mercredi 30 juin 2010

Mes cinq sens : L’ouïe


On ne peut jamais, dans une vie normale, cesser d’entendre. On ne peut fermer nos oreilles pour prendre une pause. On peut certainement mettre des bouchons, et même des coquilles par-dessus, mais il restera toujours notre cœur, notre respiration, le bruit de notre mâchoire lorsqu’on avale. Ce sens en est un protecteur, rassurant. Pourtant, c’est sans doute celui que j’aime le moins. Ne vous méprenez pas, je l’apprécie à sa juste valeur, à chaque seconde qu’il m’est donné de vivre. Pour moi, simplement, l’ouïe est un sens utilitaire.

Mon mari se scandaliserait sans aucun doute de mes propos, vu son oreille musicale et son besoin vital de musique, mais moi, non. Mes oreilles, je les apprécie. Elles sont jolies, petites et essentielles pour tenir mes lunettes. En plus, ces temps-ci elles aident mon fils à découvrir ce qu’est une oreille. Mes oreilles sont plutôt fonctionnaires et par le fait même, syndiquées. Elles ne font rien de plus que ce qui se trouve dans leur convention collective :

- Transmettre les informations sonores
- Oublier de transmettre certaines informations
- Focaliser sur les chiens qui aboient la nuit
- Amplifier les erreurs de langage impardonnables telles que les « si » avec les « rais » et les liaisons douteuses comme « gros-t’arbre »
- Ne pas comprendre du premier coup et demander à ma bouche de dire « pardon ? »
- Me faire me demander sans cesse si ma voix est aussi gossante qu’elle en a l’air sur enregistrement.

Il y a bien quelques sons qui me rendent heureuse mais rien de sérieux. L’ouïe ne me procure pas de plaisir en tant que tel. Mes oreilles (mon ouïe) se veulent rassurantes, de par leur constance. Je leur fais très attention, je les protège quand il faut et je les respecte. Je les respecte mais j’ai souvent l’impression qu’elles ne me respectent pas. Je comprends rarement du premier coup. Il fut une époque où je disais « hein ? » quand je n’avais pas bien entendu. Maintenant, c’est devenu tellement fréquent que j’ai troqué mon vulgaire « hein » pour « pardon ? ». Un jour, lorsque je serai prête à assumer l’éventualité d’une surdité partielle, peut-être irai-je consulter.

Je finirai ce billet par la citation populaire suivante, que tout le monde connaît : Qui dit sens utilitaire dit billet sans punch.

samedi 26 juin 2010

Conquérir le monde

Ils étaient là par centaines, voir par milliers. Je ne les voyais pas mais je sentais leur présence. Tous, autant qu’ils étaient, dégageaient, en plus de leur odeur nauséabonde et caractéristique, une aura de mal. Je jouais la comédie, feignais l’ignorance, jusqu’à ce que je les visse s’agiter alors qu’on attaquait sauvagement leur territoire. Cette attaque ne leur était pas directement destinée, c’était un autre peuple qui était visé, mais ils ont eu le malheur de poser leurs pénates au mauvais endroit, au mauvais moment.

Ils croyaient que je ne les avais pas vus. Ils avaient tort. Dans ma soif de pouvoir et de conquête du monde, je me suis empressée d’aller charger mes canons, prêts depuis longtemps déjà. Je me suis approchée, tout doucement. Ils ne m’entendaient sans doute pas. Ils ne me voyaient pas non plus. Sentant monter en moi l’excitation et la haine, j’ai déchargé sur eux le poison qui les emmèneraient vers une mort lente et douloureuse.

Ils ont bien tenté de s’enfuir mais c’était trop peu trop tard. Leur corps monstrueux était déjà couvert de la mort qui les empêchait de respirer. C’est par dizaines que je les ai regardés s’écrouler, sans pitié. La vue de leurs corps recroquevillés par la douleur n’a qu’alimenté ma soif de mort.

Je sais qu’ils sont encore trop nombreux à respirer cet air précieux à qui l’on doit la vie mais je me promets de poursuivre ma quête aussi longtemps que nécessaire pour assurer la supériorité de mon peuple.

dimanche 20 juin 2010

Mépris, sors de ce corps!

D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai pas un visage naturellement souriant. Je me rappelle toutes ces fois, de ma tendre enfance (pas si tendre non) à mon départ du nid familial, où ma mère a répété : Souris!

Disons-nous les vraies affaires : J’ai un sale air bête! Et il me suit partout! Notamment où les étrangers fourmillent, toutes classes sociales confondues. Les gens qui me connaissent ont appris à vivre avec (sauf ma mère). Je dirais même que ça fait partie de mon charme. Semblerait-il que je suis charismatique à mort. J’imagine que ça dépend des points de vue.

Hier, en allant faire l’épicerie, activité que j’adorais autrefois et que j’ai lentement mais sûrement appris à détester avec les années, j’ai constaté l’étendue de mon air bête. Les gens me contournaient ou regardaient par terre en me croisant dans les allées. À cette observation, j’ai ressenti une satisfaction intense. Je me suis sentie respectée. J’avais la paix!

