lundi 19 mars 2012

Payer pour avoir un avenir, non?

Quoi de pire pour l’humeur et l’état général que d’être bombardé d’informations sur un sujet avec lequel nos convictions font des flammèches?

Afin de ne pas sombrer dans l’exagération et de ne pas devenir l’ennemie publique numéro un, je vais opter pour la modération. Je vais centraliser mes opinions politiques, si peu fournies puissent-elles être.

Seraient-ce mes lunettes roses, ou aurais-je constaté que parmi mes semblables, le débat qui nous intéresse n’en est même pas un? Malgré toute ma bonne volonté d’être objective dans mes écrits, je dois immédiatement arrêter de me brimer, car il ne ressortira rien de ce texte vide, je ne fais qu’y aligner des mots.

Ceci étant dit, je cherche encore et encore, mais je ne trouve pas de réponse à ma question : comment se fait-il, diantre, que tous les diplômés des domaines techniques pertinents que je connais et fréquente soient en accord avec l’augmentation des frais de scolarité, moi y comprise?

Sommes-nous, mon peuple et moi, des égoïstes sans cœur qui ne se préoccupent pas des étudiants sans avenir (par leur choix) ou sommes-nous simplement réalistes?

Quel réalisme? Me hurlez-vous trop près de l’oreille, à m’en donner l’envie de vous battre. Lorsque j’avais sept ans et que j’allais chercher un deux litres de lait bleu au dépanneur, je payais avec un deux dollars en papier, et il me revenait un 10 ¢. Maintenant, quand je fais de même, il m’en coûte 3.33 $, ou quelque chose du genre. En vingt-deux ans (ouch) donc, le lait a subi une augmentation de coût de 43 %. Les exemples sont nombreux. Le salaire minimum par exemple, est tout près de 10 $ l’heure.

Main dans la main avec une ligne du temps, les produits et services ont pris du coffre, se sont remplumé du derrière. Les ingénieurs sortants gagnent 10 000 $ de plus par année que moi, il y a de cela sept ans.

Qu’en est-il donc de l’éducation? Et certains iront jusqu’à dire que l’éducation devrait être gratuite. Êtes-vous bien? « Are you high? » comme le dirait si bien cette chère Penny dans je ne sais plus lequel des excellents épisodes de Big Bang Theory. Je pense que oui…

Je sais ce que vous voulez entendre, et je vais vous le dire… Oui! Je suis d’accord avec la gratuité des études. Vous êtes tellement étonnés! Vous sentez le chien mouillé jusqu’ici et, croyez-moi, Chicoutimi, c’est loin! Je crois sincèrement que les jeunes ne devraient pas avoir à payer pour leurs études. À certaines conditions. Les voici.

Tous les programmes d’études sans avenir réel tel que les arts, lettres, sciences politiques (quel salissage du mot science), travail social, théologie, plein air, histoire et j’en passe, devraient être payants et fortement contingentés, voir limités d’accès aux enfants de familles riches qui comptent se faire vivre par leurs parents pour une période prolongée. Ces programmes, mes chers amis, ne sont que pur divertissement et culture personnelle. Pourquoi nous, simples mortels, devrions-nous payer pour que certaines personnes puissent faire chier le peuple en ayant l’air brillant dans les partys de famille, mais en ne foutant rien de concret de leur vie, et prenant un malin plaisir à détester publiquement les méchants capitalistes pollueurs et inconscients? C’est un peu comme les artistes qui sucent les ressources de l’État pour se faire vivre, mais en ne rapportant pas un clou.

Tant qu’à y être, pourquoi ne me payez-vous pas des ateliers de yoga, et pourquoi mon conjoint a-t-il dû payer de sa poche ses cours de guitare?

Le gouvernement a les priorités aux mauvaises places, certes, et l’éducation devrait préoccuper davantage. Mais personne n’arrivera à convaincre quiconque a pris en main son futur que les programmes d’étude à faible teneur en crédibilité devraient être payés par monsieur et madame tout le monde, et ne jamais rien rapporter collectivement. Je serais curieuse de savoir combien de finissants sont capables de vivre de leurs études, dans les domaines cités plus haut. Je suis ouverte à la discussion.

J’ai entendu, ces dernières semaines, lors de la défaite d’un vote de grève, que c’était le vote technique qui avait tout fait foirer. C’est dire qu’il y a encore de l’espoir.

2 commentaires:

  1. Julien Goyard Ruel19 mars 2012 à 23:54

    Stephen H. qui serait content d'entendre cela..."Tous les programmes d’études sans avenir réel". Je trouve cette phrase assez grave. On ne peut pas tous devenir comptable ou ingénieur, il y a des être humains qui ne sont tout simplement pas faits pour cela. Bien sûr, les gens qui ne choisissent pas de faire une profession libérale s'exposent à plus d'incertitude monétaire et c'est leur choix. Je pense cependant que l'on devrait ajouter la notion "bonheur" dans ton évaluation de l'avenir réel. Les gens heureux seront moins malades et commettront moins de crimes, ce qui est une économie pour l'ensemble de la société. De plus, la culture c'est la base du tissus social et c'est souvent le point de départ de débats politiques.

    Je suis par contre d'accord pour valoriser l'effort. L'idée du contingentement accru, ça a du sens selon moi. Je mettrais aussi des taxes à l'échec très intenses, ce qui réduirait la quantité d'étudiants sans motivation.

    Et je suis POUR l'idée que les cours de Yoga soient payés. On sauverait ainsi beaucoup d'argent en soins de santé et la réussite scolaire augmenterait. C'est un des combats de ma vie: prévenir plutôt que guérir...

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  2. Je n'ai pas l'impression certains programmes sont sans avenir réel. Au delà du divertissement et de la culture personnelle, il y a l'apprentissage de méthodes de recherche et de notions permettant un questionnement de notre société et la recherche de solutions à certains problèmes sociaux. Je trouve qu'il faut faire attention parce que ces propos ne viennent qu'alimenter les stéréotypes. Il existe des choses que la technique ne peut pas régler dans la vie.

    Sur un autre ordre d'idée, certains départements de l'université de Montréal ont justement tenté il y a quelques années de contingenter les programmes et d'exiger une côte R minimum. C'est l'université qui n'a pas voulu.

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