Ce soir, après une éprouvante course au souper, suivi d’une tape dans mon visage, donnée par mon fils, une moi fâchée, un petit garçon en punition et une réconciliation touchante, nous avons fini par nous transporter dehors, le petit dans la grosse poussette brune, moi dans mon existence et mon chum, prêt à courir. Comme la crise avait été éprouvante et surtout longue, la marche serait courte.
La température était parfaite, après le violent déluge de la veille, et rien n’indiquait que le ciel nous était tombé sur la tête pendant près d’une heure. Fidèle à lui-même, Martus, anciennement Patus, anciennement Papus, s’est mis à décrire son environnement de manière très insistante. Heureusement, il ne s’était pas encore engagé dans son discours des camions de pompier. Depuis le fameux incendie, toutes les marches ne sont qu’un prétexte à chercher des camions de pompier.
Soudainement, nous sommes passés devant une maison, en apparence identique aux autres. Sur la partie avant du terrain, une énorme branche d’arbre, aussi grosse qu’un arbre entier, jonchait le sol. C’était un arbre à plusieurs troncs et l’un d’entre eux n’avait pas survécu la tempête. Sentant le besoin d’expliquer le tout à Martus, je me suis exécutée :
« Hier, Martus, les nuages étaient fâchés et le vent s’est mis à souffler fort, fort, fort, comme le grand méchant loup sur la maison des cochons et l’arbre s’est cassé, il est tombé par terre. L’arbre a un gros bobo. » Sans le savoir, j’avais créé un genre de monstre vraiment mignon. Les vingt minutes suivantes ont consisté en un enregistrement à propos variables, qui allait comme suit :
« L’arbre est tombé par terre. Les nuages étaient fâchés. Le morceau est tombé. L’arbre a un bobo. L’arbre a perdu un morceau. » Il a répété ces phrases, pas nécessairement dans cet ordre, pendant toute la durée du trajet. Il était réellement affligé, le regard affolé, le ton triste, inquiet. Un peu comme la fois où il avait coché sur la douzaine d’œufs cassée sur le plancher du supermarché, prétendant que « Les cocos sont cassés, Maman a de la peine ». Il était à la fois fâché et affligé. Une grosse épreuve.
Une fois dans la maison, sur la « grosse toilette » (il est pratiquement propre notre petit champion, à deux ans!!!), il a continué de s’attrister de la chose. Puis, après, dans son lit, bien étendu, relax, nous avons entendu le discours encore un peu, ralentissant le débit peu à peu.
Il a juré qu’il raconterait tout ça à son grand-père, sa grand-mère et sa marraine, où il se fait garder pour toute la semaine. Il a même eu une pensée pour Laïka, le chien. Demain, tout le monde sera au courant. Si ça se trouve, notre petit garçon ne sera pas un sans-cœur. Souhaitons qu’il ne voie que des arbres et des cocos cassés. Heureusement, nos chats ne vont pas dehors…
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