui venaient sans cesse frapper à sa porte en hurlant : « Il y a quelqu’un? » L’odeur infecte avait-elle traversé la porte? Était-ce la déshydratation? La faim? La fatigue? Ses idées étaient tellement embrouillées!

Plus tard, ce même jour, Béatrice se sentit faible. Elle tentait tant bien que mal de rester concentrée à sa tâche, mais elle se sentit faillir. Elle s’écroula, tout doucement, pour aller atterrir tout près du cadavre de sa mère. Elle sut qu’elle était morte lorsqu’elle vit de haut son propre visage, horrifié, fixant béatement tous ces gens, des inconnus, qui entraient et sortaient de chez elle, et qui, sans même s’en douter, détruisaient ce pourquoi elle gisait sur le sol, balayant froidement, presque vulgairement, tous ses lacets jusqu’à en faire tomber par terre, simplement pour y déposer le matériel de premiers soins, comme s’ils n’étaient que vulgaires ornements de chaussures…

mardi 19 avril 2011

Un mardi soir à l’hôtel

Le nom le dit. Nous sommes mardi soir, je suis à l’hôtel, seule comme un rat dans ma chambre, RDS en bruit de fond, une fatigue extrême dans le corps. En fait, je ne suis pas vraiment seule. Si vous voyiez le bouton qui m’est apparu entre le menton et la joue, vous me trouveriez très audacieuse de dire que je suis seule. Il est MAJESTUEUX. En plus ce n’est pas le genre qui apparait, comme ça, sans qu’on l’ait senti venir. NON!! Il s’est creusé un chemin toute la journée, tirant désagréablement sur les fibres de ma peau, me donnant inévitablement le goût de toucher, à tout instant.

Si je suis si fatiguée, pourquoi est-ce que je ne dors pas, tout de suite? J’ai peur de me réveiller trop tôt, si c’est le cas, et de ne pas savoir quoi faire de ma vie jusqu’à 7 h 15, heure de départ.

En plus de tout ça, puisque tout va bien, j’ai un supra-rhume, qui fait de moi une réelle machine à morve et qui a fait de mon nez un organe rouge, irrité et douloureux. En plus de mes oreilles, qui sont bouchées depuis que j’ai fait le Parc ce matin. Non seulement elles sont bouchées, mais elles font mal. Tellement que j’en suis à me demander si je couve une otite.

Comble de malheur, on annonce une tempête de neige. Et alors? Demain soir, à 16 h 30, après la formation, mon partenaire et moi devons reprendre le chemin vers la maison. Si tempête il y a, c’est dire qu’il y a aussi un risque que les conditions soient mauvaises dans le Parc. Si les conditions sont mauvaises dans le Parc, c’est un risque potentiel que ce dernier soit fermé à cause d’un épais imprudent qui se serait planté dans le décor, et que nous devions passer une nuit de plus ici. NO WAY! J’ai mal aux oreilles, verrat. Et je m’ennuie de mes hommes.

Parlant de mes hommes, je me serais attendue à ce que mon chum aille faire un petit tour sur MSN, qu’on se jase un peu, que je sache comment Papus a été aujourd’hui, qu’on se dise qu’on s’aime, que je lui parle de mon inquiétude par rapport à mes oreilles. Mais non. Dire qu’il a travaillé tous les soirs, ces derniers temps, et pas ce soir… Snif… Yes, il vient d’apparaître!!! Je vous laisse!!

Pour ce qui est de la surprise de mes collègues, je pense qu’ils devront s’en passer.

lundi 18 avril 2011

Je me suis toujours demandé...

Il m’arrive, parfois, d’errer çà et là, rarement sans but, quand même, et de laisser aller mon esprit dans tous les sens. Je me mets alors à me questionner sur des banalités de la vie. Pourquoi ne pas en partager quelques une avec les quelques lecteurs qui se risquent encore à lire mes rares textes?

À l’épicerie, les étalages de denrées non périssables à vendre qui sont après les caisses, ça sert à quoi? Y a-t-il vraiment des gens qui passent devant et qui refont la file pour « ajouter » ça à leur commande? Moi, rien que l’idée d’aller chercher des champignons oubliés quand j’arrive à la caisse me pue au nez, imaginez donc! Est-ce un complot avec les forces de l’ordre pour attraper les potentiels voleurs qui voudraient oser perdre leur réputation pour des verres de plastique à l’effigie de Dora l’exploratrice ou pour une boîte de Froot Loops?

