Ce soir, alors que la folle heure du souper était entamée, que je courais de tous les côtés depuis mon entrée dans la maison, que le petit était assis dans sa chaise haute, tout triste parce qu’il s’est fait mal au bras, et qu’il semblait à mettre bien plus que le client en demandait, j’étais debout et je lui préparais une fourchette garnie de poulet aux champignons (tellement de détails, c’était bon, en passant) quand soudainement, un gros « BOUM ».
C’est tout. Un boum sourd et la maison a tremblé. Outre mon cœur qui voulait sortir de ma poitrine, mes jambes qui flageolaient, ma respiration accélérée et le regard de mon chum qui était aussi ébahi et interrogateur que le mien, c’était rien que ça. Ma première pensée : quelque chose est tombé sur la maison. Moi, normalement si articulée, si « parlante », tout ce que j’ai trouvé à dire (à mon chum) c’est : « Va voir. Et fais attention. » Étrangement, tous les voisins étaient aussi figés dans leur vitrine, semblant chercher la même chose que nous. Ce n’était donc pas sur notre demeure. Ouf. Si c’est chez le voisin, c’est bien triste, mais ce n’est pas chez nous.
Après que mon adorable amoureux ait fait le tour, rien. Il est donc revenu s’asseoir à table, pendant que mon cœur n’était toujours pas remis de sa peur. Oui, j’ai vraiment eu peur. Comme ce n’était rien qui était tombé sur la maison, ou de la maison, mon esprit a vagabondé entre d’autres théories.
Un avion qui s’est écrasé? J’espère que c’était dans un champ!
Un météorite? À quoi servent les astronomes si ce n’est à surveiller ça?
Un attentat? Si on n’est pas en sécurité dans notre région, où le serons-nous?
Un accident de machinerie lourde sur le boulevard? Est-ce que ça aurait vraiment tremblé jusqu’ici?
L’explosion des nouvelles pompes à essence sur le même boulevard? Il y aurait des flammes jusqu’ici et il n’y en avait pas.
Mais qu’était-ce donc, bordel?
Comme nous écoutons la station de radio la plus « underground » de la région, et que les animateurs ont un « scanner » de police, nous avons haussé le volume d’un cran et mis de l’emphase sur les « Minou, arrête de chigner! » (Parce que notre fils avait mal au bras, en plus de sa mèche encore courte de rhume qui achève) parce qu’il enterrait la radio.
Apparemment, le bruit ne s’était pas limité à notre quartier parce que les appels fusaient de toutes parts, de toutes les municipalités et les arrondissements près de chez nous. Untel appelait de la ville voisine pour dire qu’il pensait qu’un tracteur avait heurté sa maison, pour qu’un autre renchérisse de l’autre extrémité pour dire qu’il avait vu une boule de feu. Je n’étais donc pas la seule à avoir l’imagination fertile!
Étrangement, les policiers n’étaient pas mieux informés, ils erraient dans la ville, ne sachant pas quoi chercher, ni où. Quelle situation étrange!
L’émission de radio, qui s’intitule « le nom de la station » -SPORT a loupé son mandat, pendant toute l’heure, ce ne fut que des appels de partout pour dire qu’eux aussi l’avaient senti, et ce qu’ils avaient pensé que c’était, point de sport, ou si peu. Au début, c’était drôle, à la fin, ça commençait à faire « ti-peuple ». À force d’entendre des gens dirent d’où ça venait, j’ai fini par conclure que c’était près de ma garderie… très près… et j’ai appelé. Normalement, je ne suis pas trop curieuse, ou je fais semblant de ne pas l’être, parfois, et ça me satisfait, mais là, c’était intenable.
Alors que ça sonnait… sonnait… j’ai même osé imaginer le pire… me demander où j’enverrais mon garçon si jamais… Mais ça a répondu! Ouf. C’est moins sensationnel mais tellement rassurant! J’ai alors eu droit à un inventaire précis de toutes les usines proches, de la station de biogaz au « ramasseux » de poubelle, en passant par l’exterminateur de bibittes. Comme elle spéculait autant que moi, et que je trouvais son imagination plutôt conservatrice, j’ai coupé court à la conversation et ai repris mes activités, me disant que j’en entendrais parler demain, au pire.
J’ai donc oublié temporairement la chose, ai poursuivi la routine, et me suis rendue jusqu’à mon match de hockey. Qui a mal tourné d’ailleurs. Quelle horreur! Et là, soudainement, j’y ai repensé. Comment avais-je pu oublier ça? Je me suis donc ruée sur internet et y ai tapé, dans le moteur de recherche « Explosion NOMdeMAville ». Surprise! Pas tant en fait. Quelle déception. Moi qui m’étais faite toutes sortes de scénarios rocambolesques… J’aurais dû me douter que ce ne serait rien! Ou si peu!
Finalement, des employés d’une compagnie de dynamitage brûlaient des boîtes de carton dans un brûleur. Ils ont fini leur tâche et lorsqu’ils étaient bien loin, le brûleur a explosé. Comme ça. J’ai tout de même des questions.
Comment se fait-il que les employés n’aient contacté personne après l’explosion? Ce sont les autorités qui ont dû chercher la source.
Pourquoi brûler des boîtes de carton? Recyclage, non? Bonne question.
Un brûleur proche d’un entreposage de dynamite? Bonne idée.
Finalement, j’ai vraiment hâte de voir les photos du cratère demain. Vous voyez à quel point l’esprit humain aime se raconter des peurs? C’est fou. En tout cas, j’aurai eu une bonne frousse.
Moi faut croire que je suis sourd car j'ai rien entendu ;p ... mais je dois dire que tu as beaucoup d'imagination :p ... ok, peut-être moins que la personne au téléphone :p
RépondreSupprimerTu n'as rien entendu? C'est parce que tu es moins proche qu'avant, c'est tout. Pourtant... tu es peut-être vraiment sourd finalement. J'imagine que tu n'entends pas les enfants la nuit non plus...
RépondreSupprimerSalut Émilie!
RépondreSupprimerJ'étais curieuse alors j'ai cliqué sur ton lien sur le GC. Et moi qui croyait que c'était vraiment QcFan qui avait implosé... ;) Ça me rassure! Tu écris très bien, je vais revenir!
LOL le commentaire sur QcFan.... il commence à prendre une ampleur inespérée lui ! ;)
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