À quoi bon instaurer une loi,
avec des « conséquences », si lesdites conséquences ne sont
finalement qu’un petit rien tout nu? écrit-elle, aux prises avec un hoquet
violent et douloureux. Allez savoir.
Pour ma part, et assoyez-vous
avant de lire, je trouve la loi 78 un peu abusive, et surtout très vague.
En fait, je suis en train de lire la loi et je me rends compte que la section
que je trouve exagérée n’y est plus. Je ne suis donc plus en désaccord.
Pardonnez-moi.
Ceci étant dit, toutes ces
semi-nouvelles concernant le conflit étudiant me font haïr tout ce qui
ressemble à un média. Même Facebook, que je prenais la peine de consulter de
temps en temps, question de lire toutes ces inutilités qui sont quotidiennement
publiées, me pue légèrement au nez. C’est ça, ou encore la persistante odeur de
fumier qui embaume la ville ces derniers temps.
J’aurais envie d’aller manifester
contre les carrés rouges. Je ne le ferai pas, par contre, parce que le jour, je
suis trop occupée à faire rouler l’économie et le soir, je suis trop occupée à
jouer à moitié mon rôle de femelle, me contentant de remplir les estomacs. Mon
fils l’a dit : « C’est Papa qui fait la vaisselle Maman ». Une
fois que tout le monde a mangé, que la vaisselle est propre, le petit aussi, qu’on
a joué avec une (ou plusieurs) des mille versions de Flash McQueen, et que le
petit est au lit, je pourrais. Oui, je pourrais ramasser ma « gang »
de gens straight, normaux, contribuables et propres et aller beugler plus fort
que les carrés rouges, mais… Vous voyez bien que ça n’a pas de sens. Je suis
une militante du sens et tout ça n’en a aucun.
Parlons-en donc du sens. J’ai une
question, très pertinente, et j’aimerais qu’on y réponde. S’il vous plaît.
Comment se fait-il que des étudiants puissent faire la grève? Je coche sur ce
point, mais ce sera ainsi tant que je ne comprendrai pas. Les syndicats sont
des ramassis de gens qui travaillent et qui sont régis par une convention
collective, dans laquelle il est (sans doute) écrit qu’ils ont le droit de
faire la grève. Ils paient (souvent malgré eux) ledit syndicat et doivent
(souvent de force) soutenir la cause (qu’elle en soit une ou non). Soit. Ils
sont au courant. Ils ont consciemment choisi un travail syndiqué.
Mais les pauvres étudiants, ceux
qui entrent à l’université dans le but d’en sortir avec un diplôme et de gagner
leur vie avec, qu’ont-ils fait pour mériter ça. Ici, ils ont été chanceux.
Personne n’a perdu sa session. Mais tous ceux pour qui c’est le cas,
POURQUOI?!!
Parfois, il m’arrive de tenter de
me mettre dans leur peau et je me vois, les yeux injectés de sang, prête à
arracher des ganses de chanvre et à lancer des bérets de laine organique ou
recyclée au bout de mes bras. Je jurerais sans doute dans le décor, à péter un
câble en plein milieu du festival du pas-propre, mais je lutterais vraiment
pour mon point. Ou non. Probablement pas en fait. La liberté d’expression est
un concept abstrait, et elle n’est invoquée que par ceux dont les actes sont
illégaux et qui « luttent pour une cause ». Les gens comme moi n’invoquent
pas la liberté d’expression. Non, les gens comme ont des responsabilités
sociales, professionnelles et familiales, et c’est ce qui les retient de faire
des conneries en foule.
Ce faisant, il se fait tard et
évidemment, je travaille demain. Et c’est tant mieux.