mercredi 24 septembre 2014

La minute éducative 10 : La moufette rayée

- Chéri?

- Hmmm.

- Tu vas courir ce soir?

- Non, je vais faire de l’elliptique.

- Tu as encore mal à la hanche?

- Non pas du tout.

- Non? Donc, il fait beau dehors, tu n’as pas mal à la hanche et tu préfères t’enfermer sur l’elliptique plutôt qu’aller courir dehors?

- Il fait noir de bonne heure.

- Je t’ai acheté un chandail tellement flash qu’il est sans doute visible de la station spatiale… oh! Non?!

- Quoi?!

- J’ai compris.

- Quoi?!

- La moufette.

- Ah, laisse-moi tranquille.



Cette phobie n’a pas de nom qui lui est propre. Dommage. Toujours est-il que mon chum, sans être un « tough » à proprement parler, n’est pas une mauviette. Il sort les poubelles, débouche les bocaux, va voir la nuit quand j’entends un bruit étrange (souvent dans ma tête…). Sa faiblesse, les moufettes. Il ne va pas disjoncter au volant quand il y a un cadavre ou l’odeur d’une moufette sur l’autoroute, mais si ça sent sur notre chemin de maison, il va faire de l’elliptique plutôt qu’aller faire son jogging. Je viens d’ailleurs de comprendre pourquoi le compost marine sur le patio depuis quelques jours déjà… Des trous de moufette ont été aperçus dans le secteur.

Suite à un événement ayant pris place à l’été 2013, impliquant un bébé moufette tellement petit qu’il devait faire une sieste à tous les 10 à 15 pas, certaines mesures ont été prises pour contrôler les crises de panique dues aux (mignonnes) moufettes. Notre fils, 4 ans à l’époque, avait constaté le désarroi de son père, ce héros, face aux moufettes. Il avait donc lui aussi certaines réserves concernant cet animal. Un jour qu’il était allé jouer dans son carré de sable avec ses camions, vers 18 h, je l’ai littéralement entendu hurler le Ô Canada, en regardant nerveusement de tous les côtés, tel un tordeur de laveuse à chargement classique. Curieuse, je lui ai demandé ce qu’il avait, alors qu’il revenait à l’intérieur en courant, visiblement à bout de nerfs. Il avait peur de la petite moufette, ne pouvant pourtant être aperçue nulle part. Ma parole! (Son père toussait, chantait, parlait dès qu’il avait à aller dehors en fin de journée).


Pour ceux qui souffriraient de la phobie des moufettes, voici quelques affirmations qui pourraient vous aider à mieux réagir (survivre) à la présence (une attaque) d’une moufette trop près de vous.


1. La moufette n’est pas un animal nuisible. En fait, elle est même très utile parce que 70 % de son alimentation consiste en des bestioles nuisibles au mode de vie contemporain.

2. La moufette ne se fait pas des embuscades dignes d’un ninja dans le simple but de faire suer les coureurs de fin de journée. Oui, la moufette cohabite bien avec l’homme (même le mien) et n’en a pas peur, mais elle ne se « nourrit » pas de la peur de l’homme. Elle préfère les insectes comme les sauterelles et les grosses larves dégueulasses pour lesquelles elles font plein de trous à côté de notre composteur.

3. Lorsqu’aperçue à une certaine distance de l’homme, la moufette ne l’élance pas à une vitesse hypersonique afin de venir attaquer l’homme en question (qui fait cuire des burgers sur le barbecue). Selon le site internet http://www.hww.ca : « Elle se déplace posément, sans hâte, ne cherchant son salut ni dans la fuite ni dans la dissimulation : elle compte, pour se défendre, sur ses glandes sécrétrices. » Bon, cette déclaration finit mal, mais ce qu’il faut y comprendre, c’est que la moufette ne « charge » pas.

4. Non, la moufette ne peut pas viser au millimètre près sur une distance de 50 pieds avec son jus de moufette. À 6 mètres, c’est un peu tout croche, et à 3 mètres, c’est pile-poil.

Remarquez que j’ai utilisé deux systèmes de mesure différents, c’est afin de rassurer mon chum. Imaginez si j’avais dit : À 19.7 pieds, c’est un peu tout croche, et à 9.8 pieds, c’est « su’a coche ». Conclusion, si la moufette est à 10 pieds de vous (c’est quand même beaucoup, 10 pieds), elle peut vous arroser direct dans un œil. Par contre, puisqu’elle n’abuse pas des substances à mode que les hommes consomment pour prendre du muscle vite et sans effort (qui rendent agressif), elle ne voit pas des complots partout (comme mon chum avec lesdites moufettes, et ce, même sans stéroïdes).

5. Non, la moufette n’arrose pas « pour la fun » (référence Radio Radio). En fait, son petit jus qui pue, il ne s’autogénère pas en continu à raison de trois litres à l’heure. C’est presque de l’or puant son affaire. En fait, elle réussit à fabriquer une dizaine de millilitres par semaine. Elle emmagasine environ 15 ml au total et peut faire 5-6 jets avec ça. Le problème c’est que c’est un peu comme du Chanel numéro 5, il en faut si peu pour que ça sente sur 1 km de rayon… Toujours sur le site internet cité plus haut : « Le musc est fabriqué assez lentement, au rythme d’environ un tiers d’once par semaine, et n’est expulsé qu’en désespoir de cause, après des avertissements répétés. »

6. La moufette n’est donc pas une bombe à retardement qui arrose dès qu’elle voit mon chum à une distance de 1 km ou moins. Faute d’être très attentif quand je lui parle (c’est pas si pire, mais ça se plaçait tellement bien…), il devra apprendre à « écouter » la moufette.

