Si j’avais à me créer un nouveau blogue, à cet instant précis, « at this very moment » (il y a des expressions qui sont tellement plus à propos en anglais), ce serait cela, antidog.org. La version « .com » serait sans doute déjà prise. Mon non-amour des chiens, à ne pas confondre avec haine profonde, pas toujours du moins, n’est un secret pour personne. Je n’ai pas honte de dire que je ne suis pas une femme à chiens.
Je ne nie pas leur intelligence, ou leur obéissance plutôt, ni leur charme, pour certains, mais je préfère rester à une distance olfactivement confortable d’eux. Tous les chiens puent. Sinon, ils s’y mettent dès qu’ils ont chaud ou qu’ils sont mouillés. Ceux qui sont trop petits pour puer sont trop petits pour être qualifiés de chien, selon moi. Ce sont plus des rats canins.
Expliquez-moi, pendant que nous y sommes, pourquoi les chiens de sacoches sont autorisés partout, même dans les endroits où il y a une petite panfiche avec un pictogramme de chien sous un cercle barré rouge dedans? La personne allergique ou qui a une peur phobique des chiens, on s’en fiche? Les enfants n’ont plus le droit de se présenter à l’école s’ils ont mangé des arachides ou des noix dans les trente derniers jours, mais tout le monde se sent à l’aise avec les chiens de sacoche. Ah.
Je sais que les lecteurs amoureux de chiens qui me lisent, s’il m’en reste, seront soit déçus, ou encore auront follement envie de me dire qu’il n’y a pas de mauvais chiens, seulement des mauvais maîtres, et je suis d’accord, mais le chien reste l’auteur de toutes ces crottes, de cette odeur, et c’est également lui qui ne peut s’empêcher de sortir sa langue dès qu’il s’excite un peu trop.
Aujourd’hui, alors que je courais mon 5 km avec mon partenaire de course, qui semble aimer la gent canine autant que moi, nous nous sommes fait suivre par un genre de chien, petit, blanc et déplaisant, pendant quelques secondes, qui grognait agressivement son désaccord face à notre présence de l’autre côté de la rue. S’il faisait un tour de plus autour de nos chevilles, la bouche ouverte et pleine de dents, je crois que je le promouvais directement au poste de « rack à coups de pied » (réf. François Pérusse). Sans doute le maître m’en aurait-il voulu jusqu’à me poursuivre en justice, mais j’aurais pu me rattacher au fait que son chien était en liberté. Mauvais maître!
La journée a passé, comme toutes les autres, vite, puisque je suis en vacances, et le soir est arrivé. Toute cette journée, j’ai été amorphe, drabe, moche, à une horizontalité près de m’endormir, peu importe l’endroit. Malgré tout, nous avons accompli certaines tâches moches mais utiles, et nous sommes même allés marcher, après le souper.
Mes pauvres jambes m’en voulaient déjà pour cette course matinale plutôt intense, mais j’ai un certain orgueil et je me disais qu’il serait bon pour moi de bouger encore un peu. À la fin de la ballade, nous avons emprunté un court sentier, au cas où les « lapins » (lièvres) auraient été là, pour le grand bonheur de Mâtus. Hélas non.
Une fois arrivés à la maison, j’ai marché dans la cuisine avec mes espadrilles pour aller voir s’il y avait des messages sur le téléphone. Comme j’avais été lente toute la journée, l’odeur infecte de merde (n’ayons pas peur des mots) n’a été analysée par mon cerveau une fois l’aller-retour accompli. J’avais marché dans une crotte de chien quelque part entre le départ et l’arrivée. Pourtant, je fais toujours tellement attention, mais cette fois, je l’ai échappée.
Pendant les minutes qui ont suivi, alors que je grattais le dessous de mon espadrille avec un pic à brochette en bois, j’ai tenté de déterminer si ma haine des chiens surpassait mon incompréhension de la complexité de la semelle de ma chaussure. J’ai réglé la question lorsque j’ai dû me rendre à l’évidence que seul le boyau d’arrosage pouvait quelque chose pour moi, après que le jet trop fort ait ricoché sur le caca, puis dans mon visage. Je déteste les chiens. Encore là, je sais que c’est le maître qui est en cause, mais on ne saurait jamais que ledit maître est si con, si ce n’était du chien qui pend au bout de la laisse, si laisse il y a.
Ça me fait également penser à ma fin de course du matin, alors que sur environ une cinquante de pieds, dans une rue très résidentielle, il y avait des crottes de chien bien rondes, bien puantes, qui traçaient un chemin. Il ne faut pas un diplôme d’études supérieures pour deviner que la pauvre bête tentait tant bien que mal de se soulager, mais que son maître l’ignorait en tirant sur la laisse. Je visualise très bien le chien, un cabot d’au moins 70 lb, à en juger par la dimension des agrégats, se courbant le dos, victime de ses propres sphincters, et le maître qui ne se rendait pas compte de la situation, ou tentait de l’en dissuader.
Dans les deux cas, le maître est con. S’il ne se rend compte de rien, c’est qu’il ne se soucie pas du chien, qu’il prend la marche pour lui-même, et dans ce cas, pourquoi s’embarrasser d’un chien si on s’en fiche? S’il tente de l’en dissuader, c’est qu’il n’est pas enclin à ramasser les déchets, et qu’il prévoyait passer les crottes en douce sur le terrain de quelqu’un, sinon, les ramasser sur l’asphalte semble plutôt avantageux, ça n’enduit pas les brins de gazon et ça évite qu’on sente la crotte s’effondrer sous nos doigts, dans l’angoisse que le sac faille à sa tâche.
Finalement, cette journée ne m’a pas aidée à aimer les chiens. La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que la journée est finie, et que demain sera encore mieux, même si nous n’irons pas voir le vrai bison, parce que Mâtus n’a pas été gentil.
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