mardi 31 août 2010

Vie de mouche


Même si notre cerveau, machine incroyable qu’il est, sait que nous sommes [presque] en automne, l’actuelle température, 836°C, 1067° avec humidex, confond tous les sceptiques à nous en faire croire que nous sommes en plein mois de juillet. Tout le monde y croit, sauf les mouches.

Elles, si insignifiantes et dégoûtantes soient-elles, savent. Leur bourdonnement, si subtil puisse-t-il être en plein été, est devenu fort et irrégulier. Leurs déplacements, autrefois vifs et précis, sont devenus aléatoires et saccadés. Ainsi, depuis le début de la semaine, et peut-être un peu avant, je ne me souviens plus, elles s’affairent, toutes autant qu’elles sont, à ruiner ma santé mentale, à grands coups de « zzzzzzzzzzzzzzzzzz toc. Zzzzzzzzz toc ».

Cet après-midi seulement, elles étaient bien une bonne centaine dans ma fenêtre (je n’exagère jamais, pour ceux qui me lisent pour la première fois, et j’ai horreur du sarcasme, trop compliqué) à peaufiner leur plan machiavélique, qui mènerait forcément à une crise de nerf de ma part. Fait intéressant, ou mise en contexte plutôt, ma fenêtre se trouve géographiquement à treize pouces de mon oreille droite, 33.02 cm pour les fervents défenseurs du système métrique. Le temps de réaction de mon système nerveux est donc réduit au minimum, ce qui est proportionnel à ma patience.

Pour mettre fin à la torture, selon moi bien pire que le supplice de la goutte, ou de l’empilade de roches sur la cage thoracique, j’ai tôt fait de mettre en œuvre le plan d’urgence. Dans un accès de fureur, j’ai tiré rageusement sur les deux cordons de mon store horizontal en métal, bien plus esthétique que fonctionnel, m’y reprenant à trois reprises, dans le but de libérer le terrain pour cette attaque imminente. Elles étaient toutes là, le regard hypocrite, et me toisaient, se transmettant entre elles les ordres, fin prêtes à la contre-attaque, dans une télépathie mouchienne qu’il ne m’est pas donné de comprendre. Misant sur la force physique plutôt que sur la stratégie, j’ai frappé, frappé, frappé encore, jusqu’à ce que le sol soit jonché de cadavres et de survivantes, combattant la fameuse lumière blanche au bout du tunnel (merde, est-ce que ça veut dire que les mouches vont au paradis?).

On m’a raconté, bien après le massacre, que des gens autour de moi avaient crié, qu’ils m’avaient suppliée de leur laisser la vie sauve. Il n’en fut rien.

Plus tard dans l’après-midi, alors que je pouvais enfin profiter du silence que m’offrait ma fenêtre, ma vessie crut bon manifester sa présence (je suis humaine). Une fois dans la salle de bain, elle était là, par terre, lente et presque agonisante. Elle me regardait, elle aussi, de ses gros yeux à la fois hargneux et affolés. Elle savait. On lui avait parlé de moi. J’étais donc devenue une légende? Sans même gaspiller une seconde complète de ma vie, j’ai délicatement posé mon pied sur son corps mou et caoutchouteux (je suppose seulement, je n’ai pas touché avec mes doigts, quand même) et j’ai appuyé. La pression était ferme mais douce. Nul besoin de la pulvériser, d’extraire tout le liquide brun qu’elle était capable d’emmagasiner, méthode qu’elles adoptent afin de nous faire croire que nous aurions dû les épargner.

Ce fut plutôt un liquide translucide qui gicla, lorsque la pression interne fut trop forte. Je crois qu’à cet instant, j’ai eu des remords. Cette pauvre mouche, contrairement à ses anciennes collègues, ne m’avait rien fait. Elle ne s’était que trouvée sur mon chemin, et ça l’avait tuée. Étais-je plutôt un être sanguinaire finalement, vivant de la satisfaction des mouches mortes violemment?

Ce n’est qu’une fois de retour dans mon bureau, après avoir noyé une autre mouche et en avoir écrasé deux de plus, se mouvant au gré de leurs capacités dans mes papiers importants, bondissant même sur mes crayons (Dieu merci, je ne les porte jamais à ma bouche) que j’ai dû admettre que je ne changerais pas, et que les mouches automnales ne gagneraient jamais cette guerre. Je les tuerai toutes, sauf celles qui se donneront elles-mêmes la mort, se groupant dans les luminaires. Les avait-ont mal informées sur la lumière blanche au bout du tunnel?

dimanche 29 août 2010

Par un beau dimanche

Nous sommes dimanche soir, il est 19 h 37, je suis seule et j’ai chaud. Mon fils est couché et étrangement, il dort. Je suis semi-confortablement assise à la table de la cuisine et j’écris. Normalement, quand je suis seule, je me néglige (pas dans le sens d’arrêter de me laver, rassurez-vous) mais ce soir, j’ai décidé de me faire plaisir. Ma belle Aroma m’a concocté, avec mon aide, un excellent café glacé au chocolat et je déguste des fraises des États-Unis blanches et croquantes, des mûres dont le goût a raté le camion de livraison et des raisins trop gros pour être naturels. Je connais beaucoup de gars comme ça. Comme mes fruits étaient tellement appétissants, je les ai enterrés d’une montagne de garniture fouettée Nutri-Whip (moi qui prône la bonne cuisine…) « boostée » au cacao. C’est presque bon.

Mon chum, quant à lui, est au salon funéraire depuis 13 h cet après-midi. Je vous ai induit en erreur, mon fils ne dort pas. Il jase, même. « Papa, Papa !! Papa ??? » Le papa en question a perdu sa grand-mère. Elle est partie, décédée, les anges sont venus la chercher, son mari l’a reprise, elle est morte, quoi. Ce n’était pas seulement sa grand-mère, c’était aussi sa sœur, puisqu’elle est venue vivre chez ses parents quand il avait 5 ans. Ça aurait fait 25 ans la semaine prochaine.

Suis-je une sans-cœur, une sauvage, une égoïste ? Oui, ça m’arrive. J’ai même déjà été tout ça en même temps. Mais aujourd’hui, j’ai préféré mon fils, qui est vraiment vivant, à une morte. Nous y sommes allés, cet après-midi, mais je vous dis qu’une prière sérieuse avec pour bruit de fond : « brmmm brmmm brrrrmmmmmmmmmmmmmmmmmmm », ça laisse pantois. Je vous entends déjà, vous qui me lisez pour la première fois (s’il en est), vous dire que je n’avais qu’à le faire taire, ce petit garçon impoli. Il a un an et trois mois, 15 mois en langage de mère, et la fonction « Mute » n’est pas encore fonctionnelle. Je pense que ça s’en vient par contre. Pour l’instant, toute tentative de le faire taire sonne à ses oreilles comme un cri d’encouragement à continuer. Toujours est-il que nous sommes partis du salon, MM (mon fils) et moi, par respect pour nous-mêmes et pour les autres.

J’étais convaincue que j’aurais l’air d’une sans-cœur (je sais, j’ai déjà utilisé ce mot, mais je ne trouve pas de synonyme qui convienne, j’attends les propositions) parce que je ne pleurerais pas, mais ce fut tout le contraire. J’ai pleuré. Il y avait longtemps que je me préparais à cette mort. J’étais mentalement mûre depuis plusieurs années. Pourquoi aurais-je pleuré la mort d’une femme de 93 ans, qui a vécu une vie rêvée, entourée de gens qui l’aimaient vraiment, et qui ne lui ont jamais fait sentir qu’elle était un boulet dans leur vie, parce qu’elle ne l’était tout simplement pas ? Il me semble qu’on ne devrait pas pleurer les gens de cet âge, on sait tous que la mort les guette (elle nous guette tous, mais vous comprenez, arrêtez de m’interrompre !). Quand je l’ai vue, dans son cercueil, je me suis fait prendre par mes propres convictions, les traîtres ! Les larmes coulaient sur mes joues, sans que je puisse les contrôler. Ma seule pensée à ce moment, fut tellement égoïste (je vous l’avais dit que j’étais égoïste !!). J’ai eu peur à mon image. Que diraient les vrais petits enfants en voyant pleurer bien plus qu’eux la femme de leur cousin ? Penseraient-ils que j’ai besoin d’attention ? Pourtant, cette femme a fait partie intégrante de ma vie pendant les dix dernières années, ça marque ! Bon. Assez de pleurnichage.

