Lorsque nous avons pris la décision de nous marier devant Dieu (eh oui, je suis comme ça), il y a de cela environ deux ans (et je m’assume), je n’abordais pas la chose comme un mariage triangulaire à trois, avec le vieux barbu (Dieu), comme essayait de m’en convaincre le prêtre (qui était génial en passant), je me disais plutôt que mon choix était culturel, qu’il m’aidait à affirmer mon appartenance à mon pays, à mes origines, tout en véhiculant de belles valeurs (foutez-moi la paix avec les frères pédophiles, pitié). C’est donc dans un désir de continuité, de cohérence avec mes principes et de m’affirmer en tant qu’être humain [apte à réfléchir] que nous nous sommes mariés à l’Église (on peut y croire et réfléchir, surprenant?).
Je vis dans un coin qui, selon les gens de LA « ville », est reculé. On utilise parfois (souvent même) le terme « colonisé » pour décrire les gens des régions, de ma région. En effet, ce n’est pas pour rien car nous sommes TOUS des édentés, habillés de poches de jutes (j’en ai vu un chez IGA la semaine dernière…) et coiffés de castors évidés encore chauds. C’est donc sans surprise que notre maire, illuminé aux yeux des uns, divertissant aux yeux des autres, s’est lancé dans une bataille juridique [éternelle] pour avoir le droit de faire sa prière avant chaque séance du conseil municipal lorsqu’on l’a « dénoncé ». Il a perdu et compte aller en appel. C’est ce qu’on appelle des convictions, n’est-ce pas?
Je ne suis pas une fan de Jean Tremblay. Ses petites magouilles m’agacent un peu, et il s’exprime (tellement trop en plus) de façon à surligner en jaune fluo notre localisation géographique et ce, dans tous les médias. Jean Tremblay, il dérange. Je ne me souviens pas si j’ai voté pour lui aux dernières élections (oui, je vote, toujours, mais j’oublie vite), je pense que oui, mais ce qui est certain, c’est qu’il a ses partisans et ses détracteurs (comme tout le monde, finalement). Pour des raisons évidentes d’appartenance religieuse et de désir « d’économies », il sait charmer les vieux, et les gratteux.
Dès qu’on le voit à la télévision (mon chum et moi), à Infoman, entre autres, on ne peut s’empêcher de dégonfler bruyamment (comprendre : soupirer) et de craindre les propos à venir. Ce qui est un peu malheureux, c’est qu’on (les gens du reste du Québec) nous associe à cette image. Donc, nous sommes, en plus de la description faite précédemment, des illettrés et des intégristes religieux, nous aussi.
Pour être très honnête, j’ai toujours trouvé « cul-cul » l’émission du maire, à Vox, sur la religion. Je n’ai pas regardé suffisamment pour vous en citer des extraits, ni pour me souvenir le titre, mais je sais que c’est… illuminé. Les propos de Jean Tremblay, je les trouve rarement intelligents. Sauf aujourd’hui. Malheureusement, je n’arrive pas à vous dénicher l’extrait sonore en version courte.
M. Tremblay a été reconnu coupable et devra payer 30 000 $ à Alain Simoneau, en dommages moraux et punitifs (attendez, je verse une petite larme), parce que ce dernier se sentait bafoué dans ses droits lorsque le maire entamait (et la récitait tant qu’à y être) la prière. Il se sentait également observé par le regard vide et austère (c’est moi qui invente) des statuettes du Sacré-Cœur. Dans un souci de pertinence et aussi de gagner sa cause (ironie), il a foutu le camp d’ici, donc, ne participe plus aux séances, donc, n’est plus embêté par la satanée (ahahah) prière. Bon débarras.
Photo tirée de radio-canada.ca
Certains crient au scandale, parce que des dollars précieux sont puisés à même les fonds publics pour payer le procès. Pire? Le maire compte aller en appel. Pour un instant, oublions l’argent.
Mon opinion sur la chose (le procès, les convictions) est malléable, ou l’était, jusqu’à tout à l’heure. Maintenant, je suis AVEC le maire. Vous m’entendrez rarement dire une telle chose mais j’ai envie de crier, aussi fort que mon chat hurle (croyez-moi, c’est fort), « JEAN TREMBLAY FOR PRESIDENT!!!! »
Je disais donc, pour une fois, je supporte le maire. Pourquoi? Parce que si naïf et colonial puisse-t-il sembler, son discours est celui d’un peuple, le mien, du moins. Non, je ne dors pas sous le regard tendre de la Sainte Vierge, ni d’un quelconque autre saint. Par contre, j’ai quelques chapelets qui errent çà et là dans mes affaires, reçus lors de ma première communion, et j’ai même un beau crucifix fait à la main par mon père. Mon fils est baptisé. Malgré cela, je ne me considère pas comme une « freak ». Pas tant que ça, du moins. Par contre, mon « trip » d’haïr la religion est passé depuis l’adolescence, et maintenant, je suis capable de forger moi-même mes réflexions, et de nuancer.
Non, la religion n’est pas qu’une question de manipulation et de pensée restreinte, c’est aussi la culture. Je ne vous ferai pas le discours qu’on connait tous sur les autres religions qui nous étouffent, vous le connaissez aussi bien que moi. Par contre, je ne renierai pas mes origines sous prétexte que la science a prouvé qu’Adam et Ève, ce n’est que de la foutaise. Imaginez-vous donc que je n’y crois justement pas à la Genèse! Et je suis assez allumée pour savoir que ce n’est pas Dieu qui m’a donné mon emploi, que j’ai travaillé pour.
Je ne suis pas raciste. À l’origine, les gens, je les aime tous (ou je les déteste tous, ça dépend des jours). Ce qui me permet de trancher, c’est leur façon de nous enlacer (oh, la belle poésie). Est-ce qu’ils s’appuient sur notre épaule ou est-ce qu’ils nous enserrent le cou jusqu’à ce qu’on les supplie de nous lâcher, moyennant quelques « ajustements » de notre façon d’être, en passant?
Salle de prière à l’université pour les musulmans? D’accord. Le voile (pas la totale par contre) dans les endroits publics, hum hum. Répondre en anglais à un inconnu par gentillesse, ouin.
Par contre, abolir les sapins de Noël, accepter le kirpan, autoriser les employés à ne pas se nourrir (et souvent mettre leur santé à risque) pendant le ramadan, givrer les fenêtres des centres sportifs, enlever les symboles catholiques des endroits publics (gouvernementaux ou non), être obligé de traduire mes propos à un collègue qui vit en terre 99 % francophone depuis 40 ans : WOOOOOOOO les moteurs!!!! Jean Tremblay a dit qu’on était mou, tout comme Lucien Bouchard l’avait déjà avant dit (bon, les mots étaient différents…), BEN C’EST VRAI!!!
Sur ce, Jean, pour une fois, je t’appuie. Pas pour la bataille religieuse spécifiquement, mais pour les convictions culturelles et politiques qui sont en symbiose avec celle-ci. Il faudra bien commencer à marquer notre territoire, sinon on va se le faire voler. Je vous laisse, j’ai justement une petite envie…