Je pourrais trouver une façon humoristique de décrire le processus, mais comme c’est une question de vie ou de mort pour les nerfs du père de mes enfants, je me contenterai de citer, pour être certaine de bien transmettre l’information : « La moufette n’est pas belliqueuse et préférera toujours battre en retraite devant l’être humain ou un autre ennemi de taille. Lorsqu’elle est irritée, elle se met à gronder ou à siffler et à taper rapidement de ses pattes de devant; elle peut même marcher quelques instants sur ses pattes de devant, la queue dressée dans les airs. La moufette rayée ne peut lancer son liquide dans cette posture. Pour utiliser cette arme, elle fait généralement le gros dos et arque son corps en forme de U de façon à présenter à la fois la tête et la queue à l’ennemi. »

Donc? Quand tu vois une moufette, chéri, « écoute là ». Si tu es en train de courir, change de côté de rue, elle ne va pas te courir après. Elle a autre chose à faire. Admetterions que tu la trappes quelque part, que tu as réussi à trouver un cul-de-sac dans notre coin et que malgré ta peur phobique de la jolie petite moufette rayée tu t’y es quand même engagé, tu as le temps de t’en retourner.

Si jamais tu es au compost et qu’elle est là, reviens à la maison, tranquillement, en respirant. On ira le porter une autre fois…

jeudi 21 août 2014

Ce soir, je tue ma blonde - Le retour

J’ai eu mon heure de gloire. Elle est passée, je suis revenue de mon « trip ». Je suppose que c’est comme prendre de l’héroïne ou du crack. L’euphorie est… euphorisante, mais temporaire. Après, c’est la dépression, la chute. Mais ça va, je m’en remets.

Toujours est-il que mon dernier billet, ayant pour titre : Ce soir, je tue ma blonde a fait réagir. Les choses se sont passées sensiblement comme je l’avais prévu, à peu de choses près  parce qu’un animateur de radio (Simon Roy-Martel de NRJ) l’a partagé, ce qui a eu pour effet de me rendre anormalement populaire, l’espace de quelques jours.

Oui, le titre était brutal, et la photo aussi. Tellement que je soupçonne quelques personnes ayant laissé des commentaires de s’être limité à ça, lire le titre et l’associer à la photo. Pourtant, toute personne sensée, qui sait lire et comprendre le français, pourra dire que ce n’était point une campagne de salissage contre JP Blanchette, mais bien la mise en lumière d’un réel problème de société, soit l’alcool au volant. D’ailleurs, je ne pense pas que le méchant de mon texte soit réellement JP. L’ami du deuxième paragraphe m’a d’ailleurs félicitée de mon texte, qu’il a su apprécier. N’est-ce pas.

Mes commentaires sont allés comme suit : 1. Des gens qui étaient d’accord avec moi, que l’alcool au volant est un fléau banalisé, 2. D’autres qui ont (encore) voulu montrer leur culture générale en disant que le conflit en Syrie est donc pire (oui, mais hors sujet) et 3. Ceux qui étaient visiblement avec JP ce soir-là avant que le malheureux accident se produise (ou ceux qui ont une consommation d’alcool abusive et qui refusent de l’admettre).

Dans ces trois catégories, j’ai appris des choses intéressantes. Pour le premier groupe, certaines personnes admettent avoir déjà péché, mais se sont confessées et converties au bon sens. Pour le deuxième groupe, le conflit en Syrie est une belle tentative pour esquiver les sujets proches de nous, et nous faire passer pour des superficiels, mais ce n’est pas parce que des gens crèvent de faim que je vais cesser de nourrir mes chats. Finalement, pour le troisième groupe, j’ai appris, imaginez-vous donc, qu'au double de la limite, à quatre bières en deux heures, on n’est pas chaud. Non. Et que le fait que le couple aille bien, que les gens s’aiment, annule l’idiotie de conduire avec les facultés affaiblies. Surtout, que la perte de jugement n’y est pour rien.

On m’a d’ailleurs dit dans un français INDESCRIPTIBLE, et je cite : « Heurkkk mes qu'elle texte a chier ... honnetement ta pas honte de dire qu'ils etaient des amis(e) pour ecrire c mots stupide ... tant qua ca garde t mains dans t poches pis ecrit donc rien ... c un accident point final ... Gros jugement gratis !!! vous savez meme pas c quoi 2 fois la limite permise ... ca equivaut a 4 biere en 2 hrs ... il etait loin d'etre ben saoul et elle etais partante pour embarquer, Il allait se balader en amoureux voir les étoiles ... pour avoir fait se chemin hors piste a plusieurs reprise ajeun ca aurait pu arriver a n'importe qui, qui as emprunter cette route dans les 5 derniere années ... lol ca aurais pu etre moi etre n'importe qui ! Le jeep reste une activité dangereuse un sport extrême !!! C un accident que les médias on rehausser a l’extrême ... Une chose est certaine Jp aimait ca Kathleen !!! »

Je prendrai quelques minutes pour rectifier certains faits. Premièrement, ils n’étaient pas mes « amis », mais JP était un collègue que j’appréciais. C’est d’ailleurs ce commentaire qui me fait croire que certaines personnes se sont limitées au titre et à la photo. Je pourrais lui répondre, dans ses mots : « Heille, le grand, les petites lettres toutes collées en dessous du titre et de la photo, il faut les lire aussi! ». Bon, je n’ai pas été capable d’utiliser ses mots. Mais reste que c’est à se demander s’il a lu autre chose que le titre. Deuxièmement, l’alcool affecte à la fois le jugement et les réflexes, donc dire que ça peut arriver à N’IMPORTE QUI, locution utilisée ABUSIVEMENT dans cette histoire, c’est de la foutaise. Et que dire du fait que ce sentier n’en était pas un. Oui, je suis nouille comme ça, je respecte les lois. Que voulez-vous, ça en prend quelques uns, des gens naïfs et suiveux, pour faire paraître les cons encore plus cons. Finalement, mais quel rapport avec le fait qu’il aimait sa blonde? Youhou?!?!

