dimanche 29 mai 2011

Les Chinois passent la tondeuse

Des Chinois viennent d’emménager en face de chez nous. Ils sont en train de, disons, puisqu’ils rénovent et ne semblent pas encore y vivre réellement. Pour vous mettre dans le bon contexte, les « étrangers » sont peu nombreux en région. On voit bien des parents tout à fait blancs avec des enfants « importés », mais on sait qu’il s’agit d’adoption. Ce n’est pas rare et comme les enfants s’appellent Coralie, Samuel ou Thomas, on ne se sent pas trop dépaysés. De plus, dès qu’ils prennent l’adolescence, ils sacrent et font comme les autres, alors ce ne sont pas vraiment des Chinois. Nos Chinois, ils sont vraiment chinois.

Sur une autre note, je tiens à vous dire que je sais que je suis un être humain absolument abominable. Sachez également que j’ai tenté de dire le mot « abominable » toute la journée et que, chaque fois, j’ai hésité entre abobinable et abominable. À l’écrit, c’est plus évident, mais sans logiciel de traitement de texte qui souligne en rouge, ça peut porter à confusion. Toujours est-il que j’ai [encore une fois] réalisé combien je suis terrible sans le vouloir.

Depuis que je sais que les nouveaux voisins sont chinois, il m’est complètement impossible de parler d’eux sans insister sur le fait qu’ils sont chinois. Ce qualificatif pourrait être pertinent si mes deux autres voisins d’en face qui tentent de vendre y étaient parvenus, mais ce n’est pas le cas.

Ce midi, en revenant du magasin, ils étaient en train de tondre leur gazon. Ne cherchez pas à comprendre pourquoi, LE Chinois conduisait la tondeuse et madame le suivait au pas, lui prodiguant sans doute des conseils dignes des scientifiques qu’ils sont (les étrangers du Saguenay sont soit chercheurs, soit étudiants en sciences). J’ai alors dit, naïvement, à l’intention de mes deux hommes, ou de moi-même qui sait, je parle tellement que j’en viens souvent à confondre mes paroles et mes pensées, « Tiens, les Chinois passent la tondeuse ».

Papus, mon fils, bien content de l’apprendre, s’est donné pour mission de répandre la nouvelle. Il a donc répété l’énoncé à maintes reprises. Sorti de ma bouche, ça semblait inoffensif, mais de la sienne, j’en suis venue à me demander si j’étais raciste. La réponse est évidemment non, ne vous scandalisez pas, mais je suis aux prises avec une très mauvaise manie, qui « m’oblige » à qualifier les gens, souvent de façon socialement inacceptable.

Des commentaires tels que « La grosse madame qui fume », « la vieille folle qui ne sait pas conduire » ou encore « les Chinois d’en face » sont monnaie courante. Le pire, c’est que je le sais que c’est péjoratif, mais je le dis quand même. J’ai parlé des Chinois une dizaine de fois après, aujourd’hui, et Papus, qui ne s’intéresse qu’aux tondeuses, a immédiatement associé lesdits Chinois à la tondeuse, « tondusse », selon ses dires.

Mon chum, senteux qu’il est, a passé un commentaire sur eux chaque fois qu’il regardait dans la vitrine. « Ça tond bizarre un Chinois » ou encore « ça prend quatre Chinois pour semer des graines de gazon sur le terrain » (ils ne sont pas les seuls en ville, en fait, il y a une communauté chinoise surprenante à Chicoutimi). Il est même allé jusqu’à dire, voyant que les voisins (je m’améliore) ne s’arrêtaient pas pour souper : « Je me demande à quelle heure ça soupe un Chinois ». Croyez-vous que je suis aussi terrible parce que j’ai marié un pareil comme moi? En fait, ce ne sont que des mots, des noms propres qui se font adjectifs, parfois. Personne ne peut nier qu’il est plus facile de savoir qu’on parle des Chinois, en incluant ce terme dans la phrase, n’est-ce pas? Il n’y a pas de mal à appeler un chat un chat. Ce n’est pas racial, j’ai des cousins gais, que je qualifie comme tels, et une grosse tante menteuse qui manque sérieusement d’hygiène, et je fais pareil.

