dimanche 28 octobre 2012

Comme un cheveu sur la soupe...


Pendant un souper en amoureux au restaurant, en train de déguster une incroyable soupe à l’oignon à la bière, en pleine discussion profonde et personnelle, un malaise nous a frappé de plein fouet. Cet être humain, dont l’existence nous est brutalement rappelée dès qu’on l’aperçoit, pour qui nul d’entre nous n’a jamais démontré un quelconque intérêt, a cru bon arrêter jaser.

Je ne dis pas, si je l’avais fixé alors qu’il passait près de ma table et qu’il s’était senti obligé d’être poli, ou que mon chum avait fait de même… Mais non. Nous étions bien occupés à vivre sans lui, heureux d’être.

Reconstitution :

Mon chum, en train de manger un pogo de luxe.

Moi, occupée à me brûler le bord de la bouche avec mon exquise soupe.

Lui : « Salut vous autres!! » (beaucoup trop enthousiaste)

Nous : « Salut » (inintéressés et impatients)

Lui : « Souper de club social de bureau ».

Moi : [On s’en torche un peu] Ah, c’est toi ça la réservation de 40.

Mon chum : « Ben nous autres on est deux ».

Lui : Collé à notre table, sans rien dire d’autre, à ne pas s’en aller.

Moi : [OK bye. Je ne t’aime pas. Ta vie ne m’intéresse pas. Tu ne vois pas que tu déranges. Pourquoi tu colles. Vais-je devoir être méchante et te demander si tes amis te rejettent? Regarde-moi bien la face, est-ce que j’ai l’air contente/à l’aise/enthousiaste/sympathique? Tu vois bien que non. Alors BYE!]

Mon chum : Ne parle pas plus que moi, ne le regarde pas, mange. Me lance des regards crampés de rire.

Moi : Je casse mes croûtons dans ma soupe question de les humecter un peu. C’est vraiment des super croûtons qui refusent d’absorber le liquide. Je lève les yeux. Il est toujours là. [DÉGAGE!!]

Puis, devant toutes ses secondes utilisées à des fins nébuleuses, il a fini par partir. Nous ne nous rappelons pas s’il a dit bonsoir en s’en allant. Toutes ces secondes où la vie sans lui s’est arrêtée, c’était un peu comme être privé d’air…

Fin de la reconstitution.

Peut-être ne puis-je pas comprendre parce que je ne suis pas si sociable et que je n’ai jamais voulu être socialement impliquée, que ce soit à l’école, au travail, même dans la famille? Moi, quand je vois des gens que je connais au restaurant, je me baisse les yeux et je prie pour qu’ils ne m’aient pas vue. Si j’échoue, je me contente d’un sourire et d’un signe de tête, dans le cas où c’est quelqu’un que j’apprécie, ou d’un roulement d’yeux et d’un haut-le-cœur dans le cas contraire. Si je rencontre quelqu’un dans la salle de bain, je peux peut-être échanger quelques banalités, tout en me souvenant que je suis accompagnée par quelqu’un qui sèche à la table. Jamais je n’oserais m’approcher de la table de quelqu’un, à moins qu’on m’y invite et même là, je risquerais de faire semblant de ne pas entendre et de me pousser.

C’est un autre symptôme du capitalisme, je suppose. Fuir les communes et traîner sa petite bulle partout. J’adore l’idée.

Pour finir, je viens tout juste d’envoyer mon texte pour le prix de la nouvelle Radio-Canada. Je pense que c’est mon meilleur jusqu’à maintenant. Pas trop simple, psychodépressif à souhait, avec des belles grandes phrases pleines d’adjectifs, comme je les aime. J’ai hâte que les finalistes soient connus, soit pour en faire partie, soit pour la publier. Bonne soirée!

mardi 23 octobre 2012

Quelques moyens faciles de faire fuir les gens...


Aussi bien intentionnés puissions-nous être, ou les autres, il peut s’avérer utile, voir essentiel, d’avoir en main quelques subterfuges pour faire fuir les gens, pour moult raisons, valables ou non. L’utilisation de ces manigances doit cependant se faire avec parcimonie et intelligence.

Si on décide, par exemple, de faire fuir les gens en se dotant d’une haleine fétide, judicieux mélange de café, haleine de matin et, pourquoi pas de l’ail des dents non brossées du souper de la veille, il faut garder en tête que la méthode fera assurément fuir plusieurs personnes, mais qu’il restera toujours une partie de la population qui n’est aucunement incommodée par les odeurs. Il peut aussi y avoir un effet pervers, au sens que les gens « attrapés » s’en souviendront et qu’ils resteront toujours prudents. Résumons en disant que l’auditoire touché peut être inutilement vaste et votre réputation, lourdement empestée. Sans compter qu’en ce qui concerne les odeurs, les gens sont généralement hypocrites, ils n’oseront jamais vous dire que vous puez.

Ceci peut s’avérer différent dans le cas où la solution retenue serait de péter en public. Certains s’en iront, par malaise sans doute, mais la plupart resteront, et vous taquineront. Cela ne s’arrêtera pas là. Non seulement ils vous taquineront, mais ils en parleront à ceux qui n’ont pas eu la chance de vivre ce moment, et ça finira par sortir publiquement dans un événement d’envergure, de type party de Noël. Pour les gens qui sont moins à l’aise avec leur corps, c’est peut-être un choix douteux.

Il est aussi possible de la jouer psychologique. Pour ce faire, les possibilités sont presque infinies. Parler de vos malheurs, répéter qu’on se trouve gros/laid/incompétent, parler contre les autres, avoir un air de bœuf/cochon/animal-de-votre-choix, ne pas réfléchir avant de « grêler/ramasser/torcher » quelqu’un. En général, les gens vous fuiront. Certains auront la réaction inverse et voudront absolument entendre vos bitcheries au sujet des autres et les plaignards se sentiront interpellés et vous colleront aux basques afin d’échanger sur le sujet. C’est plutôt 50-50 alors le risque est grand et votre réputation peut être affectée.

Finalement, un moyen simple, efficace, temporaire. Il vous suffit, dès que vous entrez en contact avec une personne, de préférence plusieurs simultanément, vous leur dites avec un air verdâtre mi-exaspéré : « Mon enfant/chum a vomi toute la nuit et s’est levé avec une diarrhée sous pression ce matin ». C’est un succès instantané. Outre vous reprocher votre présence au travail, les gens, en plus d’être tellement compatissants, vous laisseront la paix et vous pardonneront dès qu’ils auront la preuve tangible que votre malade est rétabli et que vous n’avez pas été infecté. Sachez que s’ils s’informent de votre santé, vous pouvez toujours le prendre gentiment, mais ce n’est qu’à titre informatif afin de déterminer votre potentiel infectieux. J’ai testé une version douce de celle-ci ce matin et je vous jure que c’est un « hit » assuré!

En me souhaitant que mon petit bonhomme s’en remette, bonne soirée. Et pour les moins habitués, ce texte est bourré de sarcasme.