Même si je laisse souvent une impression d’être très sociable (n’est-ce pas contradictoire?), c’est complètement faux. Je ne suis sociable qu’avec les gens qui m’intéressent. C’est une façon d’être très égoïste et snob (toujours selon ma mère, qui croit fermement que je suis la fondatrice de ce mouvement). En fait, mon air bête est une barrière de sécurité qui me protège de tout envahisseur éventuel. Comme la plupart des gens, j’ai une bulle. Elle est très grande. Souvent, la manière d’être et l’apparence physique de certaines personnes provoquent une réaction chimique violente avec la membrane de ma bulle et je deviens nauséeuse et impatiente. Et je sais de quoi je parle parce que j’ai beaucoup fréquenté ces endroits pendant la dernière année et demie.

Quand je suis dans un endroit public fréquenté par un peu tout le monde, comme un supermarché, un centre commercial ou parfois même un rassemblement festif, je deviens méprisante envers la majorité des gens. À l’épicerie par exemple, je regarde le contenu des paniers des gens et je les juge selon le contenu. Tellement que les rares fois où j’achète des couches jetables et des boissons gazeuses, j’ai honte.

Au centre commercial, j’ai malheureusement tendance à m’acharner sur les personnes avec un problème de poids. J’angoisse sur le fait que les jeunes filles obèses s’obstinent à vouloir suivre les tendances. Et je juge évidemment tous ceux qui engraissent leur problème de poids avec du Fast-food. Je n’épargne pas au passage tous ceux que j’entends parler qui ne disent que des absurdités avec un accès impossible ou dans un joual caricatural. Les jeunes hommes trop propres y passent aussi, surtout s’ils sont accompagnés d’une pitoune trop bronzée et qu’ils ont une voiture qui va TRÈS VITE! Sans oublier les femmes dans la cinquantaine qui sont convaincues qu’elles sont encore adolescentes. Quelle horreur!

Le pire de mon mépris survient généralement lorsqu’un quelconque employé de salaire minimum (ou pas loin) me regarde de haut parce que LUI, il sait de quoi il parle. Ce genre de situation pourrait hypothétiquement se présenter dans une boutique d’électronique si un employé du département des téléviseurs me faisait sentir comme une truite en hypothermie parce que lui, il SAIT la différence entre une télé série 6 et série 7. TU ES TOUJOURS BEN JUSTE UN VERRAT D’EMPLOYÉ DE CHEZ FUTURE SHOP!!!!!!!!!!!!!!!!!! Voyez-vous, je le juge.

Tout ça pour dire que malgré toutes mes bonnes intentions d’être une bonne personne, je ne réussis pas à atteindre mon but parce que je juge les gens d’une façon qui n’a pas son pareil. Jusqu’à un certain point, je déteste les inconnus qui se démarquent soit par leur allure ou leur comportement. Je vais même jusqu’à grimacer devant certaines personnes. Je suis un monstre… Mais je travaille là-dessus. Je songe à créer un mouvement d’aide. Je pourrais appeler ça les Méprisants Anonymes. On pourrait commencer nos témoignages par : « Bonsoir, je m’appelle Madame Chose et je suis méprisante. »

D’ici là, je vais essayer de faire mon bout de chemin toute seule!

vendredi 18 juin 2010

Étrange continuité

Une semaine. Je pensais que le temps passait vite alors que je profitais encore, sans savoir que la fin approchait, du bon temps en famille à passer mes après-midi à écrire et à jouer par terre. Cette semaine a passé comme un éclair. Je commence même à inclure des expressions telle que : « Au bureau… » dans mes conversation. Je jasais avec Marie-Josée, au bureau…

La capacité d’adaptation de l’être humain à son environnement ne cessera jamais de me fasciner. Quand j’allaitais, j’étais habituée de me lever à 1 h et à 4 h du matin pour allaiter. Et ça m’allait. Un de mes deux chats fait fréquemment des vocalises parfois très puissantes, et je suis habituée. J’ai recommencé à travailler après 1 an et demi d’absence et je suis déjà habituée. Seule l’habitude de penser à me faire un lunch reste manquante.

Mon fils quant à lui, ne semble même pas avoir remarqué un changement. Il est vrai que je travaille à temps partiel pour encore quelques semaines mais il n’y a vu que du feu.

Finalement, ce qui m’inquiétait tant s’est résorbé. Je vais en venir à considérer comme normal le fait de voir mon fils et mon chum les soirs et les fins de semaine. Tout le monde vit comme ça. Je ne suis ni pire, ni mieux que les autres.

Je pense bien avoir trouvé la niche idéale. J’ai bien hâte d’en avoir plein la tête pour penser à autre chose qu’à la maison. Je me rends compte que j’avais développé des petites habitudes qui sont plus difficiles à délaisser, comme me reposer l’après-midi, aller lire des blogues, visiter mes amies en pleine journée, courir le matin pendant que mon fils est à la garderie, faire l’épicerie le matin… Et mes soirées qui sont toujours bien remplies. Il faudra que j’essaie de trouver du temps pour tout ça, tout en me couchant à 10 h. Ouf!

En conclusion, je suis beaucoup moins triste que dans le billet précédent, et par le fait même beaucoup moins inspirée… mais je regrette quand même ce mode de vie que j’ai caressé pendant tout ce temps. J’ai envie de remercier mon ancien employeur pour m’avoir mise à pied, et je me suis fait un plaisir de refuser l’offre qu’il semblait vouloir me faire lundi dernier.

