lundi 2 juillet 2012

Do you speak french?


Quoi de mieux que le premier forum mondial de la langue française pour amorcer une réflexion sur cette particularité de notre peuple, qui est, dit-on, en danger?

Il m’est arrivé un jour, dans un passé indéfini, de discuter de langue française avec une Française d’origine, habitante du nord de la France. Pour elle, il était complètement incompréhensible que les spécialités de chez McDonald’s soient traduites, réalité qui n’existait pas chez elle. Elle se sentait un peu ridicule de commander des « McCroquettes » et non des  « McNuggets ». Comment se faisait-il que nous ayons à faire cela nous? Je ne m’étais jamais posé la question, mais ce fut l’occasion rêvée de le faire. La réponse que je lui ai donnée allait de soi.

Comme son pays n’avait qu’une seule langue officielle, nul ne la menaçait, alors que nous, pauvres colons, devions nous battre pour ne pas nous faire engloutir par le reste du méchant Canada, qui ne rêvait que d’éliminer le fait français. Elle a répondu « Oh! » et nous avons changé de sujet.

Cette réalité existe sans doute à plus petite échelle, au Québec. À Montréal surtout. Mais vu de loin, de nos terres de cultivateurs incultes et mal éduqués, le fait français n’est pas menacé. S’il l’est en nombre à l’échelle provinciale, il est loin de l’être en territoire.

Ma région, le Saguenay-Lac-Saint-Jean est à 99 % francophone, et je dirais que la totalité du 1 % est au Saguenay, le Lac étant beaucoup trop loin de l’Université pour y recevoir des « étrangers ». Et les anglophones d’ici n’ont pas tellement le choix de parler et de comprendre le français, parce que les sorties sont pénibles.

Je comprends par contre que la « grande ville » menace notre français. Je voudrais, puisqu’on souhaite tous un monde idéal, parfois, que l’affichage français soit obligatoire, partout. Je voudrais que les entreprises de la province se forcent pour se trouver des noms français. Je voudrais en tout temps me faire répondre en français lorsque je dépense mon argent pour un bien ou un service. Je voudrais aussi que tous les citoyens du Québec soient capables de tenir une conversation en français, tout comme je voudrais que tous les Canadiens comprennent le français. Mais comme dans tout, nous sommes des pas de couilles, et nous voulons sans agir. Je voudrais aussi qu’un magasin de « Skateboard/Snowboard/Surf » régional ne s’appelle pas « Homies ». Mais on finit toujours par se dire qu’ils doivent bien y avoir pensé…

Par contre, si le français est important, certains faits demeurent. Un film traduit, c’est poche. Rien de mieux que la version originale anglaise. Et dès qu’il y aura des bons films québécois, je m’empresserai de les regarder. Même chose pour la musique. On peut bien vouloir, mais si on n’aime pas le pop québécois, on ne peut rien y faire.

S’il est tentant de rêver que tous les Québécois travaillent en français, c’est tout aussi irréaliste. Tout le monde parle français là où je travaille, mais rares sont les documents qui sortent en français. La pérennité du pays passe par les clients étrangers. Si on reçoit un client anglophone et que nous sommes vingt-cinq francophones dans la salle, la rencontre se déroulera en anglais. Nous, on est content, parce qu’on pratique notre anglais. J’imagine que si c’était comme ça tous les jours, avec des clients québécois, il en serait autrement.

Si le Québec voulait vraiment que le français survive, il obligerait les immigrants à apprendre le français plutôt que l’anglais, et les entreprises, petites comme grandes, seraient surveillées. Les exigences de la langue ne seraient pas nivelées par le bas, non plus. Ici, il y a des gens qui savent à peine parler et écrire en français, tout en ne parlant aucune autre langue.

Par contre, soyons réalistes, on ne peut forcer les gens à parler français chez eux et dans la rue. Si moi j’allais ailleurs avec un francophone, je parlerais français. Et on ne peut pas fusiller ceux qui nous parlent en anglais, puisque leurs patrons les laissent faire. Ce n’est pas pire qu’un ado qui traite sa mère de chienne. Si elle n’avait jamais toléré, ça n’aurait jamais existé, ou si peu.

Sur cette fin de billet exempt de polémique et de passion, je vous laisse.

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