Bon, je suis restée bien respectueuse sur les commentaires dans la page de mon billet, je ne me suis pas emportée, pour ne pas influencer les commentaires à venir. Quel gâchis qu’il soit devenu possible maintenant d’écrire son opinion partout, de façon anonyme, sans limites. Je pense sérieusement à ajouter la fonction « approuver les commentaires », pour éviter les insultes et le jargon illisible. Avoir une orthographe déficiente est une chose, mais que les propos soient aussi décousus que l’orthographe, c’en est une autre. Par contre, comme je ne suis pas populaire en temps normal, je vais passer, pour éviter de décourager les éventuels échanges qui pourraient survenir.

Merci de m’avoir lue, et bienvenue aux nouveaux lecteurs, s'il en est. Sachez d’ailleurs que mes textes ne sont généralement pas aussi durs. Je vous invite à consulter mon récapitulatif, qui fait état de mes meilleurs écrits.

N.B. Je viens d'ajouter un "Share" pour Facebook et Twitter! N'hésitez pas à partager quand vous aimez!

dimanche 17 août 2014

Ce soir, je tue ma blonde

Tranche de vie. C’était dans les années 90, quelque part dans la première partie. J’étais enfant, mon père était adulte. Je me souviens clairement avoir fait la route dans les deux sens : du chalet à la brasserie et de la brasserie au chalet. Deux fois vingt kilomètres, environ. À l’aller, mon père avait soif, il était à jeun. Au retour, il débarquait de la route de temps à autre, et il empestait les 6 grosses bières qu’il avait bues au comptoir, à se faire appeler « minou » par la barmaid cheap. Oui. Il était saoul. Oui, il m’avait emmenée à la brasserie. À cette époque, ce n’était pas moins scandaleux, mais accepté par le petit peuple (Voir Elvis n’est pas mort).

Parenthèse. Un ami qui s’est enlisé dans le fossé après une soirée arrosée, chaud avancé, et que la police a fini par arrêter, qui se dit chanceux de n’avoir blessé personne, et d’avoir si peu de conséquences. Une tite machine à souffler pendant quelques petits mois. Normal n’est-ce pas, c’était la première fois! Qu’il se faisait prendre… Nuance.

Hier, en tentant de comprendre le sujet des multiples liens internet que m’envoyait mon ami par Facebook, j’ai fini par voir la photo ci-jointe. (Pour vous) Un quelconque type, menotté, qui se fait gentiment conduire par les forces de l’ordre vers une coquette salle avec barreaux et sans doute une toilette, l’air un peu sonné. Dans d’autres circonstances, il aurait sans doute joué au petit baveux, traitant les policiers de chiens, ou de [insérer jurons] de n’importe quoi… Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, il « feel cheap ». Hier, il a pris son Jeep après quelques bières. Hier, il a pris son Jeep, avec sa blonde dedans, après quelques bières, et il est allé faire du hors-piste. Hier, il a tué sa blonde. C’est pour ça qu’il ne fait pas son baveux.



Oui, j’ai saisi en voyant sa photo, parce que c’est une personne que j’appréciais. Un collègue. Un collègue cool avec qui j’avais eu bien du plaisir à travailler. Un « bad boy », mais sympathique. Étrangement*, il a baissé dans mon estime. Je regrette, mais en réponse à ceux qui diront que ça peut arriver à n’importe qui, je dis « non, ce ne sont pas des choses qui arrivent ».

On m’a déjà dit « Moi, je prends mon char quand j’ai bu, parce que je sais chauffer. C’est ceux-là qui ne savent pas chauffer qui tuent du monde. » On m’a aussi dit « J’aurais arrêté de conduire saoul si j’avais tué quelqu’un (non, il ne m’a pas tuée, en retournant au chalet). Je ne sais pas si JP pensait comme ça. De tous les alcooliques, je dirais que mes favoris sont ceux qui ont du “génie” quand ils ont bu. Le problème c’est qu’ils sont comme les licornes. Pas tant qu’ils ont une corne dans le front, mais ils n’existent que dans le cœur des petites filles (ou des femmes naïves). Comme Elle. Je ne la connaissais pas tellement, mais elle était quand même gentille, et sa petite fille de cinq ans ne méritait pas de perdre sa mère, d’être marquée à vie.

Ce qui frappe, c’est que le type sur la photo, c’est JP, mais ça aurait très bien pu être mon père. Ou à peu près tous mes oncles, et plusieurs de mes cousins. L’alcool est comme les “maladies vénériennes”. Plutôt que s’améliorer, ça régresse. Le vin est “in”, la bière est partout. Vous n’aimez pas la bière? On va vous mélanger ça avec de la limonade, et vous inventer pleins de petits cocktails frais qui ne goûtent pas l’alcool. Les ados, les adultes, les ados attardés, les hipsters, les gens qui aiment bien manger (comprendre : boire du vin avec leur fondue chinoise) ont hâte à la fin de semaine pour aller se péter la face, semaine après semaine. Ça boit, ça saute sur le “ski-doo”, ça boit dans le bateau, ça boit à la plage, et ça retourne bien sûr à la maison ensuite. Je savais que ça existait encore, je ne suis pas si naïve. Je ne pensais pas que c’était aussi commun, et ô combien banalisé! Ma parole. Si peu de gens se soucient de ça!