Vive ma nouvelle vie! Et merci à mon chum pour avoir enduré tout ça.

lundi 14 juin 2010

La fin d'une époque

Ça y est. Demain marquera officiellement la fin d’une époque. Époque à la fois belle et difficile. Il y près d’un an et demi, je me retrouvais face à moi-même pour la première fois de ma vie. Je devais confronter ma peur phobique de la solitude et apprendre à devenir une personne complète. Je n’étais pas seule pourtant, à cette époque. J’étais fusionnelle avec ce qui deviendrait l’homme de ma vie.

Mon mari, mon chum, mon amour, fut l’homme de ma vie à une époque. Je suis toujours aussi, sinon davantage, amoureuse de lui, mais le titre d’homme de ma vie s’est transféré automatiquement, sans procédure aucune, du paternel vers la descendance. Ce nouvel être, si petit soit-il, a passé plus de temps, en une petite année, avec moi que quiconque sur cette terre.

Je lui ai appris à mettre ses mains sur sa terre, à applaudir, à faire la vache, à reconnaître sa belle petite « Totue ». J’ai essuyé ses larmes de frustration, de douleur, d’incompréhension. Il a aussi essuyé les miennes lorsque je ne comprenais plus ce qui se passait et que je me sentais dépassée et complètement vidée. J’ai passé des nuits entières sans dormir parce qu’il était fiévreux et que j’avais peur qu’il se déshydrate.

Cet homme, que j’aime tout simplement, pour qui je serais prête à TOUT, ira désormais chez une maman de remplacement à tous les jours. Nous n’aurons que les fins de semaine et les soirées (de 17 h à 19 h) pour s’aimer, mais je devrai partager avec le papa, qui est présentement l’heureux prestataire de ces plages horaires.

J’ai voulu cette réalité, parce que je veux vivre confortablement, mais à l’heure qu’il est, je souffre. Pourtant, tous mes proches, autant qu’ils soient, ne sont qu’heureux de mon nouveau, sans se préoccuper de ce qui me hante. Personne n’a daigné me demander si j’avais besoin d’aide, d’écoute ou de support pour affronter cet énorme changement. Je dois forcément être dans un état d’euphorie totale, puisque j’ai trouvé l’emploi tant convoité. Et celui que je voulais en plus.

N’est-ce pas l’apogée du bonheur? Lorsque je fais abstraction du fait qu’aujourd’hui était ma dernière journée avec mon fils. Lorsque j’oublie de penser qu’il ne pourra plus trouver en moi le réconfort et la sécurité que je m’étais pourtant juré de lui offrir, je suis au comble du bonheur. Mais dès que je vois la réalité telle qu’elle se présente, j’ai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps, ce que je fais d’ailleurs à l’instant.

Je pensais avoir souffert il y a de cela un mois, lorsque mon garçon m’a jetée comme un gobelet vide, qu’il a décidé qu’il était maintenant trop grand pour être allaité. J’ai eu très mal. Mais aujourd’hui, c’est encore pire. Mais je n’ai osé en parler à personne. Moi, femme volubile et extravertie, j’ai été incapable de partager ma peine, tant elle me fait mal et tant elle semble mal placée d’un point de vue social. Je suis née à la mauvaise époque.

Les jeux sont faits. Demain matin, je serai officiellement de retour sur le marché du travail. Je pourrai m’acheter des vêtements qui me font. Je pourrai recommencer à aller manger au restaurant. Je pourrai aussi recommencer à m’acheter des inutilités. C’est ça le bonheur, non?

dimanche 13 juin 2010

Ce roman que je n’écrirai jamais

Je suis jalouse. Récemment, suite à un billet que j’ai lu, qui parlait d’écriture, j’ai dû faire face à la dure réalité. Je m’octroi un talent que je n’ai pas. J’aimerais écrire, mais j’en suis incapable. Je ne suis capable de rien d’autre que d’anecdotes insignifiantes écrite en langage populaire. L’auteur de ce billet est la source de cette jalousie. Il a une plume à faire rêver, et ce même dans ce passage à vide qu’il clame haut et fort. Et moi, au fort de mon inspiration, je ne lui arrive pas au petit orteil.

Comment pourrait-il en être autrement, puisque mes lectures vont dans le même sens. J’ai toujours adoré lire. Je dévore des romans telle la lionne et ses lionceaux se délectent d’un gnou. Pourtant, ces romans ne sont que futilité. Ils n’apportent que le divertissement et ne laissent sur leur passage que de la rêvasserie inutile. J’ai bien tenté, dans des élans d’enthousiasme, de me régaler à lecture des Hugo, Vernes ou encore Voltaire, mais rien n’y fait. Il suffit de quelques chapitres pour que je lise sans lire. Idem pour le théâtre, que j’ai littéralement en horreur.