Une fois ici, MM a dormi, puis s’est levé, puis nous avons soupé en tête à tête, lançant un morceau d’omelette ou de patate douche par terre de temps en temps, pour détendre l’atmosphère. En fait, c’est lui qui lançait sa bouffe par terre, et l’atmosphère n’était point tendue. C’était plutôt le contraire, nous étions (et sommes encore) complètement « slaques ». Il fait tellement chaud !

Il est maintenant 8 h 3. Je voudrais bien aller prendre ma douche, pour sentir bon quand mon chum reviendra, plus tard, mais il fait 30°C dans la maison, et je sue comme un porc (est-ce que ça sue tant que ça, un porc ?). C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis assise à la table plutôt que sur le sofa, le portable sur les genoux, bien au chaud.

J’écris, j’écris, j’en suis à 770 mots et rien de pertinent n’est encore sorti. C’est à ce moment que je commence à me questionner sur la pertinence de publier ce billet. D’un autre côté, mon blogueur préféré pond sans cesse des billets du genre et je les lis tous avec bonheur. Pourquoi pas, alors ?

La télé est présentement syntonisée sur la chaîne Yoopa, je n’ai pas pensé de changer quand MM s’est couché. C’est une chaîne dédiée aux enfants. Jeunes. Présentement, c’est « Fifi et ses Floramis ». J’ai horreur de cette émission. Ce sont des fleurs socio affectives qui font toujours des activités palpitantes et qui, émission après émission, se font avoir par Qui-Pique, la vilaine guêpe. Merde, mon chat hurle comme un débile. Il est assis sur le tapis d’entrée, le regard complètement absent, et il hurle. Il se lèche une patte en hurlant. Il a fini. Je disais donc, Qui-Pique met le trouble et, d’un épisode à l’autre, ils cherchent tous le coupable et finissent par le démasquer, pour lui pardonner et lui dire de ne plus recommencer. Wow ! À quel âge perd-on cette naïveté qui nous permet d’apprécier ce genre de merde ?

Bon, je vous laisse là-dessus. Pour l’instant. Je reviendrai peut-être plus tard. Peut-être pas. Bonne soirée.

Je voulais vous mettre un vidéo de Fifi mais on ne voyait pas «Qui-Pique », quel intérêt alors ?

vendredi 27 août 2010

La saison de mes amours


Il y a dix ans et demi, en avril 2000, je commençais à fréquenter un jeune homme, qui deviendrait mon mari et le père de mon fils neuf ans plus tard. Je savais qu’il aimait le hockey avant d’être officiellement en couple, car j’avais bien regardé quelques parties avec lui et ses amis, et ce avant même qu’il m’intéresse, mais je ne savais pas à quel point. Peut-être croyais-je qu’il laisserait tomber ses Glorieux pour moi, par amour ? J’ai vite déchanté en début de saison, en octobre de la même année, lorsqu’il s’est risqué à me faire « endurer » la chose, qui-plus-est sur une horrible télévision, plus vieille que moi, de l’époque où on les faisait encastrées dans un meuble de bois, croyant cette technologie éternelle.

Les premières fois, je me forçais à m’endormir sur lui, ultime tentative de le faire changer de camp, me croyant irrésistible au point de lui faire oublier cette équipe qu’il chérissait depuis déjà [trop] longtemps. Dès qu’il mentionnait une partie, et Dieu qu’elles revenaient souvent, je soupirais et roulais les yeux au ciel, jouant la pauvre victime incomprise (est-ce un pléonasme ?).Je ne voyais ni l’intérêt, ni l’utilité de perdre un temps si précieux à regarder des braillards trop payés se disputer un vulgaire morceau de caoutchouc, et ce, pendant des périodes interminables. Il me semble même avoir déjà étudié en plein samedi soir, pour lui prouver qu’il gérait mal ses temps libres. Échec.

Un jour, je ne me souviens plus quand exactement, mais je me souviens que j’avais un examen imminent, « j’étudiais » (il faut me connaître pour savoir avec quel sérieux j’ai fait mes études), en pleine semaine, et je m’étais dit : « pourquoi pas mettre le hockey, plutôt que de la musique ? C’est tellement plate que c’est certain que je vais étudier ! » Est-ce que j’ai réellement eu un déclic ce jour-là, ou étais-je simplement décidée à ne jamais étudier (habitude que j’ai entretenue tout au long de mon bacc, merci à mon « intelligence naturelle » !!) ? Toujours est-il qu’en troisième période de cette même partie, je me suis retrouvée assise devant la télé (bien loin de ma position d’origine, à l’autre extrémité du sous-sol), sur le bout de mon siège, suivant avec beaucoup trop d’intérêt ce qui se déroulait sur cette patinoire. Malheureusement, je me suis fait prendre, mon chum est arrivé de son cours de soir et il m’a vue, complètement absorbée par SON sport, SON équipe. Je crois que c’est à ce moment que je suis devenue accro. Je n’avais plus le choix de toute façon, il m’avait vue.

À la fin de cette saison, la 2000-2001, je connaissais tous les joueurs de l’équipe et leur numéro, et je crois même que je pouvais nommer les trente équipes de la ligue. J’ai même eu peur de l’agonie, quelques années plus tard, lors de la saison 2005-2006, où le lock-out nous a privés des 82 matchs que nous attendions tant. Maintenant, dix ans plus tard, j’attends, impatiente, que le Hockey Magazine Guide du Pooler sorte en magasin. Ce sera sans doute, comme chaque année, un des dix dollars les mieux investis de mon année (exagérer, moi ?). Ce guide, ma bible, je le consulte pendant toute la saison, m’intéressant à l’âge, la grandeur, les statistiques, la position de repêchage, la ville natale des joueurs de toute la ligue, selon les adversaires de mon équipe favorite, Montréal.

L’an passé, étant devenue chômeuse, et nouvelle maman, personne n’a voulu de moi dans son Pool (c’était un mauvais « timing »). Cette année, je n’ai pas pris de chance, je me suis trouvé deux pools différents, où je pourrai tenter, pour la première fois, de conquérir le classement, du moins, une des trois premières places. Dans quelques semaines seulement, ce sera le camp d’entraînement. Ensuite, en octobre, le 7 pour être précise, ce sera ENFIN le début de la saison. Cette année, en plus, nous avons un enregistreur numérique à la maison, donc nous pourrons reléguer toutes nos émissions au second rang, pour profiter pleinement de notre télé HD, que nous avons acquise presque exclusivement pour le hockey. Je reprendrai donc activement ma place sur mon autre blogue, le Grand Club, et deviendrai complètement dépendante des nouvelles du sport.

En plus, j’ai un ami qui m’a presque promis des billets pour une partie, et ce gratuitement. Ce sera pour nous une occasion rêvée de nous rendre dans la métropole (une fois par année, ça fait du bien), et d’oublier que nous sommes des adultes, le temps de cette soirée, pour s’enivrer de l’atmosphère exaltant du Centre Bell (à moins que ce ne soit contre les Devils, dans ce cas, c’est rarement exaltant). D’ici là, il ne me reste qu’à survivre à ces 41 jours qui me séparent du début de la saison 2010-2011. Dès que la formation sera connue, je m’empresserai de m’acheter un T-shirt, et je crois même que j’oserai prendre parti pour un joueur… il ne me reste qu’à décider lequel ! En attendant, n’ayez crainte, je ne vous abrutirez jamais de statistiques sur ce blogue, ni même sur l’autre! Je trouve simplement dommage que George Laraque se soit lancé en politique et que Benoit Brunet ait quitté RDS, ils étaient pour moi une grande inspiration !