Ici, les gens sont tout émoustillés, il y a un service de raccompagnement qui s’implante. Nez rouge, mais à l’année. Je regrette mes amis, mais JP, il n’aurait pas appelé le raccompagnement, si ça avait été en place. Mon père non plus. Et certainement pas Claude Dubois. Non seulement ils savaient “chauffer”, mais ils n’étaient pas “chauds”, parce qu’être chaud, c’est pour ceux qui ne “portent pas ben la boisson”.

Mon chum n’en revient pas vraiment de me voir aussi chamboulée. Si ces deux personnes n’avaient pas été mes collègues, je n’aurais pas été bouleversée à ce point, c’est certain. Mais ça ne fait que mettre de l’emphase sur le mal de vivre de notre société. N’allez pas me dire que vous ne savez pas qu’il ne faut pas boire ET conduire! Voyons! BANDE DE CAVES! Ce n’est pas parce que vous vous sentez bien que vous êtes corrects! Ça devrait être tolérance zéro pour tout le monde. Les épais de qui ne savent pas compter n’auraient pas à faire de l’arithmétique avancée en comparant leur consommation avec leur poids pour savoir s’ils peuvent ou non prendre leur véhicule. Non, une à l’heure ça ne fait pas. Non, un café, ça ne dégrise pas. Un redbull non plus. Avec de la gomme, ça ne fait que sentir la bière à la menthe. Attendre que ça dégrise, ça risque de vous faire dormir au volant. Il n’y a pas de solution miracle. Ou ben vous ne conduisez pas du tout, ou ben vous ne buvez pas. Que vous vous plantiez, on s’en torche, mais que vous mettiez la vie de vos enfants, des enfants des autres, ou des pauvres gens qui n’ont pas à se trouver sur votre chemin en danger, c’est vraiment cave. Et pourquoi? Pour ne pas vous séparer de votre véhicule.

Pour en revenir au titre, ce ne sont sans doute pas les mots qui ont traversé l’esprit de mon “ami” JP avant de passer à l’acte, mais le fait demeure que ce soir-là, il l’a fait, il a tué sa blonde. Nous verrons demain ce qu’il en adviendra.

Pour en savoir plus sur l'histoire :

Radio-Canada

La Presse

TVA




lundi 11 août 2014

Elvis n’est pas mort

Oh que non. « J’te dis qu’yappelle ça Santa Banana mais…ya pas grand bananes après hé palmier eh! » Citation soigneusement choisie, vocabulaire adéquat. La phrase parfaite pour décrire le domaine La Florida à Saint-Ambroise.

« Vous faites quoi, Monsieur, pendant votre retraite? »
« Moé? Quand ma femme a toute ben torché la maison pis que le gazon est frais faite, on met du gaz dans notre gros campeur à 200 000 piasses, pis on s’en va relaxer dans le parking de garnotte du Géant Motorisé, avec notre ti chien blanc, Poutchy, pis on écoute de la musique rétro québécoise, en jasant de météo avec les voisins parkés à 4 pieds de nous autres. Quand on a faim, on prend notre voiturette de golf, pis on va manger des toasts au Tim Hortoanne. Su Tim. Ça, c’est la vraie vie. »

La grosse vie sale, dirais-je plutôt. Je suis sans mot. J’ai peine à décrire les sentiments qui m’ont assaillie quand je suis passée, dimanche dernier, accompagnée de ma petite famille. Ce qui était autrefois une entrée de village paisible s’est transformé, au fil des ans, en une caricature bas de gamme (réaliste donc) du classique Elvis Gratton, premier du nom.

Les madames « chromées », les monsieurs enceintes, les petits chiens obèses. Du monde à gauche, à droite, en avant, en arrière. Si j’habitais encore là, et que j’avais à circuler matin et soir dans ce secteur, je foutrais le camp. Cette vision d’horreur des baby-boomers qui ne savent pas quoi faire de leur argent, mais qui profitent des stationnements pour motorisés gratuits, avec leur petite fille obèse en train de boire un 7up, ça fait peur. Non, ça ne fait pas peur. Ça déprime. Ça fout le moral à terre. Mon moral du moins.

C’était hier, mon moral a eu le temps de s’en remettre. Je ne suis pas une campeuse. Du tout. Avant, les gens aimaient camper. Une tente, une tente-roulotte, une roulotte ordinaire. Est-ce que ce camping a disparu? Est-ce que c’est la nouvelle norme? Si j’avais tout plein d’argent à garrocher par les fenêtres et que je décidais d’opter pour un « motorisé », ce serait pour passer les « lignes » et aller voir les « Amaricains », comme disait Elvis. Mais ça c’est moi, et de toute façon, j’ai dit à mon chum de mettre des petites pilules dans mon jus d’orange le jour où je voudrai avoir un campeur.



dimanche 27 juillet 2014

Non, je n'ai pas hâte à Noël

Souvent, mon grand de 5 ans me demande, après avoir lui-même affirmé la chose, si j’ai hâte à Noël. Ou à mon anniversaire. Ou à Pâques. Autrefois (je peux cocher ce mot de ma liste de mots à utiliser au moins une fois avant ma mort), j’avais hâte. En général. J’aimais avoir hâte à des choses du futur. C’était avant. Avant d’être trentenaire. Avant d’avoir vécu deux grosses crises économiques. Avant de découvrir tous ces cheveux blancs sur le dessus de ma tête. Surtout, surtout, avant d’avoir des enfants. Ou disons à partir du moment où mon plus vieux a commencé la garderie.

Maintenant, je ne me permets plus d’avoir hâte à rien. Avoir hâte, c’est s’empêcher de vivre maintenant. Je n’aime pas me faire « spammer » avec des photos Facebook partagées de pensées qui dictent de vivre le moment présent, mais je comprends qu’il faut le faire. Tout spécialement en congé maternité.