J’ai bien un penchant pour la poésie mais je ne saurais me nourrir que de celle-ci. Je me plais à trouver les sens cachés dont on ne connaîtra jamais vraiment la véracité et le côté absurde de certains poèmes, mais je suis incapable de produire quoi que ce soit qui sache se faire lire. Mon malheur ne semble jamais assez profond pour alimenter ne serait-ce qu’un sonnet. Comble de malheur, dès que je m’y mets, j’exige de moi-même des Alexandrins, ce qui rend la tâche trop ardue pour qu’elle en vaille le coup. Résultat : Nul.

Un rêve que je caresse depuis longtemps déjà, celui de produire un livre, quel qu’il soit, s’est essoufflé à la lecture dudit billet. Je ne possède pas le talent pour le réaliser. Je serais bien apte à écrire un peu n’importe quoi mais la qualité n’y serait pas, et que dire des éditeurs. Du même coup, je n’ai pas envie d’écrire de la « merde », notre époque est déjà bien servie de ce côté. Je n’ai pas non plus l’imagination requise pour écrire de la pure fiction ni la qualité d’écriture pour faire rêver. Et les ouvrages « d’autopsychanalyse », très peu pour moi!

Finalement, que me reste-t-il? La question vaut la peine qu’on s’y attarde. Peut-être que, grâce à mon nouveau travail, je trouverai l’inspiration. Entre vous et moi, quelle inspiration peut se cacher dans une « shop » de fabrication industrielle? Je verrai. En attendant, je retourne nourrir cette dépendance télévisuelle qui m’emprisonne.

vendredi 11 juin 2010

J’ai envie de toi, Sommeil

Il fut une époque, il y a bien 13 ans, où le sommeil était pour moi un pur calvaire. Vêtue de ma difficile adolescence, je prenais des heures pour trouver un sommeil troublé duquel je sortais toutes les heures, croyant dur comme fer que le matin était venu. Je me levais, m’habillais et montais à la cuisine, pour me rendre compte qu’il était 2 h, 3 h ou 4 h du matin. Je regardais l’heure pourtant, mais j’étais réellement perturbée.

Même avant, lorsque je n’avais que 5 ou 6 ans, je ne dormais pas. Je me souviens des dizaines, voir des centaines de fois où mon père est rentré du travail en pleine nuit et où j’écoutais leur conversation. Les années et de nombreuses heures de travail acharné sur ma personne m’ont enfin permis d’apprendre à dormir paisiblement.

J’ai bien eu quelques périodes d’insomnie depuis, mais ce fut toujours temporaire et rarement plus de deux nuits d’affilée (sauf en fin de grossesse, ouf, pas facile de dormir avec une brouette pleine). Je ne sais pas ce qui se passe mais je suis de retour à la case départ depuis bientôt 1 mois. Quelle horreur! Je me couche tôt parce qu’épuisée et passe des heures à me retourner dans tous les sens. Si j’ai le malheur de me réveiller pendant la nuit, j’en ai rarement pour moins d’une heure avant de retomber, quand je retombe. Les nuits où je m’endors vers minuit et où je me réveille bien avant 4 h sont intraitables avec ma patience, le jour venu.

Hier, suite à une très bonne nouvelle, celle de mon retour imminent dans la réalité des années 2000, je croyais bien dormir tranquille, le cœur et l’esprit léger… Je me suis couchée tôt, disons 22 h 30, pour me donner une chance. Vers 23 h, lorsque je commençais à peine à être somnolente, et que je sentais le cours de mes pensées devenir chaotique (présage d’un sommeil imminent), mon esprit a décidé de s’attarder sur un son que j’avais jusque là choisi d’ignorer. C’est alors que le son s’est précisé petit à petit pour devenir une réelle nuisance à mon bien-être. Je n’ai rien contre les chiens, mais je ne les aime pas. Surtout lorsqu’ils s’époumonent 3 rues plus loin à une heure très peu convenable.

Je me suis levée, calmement, pour éviter de me réveiller complètement et j’ai fermé la fenêtre. Une fois recouchée et retrempée dans mon processus d’atteinte du repos, il y eut comme un bruit de patte de chat qui frotte sur une porte coulissante de garde-robe. Je me suis dit qu’il allait bien finir par arrêter. Hélas, il était coincé à l’intérieur dudit garde-robe, ce qui rendait peu probable l’arrêt des procédures. C’est ma tendre moitié, entre deux ronflements, qui s’est levé pour le sortir de son impasse, mais il était déjà trop tard.

Je suis alors entrée dans une phase d’éveil agité intense avec une chanson horrible dans la tête. Le début de la chanson d’ouverture de l’émission pour enfant « Wow! Wow! Wubbzy! ».

Pendant au moins une heure, j’ai chanté dans ma tête « Wubbzy vit dans un arbre il aime jouer, jouer! Sa queue en tire-bouchon ça le fait rigoler! Wow! Wow! Wubbzy! Wubbzy, Wubbzy, Wow! Wow! » Un vrai cauchemar. J’aime bien l’émission, une des seules pour enfants que je connais où il n’y a pas de méchant. Juste un gentil kangoureuil qui vit a Woup-la-ville et qui aime jouer au ballon tap tap avec ses amis Wootie (la bricoleuse) et Walter (l’intellectuel).

