lundi 27 février 2012

C’est si facile de s’excuser...

Pourquoi prendre la peine de faire attention, quand il suffit de s’excuser ensuite? Pire encore, quand il suffit de dire qu’on ne savait pas que c’était important.

J’ai une petite bulle au cerveau, et il faut qu’elle passe. Malheureux, mais c’est la vie. Au pire, si j’offense des gens avec mes propos, je m’excuserai ensuite.

Le concept de l’excuse est fort simple, lorsqu’on a failli, qu’on a fauté, qu’on a fait quelque chose qui a blessé, lésé, déçu quelqu’un, on tente de réchapper ce qui peut l’être en s’excusant. L’idée est noble, mais qu’en est-il vraiment? Les jours où je suis vraiment d’une humeur à me chicaner, j’aurais même tendance à penser que s’excuser, ça ne sert qu’à déculpabiliser les gens qui ne veulent pas faire attention. Quand je me calme, je réalise qu’il est possible qu’on blesse quelqu’un de façon tout à fait involontaire. Mais on se rapproche du débat sur la peine de mort. Tous les abuseurs d’enfants méritent de mourir, jusqu’à ce qu’on se méprenne sur l’un d’entre eux, qu’on tue le gars qui livrait le journal et qui n’a même jamais approché un enfant à moins de 400 mètres.

Or donc, quand notre garderie nous annonce qu’ils seront fermés pendant deux jours à la relâche, alors qu’ils ont eux-mêmes fixé un délai minimal de deux semaines d’avis, et qu’ils ont passé droit de quatre jours, qu’on leur mentionne la chose, ils n’ont qu’à s’excuser, et l’affaire est ketchup? Être vraiment désolé, une fois, c’est presque mignon. À répétition, on finit par se désensibiliser au soi-disant mignonisme.

Ce débat en amène un autre, puisqu’on en parle. Comment se fait-il que nous, pauvres gens de la classe moyenne, soyons toujours perdants, peu importe la bataille? Nous avons un milliard de devoirs, mais tellement peu de droits. Ma garderie en milieu familial est fraîchement syndiquée, soit, mais depuis, il apparaît des congés ça et là et, malgré notre mécontentement et notre désarroi profond, point de solution. Si on la pète, cette si fragile coche, ils sauront bien trouver remplaçant pour notre petit mangeur de gâteau. Et on les paie, plein prix, ces congés.

Pour en revenir aux excuses, je veux bien comprendre que ça peut être utile de montrer notre désolation à l’autre quand la langue nous a fourché, qu’on a répété quelque chose qui ne devait pas sortir de la zone interdite, qu’on a cassé une précieuse coupe à vin en cristal, mais quand on traite quelqu’un de « grosse torche » dans son dos et que ça se rend à ladite torche, qu’on assume, nom de nom! Quand on décide de se prévaloir de nos droits, sans respecter ceux des autres, sans même se soucier qu’ils en aient, qu’on assume!

Pour un enfant, j’admets que les excuses font partie de l’éducation, qu’il est fort important de leur inculquer ce souci de l’autre, qu’ils comprennent que leurs gestes ont des conséquences. Mais nous, en tant qu’adultes, abuser des locutions telles que : « Je suis vraiment désolée », « je m’excuse », « pardon », c’est un peu s’infantiliser, non?

Il me semble qu’il fait justement partie de l’évolution d’en venir à être moins cons, à s’excuser de moins en moins, à être de mieux en mieux. Il me semble que le respect, en gros c’est ça, non? Faire notre gros possible pour faire attention aux autres, tout en se respectant soi-même. Se respecter soi-même en premier, et en tout et partout, n’est pas toujours une excellente idée. Si je me respecte trop, je vais me stationner n’importe où, n’importe comment, je vais laisser choir mon panier d’épicerie là où il ne sera plus dans mes jambes, je vais manger directement dans les paniers de fraises sales à l’épicerie, ou même enlever les fraises moches du panier que je vise, et les remplacer par les belles grosses du panier voisin. La liste est longue.

La bulle est passée, bonne soirée.

1 commentaire:

  1. Des excuses, ça peut aussi se refuser! On est supposé "offir" des excuses ou "demander" pardon. On n'a mpas à accepter ces offres.

    Mais voilà, il y a la réalité, les rapports de force!

    Grand-Langue

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