Oh que non. « J’te dis
qu’yappelle ça Santa Banana mais…ya pas grand bananes après hé palmier eh! »
Citation soigneusement choisie, vocabulaire adéquat. La phrase parfaite pour
décrire le domaine La Florida à Saint-Ambroise.
« Vous faites quoi,
Monsieur, pendant votre retraite? »
« Moé? Quand ma femme a
toute ben torché la maison pis que le gazon est frais faite, on met du gaz dans
notre gros campeur à 200 000 piasses, pis on s’en va relaxer dans le
parking de garnotte du Géant Motorisé, avec notre ti chien blanc, Poutchy, pis
on écoute de la musique rétro québécoise, en jasant de météo avec les voisins
parkés à 4 pieds de nous autres. Quand on a faim, on prend notre voiturette de
golf, pis on va manger des toasts au Tim Hortoanne. Su Tim. Ça, c’est la vraie
vie. »
La grosse vie sale, dirais-je
plutôt. Je suis sans mot. J’ai peine à décrire les sentiments qui m’ont
assaillie quand je suis passée, dimanche dernier, accompagnée de ma petite
famille. Ce qui était autrefois une entrée de village paisible s’est
transformé, au fil des ans, en une caricature bas de gamme (réaliste donc) du
classique Elvis Gratton, premier du nom.
Les madames « chromées »,
les monsieurs enceintes, les petits chiens obèses. Du monde à gauche, à droite,
en avant, en arrière. Si j’habitais encore là, et que j’avais à circuler matin
et soir dans ce secteur, je foutrais le camp. Cette vision d’horreur des baby-boomers
qui ne savent pas quoi faire de leur argent, mais qui profitent des
stationnements pour motorisés gratuits, avec leur petite fille obèse en train
de boire un 7up, ça fait peur. Non, ça ne fait pas peur. Ça déprime. Ça fout le
moral à terre. Mon moral du moins.
C’était hier, mon moral a eu le
temps de s’en remettre. Je ne suis pas une campeuse. Du tout. Avant, les gens
aimaient camper. Une tente, une tente-roulotte, une roulotte ordinaire. Est-ce
que ce camping a disparu? Est-ce que c’est la nouvelle norme? Si j’avais tout
plein d’argent à garrocher par les fenêtres et que je décidais d’opter pour un « motorisé »,
ce serait pour passer les « lignes » et aller voir les « Amaricains »,
comme disait Elvis. Mais ça c’est moi, et de toute façon, j’ai dit à mon chum
de mettre des petites pilules dans mon jus d’orange le jour où je voudrai avoir un
campeur.
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