mardi 24 mai 2011

Laitue romaine

Mise en contexte : Je travaille dans le domaine de la mécanique. Avis à tous, la mécanique est un terme général qui ne se limite pas aux activités telles que changements d’huile et remplacement de silencieux. En effet, la mécanique est une branche de la physique très large et les sous-domaines sont plus que nombreux. La mécanique automobile en est un, justement.


Je travaille donc dans une entreprise manufacturière qui fabrique des machines sur mesure pour les technologies de l’aluminium. C’était beaucoup de détails inutiles, mais ô combien véridiques. Je patauge donc dans le domaine de la mécanique industrielle, donc de l’ingénierie, où les hommes sont majoritaires, de beaucoup, et les propos tendent à suivre la vague. Moi aussi, du mieux que je le peux.


Aujourd’hui, alors que je passais devant le bureau de mon fusionnel ingénieur « senior », et qu’il déballait sa galette, comme il le fait à tous les jours à la même heure, je lui ai lancé un : « Charles (nom fictif), tu es tellement prévisible! ». La réponse fut pour le moins surprenante. J’ai eu droit à quelque chose qui ressemblait dangereusement à : « Si tu veux du piquant, on peut aller tous les deux dans la salle de bain et faire ça avec de la laitue romaine ». Euh? Quoi?


Autre mise en contexte : Charles (nom fictif) est tout à fait charmant, mais il a tous les symptômes du manque de classe chronique. Il n’a pas de filtre. C’est Charles, il est comme ça. Moi, personnellement, il me fait rire, et quand il déborde, je lui dis, et il arrête. Toujours est-il que la réponse était surprenante, et j’y suis revenue plusieurs fois dans la journée, et au final, ça a réellement mis du piquant dans ma journée terne (je manquais de motivation). À ceux qui en douteraient, non, nous n’avons pas procédé vers la salle de bain.


Puisqu’on fait dans le fait divers, une nouvelle réceptionniste est arrivée pour l’été au bureau. Très jeune, moins de vingt ans je dirais, elle est totalement canon. Parfaite même. Gentille en plus. Sérieusement, les gars sont comme devenus fous et je les comprends. C’était la première digne de mention qui arrivait depuis que j’existe en tant que leur collègue de travail, je ne les avais donc jamais vus réagir face à la gent féminine digne de ce nom.


Étrangement, ils semblaient avoir une certaine retenue devant moi. Dans le fond, c’est mieux comme ça, parce ça fait toujours mal d’en voir arriver une plus jeune, plus belle et plus [ajouter adjectif de votre choix]. S’ils en avaient trop mis, j’aurais sans doute fini par me sentir vieille et moche, même si je me trouvais assez canon ce matin en quittant la maison. C’est également pendant cet épisode que Charles (nom fictif) nous a appris à tous la différence physiologique entre un homme et une femme. Je suis contente de le savoir.


D’ailleurs, puisqu’on mentionne mon âge, un de ceux à qui la nouvelle venue a rappelé que le deuxième cerveau de l’homme est réellement celui dans la boîte crânienne, Louis (nom fictif), a récemment mentionné (en mon absence) qu’il n’avait pas d’opinion sur moi, que je pourrais presque être sa mère. Heille le grand, c’est parce qu’on a sept ans de différence! Si je t’avais fait à sept ans, j’aurais été plutôt salope et cochonne, et étrangement, j’aurais été ton genre, non? Bon, la bulle est passée. Ne vous en faites pas, Louis (nom fictif) ne lira pas cela. À moins que Benoît (nom fictif) lui dise que j’ai écrit sur lui, ce qui ne serait pas gentil. Je suis cependant prête à courir ce risque.