Pour me l’enlever de la tête, je me suis dit qu’il serait bien d’en chanter une autre. La première qui m’est venue à l’esprit était une autre chanson thème d’émission pour enfants, Chiro. Une émission asiatique, chinoise je crois, avec des poussins très carrés dont un qui s’appelle Chiro. « La chan-son de Chi-ro c’est piou-piou-piou » dans un français aux sonorités beaucoup trop chinoises qui tape sur les nerfs à la première écoute. Il était déjà trop tard. Je la chante d’ailleurs depuis ce temps.

Les raisons possibles de cette soudaine insomnie sont nombreuses. De ma dépendance pour les téléséries d’action à l’écriture de mes billets pour mes blogues, en passant par l’angoisse de l’inconnu, il se peut que j’aie développé un besoin de m’occuper l’esprit, qui m’empêche de m’endormir le soir. Je devrai donc, dans les semaines à venir, me pencher sur le problème et qui sait, m’acheter un mignon petit carnet (sans spirale, mon chat les mange pendant la nuit, quel calvaire) dans lequel je pourrai écrire les idées que j’ai plutôt que les répéter dans ma tête incessamment afin les mémoriser.

Merci à vous cher(s) lecteur(s)!

mercredi 9 juin 2010

Ce n’est qu’une question de perception

Je viens de lire un texte qui m’a fait réfléchir. Du coup, j’ai réalisé que j’avais plus d’impact sur les autres que je ne l’aurais cru. Ce texte, qui traitait de l’injustice m’a fait réaliser par la bande que je laisse aux autres une impression de tristesse, ce qui est complètement faux!

J’ai tendance, dans des moments d’égoïsme aigus, à trouver que la vie est injuste envers moi. Pourtant, à la lecture de ce texte, j’ai découvert qu’il n’en est rien. Non, la vie n’est pas injuste. La vie est la vie. De toute façon, qu’est-ce que l’injustice? Se faire emprisonner lorsqu’on est innocent? Avoir un cadeau de Noël de 128$ quand notre frère en a un de 145$ (je ne sais pas, je suis enfant unique, je suppose simplement)? Être quelconque? Avoir des parents qui ne nous désiraient pas? N’avoir pas droit à de l’assurance-emploi et de pas se trouver d’emploi?

Tout est relatif en fait. Des faits que j’ai cités plus haut, seul le premier me semble réellement injuste. Pour le reste, tout n’est qu’une question de perception. De toute façon, dans la vie, tout n’est réellement qu’une question de perception. L’amour, la beauté, la laideur, la lâcheté, la richesse, la haine. Se pourrait-il que, dans mes élans de déception et de frustration, j’aie mis mes émotions incontrôlables sur le compte de l’injustice? Peut-être. Je m’en excuse.

En fait, là où je veux en venir, c’est que malgré le ton parfois triste et lourd de mes textes, je suis heureuse. Non, je ne suis pas triste. Non, je ne me sens pas persécutée par la vie. C’est simplement que certaines épreuves plus difficiles me font parfois perdre ma rigueur. J’avoue m’être laissée découragée suite à mes cinq échecs consécutifs d’emploi.

J’ai quitté mon poste de gardienne, j’ai laissé tomber mes défenses l’espace de quelques jours. Mais ce n’est que passager. C’est de la fausse injustice. S’ils ne me veulent pas dans leur entreprise, c’est qu’ils ne me méritent pas. Je suis une personne spéciale (dans les deux sens du terme). Je ne suis pas à la portée de tous. Je suis comme un chat, je ne supporte pas d’être immobile dans un très petit espace. J’ai besoin d’un minimum de liberté pour régner sur mon territoire. De deux choses l’une. Soit je suis vraiment une incompétente dont personne ne veut, ou je n’ai tout simplement pas encore trouvé ma niche.

Et dès que je pense aux réelles injustices dans le monde, dans mon monde disons, je me sens superficielle. Je me plains d’une situation qui m’a permis de vivre les premiers pas de mon fils, de développer une amitié sincère et gratuite avec une personne extraordinaire, d’apprendre à vivre avec moi-même, seule et dans le silence (chose que je n’avais jamais été apte à faire), de découvrir de merveilleux monde des blogues, d’apprendre à vivre avec moins, de penser à autre chose qu’à mon simple bien-être.

Cette situation, que j’ai qualifiée d’injuste, finalement, n’est qu’une étape essentielle de ma vie, qui me permet de devenir encore meilleure. Merci, cher blogueur, de m’avoir fait prendre conscience de ce fait. Ton texte sur l’injustice m’a secouée parce que je m’y retrouvais.

Tu as eu raison, ta nouvelle était réellement meilleure que l’autre, à mon avis, mais ce n’était pas de l’injustice. Après tout, tout n’est qu’une question de perception?

Gros cave cherche grosse conne

Grosse journée aujourd’hui. Après une courte nuit (par ma faute, j’ai pris 2 heures pour m’endormir), un levé chaotique (j’avais encore oublié d’assembler les couches et j’en avais besoin pour la garderie), un déjeuner pris à grande vitesse (essayez donc de manger une rôtie au beurre d’amande rapidement, ça colle dans la gorge) et un départ en trombe vers la garderie et vers le bureau de mon chum, je devais me faire une beauté parce que je rencontrais des gens pour un éventuel travail.