Au premier bébé, j’avais donc hâte qu’il fasse ses nuits, qu’il tienne sa tête, qu’il mange du solide, qu’il se tienne assis, qu’il rampe, qu’il marche à quatre pattes. Puis, rendue là, je me suis mise à avoir peur. J’ai réalisé qu’en ayant hâte à tout ça, j’avais raté une partie de l’essentiel. J’allais bientôt recommencer à travailler, et tout redeviendrait fou. Au deuxième, j’ai eu hâte qu’il sorte de là, mais c’est tout. Et là, il a déjà plus de 8 mois, et tout est allé tellement vite!

Les vacances (de mon chum) sont finies, déjà, après trois semaines où l’on n’a rien fait de spécial, et ça a quand même passé tellement vite! Je suis déjà nostalgique. Demain, je retombe dans l’inconnu. La semi-solitude. Vous savez ce qu’on dit, il faut 21 jours pour développer une habitude. Ça a fait 21 jours de vacances aujourd’hui. J’ai toujours cette déprime nostalgique. Rien de sérieux. Je n’irai pas pleurer dans la remise, en criant « pourquoi moi?!?!? ». Je sais que les vacances, on les apprécie parce qu’elles ont un début et une fin, mais c’est quand même un changement. Il s’est passé tellement de choses!

Et la prochaine étape, c’est le grand qui va à l’école. Puis, moi qui retourne au travail. Si retour au travail il y a, bien entendu. Puis, le petit qui va commencer la garderie à temps plein. Ouf. C’est tellement près. NON!! Je n’ai pas hâte!! C’est exactement pour ça que je n’ai pas hâte à Noël. Parce que d’ici Noël, il y a trop de choses importantes qui viendront, et je ne suis pas prête, pas encore.


Texte inutile, mais ô combien libérateur!

dimanche 20 juillet 2014

Préjuger, juger et... posjuger?

De toutes mes qualités, et Dieu sait qu’elles sont nombreuses, faire preuve de tolérance envers la connerie humaine n’en fait pas partie. C’est normal, vous dites-vous. Certes. Sauf que l’étendue des choses que je considère comme étant des conneries est plutôt… vaste.

J’ai des principes, et tout le monde devrait en avoir. Sauf que pour certains, on dirait que c’est très optionnel. Par exemple, le respect de la vie. Ça semble assez de base. Ça semblait. Jusqu’à cet après-midi. Nous allions au centre commercial pour faire quelques emplettes. Le bébé dans la poussette, le grand au chalet avec sa marraine.

Alors qu’on s’apprêtait à entrer dans le centre commercial, il y avait évidemment des fumeurs à la porte. Une fumeuse. Enceinte. WHAT?!!! Alors là, j’ai eu un choc culturel. Je me suis sentie tellement mal. Sa santé à elle, je m’en torche. Plus que royalement. Je passe à côté sans respirer, alors pour ma santé à moi, on s’en sort aussi. Mais son bébé? C’est certain qu’il va être « ben correct ». Ils sont toujours « ben corrects ». Ils ont leurs dix doigts, tous leurs organes et ils remplissent leurs couches comme les bébés des mères soucieuses. C’est plus tard que ça se gâte. Troubles de comportement, troubles d’attention, troubles de santé subtils, qui laissent tout simplement croire à un enfant plus fragile, avec son « caractère ».

Une fois les emplettes terminées, j’avais oublié la vilaine. Nous ressortons du magasin, retournons vers notre véhicule. Une famille marchait dans le stationnement, la mère, enceinte, cigarette à la main. WHAT!?!?!?!? DEUX FOIS DANS LA MÊME HEURE? Alors là, je n’ai pas oublié.

Marcus, 5 ans, a posé la question dernièrement. Il est passé dans un hall d’entrée ou ça puait la cigarette. Il a demandé à son père ce que c’était, complètement dégoûté. Une fois l’explication fournie, il a posé plusieurs questions. « À quoi ça sert? » Absolument à rien, de répondre son père. « Alors pourquoi? » lui de rétorquer. Il ne comprenait tout simplement pas, et il était carrément fâché, parce que ça brimait son droit de respirer de l’air qui ne pue pas. Il a dit « la prochaine fois que j’en vois un, je vais lui dire d’arrêter ». L’intention était noble, mais son père lui a dit que les fumeurs n’étaient pas capables, et ne voulaient pas arrêter. Alors il a dit « Si ce n’est pas bon pour eux, je vais les laisser continuer ».

Les fumeurs, ils ne me dérangent pas particulièrement. Tout d’abord, je n’en fréquente pas (point de ségrégation, c’est un hasard, sans doute), et mes collègues qui fument le font dans le respect, dans la mesure du possible.

Mais fumer avec un être humain qui grandit en soi, en 2014, et même dans les années 2000 tout court, c’est fucké rare! On sait tous ce que ça fait. Étrangement (vraiment?), les femmes que j’ai vues fumer enceinte ne semblaient pas nécessairement être les crayons les plus aiguisés de la boîte. On ne se cachera pas que fumer, ce n’est plus aussi prestigieux que ça l’a déjà été. Je me demande si je connais encore des gens qui acceptent des fumeurs dans leur maison. Personne n’est jamais sorti de chez moi pour aller fumer, et sachez que j’ai souvent de la visite. J’oublie que la cigarette existe jusqu’à ce que je voie des gens qui se font croire qu’ils aiment prendre l’air pour fumer leur cigarette en vitesse à côté de la porte, méprisés par ceux qui passent à côté.

On dirait que la cigarette est devenue un indicateur de classes sociales. Où je travaille, le bureau de l’ingénierie a quelques fumeurs seulement, et l’atelier d’assemblage, plusieurs fumeurs. Il y a toujours plein d’employés fumeurs dans les épiceries. Les magasins. La construction. Remarquez qu’il y a aussi des infirmières qui fument. Je suis sans mot.


