mercredi 30 juin 2010

Mes cinq sens : L’ouïe


On ne peut jamais, dans une vie normale, cesser d’entendre. On ne peut fermer nos oreilles pour prendre une pause. On peut certainement mettre des bouchons, et même des coquilles par-dessus, mais il restera toujours notre cœur, notre respiration, le bruit de notre mâchoire lorsqu’on avale. Ce sens en est un protecteur, rassurant. Pourtant, c’est sans doute celui que j’aime le moins. Ne vous méprenez pas, je l’apprécie à sa juste valeur, à chaque seconde qu’il m’est donné de vivre. Pour moi, simplement, l’ouïe est un sens utilitaire.

Mon mari se scandaliserait sans aucun doute de mes propos, vu son oreille musicale et son besoin vital de musique, mais moi, non. Mes oreilles, je les apprécie. Elles sont jolies, petites et essentielles pour tenir mes lunettes. En plus, ces temps-ci elles aident mon fils à découvrir ce qu’est une oreille. Mes oreilles sont plutôt fonctionnaires et par le fait même, syndiquées. Elles ne font rien de plus que ce qui se trouve dans leur convention collective :

- Transmettre les informations sonores
- Oublier de transmettre certaines informations
- Focaliser sur les chiens qui aboient la nuit
- Amplifier les erreurs de langage impardonnables telles que les « si » avec les « rais » et les liaisons douteuses comme « gros-t’arbre »
- Ne pas comprendre du premier coup et demander à ma bouche de dire « pardon ? »
- Me faire me demander sans cesse si ma voix est aussi gossante qu’elle en a l’air sur enregistrement.

Il y a bien quelques sons qui me rendent heureuse mais rien de sérieux. L’ouïe ne me procure pas de plaisir en tant que tel. Mes oreilles (mon ouïe) se veulent rassurantes, de par leur constance. Je leur fais très attention, je les protège quand il faut et je les respecte. Je les respecte mais j’ai souvent l’impression qu’elles ne me respectent pas. Je comprends rarement du premier coup. Il fut une époque où je disais « hein ? » quand je n’avais pas bien entendu. Maintenant, c’est devenu tellement fréquent que j’ai troqué mon vulgaire « hein » pour « pardon ? ». Un jour, lorsque je serai prête à assumer l’éventualité d’une surdité partielle, peut-être irai-je consulter.

Je finirai ce billet par la citation populaire suivante, que tout le monde connaît : Qui dit sens utilitaire dit billet sans punch.

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