Finalement, comme j’avais un peu envie d’être jalouse de la jolie jeune demoiselle qui causait tout un émoi dans « mon carré de sable » (c’est une blague chéri, tu le sais que j’aime ça exagérer), surtout jalouse de sa beauté je vous dirais, j’en suis venue à la conclusion que je ne pouvais me comparer à une fille de dix ans ma cadette. Quelle sage décision, vous ne trouvez pas? Sur ce, j’en ai assez dit, bonne soirée. Ah, en finissant, je cherche encore à quoi aurait servi la laitue romaine. Vous, qu’en pensez-vous?

lundi 23 mai 2011

Potty Training

Notre fils approche dangereusement ses deux ans. Ce sera dans deux semaines. Depuis quelques semaines, il manifeste séquentiellement un certain besoin d’aller sur le pot. Parfois sur la toilette aussi. Mais souvent, il décide en cours de route qu’il ne veut plus, se raidit, devient ingérable et fait une crise.

En fouillant dans l’armoire à DVD, je suis tombée sur un DVD dont j’ignorais l’existence, Potty Training, une production de Pull-Up. Je me suis dit : « Nous sommes dedans, pourquoi pas, ça ne peut pas nuire ». Nous nous sommes donc installés tous les trois devant la télé pour regarder ÇA. Ouf. En partant, c’est une traduction vraiment poche, et on croirait que ça s’adresse aux enfants, parce que tout est coloré et que les animatrices nous parlent comme si on avait deux ans, mais elles s’adressent vraiment aux parents.

Parlant de parent, il y avait cette mère, une blonde pas vraiment crédible et beaucoup trop motivée par sa fille qui fait pipi dans le pot… Elle la déguise en princesse pour « l’occasion » et fait toute une fête à chaque fois qu’elle va sur le pot. Euh… La mère, avec la postsynchro de qualité douteuse, était plutôt déplaisante. C’est à ce moment que mon chum a lancé, sans pouvoir se retenir j’imagine : « A m’énarve tellement, je la battrais ». Il a dit ça, à haute voix, directement dans l’oreille de Papus, qui n’avait qu’une idée en tête, soit qu’on lui enlève ce film-là pour lui mettre « La piste de course » (Cars). Ce que nous avons fait quelques minutes après que Papa ait manifesté ce besoin de violence.

Ce que j’ai retenu du DVD? Ils sont vraiment affiliés, moulés, fusionnés à Pull-Up. Tellement qu’ils disent à tout moment que, dès qu’on a mis la première Pull-Up, il ne faut plus revenir en arrière. C’est fini les couches et on assume les dégâts. Un peu comme l’héroïne j’imagine. Il semblerait qu’on est dépendant après une seule dose. Moi, je ne suis pas rendue là, il faut croire.

Ensuite, ils font tout un cérémonial sur les pipis. On lui a mis des bobettes l’autre jour, il était tout énervé. Je lui demandé aux deux minutes s’il voulait aller faire pipi. Évidemment, c’était non. Devinez quoi? Il nous a fait une belle rivière de pipi tout chaud dans le salon. S’il me dit non, je le crois. Mais c’est oui, je fais quoi? Le mettre de façon préventive sur la toilette? Il s’arcboute en disant « Non j’aime pas ça » et « Pas du tout » jusqu’à ce qu’on abdique et qu’on lui remette une couche, ce qui n’est pas une mince affaire, je vous jure. Il aime ça des « bobèques ». On lui demande avant de le mettre dans le bain s’il veut faire pipi, on l’assoit sur la toilette, il hurle en se renversant en arrière, on se dit qu’il n’a pas envie, on le dépose dans le bain, il se regarde l’entrejambe et devinez quoi? Pipi.

