Nous sommes humains et par le fait même, nous sommes
faibles. Chacun ses faiblesses, c’est bien vrai, mais certaines faiblesses sont
socialement populaires. Prenons la phobie des moufettes qui tiraille ma tendre
moitié, elle est certes exagérée, mais avouez donc que vous vous feriez aussi
petit devant cette mignonne petite bestiole à l’arôme saisissant…
Certains mots évoquent, dans un univers collectif, des
réactions qui vont de la vague impression désagréable à la névrose psychotique.
Moi par exemple. Je suis un être humain standard à tendance nauséatique.
Comprendre : j’ai des nausées qui vont et viennent comme va la vie depuis
aussi longtemps que je me souvienne. Même chose pour les maux de ventre. Je ne
me laisse donc pas impressionner par un inconfort au milieu du corps.
Cependant, CEPENDANT, il suffit d’un petit vomi en fontaine
dans le salon pour que ce soit la pa-pa, la pa-pa, la PANIQUE. Oui. La peur du
G word. Et là, on essaie de trouver toutes les preuves du monde pour dire que
c’était peut-être son souper de la veille, ou les tomates, et bla bla bla,
jusqu’à ce que le bol se fasse le meilleur ami de l’homme en nous convaincant
de façon irréfutable que l’enfant a bel et bien contracté la g*****. Et là,
outre ma névrose psychotique à tendance gastrophobique, il y a les autres, qui
soudain se tiennent loin et notre cerveau, qui nous transmet le « pas-sûr ».
Puis, lorsqu’on a passé plusieurs jours à se sentir pas-sûr
et à dormir assis en enlaçant le bol « au cas-zoù », puisqu’on est
parti vite du magasin en pensant que… (et pourtant non), la sensation de pas-sûr
finit par s’estomper et on se dit que finalement, ça va mieux. Yé! Et quoi de
mieux que les chiffres pour se réconforter? Période d’incubation de 30 minutes
à trois jours (selon le site où on regarde) et on reste contagieux 48 heures
après la disparition des symptômes. On calcule encore et encore avec des marges
d’erreur et on se dit qu’on devrait être en sécurité maintenant…
Lundi midi, au bureau, alors qu’on n’a pas tout à fait d’appétit,
hasard sans doute, on entend une collègue dire qu’elle se sent pas-sûr… On s’intéresse
au sujet, mais on ne s’approche pas trop. On ne pense pas qu’on a deux enfants,
dont un à l’école qui touche à tout sans se laver les mains et un autre à la
garderie qui met parfois des choses dans sa bouche. On veut bien se convaincre
que le grand l’a eu, qu’il ne l’aura pas deux fois, mais soudainement, on est pas-sûr nous
aussi. Surtout que le petit ne l’a pas eu, lui. Et une autre collègue qui dit
qu’il suffit d’être dans un rayon de 3 microscopiques petits pieds pour être
exposés à la vapeur du corps pour attraper la g*****.
Fort de notre (re)nouveau pas-sûr , on s’écrase devant
notre ordinateur et on écrit un billet pour notre blogue. Rendu là, advienne
que pourra. Les jeux sont faits, puisqu’on s’est déjà approché à moins de trois
pieds…
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