Immédiatement après ladite rencontre, je suis allée rejoindre un très bon ami, question de prendre des nouvelles et de garder contact. Il avait choisi le resto, ce qui est très rare (il m’impose normalement cette lourde tâche), un resto asiatique, vietnamien je crois. Je suis donc descendue sur la Racine (la « Main ») et me suis stationnée au premier emplacement disponible (limité à 90 minutes). Je ne peux jamais m’empêcher de me demander si je vais me retrouver avec une contravention à mon retour.

Comme je suis un peu « étourdie » et que je n’ai aucun, mais alors là aucun sens de l’orientation, je suis partie dans la mauvaise direction. Heureusement, j’ai rencontré mon ami et lui ai fait croire que j’allais le rejoindre… Nous nous sommes dirigés ensemble vers le resto et avons laissé soin à la serveuse de nous pointer du bras (entre deux balancements de queue de cheval) la table qu’elle nous offrait. En voyant la minuscule table pour deux à côté d’une autre table tout aussi minuscule mais occupée par deux hommes fin trentaine ou plus (selon l’état de conservation), j’ai grimacé (car ma bulle englobait facilement les deux tables) mais je me suis conduite en gente dame et j’ai avalé mes préjugés. Je n’aurais pas dû car ça a gâché mon dîner.

Une fois bien installée, j’ai tenté d’entreprendre une conversation, question de m’informer sur le travail, la vie, les enfants. Sitôt cette démarche entreprise, les deux hommes d’à côté, et tout spécialement le plus gros des deux, se sont mis à parler. Hurler plutôt. Ils avaient dû faire une pose lors de notre arrivée. Ils parlaient fort, mais fort, il était impossible de se parler. J’aurais bien voulu jaser de choses plus privées avec mon ami, mais j’aurais dû hurler moi aussi, et j’ai préféré me garder une petite gêne. Des plans pour qu’ils se taisent d’un coup et que je hurle une absurdité que tout le monde aurait entendue.

Comme si ce n’était pas déjà suffisamment désagréable, une femme qu’ils semblaient connaître est entrée dans le restaurant. Elle est donc venue les embrasser à leur table en parlant tout aussi fort qu’eux. Le problème est que j’ai eu son fessier à 6 pouces de mon assiette et beaucoup trop proche de ma tête pendant tout le reste de mon repas. Et que dire du volume. Homme veut prouver à femme qu’il est chef!

Les vieux ont tendance à dire que nous, les jeunes, n’avons pas de manières. Ce que je constate avec les années c’est que, la pire génération de mal élevés (pas tous!) est constitués de gens plus vieux que moi (35 et plus) et plus jeunes (25 et moins). Un gros colon qui parle fort et une femme qui trouve acceptable de mettre ses fesses dans mon assiette. Et je n’ai rien dit. Nous sommes trop polis en plus.

À notre sortie, j’ai dit à mon ami que je trouvais dommage qu’on n’ait pas pu se parler plus. C’est là qu’il m’a demandé si j’avais entendu les propos du gros cave. Non, j’essaie de me mêler de mes affaires, ai-je répondu. Et c’est là qu’il m’a raconté l’anecdote. Avant que la femme ne vienne les voir, le petit a montré la photo d’une femme à son comparse, photo qui devait venir d’une agence de rencontre. Le gros s’est alors exclamé, très fort (je me demande encore comment j’ai pu ne pas entendre) : « Wow! Ça ça doit sucer en tabarnak! »

Wow. Je ne sais pas quoi dire. Dans un restaurant sur l’heure de pointe, il lâche une insanité pareille. Dieu merci, je ne l’ai pas entendu de vive voix, je n’aurais pas pu garder ça pour moi. Je ne sais pas ce que j’aurais dit mais j’aurais trouvé quelque chose.

Heureusement que mon « entrevue » s’était bien déroulée parce que je serais sans doute sortie de ce dîner en pleurant. C’est plutôt en me disant que j’étais chanceuse d’être une personne respectable que j’ai laissé mon ami. La prochaine fois, je trouverai un endroit plus calme!

mardi 8 juin 2010

Le cerveau en bataille

Physiquement, je suis très normale. Il me semble avoir, dans un billet précédent, avoir même utilisé le terme quelconque. Je suis en effet très quelconque. Je mesure un standard 5 pi 7 et je pèse environ 125 lb, ce qui fait que je porte du « Small », la grandeur qui n’est jamais disponible lorsqu’il y a des soldes. Je chausse des 8, même problème. J’ai les cheveux châtains quelconques et les yeux vert bizarre. D’un coup d’œil rapide, j’ai les yeux et les cheveux de la même couleur. Hmmm.

J’ai un visage tout aussi quelconque. Rien de trop gros, rien de trop petit (sauf peut-être les yeux). J’ai de belles dents droites. Je ne suis pas du tout excentrique. Bref, une personne qu’on ne remarque pas tant que je ne parle pas. Et encore!D’ailleurs, bien des gens à qui j’ai déjà parlé pour des raisons ennuyantes ne se souviennent même pas de moi la semaine suivante. Sinon le jour même...

Malgré tout ce quelconquisme, je me trouve bizarre. Oui, je suis bizarre. J’ai des comportements étranges (rien de dangereux). Dans la vie de tous les jours, je fais des choses simples d’une façon inutilement insolite. Voici quelques exemples.