Sur ce, je vous quitte, chers lecteurs !

lundi 23 août 2010

Et un humain de plus?

Bon, ma belle-sœur vous dirait sans doute que les jeunes ne sont pas vraiment des humains avant l’âge adulte et que parfois, ils ne le deviennent jamais, mais moi, je vais écrire ce texte en considérant que le bébé est un humain dès sa naissance. Il faut dire que ma belle-sœur enseigne à des adolescents, ce qui la rapproche étrangement d’une réalité que je ne connais pas, et/ou dont je ne me souviens plus. (Je sais que la formule « et/ou » n’est pas recommandée mais je trouve qu’elle n’a pas son pareil pour créer cette impression de choix multiples.)

Pour en revenir à l’humain de plus dont il est question dans le titre, parce qu’aujourd’hui, j’ai décidé de choisir un titre qui a du sens, il n’est pas encore né. Du moins, il ne l’était pas il y a de cela une heure. Ce petit, car il semblerait que ce soit un garçon, devrait techniquement naître le 23 août 2010. Eh oui, perspicaces que vous êtes (je sais que vous êtes plusieurs maintenant!), c’est aujourd’hui. Je vous déclare donc officiellement que s’il n’est pas sérieusement en route, il ne naîtra pas le 23.

J’ai accouché le 5 juin 2009. C’est déjà loin. Mais je m’en souviens comme si c’était hier. J’ai aimé ça. Oui, vous avez bien lu, j’ai aimé accoucher. Ce fut quatorze longues heures de souffrance indéniable mais ça en valait le coup. Le « trip » aurait été différent si je m’étais fait « droguer ». Quelques mois à peine après l’accouchement, je voulais déjà redevenir enceinte. Rassurez-vous, ça a passé, et maintenant, je peux vivre cette aventure de nouveau, sauf que ce n’est pas moi qui aurai du mal à m’asseoir pendant trois semaines. Ce n’est pas moi qui vais non plus avoir envie d’hurler la première semaine de l’allaitement parce que croyez-moi, ça siphonne ces petites bêtes-là!

Les futurs parents sont en fait le parrain de mon fils et sa conjointe. Elle n’est pas marraine puisque c’est la belle-sœur du premier paragraphe qui l’est. La future maman est la première de mes amies qui est enceinte après moi. Je suis donc plus qu’énervée, et j’aurais envie de l’appeler cinquante fois par jour pour savoir si ça s’en vient. Je lui donnerais volontiers tous les trucs de grand-mère que j’ai mis en pratique pour moi, du lavage de plancher au sexe (eh oui, mais le papa est rarement enthousiaste à ce stade de la grossesse…), en passant par les plantes médicinales bizarres.

Je pense comprendre le pourquoi de mon excitation. Je sais ce qu’elle ne sait pas encore. Je sais aussi ce qu’elle ressentira sous peu, que sa vie changera pour toujours, que rien ne sera plus jamais pareil entre elle et son conjoint, parce qu’ils ne seront plus un couple mais une famille. Ils comprendront alors pourquoi nous sommes systématiquement en retard dès qu’on nous attend quelque part, parce qu’on n’est jamais réellement prêt à partir avec un enfant.

Pendant plusieurs semaines, ils ne sauront plus vraiment l’heure qu’il est, dormiront quand ils le pourront et quand ils sortiront, ils n’auront qu’une seule envie, que tout le monde leur dise qu’ils ont un beau bébé. Pourtant, ils sont tombés sur le « mauvais » sexe. Les gens préfèrent voir des petites filles habillées en princesse. C’est la vie. Plus tard, ça devient pratique, les gens nous laissent tranquilles. Je les envie pour l’aventure incroyable qui les attend… mais je suis contente que ce soit fini tout en même temps. Je ne vivrai plus jamais une première grossesse.

Pour ce qui est du bébé, j’ai hâte de le voir, de savoir son nom, de le prendre, de le sentir, d’essayer de deviner à qui il ressemble, même s’il ne ressemble à rien, et de dire, inévitablement, qu’il est donc petit (parce que moi j’ai eu une grosse roche)! J’attends désespérément l’appel, celui qui nous forcera à appeler une gardienne au plus vite, pour aller [enfin] rencontrer le petit nouveau.

Jean-Steeve, Jacob, Édouard, Jacob-Édouard, Sébastien-Antoine? Même si nous n’aimons pas ton nom, tu feras certainement partie de nos vie, et nous t’aimons déjà!

dimanche 22 août 2010

Un dimanche à la plage

Nous sommes dimanche matin (surprenant, n’est-ce pas?), du moins, au moment où je pose ces mots sur les feuilles beiges de mon petit carnet brun, assise sur une des chaises en rangée bleu bizarre, au recouvrement de cuirette en fin de vie, nous sommes le matin, il est 7 h, et je suis à l’Urgence. Non, je n’ai pas passé la journée à la plage. Premièrement, les grandes chaleurs de plage relèvent maintenant d’un proche passé, ou encore d’un futur relativement lointain, et deuxièmement, je déteste la plage. Je n’ai même pas de maillot. Le titre n’était qu’un attrape-nigaud. Nigaud!!!

J’ai horreur de me présenter ici. Personne de sensé n’aime réellement les hôpitaux s’il n’y travaille pas (et encore), parce que ça pue, les gens sont moches (dont moi présentement), malades, plaignards et le temps semble arrêter d’avancer. Mais la raison pour laquelle je n’aime particulièrement pas l’Urgence, c’est à cause du nom. URGENCE. On s’attendrait à ne voir que des gens ouverts, verts, mous, morts, mais en fait, tout le monde, à peu d’exception près, semble se porter à merveille. Moi la première. En réalité, je ne me porte pas si à merveille, mais j’en ai bien l’air. Tous mes morceaux sont attachés à leur place, je ne saigne de nulle part, aucune trace de pus, mon cœur bat à un rythme normal et je dirais même que mes cheveux sont étrangement beaux pour un dimanche matin.

Ma condition n’est donc pas « urgente ». Pour être tout à fait honnête, je me sens même coupable de m’être présentée ici, d’engorger le système. J’ai un vrai problème, quand même. Je vous en ai même déjà parlé vous vous souvenez? Ma gorge! (voir Hypocondriaque, moi?) Ce vilain mal de gorge me tient prisonnière depuis plus de dix jours et je commence à me demander si je vais mourir avec. Je suis donc sur le point de voir l’infirmier de "triage". « Infirmier ». Hier, j’ai eu droit à un caissier (voir Histoires d'un quelconque samedi), aujourd’hui, c’est un infirmier. Je n’ai rien contre les métiers non-traditionnels. Je constate seulement que ça sonne faux dans mes oreilles.

La dernière fois que je suis venue ici, c’était au printemps dernier je crois, c’était pour mon fils MM, et nous avions dû venir deux fois à trois jours d’intervalle. La première fois, il était fiévreux et on lui avait diagnostiqué une otite. Les médicaments l’exaspéraient (et moi aussi) et il s’était levé un matin, blanc marbré rouge. Pas très chic je vous dirais. Nous étions donc retournés à l’hôpital, suspectant la réaction allergique, pour se faire dire après sept heures d’attente qu’il n’avait jamais eu d’otite, et qu’il n’avait qu’une (ou plusieurs) maladie de bébé qui ne se traite pas et qui passe tout simplement.