Finalement, tout ça pour dire que je pense qu’il n’est pas encore prêt.

samedi 21 mai 2011

Histoires de geek

Même si le terme « geek » est général, qu’il désigne toute personne calée dans un domaine précis, quel qu’il soit, on les catégorise plus fréquemment dans les domaines informatiques, technologiques et imaginaires. Pour ma part, j’ai une image plutôt précise DU geek.

Il y en a plus d’un type, bien certainement, mais attardons-nous à celui qu’on détecte au premier coup d’œil. Ce geek-là, il a souvent un léger surplus de poids, qu’on peut aisément expliquer par une certaine sédentarité. De plus, comme il aime bien vivre dans un monde imaginaire, où vaisseaux intergalactiques et se côtoient régulièrement, il ne ressent pas le besoin de soigner son apparence.

Les plus fortunés, et les plus coquets tendront parfois à se vêtir dans les boutiques médiévales. Les autres, vivant chez leurs parents par souci de survie (qui cuisinera et s’occupera du lavage pendant qu’ils élargissent leurs horizons en jouant en ligne à des jeux vidéos, avec des gens de partout sur la planète?), se contentent de porter les vêtements que Maman leur achète. Bon, j’ai peut-être un peu exagéré la dose.

Toujours est-il que, un geek, ça me fait rire. Pas tous. J’en ai marié un moyen, qui a des amis qui le sont un peu plus, et que j’adore. Je connais même UNE geek. C’est drôle parce qu’un geek, à mon travail a mentionné, malgré son éternel célibat et son soi-disant désir d’un jour avoir la chance de s’adonner au plaisir charnel avec quelqu’un, qu’une fille ne l’intéresserait que si elle était capable de « passer un boss de Zelda ». La geek que je connais, elle l’a passé elle! Mais on s’entend pour dire que ce n’est pas demain la veille qu’il va s’en pogner une, ça ne court pas les rues!

Je ne peux jamais m’empêcher de rire quand je vois des reportages sur des salons médiévaux, imaginaires, ou de science-fiction. Les gens sont tellement… geeks. Certains dépensent des milliers de dollars pour des déguisements de bibittes horribles… et ils le disent fièrement. Ça me rend mal à l’aise. Je sais que c’est leur droit, ils ont une passion et ils la vivent, mais c’est mon blogue, alors je peux dire mon opinion. Par contre, j’ai arrêté de faire des blagues de mauvais goût de dompteur de dragons et de mages, après qu’un nouvel employé au look éloquent ait été engagé. J’avais des remords à chaque fois…

Finalement, j’ai moi aussi un petit côté geek, à moitié. Je trippe sur les films X-MEN. C’est geek parce que c’est une histoire de super héros mutants, mais c’est moins geek parce que je n’ai jamais lu les bandes dessinées. Je n’ai pas non plus fait la queue pendant toute une nuit devant le cinéma. J’ai plutôt attendu une semaine. Ce que je ferai sans doute aussi avec le prochain, X-MEN Origins : First Class, qui sera en salle dès le 3 juin, juste à temps pour fêter mes 29 ans.

C’est tout ce que j’ai de geek. Je me dis souvent que je ne devrais pas rire des geeks qui ont l’air de ce qu’ils sont. Je finis toujours par me dire que s’ils ne voulaient pas qu’on rit d’eux, ils n’auraient pas cet air, n’est-ce pas?

mardi 17 mai 2011

Bisou...

Ce matin, alors que j’allais donner le bisou de départ à mon petit Bisou, avant que son père aille le reconduire à la garderie, j’ai figé, le regard plongé dans ses yeux rieurs et pleins de vie. Il souriait, la bouche entrouverte, et me racontait toutes sortes de péripéties, dont je ne saisissais que la moitié. À cet instant, j’ai eu comme un coup de poignard en plein cœur.

La douleur n’a pas atteint mon organe de vie, mon cœur qui bat, celui qui s’occupe de distribuer mon sang, mais bien mon cœur de mère. Ce cœur que je n’avais jamais ressenti avant, que j’avais une peur bleue de ne pas avoir, ce cœur qui m’a transformée. Mon cœur de mère a su me faire réaliser que je suis en train de rater ma maternité au profit de ma carrière.

