mercredi 5 août 2015

Défi d'écriture - Les truites

Petit défi d'écriture sympathique avec un pote. "Heille salut, on se fait un défi d'écriture ok? 30 minutes, un sujet, pis on écrit". Ok. Un autre pote pour pondre un sujet : Les truites

1. Ma version : Les truites

La maison était pleine de cochonneries de toutes les sortes. Armand était un ramasseux. On aurait peut-être pu appeler ça des collections, mais tout était tellement n’importe comment qu’il aurait été difficile de caractériser la collection en question. De plus, ça aurait été un peu comme donner le droit à tous les ramasseux de cochonneries de les garder parce qu’une collection, on ne peut pas jeter ça. Jeannine était d’ailleurs partie à cause de ça. Une de ces nuits, elle s’était enfargée dans un renard empaillé qui s’était mystérieusement retrouvé de son côté du lit et la chute avait été brutale. Mâchoire fracturée, jaquette déchirée. Jeannine était en beau fusil, tellement qu’elle avait acculé Armand au pied du mur. « Tu sors tes maudites cochonneries de la maison, ou c’est moi qui pars Armand. »

Armand n’était jamais allé au marché de sa vie, et n’avait jamais non plus fait à manger. Pourtant, il avait montré la porte à Jeannine sans hésitation. Et elle était partie. Il n’aurait pas dû la laisser partir parce que depuis ce jour-là, il n’était plus heureux. Sa joie de vivre était partie en même temps que Jeannine. Certains auraient pu penser que c’était parce que la maison sentait le pas propre, comme Armand d’ailleurs parce que t’as ben beau te laver tous les jours, mais sans savon et sans serviette propre, ça cultive l’odeur de pas propre. Mais non, Armand ne se formalisait pas de cette odeur. C’est à peine s’il l’avait remarquée de toute façon.

Jeannine, même si elle les haïssait ses cochonneries, elles savaient où elles étaient. Chaque fois qu’il en cherchait une en particulier, il criait « Jeannine! » et il poursuivait : « As-tu vu le vieil enjoliveur Toyota que j’ai ramassé dans le rang 6? ». Et là Jeannine répondait, toujours avec la bonne réponse : « Sour la vanité dans la chambre de bain Armand, c’est toi qui l’a mis là ». Et là Armand allait voir, et l’enjoliveur était là. Chaque fois, il se disait « Une chance que je l’ai ma Jeannine, parce que je perdrais mon beau stock ». Mais quand Jeannine l’avait fait choisir, il avait oublié que ça ne servait pas à grand-chose de garder son stock sans Jeannine pour le trouver.

Il y avait des piles partout, mais Armand avait quand même ses morceaux préférés. Ça, c’était presque une collection. Il les aimait d’amour. Mais depuis que Jeannine était partie, il ne les trouvait plus. À tout moment, il criait « Jeannine! », mais Jeannine ne répondait pas, et il se souvenait qu’elle était partie. Elle avait fait ses valises, et elle était partie. Il était remonté du sous-sol, et elle n’était plus là. Sur le moment, il avait été content, il n’aurait plus peur à ses affaires, mais aujourd’hui, sa collection lui manquait. Et Armand ne savait pas comment chercher et ça le rendait vraiment très anxieux. Il avait bien pensé appeler Jeannine, mais il ne savait pas où Jeannine était partie.

Quand il était anxieux comme ça, le seul moyen pour Armand de se calmer, c’était d’aller faire un tour au dépôt sec. Il connaissait le petit gars et il le laissait fouiller dans les conteneurs. Il trouvait plein de nouvelles cochonneries et ça le rendait content. Armand a mis sa casquette, et il est parti au dépôt sec.


Une fois rendu là-bas, il a fait comme d’habitude. Il est allé voir le petit gars pour lui demander s’il y avait des petits trésors d’arrivés. Le petit gars avait un drôle d’air. Il était comme gêné. Il a dirigé Armand vers le conteneur numéro 4, celui au fond à droite. Armand se demandait bien pourquoi le petit gars avait un drôle d’air. Une fois le nez dans le conteneur numéro 4, Armand est tombé sur les genoux. Son pauvre cœur était en train de s’arrêter. Elles étaient toutes là. Toutes ses belles truites musicales, dans le fond du conteneur, toutes déchiquetées, le bouton arraché. Et Armand est tombé raide mort dans le conteneur, avec ses 124 truites musicales.

2. Version du Pote : Les truites

Je déteste les truites, enfin c’est ce que je crois. J’ai le souvenir d’une de ces coquines aux yeux globuleux cuisinée à la perfection dans une poêle ardente baignée de beurre, d’oignons et de piments. J’étais jeune mais elle était bonne, fraîche et croustillante. Mireille (c’était le nom de la truite il me semble) ne goûtait pas le poisson. C’était peut-être le beurre, c’était assurément le beurre. Parce que du poisson, ça goûte toujours le poisson. Toujours.

Pour ce qui est de Mireille, l’autre Mireille, je n’ai pas eu la chance de goûter.

Mais ça c’est une autre histoire.