Bon, j’ai vu l’infirmier. En effet, mon cas semble tout particulièrement insignifiant (je vous l’avais dit!) mais je pense que je vais attendre quand même, tant qu’à y être. Pendant qu’il entrait mes palpitantes informations dans son ordinateur, mon regard s’est perdu dans l’étagère au-dessus de lui. Quoi? Des plats à dentier? Dire que ce sont les seuls contenants dont la couleur ne donne pas envie de vomir! Tant qu’à faire dans la confidence, j’ai envie de vous avouer que, pendant longtemps, alors que j’étais jeune, j’ai cru qu’un jour, l’âge n’était pas clair dans ma tête, on m’arracherait toutes mes dents pour me refiler « des dents », comme dit ma grand-mère. Toutes les personnes âgées autour de moi en portaient, je pensais donc que c’était un passage obligé vers l’âge d’or. J’ai su plus tard que je pourrais garder mes dents jusqu’à ma mort, si je voulais. Ouf!

Pour en revenir à l’infirmier, il m’a toisé d’un drôle d’air, me faisant vraiment sentir que je lui faisais perdre son temps. Mon sentiment de culpabilité s’est gonflé… Et il y a cette femme, qui accompagne un homme très vieux, son père apparemment, qui a l’œil tout noir parce qu’il a chuté dans son entrée. Elle le gronde à haute voix, insistant sur la non-nécessité de l’action qu’il a posée pour se retrouver la face contre l’asphalte. Ça m’intéresse! Bon, je vais lire un peu, je n’ai plus rien à dire.

7 h 40 : Un homme, jeune, arrive. Je ne l’ai vu que de dos, mais je le reconnais. Pourtant, il y a bien 20 ans que je ne l’ai pas vu, et ce n’était même pas mon ami. Il était dans ma classe en deuxième année. Ce qui est vraiment étrange, c’est que j’ai justement rêvé de lui la semaine dernière. Il est identique comme dans mon rêve. Encore pire, il est pareil comme le souvenir que j’en avais. On dirait même qu’il a la même coupe de cheveux. J’espère que mes rêves ne sont pas tous prémonitoires, parce que j’ai aussi rêvé que le conjoint de ma tante se pendait.

8 h 45 : Il y a près de deux heures que je suis ici. Décidément, j’aurais dû rester chez moi. J’aurais pu me recoucher au moins. Et je commence à avoir mal à la tête. La salle est presque vide, et ce n’est jamais mon tour. Et même le gars de mon rêve est parti. Depuis longtemps même. Mon sentiment de culpabilité est à son sommet personnel.

10 h : C’en est trop j’en ai assez, je m’en vais aux informations. S’ils me disent que j’en ai encore pour une heure, je fiche le camp… En fait, je viens d’apprendre que j’étais « triée » en priorité 5, la plus basse du lot. Pourquoi alors s’embarrasser du terme « priorité »? La gentille et très jolie infirmière (si j’étais intéressée par les femmes, elle aurait été tout à fait mon genre) m’a gentiment mise en « priorité 4 ». J’ai eu à peine le temps de m’asseoir qu’on m’appelait déjà! Vive la priorité 4! Cela signifie que toutes les personnes qui entraient passaient systématiquement avant moi. Super.

Finalement, je suis repartie chez moi avec une prescription d’antibiotiques, que je ne prendrai que si on m’appelle pour me confirmer que j’ai bel et bien un streptocoque. Avouez que le nom fait peur. On pense tout de suite à la vilaine bactérie mangeuse de chair. Je vous rassure, il n’en est rien. C’est juste une cochonnerie qui donne mal à la gorge. J’ai bien hâte de voir si c’est le bon diagnostic. Je vous tiendrai au courant, promis. Saviez-vous que dans la salle d'examen, il y a des "Vomi bag"? Wow!

11 h 5 : Je suis de retour chez moi. J’ai faim. Je mange. Nous irons ensuite acheter des trucs à l’Empire monopolistique du Mal et nous en profiterons pour manger une crème molle. La médecin m’a dit de manger froid, ça me soulagerait. Il faut toujours croire ce que disent les médecins. Direction : crème molle!

samedi 21 août 2010

Histoires d’un quelconque samedi

Nous sommes samedi. Surprenant n’est-ce pas? Ce matin, nous avions des plans. Je ne parle pas ici d’une grasse matinée affectueuse où nous pouvions traîner au lit pendant de longues heures, ce temps-là est révolu. Maintenant, c’est au son de tendres « PAPA!!! » ou d’un monologue que seul notre fils MM et sa douce RT savent interpréter, que nous émergeons brutalement du sommeil, dans les environs de 6 h du matin (Je sais que, techniquement, 6 h, au Québec, c’est toujours en avant-midi puisque le soir, c’est 18 h, mais j’aime bien préciser, on dirait que ça complète mieux les phrases, que ça met de l’emphase sur le fait que c’est vraiment tôt, 6 h du matin, spécialement le samedi).

Nos plans étaient peu conventionnels, nous étions conviés à une ballade en remorque de tracteur pour aller nourrir quelques uns des 350 cerfs rouges de la ferme en question. L’idée peut vous sembler saugrenue, inutile, bizarre, sortie de nulle part, mais je vous dirais que MM et sa copine RT, petite-fille des propriétaires de ces sympathiques créatures, ont bien apprécié la randonnée. De toute façon, il y avait un tracteur, et comme, de tous les générateurs de « BRMMMMMM BRMMM », le tracteur est très haut placé, le plaisir était déjà au rendez-vous, bien avant l’apparition des cerfs affamés.

Une fois la ballade terminée, et c’en était assez, MM était affamé et il n’avait qu’une seule envie : bouger, nous nous sommes dirigés chez MB et ET, les parents de RT, nos amis, pour un convivial dîner. Sur le chemin du retour, un bâtiment neuf a soudainement attiré mon attention. On pouvait y lire, en lettres majuscules : « Ouverture en septembre 2010 ». Je me suis demandé, avec mon snobisme habituel : « Mais qui peut bien croire en un commerce rentable dans un endroit si perdu? ». Nous n’étions qu’à dix petites minutes de la ville, pourtant. Alors que je me retournais à toute vitesse pour découvrir de quel type de commerce il s’agissait, j’ai eu un choc nerveux [léger]. Il s’agissait de l’ouverture imminente d’un complexe funéraire. En effet, l’idée est rentable.

Qui peut donc se dire, lorsqu’un être cher trépasse, ou meurt, pour être plus direct, qu’il préfère que le nouveau complexe flambant neuf soit ouvert pour prendre les dispositions nécessaires, plutôt que de faire cela dans les plus brefs délais? J’espère que si j’ai à mourir dans les prochaines semaines, ce sera au moins en septembre. La place était sympathique, j’y verrais bien mes proches fondre en larmes et se raconter des histoires touchantes de l’époque où je vivais. Je suis macabre, n’est-ce pas? Changeons de sujet.

Ce soir, vers les 17 h 30, je suis allée à l’épicerie, puisque le temps avait manqué dans les jours et heures précédant ce moment, et que les ressources alimentaires essentielles commençaient à se faire rares dans le frigo. Dans le stationnement, j’ai rencontré un chinois (c’est rare en région) qui portait un chandail de dragon, quel cliché. Une fois dans le supermarché, mon air bête clairement affiché, j’ai parcouru les allées, désabusée, avec pour ultime objectif de faire tous mes achats, et de retourner chez moi au plus vite, pour déguster les intrigantes saucisses de cerf rouge achetées plus tôt, le matin même. Le tout s’est déroulé rondement. Outre une caisse de cannettes de Club Soda qui s’est éventrée à mes pieds, l’expérience des allées fut bonne (où « bonne » ne veut pas nécessairement dire agréable, mais plutôt, pas trop désagréable).