Parlant d’épicerie, les bonbons à l’unité, emballés, est-ce que ça se vend encore? Ceux qui sont vendus au poids, mais où il y a un contenant à monnaie juste au cas où les gens seraient incapables de s’empêcher d’en prendre un tout de suite?

Restons encore dans le thème alimentaire, les mélanges de bonbons dans les boîtes de carton jaune, communément appelés « Mélange pour le bridge », est-ce que c’est permis aux moins de 75 ans? Avez-vous déjà goûté? Je ne peux même pas croire que quelqu’un puisse payer pour ça.

Parlons Dollorama… Les soutiens-gorges qu’ils vendent, ils les vendent à qui? J’ai une hypothèse… Les gens se disent : « Au pire, c’est juste 1 $ (ou maximum 2.50 $), si ça fait pas, je vais le garrocher aux vidanges ». Et c’est ainsi qu’ils se vendent, et ne sont jamais portés par personne.

Les ramassis de « monsieurs », qui attendent leur femme assis sur un banc de centre d’allée ou directement à la sortie des boutiques, dans les centres commerciaux, pourquoi ils y vont? Pour une certaine génération, je peux bien comprendre que la madame ne conduit pas, mais les autres, pourquoi est-ce qu’ils ne restent pas à la maison? Au pire, la madame, voyant son homme ne pas collaborer, aura deux choix, soit elle y va seule, et personne ne soupire d’impatience, ou elle décide de laisser faire, et économise.

Les petites pipes en réglisse noire qu’on retrouve (encore?) sur les comptoirs de dépanneur, juste à côté de la caisse, C’EST QUOI??? Est-ce que ça se mange pour vrai. On dirait que je ne suis pas « game ». Je doute encore du fait que ce soit comestible. L’opterais plutôt pour un caoutchouc aromatisé avec des petites boules de plastique de couleur collées dessus.

Finalement, comme je n’ai plus d’idée, sachez que demain et mercredi, je suis en formation technique, à Québec. Mes amis du travail, l’apprenant, m’ont dit : « Apporte-nous une surprise, OK? ». J’ai dit « OK ». Honnêtement, entre la formation de 8 h 30 à 16 h 30, le souper, l’hôtel et l’autre journée de formation, je vais la prendre où, la maudite surprise? Les quatre surprises? Il va falloir que j’use d’originalité.

mercredi 13 avril 2011

Sant titre

De longues minutes se sont écoulées avant que les mots s’alignent enfin sur cette page jadis blanche. La raison? Le titre. Pas de titre. Pour une nouvelle sérieuse et pertinente, le titre est généralement le dernier mot posé sur la page, mais, pour un quelconque billet d’anecdotes éparses et inintéressantes, il faut que le titre soit le premier au rendez-vous, d’habitude. C’est donc un échec. J’avais pensé faire un texte sur les bicurieux, idée que je chéris depuis un moment déjà, mais ce n’est pas le moment.

Au travail, récemment, j’ai mentionné quelques fois mon blogue, prudemment, me jurant que j’en dirais juste assez pour que ça n’intéresse personne, et que personne n’aie l’idée d’aller voir plus loin. Fidèle à mon habitude, tellement trop moi, j’ai trop parlé. Résultat? Un collègue m’a trouvée. Appelons-le Benoît (nom fictif). Ce matin, en arrivant, j’avais un courriel qui contenant le lien vers mon blogue. Ça m’a fait mal, ou dérangée plutôt, n’exagérons pas la chose.

À ce moment, j’ai été mal à l’aise. Le sentiment était tellement inconfortable que j’ai profité de ce moment pour m’autopsychanaliser. J’avais l’impression de m’être fait prendre en sous-vêtements par Benoit. J’ai donc investi quelques minutes à l’heure pour faire le point sur cet inconfort pendant toute la journée.

