Ça y est. Demain marquera officiellement la fin d’une époque. Époque à la fois belle et difficile. Il y près d’un an et demi, je me retrouvais face à moi-même pour la première fois de ma vie. Je devais confronter ma peur phobique de la solitude et apprendre à devenir une personne complète. Je n’étais pas seule pourtant, à cette époque. J’étais fusionnelle avec ce qui deviendrait l’homme de ma vie.
Mon mari, mon chum, mon amour, fut l’homme de ma vie à une époque. Je suis toujours aussi, sinon davantage, amoureuse de lui, mais le titre d’homme de ma vie s’est transféré automatiquement, sans procédure aucune, du paternel vers la descendance. Ce nouvel être, si petit soit-il, a passé plus de temps, en une petite année, avec moi que quiconque sur cette terre.
Je lui ai appris à mettre ses mains sur sa terre, à applaudir, à faire la vache, à reconnaître sa belle petite « Totue ». J’ai essuyé ses larmes de frustration, de douleur, d’incompréhension. Il a aussi essuyé les miennes lorsque je ne comprenais plus ce qui se passait et que je me sentais dépassée et complètement vidée. J’ai passé des nuits entières sans dormir parce qu’il était fiévreux et que j’avais peur qu’il se déshydrate.
Cet homme, que j’aime tout simplement, pour qui je serais prête à TOUT, ira désormais chez une maman de remplacement à tous les jours. Nous n’aurons que les fins de semaine et les soirées (de 17 h à 19 h) pour s’aimer, mais je devrai partager avec le papa, qui est présentement l’heureux prestataire de ces plages horaires.
J’ai voulu cette réalité, parce que je veux vivre confortablement, mais à l’heure qu’il est, je souffre. Pourtant, tous mes proches, autant qu’ils soient, ne sont qu’heureux de mon nouveau, sans se préoccuper de ce qui me hante. Personne n’a daigné me demander si j’avais besoin d’aide, d’écoute ou de support pour affronter cet énorme changement. Je dois forcément être dans un état d’euphorie totale, puisque j’ai trouvé l’emploi tant convoité. Et celui que je voulais en plus.
N’est-ce pas l’apogée du bonheur? Lorsque je fais abstraction du fait qu’aujourd’hui était ma dernière journée avec mon fils. Lorsque j’oublie de penser qu’il ne pourra plus trouver en moi le réconfort et la sécurité que je m’étais pourtant juré de lui offrir, je suis au comble du bonheur. Mais dès que je vois la réalité telle qu’elle se présente, j’ai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps, ce que je fais d’ailleurs à l’instant.
Je pensais avoir souffert il y a de cela un mois, lorsque mon garçon m’a jetée comme un gobelet vide, qu’il a décidé qu’il était maintenant trop grand pour être allaité. J’ai eu très mal. Mais aujourd’hui, c’est encore pire. Mais je n’ai osé en parler à personne. Moi, femme volubile et extravertie, j’ai été incapable de partager ma peine, tant elle me fait mal et tant elle semble mal placée d’un point de vue social. Je suis née à la mauvaise époque.
Les jeux sont faits. Demain matin, je serai officiellement de retour sur le marché du travail. Je pourrai m’acheter des vêtements qui me font. Je pourrai recommencer à aller manger au restaurant. Je pourrai aussi recommencer à m’acheter des inutilités. C’est ça le bonheur, non?
Je ne devrais peut-être pas te le dire, mais les inutilités peuvent attendre.
RépondreSupprimerSi tu éprouves un besoin viscéral d'être auprès de ton fils, c'est peut-être la voie que tu devrais suivre.
Plusieurs le font de nos jours. Des mères, celle de mes enfants et même quelques pères.
Écoute-toi. Il est là ton bonheur.
Et si je te disais le contraire?
RépondreSupprimerEt si je te disais, vas-y! Tente le coup, tu verras. Si tu n’y arrives pas, tu auras essayé, non?
Tu n’abandonnes pas ton fils, tu fais un choix dont il bénéficiera lui aussi indirectement. L’amour d’une mère ne dépend pas de sa présence quotidienne, mais de l’amour transpiré lors de ces plus rares moments de réunion. Jamais il ne me serait venu de penser que ma mère m’abandonnait et j’ai rencontré mes amis actuels à peu près à cet âge. Mes seuls amis qui ne m’ont jamais laissé tomber me suivent depuis trente ans, qui sait qui il rencontrera?
Ma mère s’est saignée à blanc au travail pour m’offrir une vie meilleure et c’est un sacrifice que je me promets de faire à mon tour pour elle le temps venu. Crois-moi, il comprendra.
Il est normal que tu angoisses, que tu sois triste et ne t’attends pas que ça passe du jour au lendemain. Ce sera une douleur qui sera ravivée au moindre pleur, à la moindre crise, au moindre moment où sa petite voix te dira « je m’ennuie ».
Pour ce qui est des broutilles, des vêtements et autres choses qui te semblent actuellement superflus, laisse-moi te citer Voltaire : « Le superflu, chose très nécessaire ».
Je te l’ai déjà écrit, je le réécris encore : La vie n’est pas injuste, elle est. C’est bien suffisant.
Laisse-lui une chance.