Une fois à la caisse (il n’y en avait que deux qui nous faisaient grâce d’être illuminées), j’ai choisi de me mettre en ligne dans celle qui me semblait la plus rapide. Dans le fond, c’est toujours ce que l’on fait, instinct de survie, sans doute, mais dans mon cas, je fais toujours le mauvais choix. Cette fois, c’était la femme, deux personnes avant moi, qui avait acheté un milliard d’assiettes à l’unité, qui ralentissait le processus, car la caissière devait emballer chaque pièce individuellement. BORING. J’ai donc eu quelques minutes pour faire le bilan visuel de ce que je voyais. La femme juste avant moi avait acheté une caisse de friandises glacées. Je me suis inquiétée pour elle. Était-elle en train d’angoisser sur l’état physique des ses « pop sicles »? Se retrouverait-elle, une fois à la maison, face à une marre de bouillon glacé collant sortant d’une boîte détrempée? La situation m’a paru critique à cet instant.

Du même coup, je pensais à mes condoms, ceux que j’avais soigneusement mais rapidement choisis, et je me demandais à quel point je me sentais à l’aise que l’emballeur les prenne dans ses mains, me regarde, puis les mette dans mon sac, en se disant sans doute toutes sortes de choses dans sa tête, du genre « moi je ne coucherais pas avec toi » s’il avait 17 ans, ou alors « je t’essayerais » s’il était plus vieux (et moche, comme tous les vieux emballeurs d’épicerie). Pourquoi étais-je embarrassée d’acheter des condoms à 28 ans? Et ça dérange qui de toute façon? Si je n’ai pas envie de prendre la pilule, c’est mon choix, non? À dix-sept ans, quand j’ai commencé à la prendre, je me souviens avoir eu des nausées pendant six mois, je ne recommencerai certainement pas! Vous voyez, même à vous, je ressens le besoin de me justifier. Mes condoms n’étaient tout de même pas nervurés, à « studs », colorés ou même à saveur de quelque chose (Qui met ça dans sa bouche? Ouache!). Finalement, il n’y avait qu’un emballeur pour les deux caisses et j’ai eu le temps de faire un sac moi-même, et bien-sûr d’y enfourner la petite boîte noire avant qu’il ne vienne prendre le relais. Que je suis nouille quand je veux.

Après le bain de notre fils, je suis retournée à l’épicerie (un autre magasin, évidemment) pour acheter chocolat et yogourt, et bien d’autres produits. Dans une certaine rangée, il y avait une employée qui plaçait des choses sur la tablette du haut. Qu’elle était grande! Au moins six pieds. J’ai été jalouse. J’aurais aimé être aussi grande. J’ai continué mes courtes courses, terminant le tout par la section du chocolat. Noir aux pacanes et noir au pistaches, pourquoi pas? Une fois à la caisse (la caissière était un homme, c’était donc un caissier, bizarre), c’était la grande fille qui était préposée à l’emballage. Point de condoms donc, point de stress. En passant à côté d’elle, pour m’en retourner à mes saucisses [de cerf], je commençais à avoir faim, j’ai cru remarquer qu’elle avait du poil dans le dos. Je n’étais plus jalouse.

Les saucisses étaient excellentes. La ruisselante Labatt 50 qui les accompagnait l’était tout autant. Le chocolat quant à lui, un peu décevant, mais il est tout de même mangeable, il ne se perdra pas, je vous le jure. À une prochaine fois!

jeudi 19 août 2010

Hypocondriaque, moi?

Depuis que le monde est monde, du moins depuis que je suis assez allumée pour avoir une réflexion éclairée sur le celui-ci, j’ai des petites tendances hypocondriaques. En fait, je crois que tout a commencé lorsque mes parents ont décidé de quitter la rive sud de Montréal pour s’établir dans la belle et grande région où je vis depuis ce jour. J’avais alors cinq ans et demi, ce qui étaie l’hypothèse cité en première phrase.

La propriétaire du logement où nous vivions, qui me servait un peu de grand-mère, comme toutes femmes de la courte rue où j’habitais (qui étaient d’ailleurs toutes âgées), faisait partie de ma « run de tours ». En effet, j’allais faire un tour chez toutes les madames de la rue en me rendant chez ma vraie grand-mère, qui habitait à quatre maisons de chez nous. Ma propriétaire, je l’aimais bien (à cet âge, on ne voit pas que les gens peuvent être méchants, surtout quand ils sont gentils avec nous) et je passais beaucoup de temps chez elle. Cette femme, appelons-là Madame H, juste pour lui donner un nom, entretenait ses maladies depuis leur naissance, en supposant qu’elles aient réellement existé, les cicatrices s’allongeant au fil des ans, tel le poisson du pêcheur qui raconte son épopée fantastique.

Plusieurs années plus tard, je crois même que nous ne vivions plus à cet endroit, ma mère m’a raconté que mes maux de ventre avaient souvent coïncidé avec les maux d’estomac de Madame H. Étrange. Ce que l’histoire ne dit pas, c’est si ces derniers ont réellement existé, d’un côté comme de l’autre.

Avec les années, j’ai cessé de m’approprier les maux des autres (je suis plus saine que je veux bien le laisser croire) mais j’ai développé la vilaine manie de me raconter des histoires horribles avec mes propres afflictions, si bénignes soient-elles. Internet étant un outil très dangereux dans de telles circonstances, et me connaissant trop bien, je ne vais jamais y chercher la nature de mes symptômes, pour éviter de les alimenter et d’en créer de nouveaux. Merci mon Dieu, le web n’était pas encore l’outil du peuple lorsque Madame H existait, elle était déjà bien assez convaincante sans.

Récemment, j’ai eu des maux de tête très coriaces. Je me suis demandé, en plus de me faire d’horribles scénarios en arpentant les allées du supermarché, si je n’avais pas une vilaine tumeur au cerveau, ou un anévrisme, ou une méningite même. Depuis plusieurs années, mes doigts, tous, démontrent des signes inquiétant de non-désir de répondre aux ordres, pourtant clairs, commandés par ma tête, cerveau de l’opération (ahahahahah!). Ce faisant, je me suis fait à l’idée, sans aucun diagnostic, que je faisais sans doute de l’arthrite, tout comme mon père, et sa mère, et bien d’autres encore. Tellement que je me crois, et j’ai même accepté la situation.

Depuis une semaine, j’ai mal à la tête et à la gorge. Je tousse, ma foi, sans avertissement, et à partir de 20 h tous les soirs. Est-ce un cancer de la gorge? Une bactérie tueuse? De la fatigue? Le fameux courant d’air tueur existerait-il réellement? Et m’aurait-il attrapée? Qu’en est-il de l’air conditionné? Serait-il aussi mal intentionné qu’on veut me le laisser croire? Voilà ce qui se passe dans ma tête lorsque j’ai un symptôme étrange… Et je ne parle pas de mes douleurs au dos, aux jambes, au ventre… (j’en rajoute, rassurez-vous!)

Là où je suis rassurée, c’est que je ne me crois qu’à moitié. Je ne consulte pas mon médecin à chaque fois (elle est constamment en congé maternité, ça me limite) et ça ne m’empêche pas de dormir. Pour ce qui est de ma gorge, je vais consulter sous peu, parce que ça traîne et qu’un [vilain] ami m’a évoqué la possibilité d’une infection à streptocoque, ce qui m’a un peu foutu la trouille. Il ne faut quand même pas m’encourager!

Je vous laisse, un mal de tête atroce m’assaille soudainement…

mardi 17 août 2010

Le mot juste – toujours nécessaire?

Étant dotée d’une intelligence au moins moyenne, sinon plus, je sais que l’idéal, lorsqu’on parle d’une chose, ou que l’on songe à le faire, est d’employer le mot le plus juste possible, celui dont la tâche première est de désigner la chose, ou le concept que nous désirons aborder. Pourtant, il me semble que parfois, la situation exige un peu de… je cherche mes mots, de… contournement. Je ne parle pas ici de protéger quelqu’un, ou encore de l’épargner, mais je parle surtout de rendre la situation moins « coupée au 45 ».

