Le toucher est l’un des cinq
sens. Fait. Toucher est donc un mode de perception, une façon de communiquer,
de manifester ses intentions, d’exister. Autre fait. Je suis une grande
toucheuse. Je ressens souvent un intense besoin de concrétiser des textures qui
me semblent particulières, différentes et il m’arrive même, comme je le fais
parfois avec des odeurs, de me réconforter en touchant. La douceur de soie de
mon bengal, les cheveux rêches de mon fils, le gaufré de ma robe de chambre, le
texturé de la peinture mate, la douceur d’une voiture propre, le cuir de mon
levier de vitesse. Toutes ces textures sont rassurantes et me permettent de me
calmer ou simplement de passer un bon moment.
Toucher peut également être désagréable.
Il y a bien sûr les textures collantes, gluantes, qui laissent une odeur sur la
peau, les textures mouilleuses non désirées, les textures sableuses sur les
lisses, comme une voiture sale, le métal sale et les textures coupantes.
Celles-ci sont évidentes. Sinon, le pire du pire, c’est lorsqu’on touche malgré
nous, lorsqu’on est touché par les autres.
Se faire bousculer dans un
couloir est certes désagréable, mais encore davantage lorsqu’on se fait toucher
la peau par de la peau, par un étranger. Effleurement involontaire dans une
foule, haleine trop près du cou, quelqu’un qui nous enlève un cheveu en fin de
vie, certains croient que toucher un humain n’est pas pire que toucher un mur.
FAUX! Je m’insurge. Jusqu’à ce matin, j’aurais même affirmé que me faire
toucher sur une épaisse couche de vêtements, par exemple un épais manteau d’hiver,
ne me perturbait pas. Je sais maintenant qu’il n’en est rien.
Aujourd’hui, au travail, on m’a
un peu trop touchée, et ça m’a perturbée. Le type n’est pas méchant, d’une
grande naïveté et disons-le, très collant. Abusivement heureux de ma compagnie,
en moins de cinq minutes de mesurages et de questions techniques,
désagréablement entrecoupées de blagues et commentaires qui portaient à
confusion, il m’a tâté les deux bras, m’a doucement brassée par les épaules et
m’a amicalement poussée vers la sortie en me retenant du même coup par le dos.
Soyons clairs, soyons honnêtes,
je n’aime pas ça. Entre m’être chicanée avec un collègue assez vigoureusement
aujourd’hui et cela, je pense que j’ai préféré la chicane, quoique douloureuse.
Je ne suis pas « sauvage », mais un peu de distance avec les étrangers,
et les collègues dont on n’est vraiment pas proche, ça ne fait pas de mal.
Sur ces entrefaites, ce sera
tout.
Bien vrai, il y a certaines subtilités que chacun ne saisit pas. Le toucher entre personnes est une forme de communication qui ne doit pas être à sens unique. Le toucher peau à peau est rarement innocent. C'est généralement un appel et quand il n'y a pas de réponse, il faut freiner ses élans.
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