dimanche 14 août 2011

Too much information

C’était il y a environ deux mois, mi-juin je dirais, période intense de déménagements, et les deux maisons d’en face étaient à vendre. Comme vous le savez déjà, les voisins de biais sont LES Chinois, puisque je leur ai déjà dédié un billet « Les Chinois passent la tondeuse ».

Pour ce qui est des autres nouveaux voisins, ceux directement en face, j’ai eu droit à tout le processus d’achat puisque j’étais à la maison à toutes leurs visites (visites, inspections, rénovations). À chaque fois qu’ils sont arrivés, je me suis dit la même chose : « On dirait des Arabes ». Bon, le terme est péjoratif (encore) et tellement mal utilisé, mais on comprend tous ce que ça signifie. Les deux, ainsi que leur petite fille avaient le teint relativement foncé et les cheveux très foncés et frisés. Mais on s’entendra pour dire qu’à Chicoutimi, dans un quartier résidentiel très ordinaire, les chances d’avoir des voisins chinois et arabes sont minces, voir nulles. Je répète, ici, la population est blanche et francophone, à un pourcentage surprenant. Je pourrais aussi ajouter colonne et inculte, mais c’est une autre histoire, et c’est difficile à déceler au premier coup d’œil.

Toujours est-il que les voisins en question ont finalement emménagé, et qu’ils sont officiellement mes voisins et que je doute fort qu’ils soient arabes, à moins que les papas (grands-papas) arabes aient un Harley (tout comme leur femme d’ailleurs) et qu’ils aient une supra raie de plombier quand ils refont la toiture. J’ai donc relégué les voisins d’en face à « les voisins d’en face qui ont un petit air arabe, sans plus ».

Pendant les vacances, nous nous sommes rendu compte qu’une des deux voitures desdits voisins était « disparue » et que la femme semblait seule, l’homme et le bébé s’étant volatilisés en même temps que la voiture. Je ne suis pas aussi curieuse que cela, d’habitude, mais cela, combiné à l’air déprimé de la voisine d’en face, m’a un peu affligée. Nous nous faisions toutes sortes de scénarios depuis la constatation de la disparition jusqu’à ce que, environ trois semaines plus tard,soit hier, la voiture, le voisin et le bébé réapparaissent.

Soudainement, mon chum a dit : « Et si le gars était vraiment arabe et qu’il était allé voir sa famille avec sa fille, et que la femme était restée à cause de sa garderie? » À l’instant précis où je répondais : « On ne le saura jamais », mon cerveau s’est mis à fonctionner vite vite vite et je me suis élancée sur l’ordinateur.

Deux minutes plus tard, je m’exclamais : « Je le savais qu’il était arabe », après avoir trouvé son nom à partir de son adresse sur le site des pages jaunes et, après avoir dit : « Comment ça se fait qu’il n’est pas prof à l’UQAC s’il est arabe? », parce qu’après un bac en génie, je sais qu’ils y sont tous (au département de génie, d’ailleurs) et qu’il n’est pas assez bien habillé le matin pour être prof à l’université, je tapais son nom bizarre dans Facebook pour découvrir qu’il a des amis de Chicoutimi (donc que c’est bien lui) et pour ensuite découvrir, grâce à LinkedIn, qu’il fait une maîtrise en génie électrique à l’UQAC.

Est-ce que vous réalisez, outre le fait que j’ai eu beaucoup raison, juste que je n’avais pas considéré qu’un Arabe pouvait être avec une Saguenéenne, à quel point j’en sais trop? Je me sens d’ailleurs très sale d’avoir trouvé tout ça. Je suis vraiment une voisine abominable. Je fouine dans la vie de mes voisins. Je pense à ça, je devrais peut-être aller voir ce que font les Chinois?

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