Je prévoyais détester mon travail et finir par travailler à la maison, pour être avec mon fils plus souvent. Malheureusement, ou heureusement, c’est selon, j’aime mon travail. Par contre, mon travail fait que je ne vois mon Bisou que trois petites heures par jour, et pas dans le meilleur. La course du matin, la course du souper et du bain, que je manque au profit de la vaisselle, et finalement, on se colle le temps qu’il boive son « gros gros lait jaune » (son gobelet est jaune) avec sa bavette de « bobobus » (ces temps-ci, il aime les autobus).

Au moins, la fin de semaine, je ne sors que très peu, et presque exclusivement quand il dort, pour faire des activités aussi palpitantes que l’épicerie et du magasinage ennuyant. Puis la fin de semaine, il a le droit de regarder des films. Ces jours-ci, c’est « Mimo le poisson » (Nemo) avec « Pruce le brequin » et « Doyis le poisson bleu » et aussi le « torzozeuille » (raton laveur) et le « kicuyeuille » (écureuil) de « Over the Edge » (Nos voisins les hommes). Il était réticent au départ mais on l’a mis en catimini et le résultat l’a enchanté.

Puisqu’on aborde sans le vouloir le sujet du langage des petits amis, je dois vous avouer que deux ans (dans trois semaines), c’est un âge tout à fait charmant. Ses phrases télégraphiques sont devenues bien plus soutenues et il fait des associations surprenantes. Si le cri de la girafe est « Papillon papillon » et celui du chien est « Papus » (son nom également), celui du raton laveur est plus exotique. Il pousse le vide devant lui, des deux bras, en disant « heinnnn ». Ce soir, après que je lui ai donné une tomate cerise, il a dit, étonné : « Un bébé tognaque! ». Je cherche encore pourquoi il a troqué tous ces « t » de fins de mots pour des « k ». « Bibique », « mammouque », « louque » (loutre). Et il dit « soute » pour soupe.

Comme je le mentionnais, les heures passées avec lui ne sont pas toujours ses meilleures de la journée, et les crises sont de plus en plus nombreuses. Il nous teste, cherche les limites. Hier d’ailleurs, il a fait une crise assez costaude (j’adore ce mot, surtout lorsqu’il qualifie une femme aux proportions dérangeantes), tellement que je l’ai gentiment reconduit dans son lit. Une fois la crise terminée, il est venu me toucher la cuisse en me disant « Ai fini de pleurer Maman ». Si ce n’est pas le sommet du mignon, c’est quoi?

Finalement, pour conclure sur ma profonde douleur de ce matin, j’y réfléchis assez régulièrement et je finis par me consoler en me disant que, quand je suis là, la fin de semaine, les soirs, je suis vraiment là. Je ne cherche pas à l’envoyer se faire garder à tous les vendredis, ou samedis, à m’en débarrasser, et même si nos activités sont souvent ennuyeuses, il sait que nous l’aimons. Ça fait toujours mal, mais parfois, ça me convainc que je ne suis pas complètement fautive.

lundi 16 mai 2011

De tout et de rien, encore

Il y a longtemps déjà, que je ne suis pas passée par ici. Longtemps que j’y pense, que j’essaie de mettre le doigt sur quoi écrire, et que je ne trouve pas. Ce faisant, puisque je n’ai toujours pas trouvé la réponse à la question « quoi? », je vais passer en mode « quantité » plutôt que qualité. C’est comme ça.

J’avais du temps à revendre, mais comme j’ai investi près de quarante minutes à me faire sécher les cheveux, pour tester mes nouveaux produits, le temps a passé. J’ai de très beaux cheveux, pour l’instant, mais je suis presque ridée tellement ce fut long. Et rien ne dit que mon oreiller ne me trahira pas.