Afin de m’engager sur la voie de la guérison, j’ai commencé par poser LA question pertinente. Pourquoi est-ce que l’idée que mes amis de jour (mes collègues) puissent lire mes textes me dérange tant? Cette question équivaut un peu à demander, à quelqu’un qui a perdu un objet, disons une paire de lunettes : « Mais où sont-elles? ». Si je le savais, elles ne seraient pas perdues. Dans mon cas, si je le savais, je le saurais. N’est-ce pas? Le pire dans tout ça? Benoît est allé fouiner une fois, et n’y retournera sans doute jamais. Il m’a aussi dit qu’il garderait le « secret » si tel était mon désir et ça l’était justement. Le présent texte est donc inutile?

La simple idée qu’un de mes collègues me lise et puisse dire, d’un ton hautain, dédaigneux, ou déçu : « Ah ouais, elle est comme ça, ELLE? », ça me gèle. En tant que carencée affective de naissance (exagérer, moi?), je ne suis pas très chaude à l’idée de susciter ce genre de réaction. En totale contradiction, la possibilité que mes amis ou des étrangers fassent de même me laisse de glace. Les premiers me connaissent bien et savent que je suis comme ça et les autres, ils n’existent pas dans mon quotidien.

Je n’ai pas envie de me mettre à me censurer dans mes écrits, ce que je fais déjà beaucoup trop à mon avis, pour éviter de montrer certains côtés de ma personne. Si un matin, je me trouve particulièrement canon et que je le dis sur mon blogue, est-ce qu’il (personne de votre choix) se dira « Elle, elle se trouve belle… pourtant… ». Mais au fond, en vous partageant tout ça, je me rends compte que je m’en fiche un peu.

Pour conclure cette étrange thérapie, je vous dirai que, mon passé de souffre-douleur me suit partout, même au travail, et me suivra sans doute jusqu’à ma mort. J’ai peur qu’on rie de mes opinions, de mes rares poésies, de mes nouvelles fictives, déprimes passagères. Qu’on rit de moi, finalement. Étrangement, mes collègues sont gentils et drôles. Et sérieusement, outre Benoit (nom fictif), je doute fort que quelqu’un me lise.

Réalisez-vous que, tous ces mots, toutes ces phrases, tout ce contenu, n’a servi à rien. Je pense que finalement, je vais m’y mettre au texte sur les bicurieux. Ça me permettra de vous parler d’un autre collègue, Louis (nom fictif). Avec tout ça, je n’ai toujours pas de titre. Ce sera donc : « Sans titre ».

dimanche 10 avril 2011

De tout et de rien vous...

Si vous êtes des fans de François Pérusse, le titre vous fera rire. Sinon, vous vous direz que je ne sais pas écrire. Dans les deux cas, je ne le saurai pas, et je dois admettre que je m’en fiche un peu.

La dernière fin de semaine, semaine même, a été étrange. Un ramassis de toutes sortes de choses, plus ou moins ennuyantes et désagréables les unes que les autres. En rafale, dans l’ordre du mieux que je m’en souviens.

Vendredi, j’étais dans un état de déchet-humain plutôt avancé quand ma mère m’a téléphoné, bien trop tard, pour me dire qu’un de mes billets récents, dont tout le monde se fiche, Face à la mort, avait créé une espèce de polémique. Quand elle m’a dit cela, je vous dirais que mon cœur s’est un peu serré, parce que je pensais que la personne visée dans le texte en question avait réalisé que je parlais d’elle. Pourtant, c’est une personne dont je ne suis pas proche du tout, autant géographiquement qu’affectueusement. Et j’espérais un peu qu’elle allume.

Non, en fait, le scandale venait du fait que j’avais mentionné que la grand-mère désagréable de l’histoire fictive avait déjà demandé vachement à une de ses petites-filles, il y a de cela au moins douze ans, si elle était « aux femmes ». Bon, dans mon texte, j’ai dit qu’elle l’avait traitée de lesbienne, mais si je n’en rajoute pas, si je n’agrémente pas mes histoires, ça intéressera qui?

Toujours est-il que, en passant je suis allée fouiner dans mes statistiques et, j’ai eu une lecture de billet en Floride. N’est-ce pas étrange? Semblerait-il donc que j’ai une cousine, justement, qui aurait peut-être envie d’être lesbienne, je n’en sais trop rien (et je m’en fiche tellement, que je pourrais aller jusqu’à dire que je m’en torche), et que mon texte a comme parti la rumeur, ou « confirmé » celle-ci. POURTANT, JE N’EN SAIS RIEN. Je supposais. Et mon texte était hypothétique. J’ai dit que la grand-mère était une pas fine et que quelqu’un était con, mais on accroche sur la possible homosexualité d’une figurante de l’histoire. Je ne comprends pas. En résumé, dans les endroits reculés où les familles sont tellement soudées qu’on rejette les cousines issues d’un deuxième mariage, on peut traiter les grand-mères et les tantes de pas fines, mais on ne peut pas citer des faits du passé.

