mercredi 2 mars 2011

Dépotoir, glandes anales et autres trucs...

Si les motivateurs, les gourous, les coachs de vie, croient dur comme fer que l’on peut être heureux partout, tant qu’on y met des efforts, il en est tout autrement pour moi. J’ai été dupe, autrefois, quand j’étais jeune, naïve et crédule, mais cette époque est non seulement révolue, mais oubliée. Si j’avais à faire une analogie avec l’alimentation, tout en restant dans un niveau de langage acceptable, je dirais que non seulement le repas (ma crédulité envers les motivateurs) est-il digéré, mais que la selle est arrivée depuis belle lurette au centre d’épuration, et qu’il se peut même que les solides aient été tamisés, séchés et qu’ils s’aèrent les esprits quelque part, dans un dépotoir.

J’ai donc cru, pendant bien trop longtemps, que j’étais la seule et unique source de mon « malheur » professionnel, que je manquais tout simplement de motivation, de joie de vivre, d’enthousiasme. C’est alors par tous les moyens possible que j’ai forcé l’intérêt, le questionnement, que j’ai tenté de développer une certaine curiosité envers mon travail, d’aimer ça. Il ne s’est fallu que de quelques semaines après mon embauche pour que je sois malheureuse. Tout y était, le travail m’ennuyait, je devais laisser mon bébé à des étrangers, je vivais mon deuil d’allaitement (pire qu’il n’y parait) et mon estime personnelle était en baisse.

Petit à petit, je suis devenue déprimée, déprimante, triste, moche et impossible à vivre. Ma déprime était tellement convaincante que je me suis crue, et je me suis mise à croire que je m’étais trompée, et que tout mon parcours professionnel n’était qu’une grosse erreur. Je passais des entrevues, l’une après l’autre, et rien ne fonctionnait, et pourtant je me trouvais très performante en entrevue. Le jour même où j’ai abdiqué, où j’ai décidé d’abandonner, de me recaser, de cesser de chercher, j’ai trouvé. Comme j’avais adhéré à mes idées, j’ai hésité, pensé refuser, puis ai décidé de me lancer, d’essayer.

Je peux sembler prompte à me prononcer, car je n’ai travaillé que huit jours, et que je suis en « formation », mais je me sens bien mieux qu’à mon ancien travail. Certes, je m’ennuie de mon meilleur ami, et ancien collègue, mais je survis. En huit petites journées, qui ont passé si vite que ça en a semblé trois, j’ai appris plus de choses qu’en huit mois, toujours à mon ancien emploi. Je sais qu’on a toujours des choses à apprendre et je suis également consciente du fait que j’en ai quand même tiré quelque chose, mais il y a des apprentissages qui valent davantage le détour que d’autres. Mon ancien travail était non seulement en deçà de mes capacités, mais également hors de mon champ d’intérêt.

Oui, il peut être utile de savoir vider les glandes anales de notre chien même si l’on est ingénieur, mais rien ne nous assure qu’on en a envie, surtout que des gens sont payés pour le faire, et même pour recevoir le petit « splash » complètement dégoûtant, si petit « splash » il y a, lors de ladite vidange. Bon, je n’ai pas de chien (et je n’y compte certainement pas) et je sais comment vider lesdites glandes, mais avouez que l’exemple est juteux. Tout cela pour dire que je ne voulais pas apprendre les choses que j’ignorais, ça m’indifférait.

Maintenant, mon travail est au-dessus de mes capacités, mais je sais que j’ai le potentiel d’y arriver. Ce que je croyais être des regrets d’orientation étaient-ils seulement une dépression? Une écoeurantite sévère? Il s’agit toujours d’acier et d’usines, mais cette fois, ça me stimule, ça me donne le goût d’avancer.

Alors, un petit message à tous les motivateurs, les sermonneux, non, il ne suffit pas de se faire croire qu’on aime notre vie pour l’aimer, mais plutôt de prendre les actions nécessaires pour retrouver le droit chemin. Plus que jamais, je crois en l’affirmation suivante, sans en abuser : « De deux options, il faut choisir celle qui, tout en nourrissant des objectifs sensés, exige le plus d’efforts et de don de soi ».

Cette phrase, mon nouveau dicton, est tout à fait contraire à la nouvelle mode des « crinqués » étasuniens qui, par leurs livres et conférences, tentent de nous faire croire qu’il est réaliste d’être riche en travaillant quatre heures par semaine, en y mettant le moins d’effort possible. Exit la passion dans le travail, le sentiment d’accomplissement, le bonheur de faire ce que l’on aime et d’être payé pour.

Bon, faute de conclusion, je conclus bêtement, vachement même. Parfois, il faut quand même se risquer dans le chemin le plus facile…

2 commentaires:

  1. Je suis un de ces sermoneux.

    Je crois que tout se passe dans la tête. Je suis fondamentalement heureux, même dans l'adversité, sans courir après bien sûr. Je ne comprends pas cette recherche du bonheur. On est heureux ou on ne l'est pas. Je croyais que c'était un choix, vous dites que non. Alors est-ce chimique? Les malheureux ont pour caractéristiques de croire quils vivent des malheurs, des épreuves que les autres (les gens heureux) ne connaissent pas! Ça leur fait plaisir decroire ça, laissons-les.

    Cependant, je commence à croire que c'est inné. On est destiné au bonheur ou au malheur. Cela n'aurait donc rien à voir sa condition particulière. On peut être aveugle, paraplégique, laid et pauvre et fondamentalement heureux. Je suis comme ça. Le contraire est aussi vrai.

    Alors, si vous êtes malheureux, peut-être n'y pouvez-vous rien. S'agirait alors d'une maladie
    inscrite dans vos gènes. On n'y peut rien, reste que le suicide! Et encore, si on manque pas son coup! On peut être malheureux et malhabile (rire)!

    Si vous percevez un brin d'ironie, c'est qu'il y en a (rire). Je trouve tellement sain d'apprécier la vie que je me moque ce deux qui se plaignent constamment, mettant tous leurs malheurs sur le compte des autres, des événements, de leurs conditions propres. La revanche serait que les heureux se moquent des malheureux.

    Alors malheureux, soyez heureux de l'être!

    Accent Grave

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  2. J'étais malheureuse dans mon travail, rien de pire.

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