jeudi 23 juillet 2015

Le deuil honteux

À deux ans, j’étais déjà une folle aux chats. J’en ramassais sur la rue jusqu’à ce que ma mère m’en offre finalement un pour mes six ans. C’était au printemps 1988. Frimousse. Ce n’est que quinze ans plus tard que nous avons osé l’univers du chat de race. Donc, de 2003 à ce jour, malgré deux appartements et trois maisons ainsi que deux enfants, nous n’avons fait que cultiver notre amour des félins.

Nous avons accueilli notre premier abyssin Mao en 2003, pour le voir mourir en 2006 d’une maladie féline qui a causé une insuffisance rénale mortelle. Sa sœur Rikku était avec nous depuis moins d’un an quand il est mort nous a quittés. Peu après sa mort, nous avons accueilli notre fou-comme-de-la-marde bengal. Rikku, notre belle et tellement gentille Rikku, arrivée en 2005, s’est avérée être un chat extraordinaire. Une si belle personnalité. Gentille comme pas une. Gloutonne un brin. Ronronnante à souhait. Un chat parfait qui savait toujours donner un « headbutt » quand il le fallait. Jusqu’à hier. Mercredi le 22 juillet 2015. Ce que nous croyions être une classique crise de stress parce que nous faisions du ménage dans les boîtes au sous-sol s’est avéré être une insuffisance rénale de niveau 4. Grossièrement, ses reins ont lâché et tout ce qui s’offrait à elle, c’était de l’acharnement thérapeutique. Des pilules, des injections, des pilules, des pilules et des pilules. Et si vous ne le savez pas, les chats n’aiment pas les pilules. Rikounette, qui ne mordait même pas quand on la forçait, mordait quand on tentait de la soigner. Le stress l’aurait tuée. Nous avons donc choisi à sa place.

Pendant des années, j’ai un peu caché mon amour des chats parce que vous savez comme moi que les chats, c’est poche. On a le droit d’en avoir, mais socialement, c’est mieux de s’en foutre. Vos amis, vos proches, vos collègues devraient préférablement ne pas savoir à quel point vous aimez vos bestioles félines. Un chien, c’est bien, parce que ça peut prendre des marches avec vous et que ça se soumet obéit tandis que le chat vous domine est hypocrite, c’est bien connu. Dans la vie de tous les jours, c’est vivable de cacher cette dépendance. Très même. Jusqu’au jour où une de vos bestioles tombe malade, ou qu’elle meurt. Là, ça devient plus difficile à cacher. Surtout si vous décidez de vous le faire tatouer quelque part. Là, carrément, vous êtes la risée. Aussi bien vous assumer.

Ma cocotte est morte hier. Juste à l’écrire, mon estomac se resserre et mes yeux se remplissent de larmes. J’ai de la peine. J’ai osé parlé de son état à un peu n'importe en pensant que c’était bénin, qu’elle ressortirait de chez le vétérinaire avec une prescription de 100 $ nous laissant croire qu’elle voulait seulement gâcher notre budget de vacances. J’aurais alors écrit un billet hilarant sur les maudits propriétaires de chien qui ne respectent rien d’autre que leur ego avec leur tannant de chien qui sniffe les cages des chats dans la salle réservée aux chats, mais dont on se torche parce qu’avoir un chien, c’est comme un gros pickup Dodge RAM 2500, ça annule toute loi et tout bon sens. Finalement, j’apprenais que ses reins avaient décrété une grève et qu’elle nous l’avait bien caché, la coquine.

Mais si quelqu’un me demande « Pis ton minou? » quand je reviendrai des vacances, j’aurai le motton, et j’aurai du mal à répondre. Et je voudrai retenir ledit motton parce que c’est qui le cave qui pleure un chat, à part un enfant, mettons?

On ne peut pas éclater en sanglots devant les gens pour un chat. Il y aura toujours quelqu’un pour juger que le cancer de sa grand-mère ou que son iPhone échappé dans la toilette est bien plus important que mon ti-mine. Et pourtant, ET POURTANT, si vous saviez comme mon chat passe bien avant les problèmes des autres dans mon petit moi. Mais comme nous sommes des adultes supposément intelligents et instruits, et qu’il y a l’État islamique et la famine en Afrique, et les canicules en Europe, et les feux de forêt dans l’Ouest, un chat qui meurt, c’est rien qu’un animal con qui dégage. Et j’étais déjà un peu fofolle de l’avoir payée si cher et prise en Ontario. Probablement qu’un bâtard à 20 $ m’en aurait donné plus, tsé.


Je me fais des scénarios, n’est-ce pas? Je m’invente des choses que personne n’a encore dites. You are so fucking right folks. Mais si on se souvient du titre, qui résumait bien ma pensée, mes chats sont les êtres vivants dont j’ai le plus pleuré la mort. Et là, même à l’écrire, sans personne pour me toiser et me faire la grimace du « Tu me niaises » en face de moi, j’ai honte. J’ai honte parce que c’est juste un chat, mais que ce chat, je l’aimais comme un humain. Je ne dirai pas que la vie est injuste parce que c’est la vie, justement. Mais pour l’instant, je dois vivre les étapes du deuil. Selon le site Soutien psy en ligne (http://www.soutien-psy-en-ligne.fr/blog/etapes-deuil/), je suis présentement entre les étapes 3 – Colère et 4 – Marchandage. 

À suivre donc.

jeudi 2 juillet 2015

Des mots, des mots

Être parent vient avec une quantité infinie de responsabilités, allant d'éviter que son poupon déboule les escaliers (plus de deux fois) jusqu'à insister sur l'importance. de l'honnêteté, en passant par la transmission d'un langage à la fois convivial et suffisamment élaboré pour que la progéniture soit apte à exprimer ses besoins/désirs de façon claire.

Je suis une femme intelligente, j'ai le verbe facile, je suis capable d'agencer les mots de belle façon... Sur le point du langage parlé courant, je l'échappe parfois (constamment). Ciel que je suis vulgaire. Et je ne sacre même pas, vous imaginez!

J'insiste sur l'utilisation de termes corrects, comme asseoir plutôt "qu'assir" ou poivron plutôt que piment, mais s'il faut que je m'exclame sans réfléchir, je lâche sans gêne un "what the fuck" ou un "shit de marde". Pas de chance à prendre, ce dernier est scatologiquement bilingue.

J'essaie, j'essaie. Je suis d'ailleurs en train de roder " zutten de fluten", et ça vient tranquillement. Mais c'est léger. Pour une coulisse de yogourt sur le chandail ou un mini-wheat broyé sous le pied, ça peut aller, mais pour les cas de force majeure, comme l'incrustation d'un Lego 1 x 1 sous la plante du pied ou des fragments de crotte sous les ongles suite à un changement de couche musclé, c'est trop peu. Mais entre le ridicule "zutten de fluten" et les trop gras "shit de marde, fuck de shit, chienne-truie, ou saloperie de merde" il doit bien y avoir quelque chose, non?

En attendant de trouver les bons mots, je vais continuer de travailler à réfléchir avant de parler et qui sait, je trouverai peut-être la clé de la sagesse.