Par exemple (je me doute bien que c’est tout ce que vous attendiez, j’y arrive), s’il arrivait que ma Loutte (voir billet Ma chatte) se plante devant moi, côté queue, et que mon nez capte une odeur désagréable, j’aurais tendance à privilégier la remarque suivante : « Ma Loutte! Tu sens du trou! » plutôt que de dire « Rikku, ton anus empeste ». Avouez que la première option est presque agréable, tandis que la deuxième tend à faire défiler des images du sujet en question dans notre tête, à notre insu.

Restons dans la même zone. Si, par hasard, lorsque mon fils prend son bain, il lui arrivait de s’empoigner l’entrejambe et de tirer autant qu’il le peut (il en profite, c’est le seul moment de la journée où il y a accès, où il n’a pas de couche, à cet âge, c’est encore risqué de le laisser se balader tout nu…), et que j’avais envie de décrire la situation à une tierce personne, disons mon chum, je pencherais davantage vers une formulation du genre : « Ton fils se l’étire ben long… » (où « l’ » désigne le membre en question) que quelque chose d’aussi franc que : « Ton fils se tire sur le pénis de façon exagérée ». Je sais qu’il devra apprendre les vrais termes un jour ou l’autre, mais comme il a à peine un an, ça peut encore attendre un peu. Pour l’instant, il ne dit que « papa », « maman », « tetaime (je t’aime) », « Ba ba (bye bye) », « baon (ballon) », « ssssssssa (chat) » et « bas ». Pénis et anus peuvent encore attendre. J’aime encore mieux qualifier la zone entière de « fesses ».

Dans un autre ordre d’idée, il y a certains mots, qui disent vraiment ce qui en est, et qu’il est socialement inapproprié d’utiliser, fait contre lequel je lutte d’ailleurs personnellement. Je parle ici des euphémismes suivants : décédé, non-voyant, malentendant, personne de petite taille, personne ayant un surplus de poids, enveloppé(e), ronde, grassette, costaud, court. Personnellement, je suis très : mort, aveugle, sourd, nain, obèse, petit, mais ça, c’est moi. Est-ce que le fait de dire décédé pour mort rend le mort moins mort? Non, alors je vais continuer de dire mort. Le mot est presque devenu impoli. C’est comme ceux qui pensent que dire « par » pour « porc » est plus chic que « porc ». Est-ce que, avec les années, le porc (la viande) a cédé son rôle nutritionnel pour devenir la personne malpropre (sale) et/ou à la sexualité débridée (un cochon, souvent vieux) et pour se faire remplacer par le « par » en question? Le point mérite qu’on s’y attarde mais, pas aujourd’hui.

Finalement, les termes que j’ai tendance à adoucir et à contourner évoquent généralement les parties du corps que les vêtements ont pour rôle de cacher ou encore les fonctions que lesdites parties ont pour responsabilité. Cette phrase était douce à souhait. Je l’avais traduite avec les termes appropriés mais après relecture, je trouvais que ça brisait la naïveté de mon billet alors j’ai décidé de vous épargner cela. Vous êtes là pour vous divertir, après tout. Au fond, je suis une poétesse. Et la poétesse a sa journée dans le corps, alors ce sera tout.

dimanche 15 août 2010

Le saviez-vous ?

Il me semble que j’en sais, des choses inutiles. Des faits cocasses, des informations vraies, mais dont la connaissance ne vous rendra ni plus intelligent, ni plus heureux. Pourtant, j’ai cette envie folle d’en partager quelques unes, juste comme ça. En espérant que ça vous divertisse...

Vendredi dernier, le 13, comme si cette précision était importante, ou que mon anecdote avait un quelconque rapport avec les superstitions du vendredi 13, j’avais une formation tout à fait passionnante (attention : ironie) sur la sécurité, exigée par le principal client de mon employeur, qui est également la pierre angulaire économique de ma région (MA région). La phrase précédente est tellement longue que je songe presque à vous la résumer… Toujours est-il que cette enthousiasmante formation portait principalement sur la sécurité en usine, principalement sur la mise à « Énergie Zéro » des équipements.

N’ayez pas peur, je ne compte pas vous entretenir à ce sujet, je tiens à vous, chers lecteurs (maintenant que je sais que vous êtes au moins deux, je n’ai plus peur d’utiliser le pluriel quand je vous parle). Le formateur, un type sympathique et pas prétentieux pour deux sous, savait nous tenir en haleine, notamment grâce à certaines histoires savoureuses de gens qui ont fait des passes très poches, et à des faits pour le moins… surprenants.

Avant de me lancer dans les faits qui nous intéressent, je tiens à vous dire qu’une cuticule arrachée, ça saigne beaucoup trop pour rien. Bon, je me lance.

Saviez-vous que si vous mettez une de vos jambes dont la botte de sécurité n’est lacée qu’à moitié dans une cuve d’aluminium en fusion, il ne faudra qu’une vingtaines de secondes d’atroces souffrances pour que vous ressortiez une jambe dont l’extrémité n’est plus qu’un os brûlé ? Maintenant que vous le savez, il n’en tient qu’à vous de bien lacer vos bottes dans une pareille situation.

Saviez-vous que, dans une des usines de la compagnie dont je parle, et dont je ne citerai certainement pas le nom, pour m’assurer de ne pas leur faire de publicité, il est presque aussi dangereux de réveiller un opérateur qui « travaille » que de se retrouver les deux pieds dans un déversement de produits chimiques ?

Saviez-vous que les arcs électriques, communément appelés « Arc Flash », émettent des gaz toxiques et dégagent localement une chaleur qui peut atteindre 19 400 degrés Celsius, soit quatre fois la température de la surface du soleil ? Heureusement, et c’est le formateur lui-même qui nous l’a « promis », « les boîtes électriques, ça vous sautera pas dans la face comme ça ! ». Ouf ! Malheureusement, je n’ai pas pris suffisamment de notes pendant la formation et c’est tout ce que j’ai à vous offrir à ce sujet. Par contre, je peux vous parler d’une découverte passionnante que j’ai faite aujourd’hui.

Je ne m’étais jamais particulièrement intéressée au sujet mais c’est tout à fait par hasard que j’ai appris que le point de fusion (température où un élément solide devient liquide) des chats est exactement de 30 degrés Celsius. En effet, nous nous sommes retrouvés aujourd’hui avec deux « flaques » de chat dans la maison. D’ailleurs, comme il fait encore trente, les flaques sont encore actives. Pourquoi fait-il aussi chaud d’ailleurs ?

Saviez-vous qu’il existe une maladie mentale, un trouble complètement débile, syndrome de Münchhausen, qui fait que certaines personnes s’inventent des maladies et des symptômes dans le but de se faire soigner à l’hôpital, ou encore mieux, de se faire opérer. On appelle d’ailleurs parfois les personnes qui en souffrent « les balafrés de l’abdomen », faisant référence à leurs multiples opérations. C’est débile, j’en conviens, mais une variante de ce syndrome, le syndrome de Münchhausen par procuration, est d’autant plus monstrueuse, que c’est la mère qui désire ardemment que son enfant se fasse opérer. Pour calmer ses pulsions, elle peut aller jusqu’à l’étouffer avec un oreiller (partiellement) et lui injecter toutes sortes de drogues ou médicaments pour simuler des symptômes crédibles. C’est d’ailleurs le sujet d’un excellent livre de Chrystine Brouillet, Soins Intensifs.

Bon, c’est tout pour ce soir.

samedi 14 août 2010

Ma chatte

Ce titre vous a attiré ? C’est que vous êtes soit très amoureux des félins, ou que vous me croyez capable de parler de mon intimité, à ce point-là. Dans ce dernier cas, je vous invite à cesser votre lecture dès à présent. De toute façon, ce titre est une arnaque, car je parle de mon chat mâle aussi.