En attendant que les états décisionnels délivrent des permis pour concevoir et élever des enfants (et pourquoi pas les animaux aussi), je suppose que nous devrons vivre avec ces absurdités, à classer dans le même dossier que les drogues qui font fondre la peau et la recrudescence des ITS, autrefois MTS.

dimanche 6 juillet 2014

Les pattes qui piquent

Moi, avec mon grand talent, et surtout ma grande trappe, j’ai déjà dit que je détestais tout ce qui était du militantisme. Moi. Eh oui. Mais c’était avant. Avant que je ne regarde « The Paw Project », sur Netflix. Si j’avais su que ça allait changer ma vie… Je l’aurais regardé quand même. Mais avec une petite eau minérale pour absorber mes nausées. Non, je ne suis pas enceinte.

Je suis une anti-dégriffage d’expérience. Je suis contre pour toutes sortes de raisons. Je crois fermement qu’un animal vaut plus qu’un divan, peu importe le prix d’achat, la conception ou l’allure dudit divan. J’ai toujours su que dégriffer, c’était inhumain. Heureusement, me dites-vous, ce n’est pas fait sur les humains. Je sais. Mais c’est pire, parce que c’est fait par des humains à la demande d’autres humains.

Je sais, parfois, on ne sait pas, surtout que le dégriffage, c’est un peu comme le sucre, ça génère beaucoup d’argent dans les pays industrialisés, c’est « idéalisé ». On ne nous dit pas vraiment ce que c’est, pour ne pas nous faire changer d’avis. Si, quand vous prenez consciemment votre mignon petit chaton de 8 semaines, beaucoup trop jeune pour avoir quitté sa mère en premier lieu, pour l’emmener chez votre vétérinaire, on vous disait qu’on va CONSCIEMMENT l’amputer sur chacun de ses dix-huit doigts (et plus parfois) d’une phalange complète, et que ça modifiera sa démarche, sa musculature et la façon dont il marchera pour le reste de sa vie, en plus de modifier son comportement et de risquer de le rendre obèse, peut-être reprendriez-vous votre ti-minou en disant poliment « Non merci », je vais garder mon argent, en plus de permettre à mon minet de garder ses bouts de pattes, ces mêmes bouts de pattes sur lesquels il marche 100 % du temps.

Mais non. On ne vous dit pas ça. On vous dit (presque) que c’est dans le kit de base. On stérilise et on dégriffe, c’est ça que ça prend. Surtout si vous aimez vos meubles. Surtout, et SURTOUT si vous avez, ou prévoyez avoir, des enfants. Oui. Les chats avec des griffes, dès qu’ils voient des divans (surtout en cuir) et des enfants, se prennent un élan, en crachant et en miaulant, et ils vont démolir ce qui vous tient à cœur. Sauf les chats normaux, sevrés à un âge adéquat, dont on s’occupe, éduqués et avec suffisamment de poteaux à gratter dans la maison. Mais pourquoi prendre la chance? Pourquoi permettre à son chat de garder ses bouts de doigts? Quand il aura développé des problèmes de comportement, qu’il aura des douleurs et qu’il deviendra agressif parce que vous lui avez enlevé ses griffes À LUI, vous vous direz : « Ouf! Imagine s’il n’avait pas été dégriffé, on a bien fait! »

À partir de maintenant, je me fais un projet personnel de lutter contre le dégriffage. Je ne sais pas encore concrètement comment je ferai ça, mais je le ferai. Et ça prendra le temps qu’il faudra. D’ailleurs, ce sera le seul billet que je mettrai sur ce blogue-ci, car je viens de créer un autre blogue dédié à cette lutte. Le blogue s’appelle « Les pattes qui piquent ». Ce même billet apparaîtra d’ailleurs sur ce nouveau blogue, à quelques modifications près.


Je créerai aussi une page Facebook, mais en attendant, je passerai par Toutapropos pour faire la promotion de mes articles.

mercredi 25 juin 2014

Le sein du bonheur

Tant qu'à triper sur l'allaitement (et je n'en fais pas un cheval de batail, ni un sujet d'écriture exclusif alors ne désespérez pas, messieurs), ben c'est pas mal ça mes activités sociales ces derniers temps, laissez-moi capoter sur mon petit téteur.

J'ai du mal à croire qu'il y a du monde qui disent des absurdités, ou conneries, choisissez votre mot, du genre que les bébés qui sont bons du lait (bons des seins, donc) sont des petits vicieux. En partant, ce mot-là me dégoûte au plus au point. Dans ma tête à moi, un vicieux, ça à plus de cinquante ans, ça sent à la fois le "swing" ET l'humidité, c'est mal rasé et ça passe ses après-midis assis sur un banc de parc en face des jeux d'eau du vieux port (à regarder les petites filles avec le maillot de bain étiré et les petits gars à qui on voit la craque de fesse, et que dire des parents qui mettent leurs enfants NUS dans des parcs publics!!!). À ne pas confondre avec un vieux porC.

J'allaitais mon support double à otites ce soir, et je le trouvais donc beau. Je ne pouvais pas croire que 7 mois, c'est socialement considéré comme trop vieux pour être allaité ces petites bêtes-là.

Il a décroché intempestivement du sein quelques fois, trop heureux pour l'heure, et dès qu'il se reconnectait, ses yeux viraient à l'envers et il retombait dans un état semi-conscient de bonheur quasi-absolu. Ça avait l'air d'être assez plaisant merci. Je vous entends déjà crier, Ô la vilaine, elle laisse son bébé s'endormir au sein! Ou encore, je sens votre malaise de lire si souvent le mot sein. SEIN SEIN SEIN. Que vous avez la pudeur mal placée! Vous êtes scrupuleux, comme diraient les vieux.

