mercredi 13 avril 2011

Sant titre

De longues minutes se sont écoulées avant que les mots s’alignent enfin sur cette page jadis blanche. La raison? Le titre. Pas de titre. Pour une nouvelle sérieuse et pertinente, le titre est généralement le dernier mot posé sur la page, mais, pour un quelconque billet d’anecdotes éparses et inintéressantes, il faut que le titre soit le premier au rendez-vous, d’habitude. C’est donc un échec. J’avais pensé faire un texte sur les bicurieux, idée que je chéris depuis un moment déjà, mais ce n’est pas le moment.

Au travail, récemment, j’ai mentionné quelques fois mon blogue, prudemment, me jurant que j’en dirais juste assez pour que ça n’intéresse personne, et que personne n’aie l’idée d’aller voir plus loin. Fidèle à mon habitude, tellement trop moi, j’ai trop parlé. Résultat? Un collègue m’a trouvée. Appelons-le Benoît (nom fictif). Ce matin, en arrivant, j’avais un courriel qui contenant le lien vers mon blogue. Ça m’a fait mal, ou dérangée plutôt, n’exagérons pas la chose.

À ce moment, j’ai été mal à l’aise. Le sentiment était tellement inconfortable que j’ai profité de ce moment pour m’autopsychanaliser. J’avais l’impression de m’être fait prendre en sous-vêtements par Benoit. J’ai donc investi quelques minutes à l’heure pour faire le point sur cet inconfort pendant toute la journée.

Afin de m’engager sur la voie de la guérison, j’ai commencé par poser LA question pertinente. Pourquoi est-ce que l’idée que mes amis de jour (mes collègues) puissent lire mes textes me dérange tant? Cette question équivaut un peu à demander, à quelqu’un qui a perdu un objet, disons une paire de lunettes : « Mais où sont-elles? ». Si je le savais, elles ne seraient pas perdues. Dans mon cas, si je le savais, je le saurais. N’est-ce pas? Le pire dans tout ça? Benoît est allé fouiner une fois, et n’y retournera sans doute jamais. Il m’a aussi dit qu’il garderait le « secret » si tel était mon désir et ça l’était justement. Le présent texte est donc inutile?

La simple idée qu’un de mes collègues me lise et puisse dire, d’un ton hautain, dédaigneux, ou déçu : « Ah ouais, elle est comme ça, ELLE? », ça me gèle. En tant que carencée affective de naissance (exagérer, moi?), je ne suis pas très chaude à l’idée de susciter ce genre de réaction. En totale contradiction, la possibilité que mes amis ou des étrangers fassent de même me laisse de glace. Les premiers me connaissent bien et savent que je suis comme ça et les autres, ils n’existent pas dans mon quotidien.

Je n’ai pas envie de me mettre à me censurer dans mes écrits, ce que je fais déjà beaucoup trop à mon avis, pour éviter de montrer certains côtés de ma personne. Si un matin, je me trouve particulièrement canon et que je le dis sur mon blogue, est-ce qu’il (personne de votre choix) se dira « Elle, elle se trouve belle… pourtant… ». Mais au fond, en vous partageant tout ça, je me rends compte que je m’en fiche un peu.

Pour conclure cette étrange thérapie, je vous dirai que, mon passé de souffre-douleur me suit partout, même au travail, et me suivra sans doute jusqu’à ma mort. J’ai peur qu’on rie de mes opinions, de mes rares poésies, de mes nouvelles fictives, déprimes passagères. Qu’on rit de moi, finalement. Étrangement, mes collègues sont gentils et drôles. Et sérieusement, outre Benoit (nom fictif), je doute fort que quelqu’un me lise.

Réalisez-vous que, tous ces mots, toutes ces phrases, tout ce contenu, n’a servi à rien. Je pense que finalement, je vais m’y mettre au texte sur les bicurieux. Ça me permettra de vous parler d’un autre collègue, Louis (nom fictif). Avec tout ça, je n’ai toujours pas de titre. Ce sera donc : « Sans titre ».

2 commentaires:

  1. À mon avis, personne ne peut être plus forte qu'une personne qui ne se cache pas, qui assume pleinement ses idées et opinions, ses hauts et ses bas et en fait part très honnêtement. Ton passé de souffre douleur s'éclipse pour faire place à une femme qui assume pleinement qui est elle et ça, ce n'est pas de la faiblesse. Tu as appris à la dure ce que bien des gens ignorent, derrière leur moqueries pour cacher leur propre honte. Tu es digne de respect, Emia.

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  2. Comme vous, je préfères que mes proches ou mes collègues ne me lisent pas. Probablement à cause d'une certaine pudeur qui existe envers ceux qui vivent près de nous, ceux qui peuvent faire du tort sur le plan personnel ou professionnel.

    Et puis, qu'on le veuille ou non, une certaine censure s'installe.

    Ce collègue aurait pu vous lire, de façon discrète. C'est un signe.

    Accent Grave

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