Lorsque j’étends mes sous-vêtements sur mon support dans le sous-sol, je les trie par modèle. Même chose pour les boxeurs de mon chum. Pour ce qui est des chandails de mon fils, je les étends selon le moment de l’achat. Les chandails qui viennent de la même séance de magasinage peuvent aller sur la même « branche ».

Quand je conduis en ville (et que je perds mon temps à attendre sur les intersections), j’essaie autant que faire se peut de faire des mots (ou de trouver des noms connus) à partir des lettres des plaques d’immatriculation. Quand je ne réussis pas, je me sens incomplète. Par exemple, RBK pourrait être Reebok. WZR pourrait être Weezer. Dans un autre ordre d’idée, quand je vois deux mots, par exemple Weezer et Reebok, je ne peux m’empêcher de remarquer la chimie qu’il y a entre les deux. Je fais la même chose avec les numéros de téléphone. Je trouve des liens, des suites, des équations. Utile. Très utile.

Autre chose qui me dérangeait, dans la saison de hockey 2008-2009, c’était qu’il y avait plusieurs joueurs des Canadiens dont le nom de famille commençait par Ko. Komisarek, Kostitsyn (les deux), Kovalev, Kostopoulos, Koivu. Tannant. J’ai aussi toujours accroché sur le fait que les deux premières lettres des prénoms de mon père et de ma mère sont en fait leurs initiales. Si je portais le nom de famille de mon mari, ça marcherait pour moi aussi.

Il y a un phénomène plutôt étrange qui se produit trop souvent dans ma vie. Ça me fait un peu peur. Des fois, quand je suis dans un endroit public quelconque, disons le centre commercial ou le supermarché, il m’arrive de voir quelqu’un qui me rappelle vraiment quelqu’un que je connais. Souvent, beaucoup trop souvent, je me retourne, ou encore je marche quelques minutes et je me retrouve face à face avec la vraie personne. Traumatisant.

Il y a plein d’autres phénomènes comme ça qui occupent mes journées mais rien d’autre ne me vient pour l’instant. Qui sait, ce sera peut-être à suivre…

jeudi 3 juin 2010

Et si j'avais choisi d'être belle?

Je ne suis pas une de ces filles qui fait tourner la tête sur son passage. Je ne suis pas non plus de celles qui lèvent le cœur de par leur laideur. Je suis extrêmement quelconque en fait.

Cette semaine, j’étais chez une amie à moi et elle m’a soudainement montré, sans me prévenir de son geste, une photo d’une connaissance de Cégep et d’Université, en bikini, talons hauts et tout le tralala des concours de beauté. Ça m’a un peu saisie. Je ne sais toujours pas comment qualifier ma réaction. Jalousie? Dégoût? Mépris? Incompréhension? Pitié?

J’ai essayé de revenir quelques années en arrière et de me rappeler qu’est-ce qui a fait de moi la personne que je suis. Tant qu’à y être, pourquoi pas y aller d’un « oui mais si ».

Si, à l’Université, plutôt que de boire de la bière et d’écouter le hockey avec mon chum et mes amis, j’avais travaillé comme une folle pour amasser mon argent et me faire refaire les seins?

Si, plutôt que m’entraîner 3 ou 4 fois par semaine et manger du dessert trop souvent pour rien, j’avais choisi de m’entraîner encore plus et de manger moins? Je l’aurais ce 6-pack d’abdos qui fait tant rêver. Par le fait même, je n’aurais pas fait d’enfant, et surtout pas une énormité comme le garçon que j’ai mis au monde. Ça ruine un ventre je vous le jure!

Si j’avais choisi, plutôt que de me faire tatouer encore et encore, de me faire épiler au laser? Pourquoi pas un blanchiment de dents tant qu’à y être?

Si, au lieu d’avoir une peur bleue du soleil (en raison des cancers de peau de ma mère), je me faisais bronzer jusqu’à avoir l’air sale?

Si j’avais choisi, plutôt que fonder une famille avec l’homme que j’aime, de mettre toutes mes énergies sur mon apparence en me disant qu’il me fallait toute cette attention? L’idée de ne pas avoir mon fils me donne des nausées.

Si j’avais fait tout ça, je n’aurais pas de plus longues jambes et mes yeux seraient tout aussi petits, ça c’est certain, mais je dois avouer que je serais plus canon que je ne le suis maintenant. Peut-être que tous les hommes se retourneraient sur mon passage. Les autres femmes m’envieraient peut-être ce ventre plat (comme je le fais trop souvent).

Pourtant, j’ai beau chercher, dans ma vie actuelle, ce qui me manque pour être heureuse mais je ne trouve pas (sauf peut-être un emploi valorisant).

Moi, jalouse d’elle? Non. En fait, je suis jalouse (pas tant que ça) du résultat (sans le bronzage), mais pas de tous les sacrifices qui viennent avec.

Dégoûtée? On dirait que je n’ai pas vraiment de respect pour ce type de mode de vie. Pourtant, c’est quand même honorable. Tous ces efforts!

Incompréhension? En effet. Je ne comprends toujours pas.

