mardi 14 août 2012

Quand l’amitié capitule



Depuis longtemps, voir toujours, et c’en est à se demander si ce n’est pas propre à la nature humaine, je recherche l’amitié. Petite, ce concept demeurait flou. Je changeais de meilleure amie au gré du vent (en fait, comme je n’étais pas très – du tout – populaire, je prenais ce qui passait). Chaque nouvelle année scolaire, quelqu’un de nouveau faisait surface. Puis la distance, ou le temps, nous séparait. Pourtant, j’habitais un village de trois mille habitants alors il aurait été facile, naturel même, que rien ne nous sépare.

Longtemps, je n’ai pas remarqué ce qui se jouait. Puisque les années ne m’aidaient pas du tout côté popularité, je pensais que j’étais une pas bonne, une looser. Trop intelligente pour la ligue. Et suiveuse par détresse.

Ensuite, je me suis mise à envier les « vraies meilleures amies ». À treize ans, je l’ai trouvée. Marie-Hélène. C’était le match parfait. Elle était vraie et se foutait bien de ce que tous les autres avant avaient dit, ou pensé de moi. Ensemble on chantait, on se racontait des histoires d’ado et on existait, tout simplement. Et elle était aussi intelligente que moi. Deux longues années où nous nous appelions le soir (faute d’internet) et où j’allais dormir chez elle les fins de semaine, et elle aussi. Puis, ce qui a été une des plus grandes peines « d’amour » de ma vie est arrivé. Elle est déménagée. Pas si loin. À cinquante kilomètres de chez moi. Elle a changé d’école. À quinze ans, on ne conduit pas et, en région, les autobus de ville ne font pas ça. Peu à peu, on s’est perdues. Elle a changé de mode de vie, moi j’ai sombré dans ma déprime. Je n’ai jamais retrouvé d’amitié féminine de ce calibre ensuite. J’ai plein d’hommes que j’adore dans ma vie, mais ce n’est pas pareil. Le « besoin » n’est pas comblé.

Les années ont encore passé et j’en ai voulu à toutes mes amies passées d’avoir été connes, de m’avoir abandonnée, d’avoir été trop populaires, de sortir dans les bars (alors que je déteste tant cela). Puis j’ai fini par comprendre. Je suis tout à fait incapable de maintenir une amitié féminine. Je ne fais pratiquement aucune activité. Je suis bornée, explosive, brutale. Les conversations de fille ne m’attirent que très rarement, et pour de courtes durées seulement. Je me tanne. Comment est-il possible que je sois proche d’une amie, si je m’en lasse? C’est insensé. Voilà. Mon père enfile les amis un après l’autre. Il les lasse. Moi, c’est un peu l’inverse. C’est moi qui décroche. Ou qui ne décroche pas, justement. Je n’appelle pas, et je réponds rarement. Allez cultiver quelque chose avec ça. J’attends que mes tomates poussent, mais je me contente de regarder le petit sac de graines sur le comptoir. Mais je les veux pourtant!

Ou bien je ne sais pas comment ça marche. Dans les deux cas, ce n’est pas fort. Au même titre que je peins comme une artiste, mais que je n’aime pas ça. Même chose pour le dessin. C’en est à se demander si c’est curable, ou même si je veux guérir. Je voudrais tellement être L’amie de quelqu’un. Mais en même temps, je ne sais pas quoi faire.

Le pire est que ce n’est même pas de la lâcheté. On dirait davantage de l’incompétence. Je suis incompétente pour être amie avec une fille. Disons plutôt une femme, j’ai trente ans, quand même. Oh mon Dieu! Quel désastre! Sur ce surprenant et déprimant constat, allez donc savoir pourquoi je vous ai raconté tout ça. Si vous êtes là.

3 commentaires:

  1. Tisser des liens avec une autre personne n'est pas nécessairement facile et personnellement, je trouve ça encore plus dur rendu dans la vingtaine avancée et passée.

    Quand on est jeune, je trouve qu'on pardonne plus les défauts des autres. On est plus tolérant. Je n'ai pas beaucoup d'amie. Celle que j'ai, elles m'ont suivi du secondaire. Elle me connaisse et m'accepte comme je suis. J'ai essayer de tisser des liens avec d'autre fille depuis que je suis dans la grande ville. Ça fonctionné un temps puis ça c'est effrité.

    En amitié, c'est comme en amour, il faut faire des efforts. Il n'y a pas d'amitié facile. Il faut la cultiver et faire des compromis.

    Reste à savoir si la personne qui semble intéressante vaille la peine de faire l'effort. Parfois en allant plus loin, on se rencontre que oui. Mais faut essayer, faut se donner et il faut y croire.

    Peut-être en as-tu parlé parce que tu ressens un certain vide, une insatisfaction ou peut-être un inconfort ?

    J'ai répondu pour te démontrer qu'il y avait bien quelqu'un qui te lisait ! Sur ce, bonne journée :)

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  2. Je te lis aussi depuis quelques mois et cette fois-ci je décide de plonger. L'amitié est une très bonne chose.Par contre je suis très sélective en amitié. J'ai été échaudé quelques fois,des amitiés trop accaparantes.Moi j'ai besoin d'air et j'aime aussi beaucoup mes moments de solitude.C'est important pour moi que mes amies comprennent mon besoin d'espace. On dit que je suis d'une bonne écoute,je crois que ça fait aussi partie du don de soi pour nourrir l'amitié. Mais il est important pour moi de savoir que ',autre est là aussi. Merci pour ce billet et bonne fin de journée!

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  3. Tu me ressemble tellement c'est fou.... Moi et les filles ça ne colle jamais. Toi et moi on aurait pu être amie je suis pas mal certaine !

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