Ceci étant dit (Wow, j’avais toujours rêvé d’utiliser cette expression, je peux enfin mourir), j’aime les chats. Ma mère (Salut M’man) vous dirait sans doute que j’aime les animaux, mais elle a tort, je n’aime que les chats, particulièrement les miens. Les animaux des autres me laissent de glace, ou m’énervent. Et les autres animaux, je les aime bien dans un zoo, ou en photo, mais sinon, bof. Je ne suis pas très chandail de loup. Si vous êtes un fervent amateur de chandail de loup… je ne sais pas quoi vous dire.

J’ai deux chats, Rikku, ma fille, et Mango, mon mâle. Je sais que le mot « fille » n’est pas le féminin de « mâle », mais c’est comme ça que j’avais envie de faire ma phase. Nous leur avons donné ces beaux noms et les avons même enregistrés dans des associations félines sous ce nom, mais je pense que dès leur deuxième jour à la maison, ils avaient un surnom et n’ont pratiquement jamais entendu leur vrai nom depuis.

La femelle, une belle abyssin lièvre dont le « nom de fille » (j’adore cette expression) est Rikku, est devenue, au fil des ans, « Ma Loutte (loutre) ». Elle ressemble à une loutre. Avant cela, elle s’est appelée Popu, Ikou, Iloule, Biloule. Pourquoi ? Parce que. Elle est magnifique et a de beaux yeux verts. Malheureusement, elle a une passion pour la nourriture qui rend son derrière un peu disproportionné et elle n’a plus beaucoup de dents, ce qui fait qu’elle est beaucoup plus belle la bouche fermée. Nous avons d’ailleurs récemment trouvé une de ses grosses molaires dans le bol de l’autre chat, où elle avait mangé illégalement. Ce faisant, en plus de s’être fait prendre, elle nous a inquiétés de son état bucco-dentaire. Un examen de sa bouche, où la force fut de rigueur, nous a permis de réaliser que son sourire était plus qu’édenté. C’est la vie. Quand elle n’est pas affamée, c’est vraiment un animal adorable, elle est douce, affectueuse et intelligente. Pour nous dire qu’elle nous aime (c’est ce que j’aime me faire croire), elle nous donne des coups de tête dans le front, ce qu’on appelle « coup-de-bouler ». Ma loutte, elle coup-de-boule.

Le mâle, un magnifique bengal « brown spotted » aux yeux verts, qui ne s’est appelé Mango que sur papier entre 9 h et 9 h 15 un samedi matin, est devenu « le Gadlé ». Il faisait tellement de conneries qu’on passait notre temps à dire « r’garde-lé ! ». Parfois c’est le « Coline » aussi. « Maudit fatiguant » est quelques fois utilisé, particulièrement quand il entre dans un genre de phase hurlante, où il crie, assis en plein milieu de nulle part, le regard vide, dans un spectre sonore qui passe du cri muet au hurlement guttural, en passant par le mignon roucoulement. Le tout peut durer de cinq secondes à vingt minutes, sans que l’on sache vraiment quoi faire, et ces épisodes se présentent de une à plusieurs fois par jour. Plus on tente de le faire fermer, plus il hurle. Il faut donc attendre que ça passe. Parfois, assez souvent même, il s’assoit près de la Loutte et se met à la lécher, de la tête aux pattes, intensément, et au grand plaisir de cette dernière. Lorsqu’elle est en transe et presqu’en amour, ce dernier arrête brusquement et tend sa propre tête, quémandant ainsi le même traitement, pour se faire tourner le dos, sauvagement. Il décide donc de la mordre brutalement jusqu’à ce qu’elle crie au meurtre, pour ne la lâcher que lorsqu’on l’arrête. Je ne veux même pas imaginer ce qui se passe lorsque nous n’y sommes pas. Ces préliminaires ne sont en fait que sa façon de se déculpabiliser pour ce qu’il s’apprête à faire. Qui a dit que les chats étaient stupides ?

Mes chats, je les adore. Pourtant, pas une fois je n’ai regretté leur présence, ni leurs griffes. Nous leur avons d’ailleurs acheté, il y a trois ans, un lit « Queen », pour qu’ils puissent être confortables la nuit. Ils semblaient tellement bien dans leur nouveau nid que nous avons décidé à ce moment de le partager avec eux. Depuis ce temps, nous dormons tous les deux, mon chum et moi, dans leur lit, dans leur chambre, et dans leur maison. Ne vous bernez pas, nous leur payons un loyer, et il est élevé.

Finalement, comme je n’ai trouvé aucune façon harmonieuse de terminer ce billet (il faudra que j’y travaille, ce n’est pas la première fois), je vais me contenter de le terminer, comme ça. En plus, ça adonne bien, par que ma Loutte a faim, et qu’il est justement l’heure de son snack du soir. Bonne nuit !

mercredi 11 août 2010

Théâtre d'été...



Une année, c’était en 2008 je crois, une activité sociale de bureau m’a entraînée dans une horrible croisière d’après-midi, où le bateau était sale et les gens bien trop nombreux, qui était suivie d’un souper bien trop salé, avec un service exécrable, et d’une pièce de théâtre d’été. À cette époque, je ne savais pas en quoi le théâtre d’été différait de « l’autre » théâtre. Je pensais qu’on qualifiait ce théâtre d’été parce qu’on était en été, justement. La réflexion était à la fois sotte et logique. Mais je n’en ai parlé à personne, rassurez-vous.

J’avais déjà assisté à une pièce de vrai théâtre au Cégep, Hosanna, je crois, et j’étais restée relativement neutre. C’est donc l’esprit vide que je m’étais installée devant la pièce de théâtre d’été, dont le titre m’échappe, me préparant sans doute à apprécier le spectacle. Finalement, ayant apparemment oublié de rire à toutes les blagues qui divertissaient les autres autour de moi, j’avais décidé, beaucoup trop longtemps après l’entracte, de mettre fin à la torture et de quitter. Le souvenir est encore douloureux.

Lorsque, il y a de cela quelques semaines, on m’a gracieusement offert une paire de billets pour cette pièce, Mamie Fly, je les ai acceptés, l’esprit grand ouvert. Après tout, les commentaires étaient excellents et je ne pouvais quand même pas juger le théâtre d’été après une seule pièce, je suis une scientifique, après tout! Après m’être faite « abandonner » par deux amies pour la pièce, j’ai fini par inviter ma mère, qui a joyeusement accepté. Nous nous y sommes donc rendues, l’esprit estival.

J’avais l’esprit grand ouvert, je le répète. La salle était magnifique. Loin, loin, loin du stationnement, mais magnifique, dans le bâtiment le plus éloigné de la vieille Pulperie de Chicoutimi, et datant de 1927. En attendant le début, nous avons discuté de tout et de rien, profitant de la vie, espionnant les gens autour de nous.

À 8 h 30, ou plutôt 8 h 33, une demoiselle, toute dépeignée, s’est présentée sur la scène pour annoncer le début de la pièce. Dès qu’elle a dit « Doucette » pour Doucet, j’ai su qu’il y avait un problème. Mais mon esprit était encore assez ouvert. Puis, la pièce a commencé. Je ne suis pas critique de théâtre, ni de rien du tout, mais cela ne m’empêche certainement pas d’avoir une opinion. Assez arrêtée en plus. On me dit très difficile. Je ne peux pas comparer, je suis moi.

Toujours est-il que, dès les premiers échanges verbaux, ponctués d’horribles déguisements, j’ai été heurtée de plein fouet par un manque de vocabulaire démesuré. Le niveau de langage, bien en-dessous du langage populaire (pas d’exagération), combiné aux blagues de mauvais goût, ont eu pour effet de me rendre carrément mal à l’aise. J’étais assise sur ma chaise, niveau de confort de faible à nul, et j’osais à peine regarder autre chose que le bout de mon pied, celui de ma jambe croisée, qui battait une mesure inexistante, avec un manque de rythme qui m’est propre, tellement j’étais inconfortable, dans tous les sens du terme. Les blagues étaient de si mauvais goût, et les expressions employées par les personnages, qui étaient des personnes âgées, très âgées, tellement inappropriées que je croyais fermement que les spectateurs se mettraient à se lever pour s’en aller. Mais non. Au contraire, quand Yoland, un des deux vieux locataires du bloc, s’est pincé tout un tas d’épingles à linge sur le nez et la bouche, insulte fatale à mon sens de l’humour, pourtant très actif, et ce tout en répétant à qui voulait bien l’entendre que tout est « le fun » (crédible n’est-ce pas, à 80 ans), les gens se tordaient de rire autour de moi. Sauf ma mère.