Pitié? Sans aucun doute. Pendant une période de ma vie, j’ai tant voulu l’attention de la gent masculine, je voulais qu’ils me désirent, tous. Jamais je ne retomberais là-dedans. Le bonheur, la confiance et la paix intérieure ne valent pas un corps de rêve et de la fausse attention intéressée. Je ne voudrais pas être ce genre de bibelot pour un homme.

Finalement, j’écris tout ça, et dès que je bouge un tout petit peu, je sens un élancement aigu dans mes cuisses, qui me rappelle que j’ai repris le jogging cette semaine. Pourquoi déjà? Pour être en santé ou encore dans l’espoir de remettre tous ces vêtements qui m’allaient si bien avant de tomber enceinte? Tant de mots pour me justifier, et un tout petit paragraphe qui me trahit…

mardi 1 juin 2010

Être positif tue

Ma mère me dit constamment, à toutes les sauces : Sois positive. À première vue, on voudrait tous suivre le maître en se disant, être positif c’est toujours payant! FAUX!!! Je vous jure, à chaque fois que j’ai un défi à relever, une « épreuve » à traverser, je commence toujours ma réflexion en me disant que c’est fois, c’est certain, je vais rester positive et tout ira bien. Mais le vent tourne toujours.

La semaine dernière, vendredi pour être plus précis, j’ai eu un appel surprenant. Un bon ami qui m’appelait pour dire qu’il s’ennuyait et qu’il faudrait bien « faire quelque chose à un moment donné » (comprendre : se faire un souper). Déconnectée que je suis, je n’ai même pas trouvé bizarre qu’il m’appelle en plein vendredi sur les heures d’affaires pour me parler à moi plutôt qu’à mon homme.

Quand j’ai perdu mon emploi, en janvier 2009, j’ai jugé, pendant plusieurs mois, tous ces gens qui arpentaient les centres commerciaux (sans bébé ni l’âge de la retraire) toute la journée. Qu’ils travaillent, me disais-je intérieurement! Une personne NORMALE travaille forcément du lundi au vendredi de 8 h à 17 h. Maintenant, près d’un an et demi plus tard, je ne sais jamais l’heure qu’il est ni quel jour on est. Autre temps, autres mœurs.

Toujours est-il que j’ai fini par dire à l’ami en question qu’il serait mieux de régler la date avec mon chum parce que moi je n’ai aucune contre-indication, vu que je ne travaille pas. Et c’est là qu’il m’a dit : Tu n’as pas trouvé de job? Parfait, je te passe mon boss! Je n’ai même pas eu le temps de prendre une respiration que j’étais en ligne avec ce dernier. Il m’a posé quelques questions pour finalement me planifier une entrevue pour le mardi matin suivant. Nous sommes mardi après-midi.

Entre vendredi et aujourd’hui, le sommeil a légèrement fait défaut. Pas seulement à cause de l’entrevue en question mais en raison d’une foule d’événements, dont la présence d’un petit garçon dans ma vie. Pourtant, malgré cette « angoisse », j’avais réussi à maintenir mon niveau de positivisme à un niveau plus qu’acceptable. J’ai fait l’entrevue. J’ai été tout à fait moi-même. Je me suis dit qu’en jouant la carte de l’honnêteté, personne n’aurait de mauvaise surprise. Je me suis également dit que ce n’était pas grave que je ne décroche pas cet emploi parce qu’au fond, je ne les avais même pas approchés!

Dans les faits, il n’en est rien. Je le voulais ce poste. Vraiment. J’ai donné tout ce que j’avais dans cette entrevue mais je sais, grâce au langage corporel de celui qui a mené l’entrevue, qu’il ne m’a pas senti apte à occuper ce poste. Il a douté de mes capacités. J’aurai des nouvelles d’ici la fin de la semaine, officiellement. Mais je suis certaine que je ne serai pas retenue. Je suis négative, non? En effet. Mais contrairement à ma mère, je ne pense pas qu’être négatif soit mauvais. En fait, je pense que cette négativité est en fait une manière pour moi de me protéger.

Si j’avais quitté paisiblement l’entreprise ce matin en me disant que c’était dans la poche et que ce n’était qu’une question de temps, en appelant tous mes proches pour leur dire que « je torche » en entrevue, ça aurait été très positif. J’aurais démontré une belle confiance en moi. « Watch Out » la dépression lors de l’annonce du pas d’embauche! C’est justement ça le problème avec ce positivisme que tous prônent sans retenue. Il fait prendre des solides débarques aux gens.

J’ai ramassé une de mes amies récemment qui étaient certaine d’avoir un emploi alors que c’est une de ses copines qui l’a eu. Pas facile. On se croit bien fort jusqu’à ce que tout nous foire dans la figure. C’est précisément pour cette raison qu’il faut être très réaliste à tendance défaitiste. De cette façon, même quand on a une confiance inébranlable en nos capacités, il est mieux de s’autodétruire que de se louanger. Si j’apprends que je suis embauchée, je serai comme une enfant à Noël.

La morale de cette histoire? Y a-t-il une morale. Attendez que j’y pense. Oui, il y a une morale. Lorsqu’on est sans emploi depuis longtemps, qu’on en est à notre cinquième entrevue et que tout le monde nous aime, mais pas assez pour nous engager, notre estime est fragile en siffleux. Fin de l’histoire.