Je ne veux pas être une grano de classe mondiale, et encore moins une MILITANTE de l’allaitement, parce que peu importe le sujet, les militants, ça tape. Par contre, je trouve que la société se trouble de peu. Une fille a moitié saoule qui se fait engrosser par un gars avec juste une moitié de cerveau, ça passe mieux qu’une femme qui allaite un bébé qui a des dents.

En tout cas, ça me semblait hot comme sujet quand j’ai commencé ce texte, et je vais le publier avant que ça ne me tente vraiment plus de le faire!

vendredi 20 juin 2014

Boule de pisse et gomme balloune

Avoir un petit bonhomme de 7 mois, c’est pas toujours facile. Avoir un petit bonhomme de 7 mois qui ne fait pas de très belles nuits, ce n’est pas facile. Avoir un petit bonhomme de 7 mois qui a une paire d’otites… oh là là.

Il se pognait les oreilles à temps plein, et puait des oreilles (oui oui, ça peut puer ces orifices-là, et je n’ai pas caché ma surprise quand j’ai collé mon beau bébé tout propre et que ça sentait les pieds, mais par les oreilles). J’ai donc abusé du système de santé public et j’ai rempli une demande de sans rendez-vous, et bien sûr, eu un rendez-vous le jour même. Verdict, ce bébé n’a rien, il est en pleine forme. Et gras à souhait, qu’il m’a dit, le monsieur, donc pas de risque de voir débarquer la DPJ. Pour malnutrition en tout cas. Je me sentais un peu mal d’avoir abusé du temps du monsieur médecin, mais il était là pour me rassurer. Il est médecin alors moi, qui ne le suis pas, je le crois.

 Une semaine après, pognage d’oreille temps plein, et même temps double, fièvre, et finie la qualité de vie. Pour nous, et de toute évidence, pour lui aussi. Ré-abus du système donc. Cette fois, en plus d’avoir eu droit à un médecin que je connais, PAF, paire d’otites. J’ai dû, dans la folie des hormones à l’hôpital après l’accouchement, cocher sans faire exprès la case « Forfait dents et otites ». Je pensais que c’était un mythe cette affaire-là.

Le petit minou ne s’endure pas, et ça, c’est rare. Il faut donc, dans notre société qui tripe sur les médicaments, donner des antibiotiques à nos bébés le plus tôt possible. En même temps, en tant que maman, je sais que ça dure depuis déjà quelques semaines (le pognage d’oreilles) et que ça ne semble pas s’arranger tout seul. Donne-ti, donne-ti pas, le pauvre ti-loup, il a mal. Go go les antibio. Les granos me lanceront des roches, mais au moins, je serai reposée et capable de les esquiver.

Nous voici donc à la maison avec une belle tite bouteille de RAN-CEFPROZIL, pleine de glu rose. Ça devrait bien aller, dit-elle, c’est juste 3.3 mL de la fois, et ça goûte la gomme balloune…  Pourquoi pas le légendaire sirop aux bananes? Ben c’est que le petit minou, il pèse une tonne et que ledit sirop, il faut en donner 20 mL par jour. C’est beaucoup…

Premier essai, on mélange ça avec de la petite purée de pomme, question de ne pas traumatiser son homme. Oups… ça coule un peu. Et là il avale. Et là, il fait exactement le même « move » que Ace Ventura dans le deuxième film du même nom, quand il voit des petits bébés oiseaux qui ont faim. Il se fait carrément vomir. Je réessaie, des fois que… mais non. Il se fait encore vomir. Une dernière fois, tsé, pour la chance. Non plus… La langue sortie, les yeux rouges et vitreux, la petite toux pour finir ça.

Verdict, on lui donne ça sec. Ouf. Il ne semble pas trop aimer. Pourtant, et la pharmacienne, et la médecin ont dit que ça goûtait la gomme balloune. Je regrette tellement mon titre qui a vendu mon « punch ». Je me dis que je vais goûter, question de comprendre et de lui dire : « Ben non mon beau bébé, c’est pas si pire, ça goûte bon la gomme balloune ».

Doux Jésus. JAMAIS, au grand jamais, je n’aurais pu croire que quelqu’un aurait réussi à synthétiser PARFAITEMENT l’odeur des boules de pisse dans la litière et d’en faire une saveur. Une bonne petite gorgée de boule de pisse liquide, avec un arrière-goût de gomme balloune. C’est vous dire à quel point je me trouve chanceuse d’avoir ENFIN pu goûter de la litière, sans avoir à me dépogner les petites graines de dans les dents après.

N.B. Je sais que mon français est « à chier », mais je joue le jeu de la proximité. Pourquoi perler quand on parle de pisse de chat?



jeudi 19 juin 2014

Montée de lait...

Loin de moi l’envie de faire référence ou de m’identifier, ou de copier de quelque façon que ce soit l’excellent blogue du même nom. Cependant, comme beaucoup de femmes au Québec présentement, et partout dans le monde aussi mais je m’en torche un peu, je suis en congé maternité (payé par tous les autres québécois, je sais) et j’allaite, alors ça s’applique tellement à ma vie.

Parlant de tout ça, donc, et pendant que je réalise que j’écris tellement souvent via mon téléphone que je ne me souviens plus vraiment comment écrire sur un clavier (je me surprends à trouver mon ordinateur vraiment poche de ne pas faire d’auto correction quand j’écris…), il y a eu un sujet qui a attiré mon attention ces derniers jours. Je ne sais pas si ce sont les hormones, le manque de sommeil dû à la paire d’
otites de mon bébé de 7 mois ou tout simplement mes propres convictions, mais il faut que j’en parle.

