En ce chépasqueljour de janvier
2018 (ouhhh c’était ma première fois!!), je ressens une envie, non un besoin,
de partager à mon limité nombre de lecteurs au monde entier ce que c’est
que vivre avec l’hypersensibilité.
Si j’ai eu, souvent avec raison,
le qualificatif de crisse de folle fille trop émotive/sensible/soupe-au-lait/hystérique,
propos qui m’ont fait mal plus qu’autre chose, j’ai découvert récemment qu’il n’en
est rien. Sachez que je sais que cette découverte m’appartient et qu’elle n’empêchera
pas la populace de me percevoir comme une crisse de folle personne perturbée,
elle m’aide grandement moi, en tant qu’humain, à vivre avec, et à bien vivre,
la plupart du temps.
Je parle ici d’hypersensibilité
globale. Pas d’hystérie féminine ciblée. Au même titre que je sens avec détail
et souvent dégoût les odeurs qui m’entourent, je ressens mes émotions avec…
passion. Pas tant passion comme « Wow j’aime vraiment ça entrer en mode
panique » que passion avec beaucoup de présence…
Si je me retrouve va à face avec
un humain qui sent le creton-swing/haleine-de-mauvais-café/fond-de-tête, ben
plutôt que de me dire, comme la plupart des gens « ouf, ça sent
drôle/mauvais/dégueu », moi, je vais avoir un filtre vert-brun qui va s’ajouter
à mes yeux, ça va sentir, goûter, l’air va avoir une texture et je vais
temporairement devenir non-fonctionnelle, le temps que je me retiens de vomir.
Ensuite, je vais devoir aller me laver les mains, me brosser les dents pour
enlever le goût et probablement que je vais mettre tout mon linge au lavage ce
soir-là, ce que je ne fais pas d’emblée.
Quand mes émotions sont
visées/touchées, c’est un peu le même genre de phénomène qui se produit. Étant
une personne exacerbée, j’ai des réactions du même acabit. Donc, si quelqu’un m’envoie
un courriel semi gentil avec des millions de pointes pas gentilles, alors que
je pourrais me dire « bah, qu’il mange de la marde », je vais plutôt
m’effondrer. Je vais revoir le film de ma vie, remettre en question l’ensemble
de ma carrière, mes connaissances, l’éducation de mes enfants, me flageller
mentalement pour la fois où j’ai oublié de nourrir mon chat, pour la fois en
1992 où ma porte de voiture a touché à celle du char à côté chez Woolco, pour
les deux cannes de pâte de tomate à 39 ¢ que j’ai oublié de payer chez Maxi
parce qu’elles étaient sous ma sacoche dans le panier, pis je vais me demander
si je ne devrais pas envoyer mon CV ailleurs. Sans compter que je vais pleurer ma
vie sur trois jours et faire de l’insomnie pour des semaines. Bon, j’en ai un
peu mis, mais pas tant que ça.
Ce dernier était un cas « extrême »,
et c’est plus rare. Heureusement, parce que c’est très demandant. Mais au
quotidien, les tics des gens me dérangent, les étiquettes de vêtements, et les
mauvaises intentions des autres. Parce que si ça a longtemps été perçu comme du
délire et de la théorie du complot par « d’autres », je suis apte à
ressentir les émotions/intentions/réactions des gens, sans même qu’ils ne
parlent. Pas tous, et pas toujours, mais souvent et avec beaucoup de personnes.
Je ressens aussi le vide chez plusieurs. Si dans certaines situations, le vide
est calmant (genre quand on essaie de travailler en commune), ça devient vite
damnant quand on essaie d’aborder des vrais sujets.
C’est déjà beaucoup de mots, et
je vais m’éclipser là-dessus. Mes enfants arrivent dans 30 minutes et comme j’ai
rêvé que mon petit était disparu pendant toute la nuit, j’ai vraiment hâte de
le toucher!
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