D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai pas un visage naturellement souriant. Je me rappelle toutes ces fois, de ma tendre enfance (pas si tendre non) à mon départ du nid familial, où ma mère a répété : Souris!
Disons-nous les vraies affaires : J’ai un sale air bête! Et il me suit partout! Notamment où les étrangers fourmillent, toutes classes sociales confondues. Les gens qui me connaissent ont appris à vivre avec (sauf ma mère). Je dirais même que ça fait partie de mon charme. Semblerait-il que je suis charismatique à mort. J’imagine que ça dépend des points de vue.
Hier, en allant faire l’épicerie, activité que j’adorais autrefois et que j’ai lentement mais sûrement appris à détester avec les années, j’ai constaté l’étendue de mon air bête. Les gens me contournaient ou regardaient par terre en me croisant dans les allées. À cette observation, j’ai ressenti une satisfaction intense. Je me suis sentie respectée. J’avais la paix!
Même si je laisse souvent une impression d’être très sociable (n’est-ce pas contradictoire?), c’est complètement faux. Je ne suis sociable qu’avec les gens qui m’intéressent. C’est une façon d’être très égoïste et snob (toujours selon ma mère, qui croit fermement que je suis la fondatrice de ce mouvement). En fait, mon air bête est une barrière de sécurité qui me protège de tout envahisseur éventuel. Comme la plupart des gens, j’ai une bulle. Elle est très grande. Souvent, la manière d’être et l’apparence physique de certaines personnes provoquent une réaction chimique violente avec la membrane de ma bulle et je deviens nauséeuse et impatiente. Et je sais de quoi je parle parce que j’ai beaucoup fréquenté ces endroits pendant la dernière année et demie.
Quand je suis dans un endroit public fréquenté par un peu tout le monde, comme un supermarché, un centre commercial ou parfois même un rassemblement festif, je deviens méprisante envers la majorité des gens. À l’épicerie par exemple, je regarde le contenu des paniers des gens et je les juge selon le contenu. Tellement que les rares fois où j’achète des couches jetables et des boissons gazeuses, j’ai honte.
Au centre commercial, j’ai malheureusement tendance à m’acharner sur les personnes avec un problème de poids. J’angoisse sur le fait que les jeunes filles obèses s’obstinent à vouloir suivre les tendances. Et je juge évidemment tous ceux qui engraissent leur problème de poids avec du Fast-food. Je n’épargne pas au passage tous ceux que j’entends parler qui ne disent que des absurdités avec un accès impossible ou dans un joual caricatural. Les jeunes hommes trop propres y passent aussi, surtout s’ils sont accompagnés d’une pitoune trop bronzée et qu’ils ont une voiture qui va TRÈS VITE! Sans oublier les femmes dans la cinquantaine qui sont convaincues qu’elles sont encore adolescentes. Quelle horreur!
Le pire de mon mépris survient généralement lorsqu’un quelconque employé de salaire minimum (ou pas loin) me regarde de haut parce que LUI, il sait de quoi il parle. Ce genre de situation pourrait hypothétiquement se présenter dans une boutique d’électronique si un employé du département des téléviseurs me faisait sentir comme une truite en hypothermie parce que lui, il SAIT la différence entre une télé série 6 et série 7. TU ES TOUJOURS BEN JUSTE UN VERRAT D’EMPLOYÉ DE CHEZ FUTURE SHOP!!!!!!!!!!!!!!!!!! Voyez-vous, je le juge.
Tout ça pour dire que malgré toutes mes bonnes intentions d’être une bonne personne, je ne réussis pas à atteindre mon but parce que je juge les gens d’une façon qui n’a pas son pareil. Jusqu’à un certain point, je déteste les inconnus qui se démarquent soit par leur allure ou leur comportement. Je vais même jusqu’à grimacer devant certaines personnes. Je suis un monstre… Mais je travaille là-dessus. Je songe à créer un mouvement d’aide. Je pourrais appeler ça les Méprisants Anonymes. On pourrait commencer nos témoignages par : « Bonsoir, je m’appelle Madame Chose et je suis méprisante. »
D’ici là, je vais essayer de faire mon bout de chemin toute seule!
Eh bien moi je deviens membre de ton mouvement d'aide si tu le crée LOL ! Je juge très rapidement et souvent mon premier jugement est le bon ! Mais c'est vrai que je me suis aussi parfois trompée en condamnant trop rapidement...
RépondreSupprimer