Aussi, mon fils a cru bon s’enrhumer bien comme il le faut samedi, et tousser comme pas un, puis mentionner qu’il avait des bobos dans ses oreilles, ce qui n’est jamais une bonne nouvelle. Puis, aujourd’hui, entre deux quintes de toux, comme si ce n’était pas suffisant, il a cru bon se blesser à un bras, au point de ne plus vouloir s’en servir. Trouver un chiropraticien, un ostéopathe ou un physiothérapeute en plein dimanche soir, c’est un beau défi.

Finalement, un commentaire sur mon plus récent billet m’a fait réaliser que je suis une personne aux opinions simplistes. Savez-vous quoi, je dois avouer que ça me plaît. Ça fera changement de tous ceux qui m’ont toujours dit que j’étais compliquée, dure à suivre.

jeudi 7 avril 2011

Syndicat, politique et actualités?

J’ai souvent peur d’aborder certains sujets lors de discussions de routine, pendant les pauses-café ou sur le bord de la piscine, parce que je sais que mon opinion a toujours un risque potentiel de choquer les gens. On dirait que j’ai peur de décevoir ceux que je fréquente par mes opinions sur les sujets « critiques ».

Sujet critique? Actualité, politique, syndicat.

Actualité. Je ne m’informe toujours pas, ou si peu, mais je réussis à me tenir au courant des faits divers les plus frappants. Récemment, ici, un automobiliste s’est fait arrêter, sur une artère principale, dont la limite de vitesse est fixée à 90 km/h, alors qu’il roulait à 233 km/h. Rien de pire. Le gars est reparti avec sa voiture, comme si de rien n'était. Non, ils n’ont pas saisi son véhicule. Il conteste, sous prétexte que son véhicule n’atteint pas cette vitesse, mais c’est un SRT4 monté à bloc qui développe au-delà de 400 chevaux… et il va aussi essayer de prouver qu’il est impossible d’atteindre cette vitesse à cet endroit. CHAMPION. C’est presque dommage qu’il n’ait pas roulé sur une roche… Et comment se fait-il que les policiers l’aient laissé reparti comme ça? Comme le vieux con qui roulait à 170 km/h dans une zone de 50, rond comme un ballon, et qui ne s’est pas contenté de se tuer lui seul, il a fallu qu’il en prenne un au passage.

Syndicats. J’ai entendu dire qu’un magasin Couche-tard fermait ses portes, après que des démarches aient été entreprises plus que sérieusement pour implanter un syndicat. Le magasin était rentable et rénové depuis peu. J’ai entendu des gens s’insurger contre le propriétaire, s’écrier au scandale, « À mort le méchant propriétaire d’entreprise qui refuse le syndicat! » Bande de caves. Vous pensez comme ça vous aussi? Caves! Les gens sont tellement jaloux de ceux qui réussissent, et pour qui cette réussite passe par l’argent. Je voudrais bien avoir une entreprise et qu’on me dise que je n’ai pas le droit de mettre fin à MON rêve, de détruire MON investissement, parce que je refuse de me faire menotter par un verrat de syndicat. J’espère que tous les autres qui se feront syndiquer feront pareil. À mort les syndicats!

Politique. Nous jasions ce soir, mon chum et moi, et on parlait de Jack Layton, le (futur ex?) chef du Nouveau Parti Démocratique (NPD). Tout le monde l’aime, Jack. Il s’était lui-même qualifié de « Party Animal », il y a de cela quelques années, tout sourire, fidèle à lui-même. Je pense même que j’avais voté pour son parti, pour lui. Pourtant, je ne suis pas de gauche, pas deux secondes. Ce soir, j’en suis venue à la conclusion que, idéalement, il ne faudrait jamais être dirigé par un parti de gauche. Les gauchistes sont gentils, généreux, bienveillants. Pour l’économie, ça ne vaut rien, pour les jeunes et les entreprises, ce n’est pas très fort non plus. Idéalement, il faut être dirigé par des « méchants » et ça prend des gentils pour les contredire et assurer un équilibre social. Mais c’est mon opinion.