L’allaitement. Non!!! Pas encore! Il y a la photo Facebook de la fille, à poils, la pitoune, qui allaite son bébé, qui a circulé sur internet et dont on a parlé dans les nouvelles. Ouais. Moi, je suis vraiment pro allaitement. En fait, je ne comprends pas du tout, pantoute voire, pourquoi toutes les femmes n’allaitent pas. Celles qui peuvent mettons. Je vois ma cousine torcher ses biberons, les frotter, les empiler sur le comptoir, jeter du lait à tous les jours parce que sa fille, ben ça lui tente pas de le boire, le lait et je l’écoute raconter que la nuit, quand elle pleure, elle finit par lui en faire chauffer un, des fois que ça ferait, et que ben non, ça fait pas, finalement. Ben, c’est entre autres pour ça que j’allaite. Et elle voulait, je vous jure, et ça n’a pas marché. C’est déjà un chantier chez nous, s’il fallait que j’aie des biberons à gérer en plus… ouf, avec mon chat fou qui passerait son temps sur le comptoir en train de garrocher lesdits biberons par terre.

Toujours est-il que l’animateur du show du matin de Kyk au Saguenay, le plus fendant de la gang, est visiblement contre l’allaitement. Premièrement, je ne comprends pas qu’on puisse être contre, mais en plus, quand t’es un mâle, on dirait que ça a encore moins de poids. Lui, il semble être contre tout ce qui est un brin naturel. Les maisons de naissance, les sage-femmes, l’allaitement, le tofu, les chats avec des griffes, les voitures électriques… En tout cas, gros scandale parce que la fille, sur sa photo facebook, on lui voit un sein, et l’autre est caché seulement parce qu’il y a un bébé d’accroché dessus. Moi, la photo, je la trouve déplacée parce que j’ai été mal éduquée, mais je la trouve ben correcte quand même. J’ai appris que le corps humain est tabou et que des photos de seins, c’est pour les monsieurs refoulés qui veulent se toucher quand leur femme est partie faire l’épicerie. Pourtant, si on prend ça autrement, c’est rien.

J’ai été mal éduquée, pas seulement par mes parents, mais par ma culture, par mon pays, le Canada, et aussi ma province, si émancipée veut-elle clamer être. On a fait un gros doigt d’honneur à la religion, mais on est resté foutument pudiques. On accepte de voir les bourrelets des filles qui veulent être à la mode et les nombrils « slaques » des bonnes femmes en retour d’âge qui pensent qu’on a le droit de mettre un chandail bedaine passé 22 ans. Par contre, des seins, pas question. Surtout des seins pleins de lait. Ou là là!! SCANDALE!

Quand j’allaite, je fais attention. Je ne me sors pas le kit au grand vent avant d’avoir le petit quasi-crocheté, sauf chez nous mettons, mais je ne m’isole pas non plus dans une bulle de verre insonorisée et teintée. Pourtant, j’ai tout pour faire capoter le monde. Mon bébé est rendu à 7 mois, et il est plus grand qu’un bébé standard d’un an. Et Dieu sait, oh oui il le sait, qu’allaiter un bébé passé trois jours, c’est vraiment fucké. Alors allaiter un bébé tellement grand que ça fitte dans aucune chaise berçante, ça dépasse l’entendement. Et là les gens zieutent et chuchotent… « Mon Dieu, il est sur le bord de venir lever le chandail lui-même, ça n’a pas de bon sens… ».

Avant, j’étais bénévole à l’association qui supporte l’allaitement dans ma région. J’ai fini par lâcher parce que les militantes grano je-veux-allaiter-mon-enfant-de-4-ans-en-public-sans-que-personne-ne-dise-un-mot, ça me tapait sur les nerfs. Faire croire à une femme à bout de nerfs et d’hormones qui se décourage qu’il faut ABSOLUMENT qu’elle allaite quand elle est en train de péter sa coche, ça me faisait suer. Par contre, quand je demande tout bonnement, sans arrière pensée, à une femme qui a des enfants, ou qui est enceinte, si elle prévoit allaiter ou si elle l’a fait dans le passé, et qu’elle répond « NON!!! » en me crachant en pleine face, avec une baboune de dégoût comme si j’étais la chose la plus répugnante que la terre ait porté… Woooo! SLAQUE UN TOUR!

J’aurais juste envie de dire « Fais-toi poser un sac à marde, tant qu’à faire, puisque c’est plus facile que faire ça dans la toilette ». Bon. Je ne suis généralement pas aussi vulgaire, sauf que là, j’en ai ma claque de ceux qui se battent pour dire que l’allaitement c’est un choix. Non, ce n’est pas un choix. Allaiter c’est normal. Un biberon c’est un choix. Pousser ton bébé naissant parce que tu ne veux pas qu’il se « plug », c’est un choix, un choix vraiment cruel que je ne suis pas capable de comprendre. Tu choisis de laisser ton enfant crever de faim si tu n’as plus de lait chez vous. Je ne dis pas que c’est un crime de ne pas allaiter, mais foutez-moi la paix avec votre choix. Et n’allez pas me toiser et me traiter de grano.

Finalement je ne me suis pas trop éternisé sur la photo. Mais j’ai crevé l’abcès…


Mon grand de 5 ans, lui, des seins, il ne trouve pas ça incroyable. Quand il va en voir à la télé, il n’ira pas se cacher pour se tâter la fourche. Des seins, c’est pour donner du lait. Son petit frère, il boit du lait dedans, et ce n’est pas pire que ça. Si vous me voyez un bout de sein par hasard quand j’allaite, ben coudonc. Si ça vous excite, vous être vraiment fucké.

Je vous invite à visiter ce blogue très cool aussi : http://monteedemilk.tumblr.com/