En cette période post-junkalyptique, manger de la bonne graisse sale et délicieuse est aussi respectable que de manger le chien du voisin. Si tu manges un cheesburger avec des frites, t’es un bandit. Si tu t’enfiles une poutine régulière extra fromage et saucisses c’est que t’es un nazi. Pour être une bonne personne, il faut bien manger. Bien manger ça veut dire entre autre manger du poison (tous les poisons incluant les sacrements de sushis), et manger du poison veut dire manger de la truite. Je veux bien faire l’effort de faire plaisir à tous les apôtres de la santé, mais la truite que je vais manger elle va venir avec une demi-livre de beurre. C’est toujours ben plus que dans mon quart de livre fromage? Deux semaines à manger de la truite tous les jours et je meurs, pas le moindre doute.

Fait la cuire sans beurre ta truite? Ostie non! JAMAIS! Je préfère encore mourir tout de suite. Vous mangeriez Mireille si vous saviez qu’elle goûtait le poisson? Ben c’est ça, moi non plus.

Tous les jours on tente de me convertir mais je refuse, je refuse de troquer mon quart de poulet, ma pizza, mon nachos, mon gros steak pervers et juteux pour une damnée truite, encore plus si c’est du restant de truite en sushi.

Du restant de truite…non mais.

Ha et puis wai, poisson ça s’écrit poison bon.

Pensez-y…


mardi 4 août 2015

Précieux alcool, toi qui rend con


Les vacances sont terminées. Aussi bien dire que l’été aussi. C’était bien. J’aime les vacances. On se lève passé 7 h, on reste en pyjama jusqu’à pas d’heure et on peut boire de l’alcool tous les jours. Ce que je considère « boire beaucoup » est pourtant la consommation régulière de bien des gens. Au plus, ce fut deux bières dans une même journée. Mais ce fut fini en même temps que l’été. Il ne faudrait pas en faire une habitude quand même.

L’alcool est « overrated ». Oui, c’est bon. Je suis d’accord. Comme le chocolat. Et les chips. Et sans doute l’héroïne à voir ce que certains s’infligent pour en avoir. Je n’arrive cependant pas à comprendre que des gens dont tellement de gens proches s’autorisent à boire des dizaines de bières chaque semaine, même chaque jour et ce, passé 25 ans. C’est cher, ça fait engraisser et ça affecte le jugement.

Toujours est-il que les gens boivent trop. Malgré tous ces imbéciles qui se sont encore fait prendre « en boisson » au volant de leur bagnole, il y a tous ces autres idiots qui se disent que pour eux, c’est différent. Eux, ils savent « chauffer ». Eux, ils ne se feront pas « pogner ». Eux, ils sont donc bons. C’est sans doute le même virus que ceux qui pensent que l’herpès, ce n’est pas une vraie maladie qui s’attrape par le sexe, et que les bébés ça ne se conçoit pas dans un « one-night », surtout quand on ne connaît pas le gars/la fille.

C’est donc avec horreur et dégoût que le Saguenay-Lac-Saint-Jean au grand complet s’est réveillé dimanche matin, à cause d’un grand champion de la bouteille. Pourquoi se contenter de trop boire tranquille dans son garage quand on peut sortir en pickup dans le rang à 20 h 45 et aller tuer une famille complète entre deux dépassements illégaux à 150 km/h? POURQUOI? Pourquoi pas? On ne sait plus. Ils disent jamais deux sans trois, le trois fait le mois, trois petits chats, trois petits chats. Lui, c’était sa troisième balloune. On ose croire qu’il n’a pas appris après une, ni après deux.

J’en viens même à me demander s’il a seulement pensé que c’était stupide de prendre son véhicule de la mort. Sûrement pas. À jeun, on a un peu de génie. On prend quelques bières et hop, notre petit cerveau s’embrouille. On coupait le dessert? Après quelques verres : « Donne-moi en donc un GROS MORCEAU!!  Pis shoot donc le sac de chips avec! ». On peut donc assumer que « Je ne conduirai jamais chaud » se transformera en « Vroum vroum!!! » sans aucun scrupule.

J’osions croire que le gars plaidera coupable et qu’il croupira en prison. Ce serait un candidat idéal à la peine de mort, mais c’est illégal alors plutôt que de combattre le feu par le feu, il faudrait qu’il soit enfermé. Croire que lui retirer son permis et lui interdire de boire puisse fonctionner, c’est un peu comme penser qu’un pédophile n’approchera pas une cour d’école parce qu’on le lui a interdit.

Chaque fois que j’entends une nouvelle pareille, je crains de connaître l’identité du tueur, parce que tellement de gens de mon entourage pourraient avoir commis ce crime. Nous vivons présentement les soubresauts de cette haine collective qui nous habite et qui alimente les conversations mieux que n’importe quelle température depuis dimanche. L’effet Guy Turcotte se fait sentir. Nous avons tous peur du jugement dernier, qui ne saura que trop se faire attendre, et nous le méprisons déjà parce que ce ne sera certainement pas assez. De toute façon, qu’est-ce qui peut suffire à apaiser la mort inutile d’une innocente famille, dont la plus grande erreur aura été de s’en retourner à la maison à cette heure-là, plutôt que quinze minutes avant?

Ce douloureux billet arrive 13 jours avant le premier anniversaire du tristement célèbre Ce soir je tue mablonde. J’ai été insultée de toutes parts suite à ce texte, mais tout porte à croire que les gens n’ont pas compris. De toute façon, quelle que soit votre relation avec l’alcool, que vous l’aimiez d’un amour profond ou que vous la méprisiez de tout votre être, l’excès rend con et personne ne sait boire une fois cette limite atteinte, parce que votre jugement a « punché out », et c’est le « shift » de la témérité et de l’abrutisme qui commence.

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