1 – Mignon
Marcus (mon fils de presque trois
ans, alors que je le réprimandais légèrement, à table) : T’es belle Maman!
Moi : Ah! T’es manipulateur!
Marcus : Oui! Je suis
malade!
Conclusion : Est-ce qu’un
enfant de moins de trois ans peut réellement comprendre le sens du mot « manipulateur »?
Sinon, comment se fait-il qu’il l’ait associé au fait qu’il est malade? Est-ce
un hasard?
Si oui, est-ce que je devrais m’inquiéter
de tout ce qui est à venir?
2 – Pathétique
En attendant à la caisse du Costco, dans un état
semi-végétatif, dû à une fatigue sans fin et à un rhume latent, la caissière et
son emballeuse se sont surenthousiasmées à la vue de la boîte de beignes Krispy
Creme du monsieur qui me précédait. La caissière, une femme dans la
cinquantaine avancée, ou dans une quarantaine difficile, lâchait, dans toutes
ses déclinaisons possibles, l’ironie selon laquelle ces beignes sont « pas
bons ». Sans cesse. Unstoppable. Puis c’est arrivé : « Ça, une c’est
trop, trois c’est pas assez ». Veuillez noter qu’ici, au Saguenay, le mot
beigne est féminin. Puis elle a expliqué, à l’attention de sa comparse, qui a
osé un « ça n’a pas de sens ton affaire », qu’il valait mieux ne pas
manger un seul beigne, parce qu’il est ensuite impossible de s’arrêter, mais dans
un français beaucoup plus régional.
Elle est même allée jusqu’à
chercher un regard approbateur et compréhensif de ma part. FAIL. Dédain et mépris.
Puis elle l’a répété deux ou trois fois encore, alors que le monsieur était
parti, et que c’était à mon tour de vivre ce malaise. Puis elle a ENCORE poussé
plus loin en disant, toujours sous le regard admiratif de la jeune emballeuse
un peu enveloppée, elle aussi (ahahahah), « C’est comme la bière, une c’est
trop, dix c’est pas assez ». Là j’ai soupiré, dit merci puis me suis
sauvée, la tête en ébullition.
Est-ce réellement propre à l’humain,
de devoir se priver des bonnes choses parce qu’il est incapable de se
contrôler? Oui, j’ai déjà trop mangé, trop bu, trop fêté. Mais j’étais jeune et
folle. Je pensais que ça faisait partie de l’évolution, qu’en vieillissant, on
devenait plus sage, et que l’équilibre était une étape obligatoire de la vie.
Faut croire que non. Et je suis bien contente de constater ma sagesse. Je mérite
mon beau hibou, que j’ai fait tatouer sur mon épaule il y a deux semaines.
Sur ce, il est temps pour moi de
reprendre un peu de sommeil.