J’ai vécu un drame cette fin de semaine. Tellement dramatique que j’ai oublié de m’en plaindre. Pourtant, j’ai eu un choc, et même envie de verser toutes les larmes de mon corps, ce que je n’ai pas fait, mais j’y ai pensé. Après cinq années de loyaux services, ma femme de ménage m’a annoncé que son dos la forçait à fermer boutique. Le film de ma vie ne s’est pas déroulé à vitesse grand V devant mes yeux, mais j’ai quand même fait une recherche rapide à savoir quel précieux temps j’allais sacrifier pour cette tâche ingrate. Je cherche encore.

Ici, c’est encore vaguement l’hiver. Aujourd’hui, les gars ont parlé de motoneige. Quelle horreur. En plus, mon ami, celui qui n’en a rien à torcher lui non-plus, était hors de portée. J’ai subi. Heureusement, ça a fini par finir. Après, quand je suis sortie dehors, il neigeait. De la pluie bien froide et qui laisse une trace étrangement géométrique dans le pare-brise. Ouache. On est le 16 mai, tout de même.

Mes parents se sont acheté un chien. Un caniche royal caramel. Angel. C’est leur chien, mais ce n’est pas vraiment leur chien. Peut-être qu’ils le garderont, mais peut-être que l’amie de mon père le gardera. Peut-être aussi que c’est trop vague et trop compliqué pour m’intéresser? Peut-être. Elle est bien belle, mais je m’y attarderai quand on saura elle est à qui.

Maintenant, j’ai « droit » à une soirée monoparentale par semaine. Mon chum travaille un soir dans la semaine, de 16 h à 22 h, tout de suite après son 7 h 30 à 16 h. Je n’ai pas souvent été seule avec mon fils pour la folie du soir, alors c’est de l’adaptation. Par contre, l’avantage est que, la prochaine fois que j’aurai un 5 à 7, je ne me sentirai pas coupable. Cette semaine, ma soirée monoparentale est mercredi. Je vais sans doute en profiter pour travailler aussi, ou pour faire du */&$?/* de ménage.

Comme le reste n’est pas vraiment intéressant, je vais poursuivre dans le même thème. Il y a deux choses pour lesquelles je tuerais, ces temps-ci. La première : Je tuerais pour aller magasiner (et trouver des choses qui font, sinon ça ne vaut rien) des souliers, des vêtements et du maquillage. Le problème, si après deux essais, les deux items essayés ne font pas (comme dans VRAIMENT pas), je m’énerve et je m’en retourne, piteuse, chez moi.

La deuxième : Je tuerais pour une crème molle trempée dans le chocolat Lulu. Mais à chaque fois que l’envie me prend, le moment est inapproprié. Aussi, pour moi, manger une crème molle, c’est une activité sociale, on ne peut pas faire ça tout seul, et il faut que la personne qui nous accompagne en mange aussi. Sinon, c’est un peu comme boire seul, c’est pathétique.

Finalement, je vous laisse, je ne peux pas continuer de vous torturer avec toutes ces tranches de vie.

mardi 10 mai 2011

Tattoo

À quinze ans, je voulais me faire tatouer. Et percer le nez aussi. Une fille que j’aimais bien à l’école s’était fait tatouer, et percer le nez. J’étais moche, bizarre et mes idées n’étaient pas encore très claires. Cette fille était donc une référence de choix.

Si mon fils, à quinze ans, venait me voir pour avoir ma permission pour se faire tatouer, j’éclaterais de rire, et ce serait un « non » catégorique. Pourtant, j’aurais détesté ma mère pendant des mois si elle m’avait dit non. Elle aurait dû, peut-être. Je ne sais pas trop.