Alors que les gens se sont esclaffés de bon cœur pendant tout le temps de la pièce, moi, je me suis surprise à lâcher un genre de « hun! », à mi-chemin entre le rire et la surprise, deux fois, une avant et une après l’entracte. La première fois, je crois qu’il a parlé de se « brasser le coussin », en voulant dire danser, et la deuxième, « scier la banane », pour dire surprendre. Tous les autres sons qui sont sortis de ma bouche étaient des soupirs d’exaspération. Tellement que j’ai fini par en avoir soif. Mais je n’avais pas le précieux dollar qui donnait accès à la bouteille d’eau. J’ai donc enduré.

Finalement, même si je m’étais promis, plusieurs fois même, de rester jusqu’à la fin, je n’ai pas été capable. J’ai fait exactement comme dans le temps de l’université, où je profitais d’un instant d’inattention du professeur pour partir en douce, sauf que je ne suis pas partie « en douce ». Je suis juste partie. Il m’a suffi de regarder ma mère et de lui dire « Quand t’es tannée, tu te lèves et je te suis » pour que le projet prenne vie. Apparemment, elle appréciait autant que moi.

Cette expérience m’a entraînée dans une réflexion assez élaborée. Suis-je aussi intelligente que les autres qui assistaient à ce spectacle douteux? Le suis-je plus? Alors pourquoi riaient-ils tous et pas moi? Le faisaient-ils par politesse? Ai-je inventé un style d’humour qui les surpasse tous et qui m’empêche de profiter des choses simples de la vie. POURQUOI AI-JE AUTANT DÉTESTÉ? Les Denis Drolet m’ont-ils corrompue?

Comme toute expérience a du positif, j’en ferai donc le bilan. Je pourrais vous épater en disant que je n’aurais pas su que je détesterais si je n’y étais pas allée, puisque c’est un commentaire tellement original, mais je vous dirai plutôt que cette soirée m’a permis de savourer un excellent café au lait avec un biscotti, beaucoup moins bons que ceux que je cuisine, mais quand même, et de me procurer un livre qui me faisait envie depuis très longtemps « La chimie des desserts de Ricardo », et ce, en excellente compagnie. En dehors de cela, je vous dirais que les probabilités que je me présente à nouveau à une pièce de théâtre d’été s’amenuisent. Tout bien considéré, l’autre pièce, la première, était bien meilleure. Il aura fallu que j’en voie une pire pour le savoir. Est-ce un signe que ce supplice en valait la peine?

vendredi 6 août 2010

Le nectar du petit peuple

Je suis snob, c’est bien connu. J’ai des goûts culinaires qui dépassent de loin la moyenne des foyers de ma région, et de ma famille, peut-être même de la province ou du pays, qui sait. Contrairement à bien des gens, je sais faire la différence entre du tofu soyeux et du tofu standard, malgré le fait que je n’aime pas le tofu. Je sais aussi faire la différence entre le beurre et la margarine, que celle-ci soit colorée ou non. J’ai acheté de la margarine une seule fois, me disant que dans un glaçage à gâteau, personne ne ferait la différence. Je l’ai faite, et ma mère s’est vu offrir gracieusement un contenant de margarine presque neuf. Surprise, elle m’a demandé pourquoi, ce à quoi j’ai répondu que je trouvais le goût atroce. Elle de rétorquer : « Je ne fais pas la différence ».

Je sais qu’une échalote n’est pas un oignon vert. Je sais que le parmesan Kraft n’est en pas. Que le Map-O-Spread n’est pas du beurre d’érable, et qu’il ne le remplace pas. Je sais que le vinaigre balsamique d’épicerie vaut sensiblement le vin qui s’y vend aussi. Pour faire une histoire courte, qui est déjà assez longue comme ça, j’ai une culture culinaire que plusieurs de mes amis envient. Chouette.

Lors d’événements où la nourriture est « fabriquée » en masse, et où le sel est le meilleur atout de celui qui élabore la recette pour que les gens aient un souvenir agréable de leur repas, je trouve rarement mon compte. Jamais. Souvent, la soupe y est de loin trop salée, et parfois trop grasse. Le goût prédominant ne prédomine souvent pas grand-chose et la texture est douteuse.

Le plat principal, quant à lui, est composé d’un ou plusieurs féculents, allant de la pomme de terre duchesse trop salée et/ou trop cuite et/ou trop granuleuse, au riz, qui s’avère soit trop cuit, soit pas assez (quel scandale, non?), de légumes peu attrayants, tel brocolis ou carottes gaufrées, et d’une protéines, très souvent le poulet, trop cuit, trop salé et noyé dans une marre de sauce dégoûtante. Comme je m’y attends la plupart du temps, j’essuie la viande du dos de la fourchette et j’ingère une quantité suffisante pour survivre. Idem pour la soupe. Et le dessert, quand il est un brin appétissant. Ça n’arrive presque jamais, surtout dans les mariages où le gâteau est pire que pire. Mais, comme je le disais, je m’y attends.

Là où je suis surprise à tout coup, c’est à la salade. J’adore la salade. La laitue aussi mais je parle de la vraie salade, celle qui désigne le plat, souvent froid, composé de divers aliments, le tout arrosé d’une sauce ou vinaigrette. Là où le bât blesse, c’est lorsque, dans le genre d’événement mentionné ci-haut, on sert ladite salade. Ça ne manque pas, à tous coups, on se retrouve avec le même spectacle. Dans le bol bon marché trop petit, un amas vulgaire de laitue Iceberg, décoré de quelques morceaux de tomate et parfois, de un ou plusieurs morceaux de concombre avec la pelure, qui est immanquablement impossible à mastiquer. La salade est laide et peu appétissante, comme les autres plats, mais contrairement à eux, j’ai toujours un brin d’espoir lorsque je porte la première bouchée à ma bouche (est-ce un pléonasme?). Cet espoir, il meurt à chaque fois que la première parcelle de nourriture touche à mes lèvres et que l’odeur et le goût, d’un commun accord, trahissent la vinaigrette italienne Kraft.

À tous ceux qui seraient tentés d’affirmer haut et fort, presque fièrement, que ce cocktail dégoûtant d’ingrédients non-identifiables qui restent perpétuellement en suspension, défiant la gravité, est un passe-partout, que tout le monde aime ça, je tiens à dire que MOI, je n’aime pas ça. MOI, ça m’insulte de me faire servir une atrocité de la sorte, surtout lorsque je paie pour. Moi, je n’en ai pas de vinaigrette italienne dans mon frigo. Aucune autre non plus. Mais surtout pas celle-là.

Je vous laisse sur une recette qui torche n’importe quelle salade du chef à la vinaigrette italienne.

Ingrédients :

- Verdure quelconque (laitue romaine, roquette, épinard, etc.)

- Carottes râpées

- Chou rouge en fines tranches

- Huile d’olive de bonne qualité (malheureusement, il faut la payer…)

- Vinaigre balsamique de qualité (au moins 7 ans d’âge)

- Fleur de sel

- Poivre fraîchement moulu

Méthode :

Dans le fond d’un grand bol, fouetter ensemble l’huile, le vinaigre, le sel et le poivre. Ajouter les autres ingrédients. Juste avant de servir, mélanger le tout. Ajouter du sel dans l’assiette, au besoin.

C’est facile et bien meilleur que la maudite VIK. Merci d’avoir enduré ce billet jusqu’au bout!