dimanche 23 juillet 2017

Automutilation…

Le terme fait peur, n’est-ce pas. On voit tout de suite une adolescente perturbée, qui s’est faite agresser par un proche et qui se coupe les avant-bras avec des lames de rasoir. Pourtant, quoique réelle, cette image de l’automutilation n’est certainement pas la plus réaliste et répandue.

Je pourrais vous garrocher des belles définitions selon des dictionnaires qui se la pètent mais je vais tout à fait éviter ça et vous raconter MON automutilation. La mienne à moi. Celle qui me hante, qui me supporte, qui me tient compagnie, qui me rassure, qui me donne des émotions, qui me fait regretter, qui change le regard des autres, qui fait partie de moi.

J’ai admis un trouble anxieux en janvier 2016. Entre deux crises d’hystérie, je me suis dit que j’avais besoin d’aide. Puis j’ai agi. On en reparlera un jour. Ou pas. Puis le temps a passé, je me suis adaptée au traitement. Une fois le TAG (trouble anxieux généralisé) sous contrôle, les bibittes plus profondes se sont sorti le nez. Elles avaient toujours été là, mais on ne les voyait pas. J’avais toujours pensé que je me détruisais les doigts parce que les petites peaux me dérangeaient. « Legit ». Puis que je m’arrachais la peau du cou et du dos parce que j’avais des boutons. Possible. Puis que je me grattais le fond de tête parce que ça piquait. Tsé. Au pire, c’était des mauvaises habitudes.

Un jour, alors que je n’avais plus cette nausée anxieuse à surveiller, j’ai réalisé que mes « boutons », mes « accrocs », ils n’étaient pas dérangeants. En fait, ils n’existaient pas. Jusqu’à ce que je sois inconfortable. Nerveuse. Triste. Contente. Stressée. Fâchée. Excitée. Déçue. Là, je me mettais à chercher le trouble. Pis à gosser, gosser, gosser jusqu’à ce que ça fasse mal.

Douleur physique. Sang. Cicatrice. Quelque chose de bien plus concret que l’émotion déclencheuse. Imaginez en période de séparation et de changement de travail… Mon pauvre cou, il est marqué à vie. Et je continue. N’allez pas croire qu’il suffit de se séparer et de changer de travail pour que ça se règle. Il restera toujours les chicanes, les problèmes financiers, les enfants qui déboulent les marches, les clients en maudit, les crises économiques, les enragés du volant, les perce-oreilles, les virus d’enfant, les attentats terroristes, les dégâts d’eau, les crevaisons, les tremblements de terre… Toutes les raisons sont bonnes pour se faire mal. En fait, la douleur n’est qu’un « bonus ». Je gratte et j’arrache comme si l’émotion dérangeante était l’accroc en question et que ça passerait si je l’enlevais.

Le fait est que même si c’est fait dans le but de me rassurer, de me sentir là, de « ressentir », de me réconforter… ben ça dure pas. Ça dure les quelques secondes, parfois minutes, requises à la destruction de la zone. Ensuite, il faut trouver un autre endroit. Ce n’était peut-être pas le bon cuticule pour traiter contre les chats qui vomissent. Et ça finit par trois pansements par main, le divan blanc taché de sang et des beaux bobos partout…

Peut-être vous dites-vous que ce n’est pas vraiment de l’automutilation, que tout le monde fait ça, à différents degrés. Certes, vous avez sans doute raison. Sauf que moi, j’en suis maintenant consciente, et maintenant que je sais que je le fais, dans quel but, et que je suis « incapable » de le contrôler, je considère que c’est un problème. Je consulte, si vous vouliez demander. Peut-être aussi vous dites-vous que je manque de volonté. Et peut-être même que vous avez raison. Ou pas. Mais le fait d’en parler, ça m’aide. Les gens qui m’aiment et qui me font attention sont compréhensifs. Et je pense que je le fais de moins en moins. Peut-être que peindre et écrire seront mon exutoire. Peut-être qu’un jour je pourrai n’avoir mal à aucun doit, n’avoir aucune plaie fraîche… Ou pas. D’ici là, bon retour sur mon blogue, et je souhaite de tout cœur ne pas attendre un an avant d’y revenir.