J’aime les tatouages, à m’en rendre malade même. Je rêve d’avoir le bras gauche entièrement recouvert de couleurs et de dessins. Je suis adulte maintenant, je sais de quoi a l’air la vie, je sais qu’un tatouage raté qui fait le tour d’une cheville, ça jure avec une belle robe. Je sais tout ça, maintenant. Je sais aussi qu’un lézard de deux pouces de long par un pouce de large sur une hanche, c’est insignifiant. Ça, je ne le savais pas, à quinze ans.

Présentement, je rêve d’un beau hibou, un « bibou » comme dit mon fils, une chouette en fait, sur le bras gauche. J’aimerais bien une tortue aussi. Je m’étais toujours dit que je ne me ferais jamais tatouer sur un bras. Un jour, j’ai osé l’empreinte de patte de chat sur l’avant-bras. Elle s’est effacée depuis, fait étrange d’ailleurs, mais ce fut la porte ouverte vers un beau bras tout blanc à recouvrir. Ne manquait plus qu’une occasion, un symbole.

Un jour, mon chat adoré est mort d’une maladie pour laquelle il venait de se faire vacciner. Je l’aimais mon chat. Je l’aime encore même. Ce fut l’occasion. Son jouet préféré, son surnom « Heezer » et un parchemin de ses dates de vie, à l’intérieur du bras. À l’envers. Je suis bizarre, j’aime écrire à l’envers.

Ce tatouage, je l’adore. Il est beau, coloré, parfait. Mais je n’ose jamais dire ce que c’est à ceux qui le demandent, je sais qu’un chat n’est qu’un chat, pour la plupart des gens. Surtout que j’ai aussi un chat entier sur un flanc, d’une dizaine de pouces de haut, par environ six pouces de large. Ça fait un peu maniaque. Il est beau aussi. Mais j’ai tout de même l’air craquée mentale. La folle aux chats, tant qu’à y être.

Un jour, j’ai voulu une hirondelle. Mauve. Même si j’avais toujours dit que je ne me tatouerais pas le devant du corps, c’était tentant. Et hirondelle ce fut. Elle est belle, je l’adore. Le devant de l’épaule, jusqu’à la mi-clavicule. Elle est petite, mais tellement belle.

Rares sont les personnes tatouées dont tous les tatouages sont beaux. Pour ma part, mon tatouage sur la cheville me complexe. Il est laid, inutile et je le déteste. Je pense régulièrement me le faire enlever au laser, mais chaque fois, je me raisonne en me disant qu’il faut que j’assume mes choix, qu’il fait partie de mon histoire, qu’il me rappelle qu’un choix irréfléchi peut nous hanter toute notre vie (ça fait dix ans et il me dérange encore). Il me semble que j’aimerais davantage mes jambes s’il n’était pas là. Ou encore, je pourrais me faire tatouer le mollet entier, ou une bonne surface, pour qu’il se perde dans le décor. Mais c’est risqué. Et cher.

Récemment, un collègue au travail parlait d’une fille jolie, mais gâchée par plein de petits tatouages moches. J’ai eu un genre de pincement, et je pense que c’est pour cette raison que je ne veux pas montrer mes jambes, depuis. Étrangement, ça ne m’avait jamais vraiment dérangée. Quand il fera chaud, je changerai bien d’avis.

La morale de cette histoire? J’ai encore plus envie de me faire tatouer, finalement. J’aimerais bien une « pin-up », aussi, mais j’avoue que sur une fille, en région, qui travaille avec des hommes, ça peut avoir l’air bizarre. Je vais donc laisser faire la « pin-up ». La fille que j’avais voulu « imiter » à l’origine, elle est restée mono-tatouage. Moi, j’ai eu la piqûre. C’est comme ça, c’est tout.

mardi 3 mai 2011

Le vent a tourné

Le temps gris et moche, ni chaud ni froid, la menace constante du ciel de nous tomber sur la tête, un enchevêtrement de blagues discutables et de sujets de conversation inintéressants ont fait de cette journée une journée ordinaire à tendance moche. Heureusement, mon garçon, très content de me voir, a su ensoleiller ma journée de ses propos décousus, parfois incompréhensibles, mais toujours mignons et très drôles.

