lundi 8 août 2011

Nous avons créé un monstre

Si un jour on m’avait dit qu’il était préférable d’utiliser la locution « trop petit pour… » plutôt que « trop gros pour… », j’aurais fait tout ce qui est en mon pouvoir pour le mettre en pratique. J’ai une vilaine manie de « dénigrer », sans le vouloir, ce qui est gros. Voyez, je suis encore péjorative. Je ne sais pas vraiment quel terme utiliser pour que ça sonne bien. J’aime bien « oversized », mais encore là, c’est relativement péjoratif. Tous les termes qui désignent un débordement, une surcapacité, une lourdeur excessive sont obligatoirement méchants.

Je ne suis pas volontairement odieuse, je vis simplement dans la même société que vous tous. Depuis que j’ai un enfant, j’utilise beaucoup de superlatifs et de mots d’exagération tels que : énorme, minuscule, gigantesque, très très, pour qu’il comprenne bien les dimensions. Qu’il sache que petit, c’est plus petit que moyen, et que moyen, c’est plus petit que gros. Du même coup, énorme est plus gros que gros et, gigantesque, encore plus.

Ce soir, alors qu’on mettait Martus au lit, et qu’il était particulièrement gentil et facile (merci garderie), on lui a un peu parlé de sa journée de demain, et il en a profité pour nous dire qu’aujourd’hui, il s’était glissé dans la glissade verte. Ensuite, son papa lui a demandé si le monsieur de la garderie s’était glissé, lui aussi. Martus a dit que oui. Ensuite, Papa a renchéri avec Madame garderie et là, il s’est mis à rire, avec un air coquin, avant de répondre : « Ben non, est trop grosse ».

SCANDALE!!! Le scandale vient-il du fait que Martus ait dit cette énormité, ou que Papa ait éclaté de rire, puissamment, à en manquer de souffle, sans même se cacher un peu. J’ai moi-même échappé un petit rire nerveux, je m’en confesse, mais j’ai immédiatement rectifié le tir et me suis reprise, afin de faire de la discipline avec le grand.

À l’instant où je tricote toutes ces phrases, juste pour vous, mes quinze visiteurs quotidiens, je me questionne réellement sur les conséquences de ma propre phobie sur mon fils. Cet événement est mineur, et risque de ne pas se reproduire, en public, et de ne jamais causer de tort et de blesser quelqu’un, parce que je vais faire le nécessaire. J’aurais dû lui inculquer que la boîte était trop petite pour y mettre le ballon, et non que le ballon était trop gros. C’est un peu comme le concept du verre à moitié vide ou à moitié plein. Trop gros est négatif.

Je n’aurais jamais pensé qu’un enfant de deux ans pouvait dire une telle chose. Le pire dans tout ça c’est que, pour lui, elle est parfaite, madame garderie, juste un peu trop grosse pour la glissade.

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