Sur ces paroles, il sera l’heure d’aller au lit, j’ai un rhume à combattre.

J’aime, je n’aime pas...

Je m’ennuie de mes billets insignifiants, drôles pour certains, épais pour d’autres…


J’aime :


Les blagues enfantines de premier degré, communément appelées les jokes « pipi-caca-poil (PCP)». À mon travail, c’est le festival de blagues PCP, en permanence, et je m’amuse beaucoup. Tellement que parfois, je fais le cochon quand je ris.


Mastiquer le moins possible mes carottes crues quand j’en mange, en restant sécuritaire. J’ai souvent mal à la gorge et j’ai l’impression que ça me masse l’intérieur. C’est vraiment bizarre de vous raconter ça.


Lire le blogue de Marie, Marie s’en va-t-en guerre. Elle dégage une pureté qui me touche beaucoup et elle me fait rire. J’aurais le goût d’être son amie.


Je n’aime pas


Ramasser une explosion de grains de riz cuits sur le plancher. Peu importe la façon ou la raison pour laquelle lesdits grains se sont retrouvés par terre, ça fait des roulades en dessous des bas et il faut les ramasser un par un. Et on jurerait qu’ils se reproduisent. Peut-être que le dessous des pieds est un environnement favorable à l’expansion de la race?


Avoir le hoquet quand je bois une quelconque boisson froide gazéifiée. Je suis en train de le vivre et, avec mon rhume et ma mononarine, je trouve que je fais pitié. Mes soubresauts sont irréguliers et bruyants, et je viens d’éternuer en même temps qu’un soubresaut, et ça a fait mal dans la gorge.


Dormir mononarine même après avoir pris des médicaments « décongestionnants ». Je fais des rêves étranges, la nuit passée je rêvais de taraudages, d’alésages et de tolérances de machinage, et je me réveille cinquante fois dans la nuit, la langue complètement sèche, parce que je respire par la bouche. Moche moche. Et je suis moche aussi, avec mon nez crouté rouge et mon hoquet qui colle!


Payer pour de la nourriture pas bonne. Ce midi, je suis allée constater le manque de goût de mon sous-marin Subway (j’aimais tellement ça avant, je disais que je ne me tannerais jamais, pffff!), en écoutant mes trois collègues s’émouvoir de la supra paire de seins de la petite jeune trop bronzée avec le chandail jaune canari tellement trop révélateur qui était à une table assez voisine pour voir la craque, assez loin pour en parler sans se censurer. Je dois avouer que, même moi, j’avais du mal à regarder ailleurs. Je vous dis que du Subway, je n’en remangerai pas de sitôt.


Les hommes qui ont des poils sur le nez. Je suis incapable de me concentrer sur ce qu’ils me disent. S’il faut en plus qu’ils aient un seul sourcil, du poil également dans les oreilles et qu’ils puent, c’est le comble.


Une publicité qui passe souvent à la chaine de radio que j’écoute. Un ver d’oreille comme il en existe peu. En gros, le texte c’est : « Vénitienne 83, décoration pour toi et moi, vénitienne 83, la qualité le choix… » PU CAPABLE. Sérieusement, je suis sur le point d’envoyer une plainte à la station, pour leur dire que je suis à cheveux de ne plus les écouter. Savoir que j’aurais assez de poids…


Sur ce, c’est ça.

dimanche 3 avril 2011

Face à la mort

La mort, seule fatalité à laquelle on ne peut échapper, est capable de transformer les gens qui restent, ou resteront, en bêtes féroces et imprévisibles.

Si certaines personnes vivent normalement la tristesse, de façon civilisée, posée et avec respect, d’autres y voient une opportunité en or pour semer la pagaille, pour injecter dans le cœur des gens tristes, en plus de leur deuil, de la frustration et de la haine.

Certaines familles semblent prédisposées à ce genre d’événements. Les familles nombreuses, dont les membres sont majoritairement baby-boomers, sont spécialement sujettes à l’éclatement de conflits en périodes de deuil.

Alors que certains prennent des décisions difficiles et souffrent, pour le bien des personnes concernées, les autres creusent un trou bien profond dans le sable pour s’y enfoncer la tête le plus profondément possible et, du même coup éviter tout contact avec ladite prise de décision.

