De toutes mes qualités, et Dieu
sait qu’elles sont nombreuses, faire preuve de tolérance envers la connerie
humaine n’en fait pas partie. C’est normal, vous dites-vous. Certes. Sauf que l’étendue
des choses que je considère comme étant des conneries est plutôt… vaste.
J’ai des principes, et tout le
monde devrait en avoir. Sauf que pour certains, on dirait que c’est très
optionnel. Par exemple, le respect de la vie. Ça semble assez de base. Ça
semblait. Jusqu’à cet après-midi. Nous allions au centre commercial pour faire
quelques emplettes. Le bébé dans la poussette, le grand au chalet avec sa
marraine.
Alors qu’on s’apprêtait à entrer
dans le centre commercial, il y avait évidemment des fumeurs à la porte. Une
fumeuse. Enceinte. WHAT?!!! Alors là, j’ai eu un choc culturel. Je me suis
sentie tellement mal. Sa santé à elle, je m’en torche. Plus que royalement. Je
passe à côté sans respirer, alors pour ma santé à moi, on s’en sort aussi. Mais
son bébé? C’est certain qu’il va être « ben correct ». Ils sont
toujours « ben corrects ». Ils ont leurs dix doigts, tous leurs
organes et ils remplissent leurs couches comme les bébés des mères soucieuses.
C’est plus tard que ça se gâte. Troubles de comportement, troubles d’attention,
troubles de santé subtils, qui laissent tout simplement croire à un enfant plus
fragile, avec son « caractère ».
Une fois les emplettes terminées,
j’avais oublié la vilaine. Nous ressortons du magasin, retournons vers notre
véhicule. Une famille marchait dans le stationnement, la mère, enceinte,
cigarette à la main. WHAT!?!?!?!? DEUX FOIS DANS LA MÊME HEURE? Alors là, je n’ai
pas oublié.
Marcus, 5 ans, a posé la question
dernièrement. Il est passé dans un hall d’entrée ou ça puait la cigarette. Il a
demandé à son père ce que c’était, complètement dégoûté. Une fois l’explication
fournie, il a posé plusieurs questions. « À quoi ça sert? »
Absolument à rien, de répondre son père. « Alors pourquoi? » lui de
rétorquer. Il ne comprenait tout simplement pas, et il était carrément fâché,
parce que ça brimait son droit de respirer de l’air qui ne pue pas. Il a dit « la
prochaine fois que j’en vois un, je vais lui dire d’arrêter ». L’intention
était noble, mais son père lui a dit que les fumeurs n’étaient pas capables, et
ne voulaient pas arrêter. Alors il a dit « Si ce n’est pas bon pour eux,
je vais les laisser continuer ».
Les fumeurs, ils ne me dérangent
pas particulièrement. Tout d’abord, je n’en fréquente pas (point de
ségrégation, c’est un hasard, sans doute), et mes collègues qui fument le font
dans le respect, dans la mesure du possible.
Mais fumer avec un être humain
qui grandit en soi, en 2014, et même dans les années 2000 tout court, c’est
fucké rare! On sait tous ce que ça fait. Étrangement (vraiment?), les femmes
que j’ai vues fumer enceinte ne semblaient pas nécessairement être les crayons les
plus aiguisés de la boîte. On ne se cachera pas que fumer, ce n’est plus aussi
prestigieux que ça l’a déjà été. Je me demande si je connais encore des gens
qui acceptent des fumeurs dans leur maison. Personne n’est jamais sorti de chez
moi pour aller fumer, et sachez que j’ai souvent de la visite. J’oublie que la
cigarette existe jusqu’à ce que je voie des gens qui se font croire qu’ils
aiment prendre l’air pour fumer leur cigarette en vitesse à côté de la porte,
méprisés par ceux qui passent à côté.
On dirait que la cigarette est
devenue un indicateur de classes sociales. Où je travaille, le bureau de l’ingénierie
a quelques fumeurs seulement, et l’atelier d’assemblage, plusieurs fumeurs. Il
y a toujours plein d’employés fumeurs dans les épiceries. Les magasins. La
construction. Remarquez qu’il y a aussi des infirmières qui fument. Je suis
sans mot.
En attendant que les états
décisionnels délivrent des permis pour concevoir et élever des enfants (et
pourquoi pas les animaux aussi), je suppose que nous devrons vivre avec ces
absurdités, à classer dans le même dossier que les drogues qui font fondre la
peau et la recrudescence des ITS, autrefois MTS.
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