Hier, c’était journée d’élections et ce matin, les gens étaient survoltés. Les uns irrités par le résultat global, les autres fiers du résultat symbolique, puis les autres se confondant en excuses pour les déboires de leur parti. On m’a demandé si j’avais gagné mes élections, j’ai préféré répondre vaguement. J’ai appris, récemment que la politique peut rendre les relations sociales difficiles, spécialement au travail.

Si j’ai voté Bloc, pour certains, je suis illuminée, pour d’autres, normale. Si j’ai voté NPD, je suis pour les uns une grano optimiste, pour les autres une écervelée. Si j’ai voté Libéral, je ne sais pas quoi en dire. Si j’ai voté Conservateur, je suis une raciste « redneck » amoureuse des armes à feu et contre l’avortement, pour la majorité des gens. Conclusion. J’ai voté, point final.

On aurait apparemment attrapé Ben Laden. J’hésite encore entre le désintérêt total et la neutralité. Et là, je me demande comment se manifeste la différence entre ces deux états d’esprit. J’aurais aussi pu parler d’incrédulité et de doute. La liste est encore longue.

Finalement, après avoir failli abandonner mon partenaire de course tout au long de la journée, j’y suis allée. Je suis plutôt princesse et j’aime mon confort, sans compter que j’essaie de préserver ma dignité, l’idée d’aller courir sous la pluie à 10 °C était loin d’être réjouissante. Quelque chose entre l’orgueil et l’insistance d’une tierce personne ont fait que j’y suis allée. Conclusion : j’aime courir sous la pluie et je suis bien plus en forme que je le pensais. Mais j’ai un sérieux look de « BS ». Il faudra que je magasine pour ne pas faire honte à mon co-coureur et pour que mon amour-propre puisse respirer.

Récemment, j’ai rendu public mon blogue au travail parce que j’en avais trop parlé et, je sentais vraiment que mon intimité était compromise. Finalement, je pense que personne ne m’a lue, ne serait-ce qu’une fois, sauf peut-être Benoit. Là encore, mes sentiments sont confus. J’hésite entre la déception et le soulagement.

Si quelqu’un d’autre du travail lit ceci, dites-le-moi donc, quand vous me verrez… Toujours est-il que, malgré le fait que je suis convaincue que personne ne me lit, je n’ose pas « tout » dire. Au même titre que je ne parle pas de ma famille, parce que ma mère me lit à l’occasion, et que je ne parle pas de mes états d’âme, parce que mon chum me lit et qu’il s’inquiéterait, parfois, et pour rien.

Aujourd’hui, au travail, sur l’heure du dîner, alors qu’il y avait foule à la salle à dîner, j’ai fait comme une crise de panique. Ça bourdonnait de tous les côtés, les gens à la même table que moi riaient, mais je n’entendais pas la nature des propos, et j’ai paniqué. Je me suis sentie comme à quinze ans, dans l’autobus, quand je savais que certaines filles allaient rire de moi, me mettre de la gomme dans les cheveux et me faire des « jambettes » quand je passerais à côté de leur siège. Tellement que j’ai vraiment songé à ne plus dîner au travail. J’y pense encore, d’ailleurs. J’en suis à peser les « pour » et les « contre » d’aller chez moi ou de rester au travail. J’y penserai. Si mon dernier billet parlait d’une certaine forme de guérison, il est à noter que la blessure dont il est présentement question est bien plus sérieuse que l’autre, mais à retardement. Je me demande ce que j’aime le mieux entre être parano et avoir peur de manger. Ni un ni l’autre. Il faudra que j’arrête de m’imaginer que je suis le centre de l’univers. Au fond, c’est peut-être signe que je développe l’ego fort dont j’ai besoin pour bien faire mon travail? Intéressant…