Il y en a, pour qui la prise de décision étant une activité très douloureuse, le fait que les autres décident pour eux est une source de réconfort, puisqu’ils savent qu’ils sont inaptes à le faire. Ceux-là, dans toutes les sphères de leur vie, souffrent de quelconquisme, maladie qui fait d’eux des personnes quelconques, faciles à oublier et effacées.

Cependant, il y a l’autre type de personne. Celui-là, le pire, regroupe des gens trouillards, refoulés et à la répartie tardive. Il nous est tous arrivé de faire face à une situation et d’y repenser, avec du recul, en se disant qu’on aurait bien dû dire ou faire telle ou telle chose. Eux, quand ils y repensent, avec le temps, ils s’inventent de l’intelligence et disent et font les telles ou telles choses en question. Mais c’est comme d’expliquer une blague, ça ne se fait pas.

Le problème, c’est qu’il est bien trop tard. Un exemple pour simplifier cet amas de mots? Prenez par exemple une grand-mère mourante qu’on aurait récemment « placée » dans un foyer, contre son gré, parce que son état de santé était devenu une menace pour elle et pour son environnement immédiat.

Supposons, tant qu’à supposer, que cette grand-mère soit, en plus d’être malade, insupportable et méchante avec les gens en général. Puisqu’elle est difficile et têtue, ses enfants hésitent à faire le saut, à prendre le chemin qu’il faut, jusqu’à ce qu’un d’entre eux, aidé d’une de ses sœurs, plonge. Certaines rechignent, pendant que d’autres sont enfoncés dans leur trou, mais le fait est que la décision est prise.

Quelques semaines plus tard, la grand-mère, toujours insupportable, de plus en plus difficile et méchante, comme si c’était possible, commence à mourir. Ah! Son autre fille, celle qui n’avait pas daigné levé ne serait-ce qu’un sourcil lorsqu’il le fallait, trop occupée à être elle-même, s’allume telle une ampoule fluocompacte, doucement au début, puis d’un coup sec.

Et là, comme si elle avait des choses à se reprocher, comme si elle réalisait qu’il lui reste peu de temps pour accomplir quelque chose pour sa mère, peu de temps pour pouvoir dire, dans un futur quelconque, qu’elle aura fait quelque chose. Un peu paniquée, ou stressée, ou blessée dans son orgueil, je ne saurais le dire, elle conteste, dès que l’allumage est complété, les décisions qui ont été prises pendant qu’elle vaquait stupidement à sa vie.

Comment se faisait-il qu’on ne lui eût JAMAIS demandé son avis? Placer sa mère était une décision stupide, elle s’en serait occupée, elle! AHAHAHAHAH!!! Quel meilleur moyen qu’un réseau social tel que Facebook pour contacter tous les petits enfants afin de les tenir au courant de la situation, et de leur offrir gracieusement un peu de culpabilité (qu’elle est généreuse), en leur disant que ça lui ferait tellement plaisir (à la grand-mère) si ceux-ci lui rendaient visite une dernière fois!

Je suis curieuse de savoir s’il est réellement possible de transférer des remords sur les autres, en se soulageant réellement, ou si le résultat n’est pas plutôt épidémique, c’est-à-dire que personne n’est soulagé, mais que plus de gens souffrent.

Toujours est-il que, il est légitime de se demander combien de gens elle aura réussi à infecter, de la cousine qui s’est fait traiter de lesbienne par ladite grand-mère à la tante qu’elle a toujours traitée de « guidoune », en passant par moi, qu’elle n’a jamais acceptée dans la famille, faute de preuves. Oups… C’était censé être hypothétique.

Ma réaction, en consultant ma page Facebook n’a pas été « Oh non! Grand-maman meurt! » mais plutôt : « Voyons, elle est conne celle-là de mettre ça sur Facebook. » Chacun son point de vue, je suppose.

Quand on lui reprochera d’avoir été conne, d’avoir été méchante et réactive plutôt qu’aimante et proactive, elle pourra toujours faire comme tant de gens le font, et mettre tout cela sur le dos de la tristesse. Être triste, c’est comme être vieux, on peut tout se permettre, et il suffit de s’excuser ensuite, sous prétexte qu’on est vieux ou triste.