dimanche 17 octobre 2010

Trop jeune pour comprendre

Personnellement, je ne sacre pas. Je mentirais en disant que je ne suis jamais vulgaire, et même rarement (je travaille dans une shop, croyez-moi, ça joue) mais je ne blasphème pas en utilisant les mots religieux que nous connaissons tous. Bon, il faut clairement que je retire certains mots de mon vocabulaire (et vite!) comme : Fuck, shit, marde, chier (et les expressions qui l’incluent), cul (et ses dérivés) et bien d’autres mots, inoffensifs qui deviennent venimeux lorsque combinés à d’autres (merde à fouille merde) mais je vous dirais que dans l’ensemble, je suis bonne. Je me force, du moins.

Ces derniers temps, lorsque les gens sacrent sans raison, j’ai l’impression de me faire entrer un crayon dans l’oreille. Vous vous dites sans doute que toutes les raisons sont bonnes pour sacrer, ou à l’inverse, qu’aucune ne l’est assez, mais je pardonne bien les « tabarn** » (comme si ça adoucissait de mettre des étoiles) qui suivent l’annoncent d’une catastrophe ou d’une très mauvaise nouvelle. Moins ceux qui servent de ponctuation dans une phrase. Les « stie! » coulent bien et ne dérangent pas trop l’oreille et j’avoue que je triche en utilisant parfois le mot « arnaque » comme patois. J’essaie d’arrêter.

Je disais donc qu’un juron mal placé me fait toujours sursauter, mais un juron franc, utile ou non, lâché devant mon fils, me fait automatiquement faire un commentaire. Je n’aime pas l’idée. La plupart du temps, on me répond : « Il est encore trop jeune pour comprendre ». C’est vrai, je vous l’accorde. Il est trop petit pour s’en offusquer. À ses oreilles à lui, ça coule aussi bien que « tomate » ou « sac à couches sales ».

Mon fils (notre fils, parce que je ne suis pas monoparentale) n’est pas bavard. En fait, c’est faux, il est extrêmement bavard, il n’arrête que très peu de parler. Sa langue à lui. Il ne dit que très peu de mots compréhensibles. Vous avez peur que j’en fasse la liste? Ne vous inquiétez pas, je vais tous les mettre dans le prochain paragraphe alors vous pourrez le sauter sans ne rien manquer.

Maman, papa, ballon, melon, bon, bas, balle, chat, Kaïka (Laïka, le chien de ses grands-parents), mou, doux, pipi, bébé, bloc, je t’aime, dodo, girafe, lion, tigre, mammouth, avion, oiseau, dé, domino, monter, eau, lait, bibitte, papillon, bye bye, Eric (le gars de la garderie), bâton, etc. Finalement c’est beaucoup, et j’en ai sans doute oublié.

Depuis peu, vendredi dernier, en fait, il dit « non ». Pas simplement « non », mais « non » en pointant avec son petit index bien droit. Nous pointant. Exactement comme nous le faisons quand nous lui signifions clairement qu’il n’agit pas dans la légalité. Donc, quand quelque chose ne lui plait pas, c’est ce qu’il dit. Il n’en comprend pas toujours la signification, mais il le dit quand même. « Non! ». Et je vous jure qu’il est convaincu. Alors quand je me fais dire qu’il est trop jeune pour se formaliser des jurons qu’il entend, je ne peux qu’être d’accord, il ne comprend pas. Parce qu’il dit souvent « non » quand il pense « oui ».

Mais est-ce que j’ai envie que mon fils sorte un « tabarn** » bien franc comme ça, quand on ne s’y attend pas? Non. S’il est trop jeune pour comprendre, il est bien assez vieux pour répéter. Et ce sont toujours les « mots poubelles » qu’ils répètent au gré du vent.

En finissant, une petite note à moi-même : arrêter de constamment passer des commentaires sur le physique des gens. Je pourrais me contenter de ne pas le faire en sa présence mais je ne suis pas mieux que lui, je risque de m’échapper lorsqu’il est là. Bonne chance à moi!

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